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20 juillet 2016 3 20 /07 /juillet /2016 16:17
Janvier 2015, Barbarie à Paris, novembre 20015, Barbarie à Paris, juillet 2016 Barbarie à Nice :
La cohérence intellectuelle et politique d’un Président ?

 

            J’invite tout simplement lecteurs ou lectrices à lire le billet que j’ai publié le 13 janvier 2015, sous le titre

        "Janvier 2015 Barbarie à Paris  Réflexions citoyennes »

        J’écrivais qu’il ne suffisait pas de décider de porter la guerre à l’étranger sans se protéger sur le plan national.

        N’était-il pas plus facile d’envoyer nos soldats se faire tuer au Sahel que d’affronter intelligemment et efficacement notre nouvel ennemi intérieur ? Toujours la gloire ! La promotion de la France comme justicier international !

        Pour ne pas évoquer les coups de menton avec le Charles de Gaulle ou les Rafales dans le Golfe !

       Je donnais comme exemple de l’absurdité de la politique gouvernementale, le budget de la DGSI, notre sécurité intérieure, qui « rivalise » avec celui d’une institution récente qui ne sert à rien la « Cité nationale de l’histoire de l’immigration », moins de 50 millions d’euros.

       Il convient d’ajouter que le débat actuel sur les droits de l’homme, le sort qu’il convient de réserver aux français djihadistes ennemis de notre pays nous parait relever d’un débat sur le sexe des anges.

        La situation est suffisamment grave pour appeler un chat un chat, c’est-à-dire un ennemi un ennemi, c’est-à-dire un ressortissant français, binational ou non, qui relève, non plus d’une justice civile, mais d’une justice militaire.

         Ajouterais-je qu’il serait possible aussi de questionner la cohérence « morale » ?

       Jean Pierre Renaud

 

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14 juillet 2016 4 14 /07 /juillet /2016 17:04
« Barroso chez Goldman Sachs, un pantouflage qui fait du bruit »

Dans le journal Le Monde  Eco&Entreprise des 10 et 11 juillet 2016, avec une photo sur un tiers de la première page et une chronique sur un autre tiers de la page 4

 « Europe

Polémique après la reconversion de Barroso chez Goldman Sachs »

 

         Que dire ? Qu’ajouter ? Plus que du « bruit », un scandale !

          Au niveau de l’ l’Union européenne, et pour les citoyens les moins béni-oui-oui, la boucle des « Tous pourris », est malheureusement bouclée.

         Que dire de plus à une jeunesse encore porteuse du rêve européen ?

         Comment accorder notre confiance à un « système » politico-économique dont la gouvernance est confiée, sans vote des peuples, à cette espèce de personnages politiques sans foi ni loi, sans amour propre, ni fierté,  pourri, pourquoi ne pas le dire, par le goût du fric ?

         Après avoir beaucoup contribué à faire le lit de l’ultralibéralisme en Europe, dont nous payons la facture, le sire Barroso va faire bénéficier les adversaires du renforcement de l’Union de ses lumières, pour mieux s’assurer que le détricotage des liens de l’Union avec la Grande Bretagne ne s’effectue pas au détriment des intérêts du grand capitalisme anglo-saxon.

        Ce Barroso-là est incontestablement d’une grande perversité ! A ajouter dans la liste officielle des « animaux politiques nuisibles » à la France, tout autant qu’à l’Europe !

Jean Pierre Renaud

 

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13 juillet 2016 3 13 /07 /juillet /2016 14:27
Information lecteurs

 

Merci aux lecteurs et lectrices de ce blog « confidentiel » qui ont « visité » mon analyse comparative des deux empires coloniaux de Grande Bretagne et de France :

1062 visites au cours du premier semestre 2016

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8 juillet 2016 5 08 /07 /juillet /2016 08:02
Humeur Tique
Le Brexit ?
Mort en sursis pour l’Europe ou nouveau départ ?

 

L’Union aura beaucoup de mal à résister aux manœuvres de diversion et de division du Royaume Uni, à l’ouest, et de la Russie, à l’est.
En réponse, un nouveau départ en amarrant l’Union Européenne à la colonne vertébrale que sera la confédération franco-allemande ?
Il s’agit d’un vœu qui a d’autant plus de valeur que dans le vieux « Pays de Montbéliard », principauté allemande jusqu’en 1793, et berceau de ma famille, nous fîmes l’expérience de trois invasions allemandes, en 1870, en 1914, et en 1939.
Convient-il d’ajouter que trois frères de mon père furent en même temps que lui des soldats de la guerre 1914-1918 ?
Le plus jeune fut tué la veille de ses vingt ans, un oncle gazé, un oncle mutilé, et un père blessé.
Jean Pierre Renaud

 

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4 juillet 2016 1 04 /07 /juillet /2016 08:45
Trois livres pour l’été !

 

 

            Si vous croyez que tous les livres d’histoire n’exaltent pas obligatoirement un roman national, quel que soit le pays, ou un roman non national, dans le cas de la France, lisez le livre de Pierre Vermeren intitulé « Le choc des décolonisations ». (Odile Jacob)

            Et si vous croyez par ailleurs que certains romans historiques n’ont peut-être rien à envier à certains livres d’histoire, lisez «  Le lecteur de cadavres »  d’Antonio Garrido. (Le livre de poche)

            Enfin, un petit livre très pédagogique pour tenter de comprendre ce qu’est l’islam, « « Comprendre l’islam

                                                                ou plutôt : pourquoi on n’y comprend rien » d’Adrien Candiard . (Champs)

Jean Pierre Renaud

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2 juillet 2016 6 02 /07 /juillet /2016 14:36

Euro 2016 ! Foot ou foot-aise anthropologique ?

&

« Cessons de prendre ces joueurs pour des « subalternes » 

Le titre d’une longue tribune parue dans le journal Le Monde des 5 et 6 juin, page 28

S’agit-il d’un parcours initiatique de la science anthropologique que Monsieur Amselle propose à de jeunes chercheurs en sciences sociales ?

 

            Pour s’en assurer, il convient donc de se reporter à ce texte crayon en mains, et d’emprunter le chemin du raisonnement proposé, celui d’une démonstration « scientifique » destinée à donner la signification ethnologique, anthropologique, ou politico-idéologique de l’algarade récente Benzema-Deschamps, en précisant que son sujet est le football, l’Euro 2016, la composition de l’équipe de France.

            Première remarque relative au titre : est-ce que l’auteur de ce texte ne joue pas avec le qualificatif d’une école historique postcoloniale qui eut son heure de gloire aux Indes, en brandissant le mot savant de « subalternes », une appellation «  réservée »,  à quel public?

            Pour comprendre le sens du mot, je propose aux lecteurs de consulter la chronique que j’ai consacrée au livre « Leçons indiennes » de Sanjay Subrahmanyam, de lire tout simplement sa leçon 13, et de prendre connaissance de sa définition du qualificatif choisi de « subaltern » à la page 95.

            Deuxième remarque : à lire le sous-titre ci-après, l’auteur fonde son raisonnement sur le postulat gratuit d’un état supposé de l’opinion, étant donné qu’il ne cite aucun sondage ou enquête accréditant son discours, ce qui ne l’empêche pas d’écrire :

          « Même s’ils sont millionnaires et starisés ; les footballeurs d’origine immigrée continuent de faire l’objet d’un « traitement de « défaveur » par l’opinion »

Pour seule preuve donc ce type d’assertion « scientifique » ?

            Troisième remarque : l’auteur esquisse ensuite une pirouette intellectuelle du type, en écrivant : « Il ne saurait être question pour un chercheur en sciences sociales de prendre parti », tout en prenant parti tout au long de son discours.

            Quatrième remarque ; l’auteur donne son interprétation de cette « polémique » sur l’affaire Benzema, en adossant son raisonnement tout à la fois au savant que fut Marcel Mauss et au passé colonial de la France :

           « – c’est qu’elle est une sorte de mille-feuilles ou de « phénomène social total » », selon l’expression de Marcel Mauss, mettant en branle toutes les strates sociales, raciales, et idéologiques de la société française. Elle renvoie celle-ci à un passé colonial que les uns et les autres se refusent à oublier pour aller de l‘avant, et qui pèse de tout son poids chaque fois que surgit un scandale opposant un ressortissant ou un descendant originaire d’une ancienne colonie française à un Français citoyen de la métropole de l’ex-empire colonial »

           Seule difficulté et de taille, l’auteur semble faire partie, peut-être à son corps défendant, de cette cohorte de chercheurs au tempérament auto-flagellant ou victimaire, qui invoque à tout propos une mémoire coloniale ou postcoloniale qu’ils n’ont jamais eu le courage de mesurer, et qu’il ne suffit pas d’habiller son discours de la référence savante à Marcel Mauss pour convaincre le lecteur.

               De Marcel Mauss à Benzema, quel raccourci anthropologique vertigineux !

             Il s’agirait donc de « la postcolonialité dans l’univers du football », du rôle des médias dans cette diffusion, le tout, à l’avenant avec l’évocation à nouveau des joueurs « subalternes », à ne pas confondre avec les « indigènes de la République », etc, etc…

            L’auteur conclut de façon péremptoire :

          « Le piège identitaire des racismes réciproques s’est ainsi refermé sur l’Euro 2016. A travers l’affaire Benzema, la France montre qu’elle est l’objet d’une fracture raciale, fracture qui révèle l’existence d’un passé colonial en attente de liquidation. Quelles qu’en soient les raisons qui peuvent être invoquées à l’appui de la sélection ou du rejet de tel ou tel joueur, c’est ce paradigme postcolonial qui fait désormais office d’étalon des valeurs d’une société revendiquant pourtant, de façon paradoxale, la République comme seul et unique principe d’organisation. »

             Que de grands mots pour soutenir un discours sans preuve, un discours qui, sous prétexte de ne pas fracturer notre société contribue innocemment à le faire avec ce type de raisonnement idéologique.

            Rappelons que l’auteur prône la non-discrimination, mais refuse tout recensement ethnique, seul moyen statistique approprié afin de savoir s’il y a discrimination, effectivement discrimination, compte tenu des grandeurs démographiques en jeu, en même temps que de savoir qui est qui, ou qui est quoi dans notre pays ! (Voir sa thèse dans le petit livre « Au cœur de l’ethnie »)

         « Piège identitaire » ?  « Paradigme postcolonial » ? Diable! dans quel univers sommes-nous ?

            Ne pourrait-on pas rétorquer à ce type de discours politique qu’il est particulièrement difficile pour un ethnologue et anthropologue de vouloir tout à la fois se mettre à la place du sujet observé et ausculté, tout en conservant la distance scientifique nécessaire, d’échapper en quelque sorte à cette nouvelle maladie d’ethnocentrisme inversé, mâtiné d’autoflagellation nationale ?

         Foot ou foot-aise anthropologique ?

          Les lecteurs les plus curieux pourront se reporter au petit texte que j’ai publié sur ce blog intitulé « Un anthropologue chez les Dowayos »

    Jean Pierre Renaud

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24 juin 2016 5 24 /06 /juin /2016 08:36
Echantillon de « situation coloniale » d’une Afrique « parallèle »
Au Mali (ancien Soudan français) des années 1920-1930
« Oui, mon commandant » par Hampâté Bâ, pages336 et suivantes (Actes Sud)

Eclairage : l’AOF comptait 118 cercles administrés par des commandants de cercle, que certains dénommèrent les « dieux de la brousse, une sorte de préfets coloniaux.

Rappelons que l’AOF constituait un territoire immense de 4,689 millions de kilomètres carrés et était alors peuplée de moins de quinze millions d’habitants.

 

         " Un commandant de cercle décide de faire une tournée en pleine saison des pluies, alors que la route longeait un terrain argileux encaissé entre deux rivières

« O, imbécillité drue !

            «  Il appela le chef de canton : il faut me faire damer cette route par tes villageois pour la durcir et la tenir au sec. Je ne veux pas que ma voiture s’enfonce !

  • Oui, mon commandant » dit le chef de canton qui ne pouvait dire autre chose… Jadis, toutes les routes de l’Afrique, sur des milliers de kilomètres, ont ainsi été damées à main d’homme

      Et voilà les villageois, hommes, femmes et enfants, qui se mettent à taper dans le sol humide et bourbeux. Ils tapent, ils tapent à tour de bras, au rythme d’un chant qu’ils ont composé pour la circonstance. Et tout en tapant, ils chantent et ils rient. J’ai entendu leur chant. En voici quelques passages :

            Imbécillité, ô imbécillité drue !

            Elle nous ordonne de dépouiller,

           De dépouiller la peau d’un moustique

           Pour en faire un tapis, un tapis pour le roi

           Ma-coumandan veut que sa voiture passe

           Il ressemble à l’homme qui vent faire sa prière

          Sur une peau de moustique

          Etendue sur le sol

          Ma-coumandan ne sait pas

           Que l’eau avale tout

         Elle avalera même ma-coumandan

         Tapons ! Tapons docilement

         Tapons fort dans la boue

         Dans la boue détrempée

         Ma-coumandan nous croit idiots

         Mais c’est lui qui est imbécile

        Pour tenter de faire une route sèche

        Dans la boue humide

     Le commandant, accompagné de son interprète et de son commis, vint visiter le chantier. Les frappeurs chantèrent et chantèrent de plus belle. Le commandant, tout réjoui, se tourna vers l’interprète : « Mais ils ont l’air très contents ! » s’exclamait-il. Il y avait des secrets que ni les interprètes, ni les commis, ni les gardes, ne pouvaient trahir. »Oui mon commandant ! », répondit l’interprète… »

Commentaire :        à mes yeux, un bon échantillon des relations coloniales de l’époque, c’est-à-dire une « situation coloniale », mais rassurez-vous, tous les commandants ne furent pas des « imbéciles », aux yeux mêmes d’Hampâté Bâ et à lire ses récits.

Jean Pierre Renaud         

 

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 15:25

Avec l’ancien Président du Conseil Constitutionnel, « ils n’en mourraient pas tous, mais tous étaient frappés » !

Ecrivait La Fontaine dans « Les animaux malades de la peste » ! Que de fables nouvelles ne trousserait il pas de nos jours, tant les sujets de dérision sont innombrables !

La peste du XXIème siècle, le prurit d’une « com » à tout prix !

            Le prurit de la « com » qui démange tous ces personnages publics !

            Lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, Monsieur Debré nous avait habitué à plus de discrétion, à l’occasion de la Conférence clandestine du FLNC en Corse.  Ce fut motus et bouche cousue quant à son rôle !

            Il est vrai qu’à l’occasion de ses hautes fonctions juridictionnelles, l’homme rongeait son frein, en faisant de temps en temps des apparitions publiques à la télé, la plus éclatante, étant celle où, sur Canal Plus, il faisait la promotion d’un roman policier en compagnie d’un autre romancier, repris de justice, récemment réincarcéré.

            Pourquoi ce propos ? Parce que, tout au long des derniers mois, et au pas cadencé,  le sieur Debré s’est répandu sur tous les plateaux de radio, de télévision, dans tous les journaux, pour vanter son nouveau livre. Vous ne pouviez « zapper », comme on dit, sans qu’à chaque fois, vous ayez droit à sa « binette », à ses fausses confidences, et à ses sentences.

            Mon Dieu que cet homme a dû souffrir pendant de longues années, endurer le martyre avec son prurit de com, empêché de dire leur vérité à tous les personnages publics qu’il avait pu fréquenter.

            Le fils Debré est-il digne de l’«amer Michel » ? Est-il le vrai porteur du costume gaulliste dont il s’est affublé ? Rien n’est moins sûr !

             Dans le Ruy Blas de Victor Hugo, le laquais Ruy Blas s’adressait ainsi à son maître Don Salluste :

            « J’ai l’habit du laquais et vous en avez l’âme ».

           Beau sujet d’interrogation et d’interprétation dans le cas de l’ancien président, aussi bien par rapport au gaullisme que par rapport à la com !

Jean Pierre Renaud

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 14:48
En apéritif de ma future lecture critique du livre « Ecrire l’histoire de l’Afrique à l’époque coloniale » de Sophie Dulucq : les « Situations coloniales ».

Comment lire et comprendre la définition de l’expression « Situation coloniale » dans le petit lexique « Les mots de la Colonisation », page 106 ?

Une toile d’araignée pleine de trous, ou encore un archipel, des archipels, beaucoup plus qu’un système ?

 

            Les lecteurs de ce blog ont la possibilité de lire le petit texte critique de ce lexique que j’ai publié sur le blog Etudes Coloniales, le 9 mars 2008

            Après avoir rappelé la signification de cette expression rédigée par le sociologue  Georges Balandier, l’auteure écrit :

            « Le concept englobant de situation coloniale amène à penser la colonisation comme un système complexe, influant sur tous les aspects de la vie des sociétés soumises et des sociétés dominantes. Dans cette perspective, l’idée de proposer un « bilan » en positif ou négatif de la colonisation est tout simplement vaine : comme dans tout système, aucun élément n’est isolable et neutralisable, toute action ressurgit par un autre bout et avec des effets indirects, impossibles à réduire à des oppositions manichéennes. » (p,106)

            Comme on le voit, le propos est à la fois prudent « …amène à penser… », « Dans cette perspective », mais en même temps péremptoire, « Le concept englobant de situation coloniale… », étant donné qu’il n’est pas démontré qu’une situation coloniale fut un concept englobant, qui fait entrer dans un système, pas plus que le concept de système lui-même décrit plus loin par l’auteure, dans l’analyse historique des situations coloniales.

            Puisqu’il s’agit de définition, du sens des mots, je me suis cru obligé de revenir à mes études économiques, à mon dictionnaire, et à mes connaissances historiques, afin de mesurer la pertinence de cette analyse.

            « Le concept englobant de situation coloniale amène à penser la colonisation comme un système complexe » : est-ce le cas ? Ou très précisément non, étant donné la grande diversité des situations coloniales et de leur évolution chronologique ?

            Est-il possible d’assimiler et de mettre sur le même plan  les trois concepts de situation coloniale, de colonisation, de système, compte tenu notamment de leur diversité, pour ne pas dire, de leur dispersion ? Rien n’est moins sûr en effet.

            Une situation coloniale ne saurait être enfermée dans un système, encore moins dans le cas de l’A.O.F qui parait être la référence principale de ce type de définition.

            Il existe une grande variété de définitions du système, en tant que concept général :

            Le Petit Robert en propose beaucoup, dont il ressort quelques caractéristiques communes, la notion d’ensemble d’éléments intellectuels ou matériels, de doctrine, de cohérence entre les éléments de cet ensemble, de logique de fonctionnement, avec la poursuite d’un objectif, en mettant en œuvre des méthodes ou des pratiques partagées, dans un cadre institutionnel, économique ou social, culturel, également partagé …

          Je me référerai plus volontiers aux définitions du manuel d’« Economie Politique » du professeur Barre, notamment pour la raison essentielle que la plupart des critiques du colonialisme, imprégnés de culture marxiste ou  influencés par elle, ont axé leur critique sur son contenu d’exploitation économique, dans sa définition largement périmée de Lénine :

        « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme »

         Autre définition qui mérite réflexion, celle d’un historien qui ne s’est pas contenté de faire de l’historiographie, Henri Brunschwig qui écrivait tout bonnement dans le livre « Noirs et Blancs dans l’Afrique noire française » :

       «  Elle n’eut en réalité de système colonial que sur le papier » (p,209)

       A ne rien vous cacher, je ne suis pas loin de partager ce propos pour les raisons que je vais énoncer.

Dans le livre « ECONOMIE POLITIQUE », Sous-Titre II L’organisation de l’activité économique nationale, Chapitre premier, page 167

 « La morphologie de l’activité économique

Systèmes et types d’organisation

La définition suivante est proposée :

« Section I – La notion de système économique

Selon la définition de Sombart, reprise en France par F.Perroux, un système se caractérise par trois séries d’éléments :

  •     l’esprit, c’est-à-dire les mobiles prédominants de l‘activité économique ;
  • -    la forme, c’est-à-dire l’ensemble des éléments sociaux, juridiques et institutionnels qui définissent le cadre de l’activité économique et les relations entre sujets économiques (régime de la propriété ; statut du travail ; rôle de l’Etat) ;
  • -      la substance, c’est-à-dire la technique, l’ensemble des procédés matériels par lesquels on obtient et on transforme les biens.

       Le même ouvrage classe ensuite les systèmes dans cinq catégories : le système d’économie fermée, le système d’économie artisanale, le système d’économie capitaliste, le système d’économie collectiviste, le système d’économie corporatiste.

      On voit immédiatement qu’il parait difficile d’enfermer la très grande variété des situations coloniales, sur le plan géographique et chronologique, de nature plus qu’hybrides, d’un état plus proche du magma informe que du cristal de roche, ne serait-ce que déjà dans la  définition sophistiquée des systèmes, tels que décrits.

       Beaucoup de chercheurs marqués par le marxisme, et par son discours idéologico-écomico-politique, ont tenté de démontrer que la colonisation s’était caractérisée par le pillage des ressources des territoires colonisés, ce qui fut effectivement le cas dans un certain nombre de cas identifiés, tels que l’ancien Congo Belge, ou la Malaisie, mais le système colonial français, pour autant qu’il ait existé, n’avait rien à voir en Afrique noire avec le système du grand capitalisme privé, une des formes du système,  qui s’est épanoui au Congo Belge, en Afrique du Sud, ou en Malaisie, avec la déclinaison pâle que fut la courte période des concessions forestières en Afrique Equatoriale française.

       Sur le plan proprement économique, Jacques Marseille a démontré que le système économique colonial français n’apportait pas la preuve qu’il fonctionna au détriment des colonies. Jacques Lefeuvre a fait le même type de démonstration pour l’Algérie, alors que tous deux avaient, au départ, une vision marxiste du sujet. Mme Huillery, dans une thèse récente, a tenté, sans succès, de démontrer que Jacques Marseille s’était trompé dans ses analyses (voir ma lecture critique sur ce blog)

          Dans quel type de « système » fonctionnait donc le monde colonial, pour autant qu’il soit possible d’en tirer les caractéristiques communes, ce qui est loin d’être démontré, c’est-à-dire avec une cohésion assurée ?

            Un « système complexe », certes, mais avec des contenus et des définitions très différentes, selon la nature des structures qui le composaient, leur importance relative, leur logique de fonctionnement, s’il y en eut une, etc…

            Un système ou des toiles d’araignée pleines de trous?

         Plutôt que système complexe, j’écrirais  système imparfait, incomplet, partiel, à plusieurs étages, avec de gros trous dans une toile d’araignée à la fois mobile, fragile, imparfaite, incapable, comme il est écrit, d’influer « sur tous les aspects de la vie des sociétés soumises et des sociétés dominantes », car il s’agit tout simplement d’une vue de l’esprit.         

         Dans le cas de la colonisation française, et précisément en AOF, il existait bien :

        - un système global, une structure étatique à la fois centralisée et en réalité décentralisée, avec un nombre réduit de circonscriptions administratives, de l’ordre d’une centaine pour un territoire immense,

       - une monnaie commune, quand il s’agissait des relations extérieures, car il existait plein de trous dans la toile, et pendant longtemps, dans toutes les zones coloniales proches des anglaises, sans compter la faible pénétration du franc  dans l’hinterland le plus éloigné,

         - un périmètre de douane protectrice, mais uniquement pour les produits d’importation et d’exportation, c’est-à-dire ceux des zones côtières, avec les « araignées » économiques qui avaient réussi à tisser leur toile au-delà de leur « pôle de développement », compte tenu notamment ou de l’absence de ports ou de voies de communication, ou de leur fragilité. Le réseau du commerce syro-libanais constituerait un bon exemple de toile d’araignée dans le commerce de proximité.

          Dans le cas du fleuve Sénégal, la navigabilité saisonnière du fleuve, ainsi que l’absence de pistes, ont longtemps bloqué tout développement vers l’ancien Soudan, aujourd’hui Mali, tout autant qu’ailleurs, l’absence de fleuves pouvant servir d’axes de communication entre la côte et l’intérieur. (voir à ce sujet le livre de Jacques Richard- Molard sur l’AOF)

       - un ordre public commun, ordonné autour du Code de l’Indigénat jusqu’en 1945,  mais qui, dans la plupart des cas, n’aurait jamais pu être assuré sans le truchement conciliant ou coopératif des sociétés indigènes, compte tenu de la faiblesse de la toile d’araignée des moyens de police, et du tout petit nombre de commandants de cercle ou de subdivision. (voir à ce sujet les livres de l’ancien gouverneur Robert Delavignette)

            Quoi de commun y avait-il précisément entre les systèmes, ou morceaux de système, tels qu’ils existaient et fonctionnaient, selon des chronologies différentes, entre ceux du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger, ou de la Mauritanie, pour ne pas parler d’autres exemples tels que l’Indochine, Madagascar, ou l’Algérie ?

            Les éléments de souveraineté décrits plus haut se superposaient dans des territoires coloniaux, dont la population, jusqu’à à la fin de la période coloniale était encore composée, pour plus de 80%, par des paysans illettrés, de religions, de cultures, et de langues très différentes. (voir à ce sujet les ouvrages de Labouret)

            Il existait bien des structures administratives communes, de type centralisé, ce que l’on pourrait appeler les superstructures de type marxiste, mais avec quel impact sur le cœur de toutes ces civilisations en voie d’acculturation à partir des côtes, avec quelle emprise sur la plupart des peuples colonisés, leurs structures religieuses, sociales et culturelles, pendant une période qui s’est située entre 60 à 80 années ?

            En ce qui concerne le Sénégal, est-ce que l’administration coloniale n’a pas partagé le pouvoir avec la grande confrérie des Mourides qui avait déjà tissé une très belle toile d’araignée? Qui exerçait réellement le pouvoir ?

            Est-ce que le catholique Senghor aurait pu être élu sans la « bénédiction » mouride ?

         Le système colonial était plein de trous, et il n’avait rien à voir avec le système totalitaire que fut l’ancienne URSS (1917-1989).

            Dans les années 1950, au Togo,, certaines populations du nord vivaient comme par le passé, ne connaissant du « système » que le recensement et la taxe de capitation, alors que le Togo, compte tenu de son statut international, était l’objet d’attentions coloniales plus qu’aucune autre colonie.

            Sur les côtes, dans les nouvelles cités, au cœur des toiles d’araignée, la colonisation avait en partie fait son lit, mais ailleurs ?

            Au Togo, comment le système pouvait-il échapper à la géographie des lieux et des ethnies ? Au nord du massif de l’Atakora, on entrait dans un monde différent de celui du sud, et les populations de ce massif se trouvaient dans une situation protégée, ressemblant fort à toutes celles qui sur la planète, partageaient la même géographie. (voir l’histoire de l’ethnie Tamberma et de ses forteresses)

            Des ethnologues, anthropologues, ou historiens se sont d’ailleurs fait une spécialité en mettant en valeur l’existence et l’originalité de ces ethnies montagnardes qui refusaient l’allégeance, pour ne pas dire la soumission aux pouvoirs des plaines. Les lettres de Gallieni sur la pacification du Haut Tonkin permettent d’en prendre la mesure dans un contexte de contestation permanente du pouvoir de la Cour d’Annam, c’est-à-dire des mandarins des plaines.

            Sanjay Subrahmanyam, dans sa leçon numéro 10, (Leçons indiennes), sous le titre : « Les Civilisations souffrent-elles du mal des montagnes » (page 165), ouvre des perspectives de réflexion tout à fait intéressantes sur le sujet.

            Avant la création ex nihilo de ports et de pistes, le nord de l’ancienne AOF, faisait partie d’un monde orienté vers le Niger, le Sahara, et se trouvait pris dans la toile d’araignée d’un Islam conquérant.

            Au Togo, certains historiens modernes ont à juste titre épilogué  sur la Question Nord Sud et sur une politique coloniale qui en aurait structuré l’histoire, mais pouvait-il en être différemment ? Le Sud ne s’arrêtait-il pas à Blitta, au sud de Sokodé, terminus d’une voie de chemin de fer modeste qui devait atteindre le nord ?

            Parallèlement, la localisation des ethnies, dont certains nous disent aujourd’hui qu’elles ont été créées de toute pièce par les colonisateurs, souvent à cheval sur les frontières artificielles que les puissances coloniales avaient effectivement tracées de toute pièce, n’ont pas été un facteur d’unité dans des territoires géographiquement aussi étroits que le Bénin et le Togo : géographiquement, les deux Etats constituent à l’évidence des entités assez artificielles.

            Force est bien de reconnaître que le concept de système appliqué à une situation coloniale mérite donc d’être à chaque fois défini et daté, et qu’il n’est pas pertinent de le décrire de façon « fictive », comme l’auteure parait le proposer, sauf à laisser croire qu’une structure, une superstructure suffirait à caractériser un système, c’est-à-dire l’image d’une toile d’araignée que j’ai choisie pour tenter de décrire, et qui pourrait faire concurrence à celle d’archipel.

            La remarque que fait l’auteure sur l’impossibilité qu’il y aurait à proposer un bilan positif ou négatif de la colonisation manque de pertinence historique, sauf à dire que dans tous les cas, le « système colonial » aurait été, comme par hasard tout négatif, donc en concordance, pourquoi ne pas le dire, avec les lectures idéologiques les plus sectaires, alors qu’il existait de gros, gros trous dans la toile d’araignée.

            Il ne s’agit pas d’inverser l’ordre des facteurs pour décréter que ce type de lecture serait de nature manichéenne.

            Je conseillerais simplement la lecture de la véritable encyclopédie de l’Unesco consacrée à l’histoire de l’Afrique pour s’en convaincre sans parti pris, en reconnaissant qu’en termes d’héritage de la colonisation, il n’était pas impossible de proposer une analyse critique pertinente.

            Dans le cas de l’AOF, les chercheurs les moins sectaires reconnaissent que la langue française a au moins donné l’occasion, aux centaines de peuples qui la composaient, avec leurs dialectes différents, de permettre à leurs nouveaux lettrés de pouvoir communiquer plus facilement entre eux.

         Autre question relative aux effets de ce système que décrit l’auteure sur les « sociétés dominantes » ?

        Je crains fort que ce type de discours ne s’inscrive dans une propagande qui laisse accroire que la France fut imprégnée d’une culture coloniale et impériale, ce qui n’est pas démontré, et que de nos jours, une mémoire dite coloniale imprègnerait la mentalité des Français, sans qu’aucune démonstration statistique n’ait pas plus été faite.

          Quand les chercheurs du collectif Blanchard and Co, quand Madame Coquery-Vidrovitch, quand Monsieur Stora, auront-ils le courage de faire procéder à une enquête pertinente sur le sujet ?

         Le livre « Culture coloniale » La France conquise par son Empire » (1871-1931), publié par le collectif Blanchard intitule la première partie de son analyse « Imprégnation d’une culture » (1871-1914) (page 41 à 105).

        Je recommande à tous les chercheurs intéressés par ce type d’histoire de lire l’excellent livre d’Eugen Weber », intitulé « La fin des terroirs », afin de se rendre compte que la France des années 1871-1914 n’était pas très différente de certaines parties d’un empire que le pays avait l’ambition de coloniser.

            Les démonstrations qui sont proposées par ailleurs dans le même ouvrage, avec la même logique « idéologique », ne sont pas plus pertinentes, compte tenu de leur carence complète d’évaluation des vecteurs analysés et de leurs effets sur l’opinion des Français, notamment de la presse.

          En Afrique noire, le système colonial français présentait les apparences d’un système, mais en « parallèle » d’une Afrique à la fois « ambigüe » et « parallèle », pour reprendre l’adjectif que l’historien  Pierre Vermeren applique à l’Algérie, lorsqu’il décrit sa situation « coloniale ».

Jean Pierre Renaud

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8 juin 2016 3 08 /06 /juin /2016 08:26
Annonce de publication

 

           En début d’année, j’avais annoncé la publication du texte de lecture critique du livre « Ecrire l’histoire de l’Afrique à l’époque coloniale » de Sophie Dulucq.

         Compte tenu du nombre de pages que j’ai rédigées sur le sujet, cette publication sera reportée après le 15 septembre 2016.

       J’ai toutefois repris la lecture d’un texte que l’intéressée avait publié en 2008 sous le titre « Situations coloniales » dans le petit livre « Les mots de la colonisation » et en ai tiré quelques réflexions que je publierai ce mois-ci.

           En fin d’année, je me propose de publier également ma lecture critique du livre « La fin des terroirs » d’Eugen Weber, un ouvrage fort intéressant sur l’état de la France au XIXème siècle, et au début du XXème siècle.

          Eugen Weber y propose une analyse sociologique très stimulante de cette France, qui en de nombreux lieux, ressemblait, à s’y méprendre, aux colonies que la France de la Troisième République avait l’ambition de « civiliser ».

           Où étaient donc les "Indigènes de la République" ?

 

          Jean Pierre Renaud

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