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23 avril 2024 2 23 /04 /avril /2024 14:55

ECHOS DES CULTURES DE L’OUEST

CRISE AGRICOLE

FACE CACHEE 

LA FOLIE DES TRACTEURS !

Avec la complicité des banques locales, des organisations agricoles et des pouvoirs publics !

Un exemple parmi d’autres :

Une ferme de 200 hectares avec 12 tracteurs à 150. 000 euros pièce environ et sans doute plusieurs milliers d’euros d’emprunt.

La grande discrétion des médias !

Silence on tourne !

Silence on plante !

Et Silence, on se plante !

Jean Pierre et Marie Christine Renaud

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16 avril 2024 2 16 /04 /avril /2024 09:56

Où va le Sénégal avec son nouveau double Président?

Deux titres d’articles

« Le Canard enchainé » du 3 avril 2024 en page 7 »

« Bassirou Diomaye Faye »

« Lui c’est lui et moi c’est lui »

« Le nouveau président du Sénégal a été élu au premier tour le 24 mars. Mais beaucoup de ceux qui ont voté pour lui ont en fait soutenu un autre homme, empêché de se présenter »

Anne Sophie Mercier

« Le Figaro » du 5 avril 2024, en dix-septième page »

Interview Tanguy Berthemet

« Le Sénégal vit une révolution panafricaine, anticoloniale et conservatrice »

El Hadj Souleymane Gassama »

« Pour le journaliste El Hadj Souleymane Gassama, dit Elgas, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, la radicalité souverainiste anticoloniale qui souffle sur l’Afrique de l’Ouest inspire aussi le nouveau pouvoir sénégalais. Mais ce dernier garde la porte ouverte avec Paris et prend ses distances avec la junte malienne et la Russie. »

Le Canard enchainé

Le journal satirique pose les bonnes questions sur l’ambiguïté du couple d’amis qui vont gouverner le Sénégal, avec des électeurs qui auraient voté en fait pour une « doublure » :

« Car « Diomaye » comme l’appellent ses partisans n’est rien d’autre qu’une doublure. Un joker qui a touché le gros lot. Celui sur qui tous les regards étaient braqués s’appelle Ousmane Sonko. Empêché de se présenter en raison de ses ennuis judiciaires, Sonko a dû désigner son bras droit. »

Le journal introduit son analyse en rappelant :

« C’est une vieille phrase qu’on aime prononcer au Sénégal, une vielle phrase pleine de finesse : « Le fauteuil présidentiel n’est pas une banquette. » Bref, le pouvoir suprême ne se partage pas, il n’y a de place que pour un seul….. »

« Coincé entre Sonko et une jeunesse qui attend du panache, de la croissance, des emplois et des miracles ; Bassirou Diomaye Faye a peut-être quelques idées en tête. Il vient de déclarer benoîtement qu’il n’y aurait finalement pas de poste de vice-président. Enfin, pas maintenant.

La banquette, le fauteuil, toujours la même histoire.il apprend vite le bougre. »

L’article évoque « la découverte récente d’importants gisements de pétrole et de gaz ».

Attendons la suite ….      Car cela explique peut-être tout…

Le Figaro

Tanguy Berthemet, le spécialiste, interviewe donc El Hadj Souleymane           Gassama, dit Elgas, un journaliste, né à Zinguinchor et vivant en Normandie, auteur de livres, le dernier signé Elgas et intitulé « LES BONS RESSENTIMENTS ESSAI SUR LE MALAISE-POST-COLONIAL »

Le Figaro – « Avez-vous été surpris par le raz-de-marée du Pastel et de Bassirou Domaye Faye, sorti vainqueur de l’élection présidentielle sénégalaise ?

« Oui, bien sûr, même si la victoire du Pastel semblait inéluctable, avec le parti de Macky Sall qui déclinait et les parasitages internes de la candidature d’Amadou Ba… Cela indique que le Pastel suscite un immense espoir, qu’il a réussi à réenchanter la politique pour les jeunes défavorisés, son bastion électoral, tout en ralliant une certaine élite et un électorat de campagne. .. »

&

Je ne me hasarderai pas à citer et à commenter un texte touffu à l’image des réflexions et appréciations de l’auteur, dans le contexte multiculturel volatil de l’Afrique de l’Ouest.

Je me contenterai de citer la dernière question et la dernière réponse :

« Paris doit-il avoir une chance de se rétablir en Afrique de l’Ouest ? »

« Il me semble qu’à l’Elysée on le perçoit ou on le souhaite. Macron a appelé le président élu et il n’a pas reçu de fin de non-recevoir. Il y a une chose qu’il ne faut peut-être pas exagérer. Restons prudents. Mais qu’un parti porté par la jeunesse ait été plébiscite et veuille insuffler un changement, cela peut être une bonne chose pour tous si c’est sincère. Pour la France, avoir un partenaire fiable qui ne représente pas une élite corrompue est une opportunité. D’autant que le Sénégal, on l’a dit, peut représenter le contre-exemple parfait de la fatalité des coups d’Etat. »           

Jean Pierre Renaud

PS : la question que l’on ne pose pas sur le Franc CFA et sur la CDEAO ?

La monnaie en question n’aurait-elle pas plus qu’un air de ressemblance avec l’ancienne piastre indochinoise qui alimenta beaucoup de trafics chez les bien placés et les bien informés ?

Autre question sur le journaliste : « El Hadj » ? C’est-à-dire a été en pèlerinage à La Mecque ?

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13 avril 2024 6 13 /04 /avril /2024 09:40

Le Tapis Roulant !

La Macronie continue à s’emmêler les pinceaux !

Chaque jour, Président, Premier Ministre, Ministres, Députés ou Sénateurs, lancent une idée, un projet, une réaction, comme sur un tapis roulant !

Projets de lois et propositions de loi au trot…

Ces dernières semaines, le suicide assisté avec un projet de loi, …

le déficit de la France qui n’est pas un déficit, d’après Macron, tout va rentrer dans l’ordre, car ce n’est qu’une question de recettes insuffisantes et pas du tout de folles dépenses…

…Hier ou avant-hier le Ministre de la Transformation et de la Fonction Publique de France s’est rappelé à l’attention, car peu de Français ou de Françaises savaient qu’il existait…ce que voulait dire « Transformation »…

« Je veux qu’on lève le tabou du licenciement dans la Fonction Publique »

Une annonce capitale ! Coup de pub de la Macronie  ! Ce qu’ils croient…..

Diable !

Pour avoir géré et administré du personnel dans le service régalien des Préfectures pendant des années, il conviendrait avant tout de dire de quels personnels il s’agit, d’Etat, des Collectivités, des Hôpitaux, des Etablissements Publics et Commerciaux, etc…

Impossible de lancer une telle roquette sans préciser les cibles !

Je dirais volontiers que le vrai problème n’est pas le licenciement mais le recrutement et la création permanente de nouveaux établissements ou services, le dernier en date à l’Elysée, avec ce nouveau Staff de conseil au management riche en têtes d’œufs…. Lequel coûterait moins cher que le concours de Cabinets Conseil Privé de la Planète…

Ayez le courage de supprimer l’armée des comités Théodule qui ne servent à rien…

Un mot enfin sur le scandale politique d’ATOS, une belle entreprise dans notre avant-garde économique et industrielle, de l’ordre de 100 000 salariés, dépecée au fil des dernières années, laissée entre les mains de gérants incapables et pleins de mépris pour leurs salariés et leurs actionnaires !

Avec deux mystères :

  1. Le Commissaire Européen Breton dirigea cette grande entreprise : il n’avait aucun conseil à donner ?
  2. L’ancien Premier Ministre de Macron, Philippe a fait une incursion rapide au sein du Conseil d’Administration, ni vu, ni connu ?

        Marie Christine et  Jean Pierre Renaud

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9 avril 2024 2 09 /04 /avril /2024 09:16

« Les Oubliés de l’Histoire de France » ?

Algérie France

63 ans plus tard

Le 28 mars 2024, une motion est déposée à l’Assemblée Nationale par la députée écologiste, Sabrine Sebaihi, et par le député Renaissance Sylvain Maillard.

La résolution est votée par 67 voix contre 11.

Cette motion condamnait « le massacre des Algériens du 17 octobre 1961 » lesquels manifestaient à Paris sous le drapeau du FLN, alors que les Accords d’Evian ne mirent fin à la Guerre d’Algérie (1954-1962) que le 18 mars 1962.

Ces dates sont tout à fait curieuses, alors que le Président FLN de l’Algérie, candidat à sa réélection, a manifesté, à l’occasion de cet anniversaire, et sauf erreur, une prudence verbale très inhabituelle à l’égard de notre pays.

            Compte tenu du contexte des dates et de la qualité des auteurs de cette motion, cette dernière ressemble fort à un « COUP » médiatique trouvant son origine dans les groupes de pression d’origine française ou algérienne qui tendent à confisquer la mémoire de la Guerre d’Algérie .

            La Députée Ecolo Sebaihi et le Député Renaissance Maillard devraient saisir cette occasion pour rendre justice à d’autres « Oubliés de l’histoire » tous ceux qui appartenaient à la communauté juive dont fait partie l’historien Stora rapatrié de Constantine en 1962.

Madame Sebaihi s’est arrogé la mission de réparer les oublis de l’histoire algérienne et française, et il ne faut pas qu’elle oublie le rôle non négligeable qu’exerça cette communauté tout au long de l’histoire de notre histoire commune.

            J’ai en mémoire le nom de René Mayer membre de l’Elite Politique de la Quatrième République, éminent radical socialiste, ancien ministre et ancien Président du Conseil, qui fut aussi un grand élu de l’Algérie Française, Député de Constantine entre 1946 et 1956, Conseiller Général du Canton de Sétif et Président du Conseil Général de Constantine en 1955.

Je rappelle que la guerre a débuté le 1er novembre 1954.

Notez que l’historien Stora s’est répandu dans les médias pour expliquer, en bon conseiller, les tenants et aboutissants de cette manifestation meurtrière.

La Députée plaidait dans sa motion pour « les oubliés de l’Histoire de France »

Pourquoi ne pas ajouter à ce rappel mémoriel le « bannissement » des familles d’origine algérienne qui ont compté, parmi leurs membres des frères d’armes qui ont combattu à nos côtés ?

Les parents de la Députée ont dû avoir connaissance de ces faits, étant donné qu’ils ont quitté l’Algérie après l’Indépendance.

Jean Pierre Renaud Ancien Officier SAS dans la Vallée de la Soummam

 

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4 avril 2024 4 04 /04 /avril /2024 14:48

STOP AU CAQUETAGE DES BASSES-COURS PARISIENNES  !

 

            Le Figaro vient de publier un sondage sur les élections municipales de Paris qui est encore la Capitale de la République Française, un sondage qui laisse rêveur, tant semble incertaines, pour un ancien préfectoral parisien, les prévisions que l’on peut faire, avec une course d’obstacles difficiles, très difficiles à franchir, tellement la situation de mon pays est volatile, anxiogène, et pourquoi ne pas le dire en proie à la violence !

            A lire ce sondage, la confrontation se ferait entre Hidalgo et Dati, deux personnages politiques expertes en caquetage quotidien.

            Mme Hidalgo s’était illustrée aux dernières élections présidentielles par un score misérable et, à l’occasion de la réforme des retraites, en violant l’une de ses missions légales d’Etat en sa qualité de Maire, l’ordre public et la salubrité public, dans le silence assourdissant des autorités préfectorales parisiennes.

            Ne l’avait-on pas affublée du titre de « reine des poubelles et des rats »

Quant à Mme Dati, une protégée de Sarkozy, elle vient de trahir son camp politique, les Républicains, en suivant l’exemple de ministres experts en communication et en trahison, comme elle, la Com de chaque jour !

Des exemples politiques à suivre sûrement pas ! Même si le fait de servir un mandat électoral à Paris, donnerait un privilège pour communiquer à tous vents, en bénéficiant d’un statut parisien de COM  qui ressemble de plus en plus aux anciens privilèges de la Couronne !

Français et Françaises, donnons une chance nouvelle à la République en ramenant la Ville de Paris au niveau du droit commun républicain dans un cadre régional de droit commun, ce qui n’est pas le cas !

Votons pour une femme ou un homme issus de la vie politique ou civile au cours desquelles ils ont manifesté compétence et humilité de servir !

Loin des basses-cours !

Jean Pierre Renaud

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26 mars 2024 2 26 /03 /mars /2024 19:04

Publications au cours des derniers mois…

 

3/12/2023

JO 2024 « Ouverture sur la Seine »
« Une folie de plus »

&

8/9/10/01/2024

« Histoire coloniale et post-coloniale à la dérive avec ou sans Pascal Blanchard « l’historien entrepreneur » postcolonial

La propagande coloniale avec l’Agence des Colonies, la vraie

1/03/2024

« Regards croisés des blancs et des noirs sur l’Afrique Occidentale (1890-1920) »

avec le sommaire de l’essai complet le 30/01/2024

3/03/2024  

« Un chinetoque »

Un bon échantillon des faux raisonnements postcoloniaux !

&

                                                  1/01/2024

                                                 Vœux 2024

La France coincée de Macron

5/01/2024

« Prodiges de la Musique »

« Un cadeau pour la France »

24/02/2024

Crise de l’Agriculture Française ? Non crise de la Civilisation Française !

Printemps 2024

Russie Europe

Attention danger !

Tout est possible !

« L’ancien KGB Poutine gesticule dangereusement. »

&

Paris

26/01/2024

Mairie de Paris

« Le Catch Féminin Hidalgo Dati »

6/02/2024

« La Méthode Hidalgo »

« L’entourloupe politique »

21/01/2024

« Ma passoire thermique »

Benoit Duteurtre

15/01/2024

Avec le Pape François

Un témoignage de vie tout à fait exceptionnel

« Homosexualité et bénédiction chrétienne »

Jean Pierre Renaud

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18 mars 2024 1 18 /03 /mars /2024 10:25

USBEK ET RICA

Série Actualités Humeur Tique

Avec Usbek et Rica

Sur les pas de Montesquieu

Dans la France de 2024

 

LE KGB à l’Assemblée Nationale…

Il est vrai que la Perse a bien changé avec les Ayatollahs de la pire espèce, mais je puis te dire Rica que la France aussi a bien changé…

            Il y a quelques jours, en zappant sur mon écran, tu connais ces écrans avec ces flux d’images qui envahissent la planète, je suis tombé sur un épisode judiciaire organisé par l’Assemblée Nationale sur les ordres de l’ARCOM, nouvelle autorité indépendante, chargée de garantir le pluralisme des chaines de la TNT, si j’ai bien compris...

            Je me suis cru revenu aux belles périodes d’une Union Soviétique qui savait faire rouler les procès et les têtes pour les punir de trahison ou de déviationnisme…

            Deux jeunes députés LFI s’étaient érigés en Procureurs chargés de débusquer les fautes, pour ne pas dire, les péchés contre le pluralisme démocratique, alors qu’ils appartenaient à un mouvement politique cultivant presque chaque jour des excès de comportement politique.

            Il s’agirait de savoir si la puissance publique, est habilitée à renouveler les autorisations d’émettre des chaines de la TNT en question…

 

SUS au Rassemblement National !

        SUS à l’extrême droite !

        Mais pas à l’extrême gauche ?

            Est-ce que la Macronie, sous la houlette d’un Président armé de sa baguette de chef d’orchestre quotidien, croit qu’il suffira de renouveler ce refrain pour neutraliser cet adversaire préféré ?        

Alors que ce type de pilonnage politique évite au Rassemblement National d’y répondre ! Pas besoin de faire de la propagande !

Dernière remarque, les électeurs de notre beau pays auraient-ils oublié que le Parti Socialiste n’hésita pas dans les années 1970 à s’allier avec un parti de l’Etranger : il s’agissait du Parti Communiste « Français » affilié, pour ne pas dire affidé à une URSS qui ne s’écroula qu’en 1989.

EN 1981, avec le Programme Commun, Mitterrand n’eut aucun scrupule politique à signer un Pacte de Gouvernement avec un parti de l’Etranger et à nommer des ministres communistes…

Pour les petits français qui ont la mémoire courte, un certain Chevènement fut alors un rédacteur inspiré de la bureaucratie communiste qui était promise  à mes hôtes.

               Jean Pierre Renaud

 

 

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12 mars 2024 2 12 /03 /mars /2024 11:30

Oyez, Oyez, Français et Françaises !

Le 27 mai prochain, l’Assemblée Nationale est invitée à voter le suicide assisté de la Macronie, quelques jours avant les élections européennes !

La loi promise par un Président sous le sceau d’une mort choisie en toute « fraternité »… promue par une convention citoyenne tirée au sort…

La nouvelle Française des Jeux de la Macronie !

Le Président envisage-t-il d’organiser une cérémonie pour sceller cette nouvelle « fraternité » de notre devise nationale ?

Les évêques de notre beau, encore, pays condamnent cette « tromperie ».

Français, Françaises, saisissez l’occasion des Européennes pour procéder au suicide assisté de la Macronie, « en toute fraternité », naturellement !       

Jean Pierre Renaud, le 12 mars 2024

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8 mars 2024 5 08 /03 /mars /2024 12:19

La France n’a plus confiance !

2017-2024

La France n’a plus confiance Monsieur le Président !

Votre hyperactivité médiatique et politique avec en permanence le tout et son contraire, vos têtes à queue politiques, votre goût pour le disruptif, ont contribué à rendre notre pays anxiogène…

Après les gilets jaunes et le Covid, l’Ukraine, et la flambée de violences urbaines de juin-juillet 2023, la France aspirait à retrouver l’équilibre des institutions, avec leur colonne républicaine, ce qui n’est pas le cas.

Vous nous donnez le tournis alors qu’avec  l’explosion des réseaux sociaux, leur pouvoir exorbitant, de plus en plus de nos concitoyens ne croient plus à rien !

Et pour ne rien ajouter une écologie de plus en plus anxiogène dans une ambiance des peurs millénaires de fin du monde !

Comment croire que le rythme endiablé des commémorations nationales que vous avez programmées suffiront à apaiser cette défiance nationale ?

Les Français vont finir par croire que ce type de gesticulation politique a pour but de pallier une carence au sommet …

                                                                           Jean Pierre Renaud

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1 mars 2024 5 01 /03 /mars /2024 16:09

Regards croisés des blancs et des noirs sur l’Afrique Occidentale (1890-1920)

 

Conclusions

 

« Ah ! il fallait pas, il fallait pas qu’il y aille

Ah ! il ne fallait pas, il fallait pas y aller

Mais il a fallu, il a fallu qu’il y aille

Mais il a fallu, il a fallu y aller »

 

Telle pourrait être la formule et le refrain la plus ramassée de mes réflexions sur la colonisation française !

Ainsi que le disait la chanson militaire bien troussée, intitulée « Le tambour miniature » !

 

 

            Mon ambition était de tenter de retracer les premiers échanges entre blancs et noirs, les premiers regards croisés, et d’examiner toutes les questions qui allaient se poser, au moment où la France installa définitivement son pouvoir colonial, en tout cas certains de ses enfants le croyaient-ils, en Afrique de l’ouest, une entreprise hardie, et sans doute impossible.

            Il s’agissait pour moi de mieux comprendre le processus colonial de la première phase de la colonisation, celle des années 1890-1914, et je serais sans doute imprudent d’en conclure que tel a été le cas.

 

            J’ai tenté de répondre à une des questions qui me taraude depuis la date de mes études, le pourquoi des conquêtes coloniales, le pourquoi de ma première vocation, très courte, qui fut celle du service de la France d’Outre- Mer, et le pourquoi du large échec de la colonisation.

 

            Tout feu, tout flamme, à cette époque de ma jeunesse, le rêve d’un service au service des autres, les Africains, avait effectivement bercé mes études, alors que je n’avais pas eu le temps, ou pris le temps de me pencher sur l’histoire détaillée de nos conquêtes coloniales et sur la connaissance que nous avions du continent africain. J’en savais toutefois, déjà assez, pour ne me faire aucune illusion sur la pérennité de notre présence coloniale en Afrique, mais je croyais qu’il était encore possible de fonder une nouvelle communauté de destins entre la France et ses anciennes colonies, ce qui n’a pas été le cas, et en tout cas pas sous la forme caricaturale de la Françafrique. 

            S’il est vrai que la conquête coloniale de l’Afrique de l’ouest fut, par bien de ses aspects, et de ses exploits, une sorte de saga militaire qui vit souvent s’opposer de grands adversaires, les couples Gallieni-Ahmadou, puis Archinard-Ahmadou, puis Archinard-Samory, fusse souvent avec la supériorité de notre armement, les premiers pas de la colonisation s’effectuèrent dans une paix civile relative, toute nouvelle, facilitée par la destruction des grands empires du bassin du Niger, celui d’Ahmadou, en pleine déliquescence, celui de Samory, en pleine puissance, et l’installation d’une nouvelle paix civile, celle de l’ordre public colonial,.

 

            Quelles conclusions tirer de notre analyse ?

            Les temps courts de la colonie

            Les temps de la conquête et de la colonisation ont été des temps courts, une trentaine d’années au maximum, pour la conquête et l’installation du nouveau pouvoir colonial, 1880/1890 – 1910/1914, une vingtaine d’années pour la « belle » période coloniale, 1920/1940, et moins de vingt années après la fin de la deuxième guerre mondiale, 1945/1960, alors que l’AOF était déjà entrée dans un autre monde, qui n’était plus celui de la colonisation.

            Ajoutez à cela que deux guerres mondiales avaient interrompu ou perturbé gravement les processus coloniaux : après le retour des anciens tirailleurs de la guerre de 14-18, le Blanc n’était déjà plus l’homme « miracle », et après la défaite de la France, en 1940, les changements intervenus chez les maîtres du monde, la toute puissance des Etats-Unis, le cours de l’Afrique devait inévitablement prendre un cours nouveau.

 

            La colonisation française se développa donc dans un temps historique très court, une période « utile » de l’ordre de cinquante années, interrompue par les deux guerres mondiales, et débouchant sur un après 1945, un nouveau monde, celui du déclin de l’Europe, de la tout puissance des Etats-Unis, et rapidement de la guerre froide, d’une Quatrième République dont l’objectif N°1 était la reconstruction du pays.

 

            Il est indispensable d’avoir ces données temporelles à l’esprit quand on a l’ambition de vouloir apprécier les tenants et aboutissants de la colonisation française, sinon ses résultats, car elles sont historiquement capitales.

 

            Des yeux plus gros que le ventre, toujours plus gros que le ventre, hier comme aujourd’hui, « la politique de grandeur » de la France.

            Les gouvernements de la Troisième République ne manquaient pas d’air pour se lancer dans de grandes expéditions coloniales en Afrique, en Asie, et à Madagascar,  alors qu’ils ignoraient tout, ou presque tout des peuples de ces nouvelles colonies, et qu’ils n’avaient jamais arrêté de politique coloniale.

            Il y a beaucoup d’anecdotes qui démontrent la grande ignorance que nos hommes politiques avaient du domaine colonial, et cela jusqu’à la décolonisation.

            C’est une des raisons, parmi d’autres qui me font répéter, que le peuple de France n’a jamais été concerné par les colonies que de façon marginale, lorsqu’il y eut de la gloire à glaner, celle que Montesquieu avait déjà mise en lumière comme une des caractéristiques de la psychologie des Français, ou inversement lorsqu’il fut nécessaire de lutter contre les révoltes violentes des peuples qui revendiquaient une indépendance tout à fait légitime.

            Dans le conflit indochinois, la Quatrième République se garda bien de mobiliser le contingent et fit appel aux éléments professionnels de son armée, décision qui marquait bien sa volonté de tenir le peuple à l’écart, et lorsque la même République envoya ses appelés en Algérie, mal lui en a pris, puisque la présence massive du contingent a plutôt été un facteur d’accélération de l’indépendance algérienne.

            Vous imaginez l’inconscience, la légèreté, la démesure, dont il fallait faire preuve, à la fin du dix-neuvième siècle, pour lancer la France dans de grandes expéditions militaires sur plusieurs continents, en Asie, à plus de dix mille kilomètres de la France, ou en Afrique, à quatre ou cinq mille kilomètres, même en tenant compte du saut technologique qui en donnait la possibilité théorique, la quinine, la vapeur, le câble, les armes à tir rapide, et le canal de Suez.

            La légèreté ou l’inconscience politique pour avoir l’ambition de conquérir des millions de kilomètres carrés sous n’importe quel climat, sans savoir par avance ce qu’on allait bien pouvoir en faire !

            Pour former ces expéditions, les gouvernements de la Troisième République se sont bien gardés de faire appel aux soldats de la conscription, mais déjà aux éléments professionnels de son armée, et surtout aux fameux tirailleurs sans le concours desquels aucune conquête n’aurait été possible.

            Le summum de cette folie fut l’expédition de Fachoda, en 1898, la France nourrissant l’ambition de contrer les Anglais dans la haute Egypte, alors que notre pays avait abandonné l’Egypte aux Anglais, quelques années auparavant, et que Kitchener remontait le Nil avec une armée moderne, des milliers d’hommes avec vapeurs, canons, et télégraphe. En face, une dizaine de Français, avec à leur tête le capitaine Marchand, pour y  planter notre drapeau, alors qu’il fallait faire des milliers de kilomètres dans une Afrique centrale encore à découvrir pour ravitailler la mission Marchand à Fachoda.

 

            Les premiers regards croisés

            Au cours de la première phase de contact entre les deux mondes, et hors période d’affrontement militaire, les premiers blancs, en tout cas ceux que nous avons cités, et qui nous ont fait partager leurs récits, leurs carnets d’expédition ou de voyage, n’ont pas porté un regard dépréciatif sur les sociétés africaines qu’ils découvraient, plutôt un regard d’étrangeté.

            Les lecteurs connaissent le débat qui a agité au dix-neuvième siècle le monde intellectuel et politique quant à la question des races et d’une supériorité supposée de la race blanche, nous avons déjà évoqué le sujet, mais sans introduire le critère racial, il est évident qu’un officier de marine français ou anglais, car les officiers de marine ont très souvent été les artisans des conquêtes coloniales, ne pouvait manquer d’éprouver un sentiment de puissance extraordinaire - tout devait leur sembler possible -  quand ils débarquaient sur les côtes africaines à partir de leurs monstres d’acier, car il faut avoir vu des images des parades des flottes militaires de l’époque, à Toulon, à Cherbourg, ou à Cronstadt, pour en avoir conscience.

 

            Pour faire appel à une comparaison anachronique, la perception des choses que pourrait avoir le commandant d’un paquebot de croisière, à l’ancre à Pointe à Pitre, une sorte d’immeuble de grande hauteur, en apercevant de son neuvième ou dixième étage, un piéton sur le quai.

            Dans un de ses romans, Amadou Hampâté Bâ, parlait des monstres d’acier, les vapeurs du Niger qu’il avait vu dans son enfance, mais qu’aurait-il pu dire alors s’il avait vu les autres grands monstres d’acier, avec leurs cheminées monstrueuses, qu’étaient les cuirassés ou les croiseurs des flottes anglaises, françaises, russes, ou japonaises.

            Tout a commencé à changer quand le système colonial à la française s’est mis en place, lorsque le colonisateur a voulu, pour des raisons de facilité et de simplicité évidentes, administrer les Noirs sur le même modèle, établir le nouvel ordre colonial en usant soit de la palabre, soit, et plus souvent de la violence, comme nous l’avons vu en Côte d’Ivoire.

            Du côté africain, nous avons tenté de proposer un aperçu des regards qu’ils pouvaient porter sur ces premiers blancs, avec le sentiment que les Africains trouvaient encore plus étranges ces blancs que les blancs ne pouvaient les trouver eux-mêmes étranges, sortes de créatures venues d’un autre monde, familières de leur propre monde imaginaire.

 

            Dans les apparences, un grand bouleversement des sociétés africaines en peu de temps, avec une grande immobilité au-dedans des mêmes sociétés africaines.

            Ce serait sans doute ma première remarque sur les changements intervenus dans cette région du monde, des changements qui furent souvent de vrais cataclysmes pour beaucoup de sociétés africaines repliées jusque-là sur elles-mêmes, souvent aux prises avec des voisins prédateurs, des sociétés qui vivaient d’une certaine façon en dehors du temps, dans leur propre temps, mais en même temps capables de se refermer sur elles-mêmes comme des huitres.

            Dans les pages qui précèdent le lecteur aura pris la mesure de l’écart considérable qui pouvait exister entre le fonctionnement de ces sociétés, le contenu de leurs cultures et croyances, et la société française de la même époque, un écart que seuls les bons connaisseurs du monde africain avaient pu mesurer tout au long de la période coloniale.

            Nous avons fait appel à des témoins compétents et non « colonialistes » dans le sens anachronique que certains leur prêtent, pour éclairer le lecteur sur les caractéristiques de cette société africaine, ou plutôt de ces sociétés africaines, tant elles étaient variées, des caractéristiques religieuses et culturelles qui compliquaient la tâche du colonisateur, pour ne pas dire, la rendait impossible.

            Un bouleversement immense, peut-être plus en surface, dans les organes politiques apparents, les circuits d’un commerce encore faible, qu’en profondeur, alors que le monde noir vivant restait souvent à l’abri, très résistant dans ses convictions magiques et religieuses.

            Les témoignages de Delafosse, Labouret, Delavignette, et Sœur Marie Saint André du Sacré Cœur illustrent bien cette situation paradoxale et marquaient bien les territoires de la pensée et des croyances africaines qui échappaient à la colonisation, et ils étaient fort nombreux.  

            Ces grands témoins étaient lucides, et comment ne pas citer à nouveau ce qu’écrivait Delafosse dans le livre « Broussard », paru en 1922, longtemps avant le temps des indépendances, quant à la possibilité qu’une bombe explose à Dakar, comme elle avait déjà explosé dans un café d’Hanoï.

 

            L’ouverture au monde

            Aucun historien africain sérieux ne viendra contester, je pense, le fait que la colonisation française a marqué l’Afrique de l’ouest par son ouverture au monde.

            Richard-Molard avait relevé qu’un des handicaps majeurs de cette région d’Afrique était son « trop plein de continentalité ».

            Il ne fallut pas vingt ans pour que la nouvelle Afrique s’ouvre vers la côte atlantique, tourne en grande partie le dos à son économie continentale, tournée vers le désert, le bassin du Niger, une économie de traite assez anémique, grâce à: quelques ports, quelques lignes de chemin de fer, quelques milliers de kilomètres de routes, quelques lignes de navigation sur les fleuves Sénégal et Niger, et sur la lagune de Côte d’Ivoire, et la construction d’un réseau de lignes télégraphiques. Ces dernières avaient, sans doute, et en partie, rendu obsolète l’usage du tam-tam pour communiquer.

            La réorientation des circuits d’échanges humains et économiques fut une vraie révolution, même si elle ne toucha pas en profondeur, jusqu’en 1914, le fonctionnement des sociétés africaines. Tout changea avec le travail forcé que le colonisateur mit en place pour assurer les travaux d’équipement du pays, mais aussi pour fournir de la main d’œuvre à des colons.

            Il convient toutefois de noter que l’effectif des colons fut faible, sinon inexistant dans la plupart des colonies d’Afrique occidentale

            Aujourd’hui, il est de bon ton de condamner le travail forcé, alors qu’on s’était félicité d’avoir supprimé l’esclavage, mais cette forme de travail n’était pas très éloignée de celle qui était encore pratiquée dans les villages sous l’autorité des chefs, et de notre vieille servitude communale de corvées, un jour remplacée par une taxe communale. Il y eut toutefois beaucoup d’abus, qui furent condamnables, d’autant plus quand cette exploitation humaine fut mise au service de certains intérêts privés.

            La solution du travail forcé est une des contradictions de la colonisation française, une de plus. On veut moderniser, on veut civiliser, mais comme on n’en a pas les moyens, on revient à une des vieilles et bonnes méthodes du pays. En y ayant recours, la plupart des administrateurs n’avaient sans doute pas l’impression qu’ils « transgressaient » une loi morale, d’autant moins que la plupart d’entre eux avaient en mémoire les pratiques de nos corvées rurales.

 

            Quelle solution les bonnes âmes devaient-elles apporter pour financer les travaux collectifs, alors que l’impôt n’existait pas, ou quasiment pas, et que, dès 1900, la Chambre des Députés avait formellement exclu que la métropole subventionne les belles colonies dont elle s’était dotée?

 

            La réponse serait sans doute celle qui aurait aujourd’hui ma faveur : il ne fallait pas y aller ! Puisque la France n’en avait pas les moyens, que l’Afrique occidentale n’était décidemment pas un nouvel éden, et qu’au bout du compte, le motif qu’a donné le grand historien Brunschwig pour expliquer la ruée coloniale de la France, c'est-à-dire donner un exutoire au nationalisme français après la défaite de 1870, y trouvait chaque jour ses limites. D’autant plus qu’il nous détournait de la fameuse « ligne bleue des Vosges », chère entre autres à Clemenceau !

 

            Une politique coloniale inexistante et une politique indigène impossible à définir et à appliquer

            Pour qui part à la recherche de la politique coloniale de la France, au cours de la période examinée, court le risque de n’en trouver aucune.

            Les débats de la Chambre des députés qui ont entouré les expéditions du Tonkin, en 1885, et de Madagascar, en 1895, ont été on ne peut plus confus, animés souvent par des députés qui n’avaient aucune connaissance de l’outre-mer, et n’ont apporté aucune clarté sur le contenu de la politique coloniale française, au-delà des grands mots.

            Que voulait la Chambre ? Personne ne le savait vraiment, alors qu’elle hésitait toujours entre une grande politique d’assimilation, qui flattait son amour propre, alors qu’elle était irréalisable sur le terrain, et une politique d’association, mais avec quel pouvoir local, puisqu’en Afrique de l’ouest, pour citer cet exemple, on avait refusé toute coopération avec les grands souverains locaux qu’étaient Ahmadou, Samory, ou Tiéba.

            A Madagascar, lorsqu’il a été question de savoir si la France jouait le jeu de la monarchie, avec la formule du protectorat,  ou établisse une nouvelle colonie « républicaine », Gallieni imposa un choix républicain, le sien.

            Dans la pratique, les affaires coloniales étaient entre les mains des spécialistes, les experts, souvent issus de la marine ou du grand commerce maritime des ports du Havre, de Bordeaux, ou de Marseille.

 

            Quant à la politique indigène, mieux vaut ne pas trop s’interroger sur la connaissance qu’en avaient les gouvernements de la République, car ils laissèrent leurs gouverneurs et administrateurs s’en débrouiller, avec les deux ou trois outils qu’ils leur avaient procuré, les lois au gré des proconsuls qu’étaient les gouverneurs, le code de l’indigénat pour simplifier et faciliter l’administration des vastes territoires conquis, et le travail forcé des indigènes, seul capable, faute d’épargne locale suffisante, d’assurer la réalisation de grands équipements, notamment le réseau routier, une des ambitions de la république coloniale.

 

            Une exception toutefois dans le dispositif, celle des quatre communes du Sénégal, dont les habitants se virent reconnaître le statut de citoyens français grâce à l’action déterminée du député Diagne pour soutenir l’effort de guerre de Clemenceau.

            La définition d’une politique indigène était de toute façon une tâche impossible, tant étaient différentes et variées les sociétés africaines de l’Afrique de l’ouest, tant en niveau de développement, qu’en termes de mœurs, de croyances, de culture.

            Quoi de commun entre les Peuls de Bandiagara, les Malinkés de Kankan, les Baoulés ou les Gouros de Côte d’Ivoire ? Entre les ethnies islamisées du bassin du Niger ou les ethnies fétichistes de la forêt tropicale ?

 

            Delavignette notait :

« Le Gouvernement Général de l’Afrique Occidentale Française promène ses administrateurs de l’âge de pierre à l’âge du pétrole. Le danger, c’est qu’ils établissent une hiérarchie entre les différents pays et qu’ils jugent ceux de l’âge du pétrole supérieurs à ceux de l’âge de pierre. » (p,70)

            Et de noter plus loin :

            « Sur la Côte Occidentale d’Afrique vous ne vous associerez avec des anthropophages que s’ils assimilent un autre régime carné, et au Sahel vous n’assimilerez les Touareg et les Maures que si vous les fixez comme des sédentaires – et s’ils n’en meurent pas. La réalité échappe aux catégories dans lesquelles nous prétendons l’enfermer. Et ces catégories mêmes, qui paraissent claires et commodes, ne sont pas ou ne sont plus des méthodes de connaissance. Elles immobilisent l’esprit. » (p,88)

 

            Vaste programme !

            C’était dire la difficulté, sinon l’impossibilité qu’il y avait déjà à vouloir définir une politique indigène et conduire les noirs à l’assimilation proposée par des rêveurs, des idéalistes, pour ne pas dire quelquefois des menteurs, car ce n’était pas sérieux.

            Les témoignages auxquels nous avons fait appel pour mieux comprendre l’état religieux et culturel de l’Afrique ont permis de relever la somme des obstacles que la colonisation française aurait dû franchir pour avoir la prétention de construire d’autres Frances noires, sur le modèle de notre République.

            Encore, un seul exemple, comment aurait-il été possible d’organiser des élections, alors que la population n’avait pas fait l’objet d’un recensement sérieux, qu’elle était illettrée à presque 100%, et que le concept d’élection était complètement étranger au monde culturel et religieux du pays.

 

            Alors tous les discours anachroniques que l’on a l’habitude d’entendre des deux côtés de l’Atlantique sur cette République coloniale qui n’a pas tenu ses engagements de citoyenneté, de scolarisation, de développement économique, sonnent faux, à partir du moment où l’on prend le temps de se renseigner, de se documenter, pour pouvoir se former une opinion sérieuse.

            La vraie question n’est pas celle du procès qu’il est possible de faire à la France « Coloniale » ou « Colonialiste », au choix, pour avoir abusé, enfreint telle ou telle loi, ou telle ou telle promesse, mais celle d’un rêve éveillé complètement fou, celui d’une supposée civilisation denrée d’exportation, ou d’une assimilation que les bons connaisseurs de l’Afrique ont su rapidement impossible, et ce fut le cas d’un bon africaniste comme Delafosse, comme nous l’avons vu.

 

            Et pour en terminer, j’aimerais évoquer deux sujets, le premier, un instrument on ne peut plus familier aux bons petits Français d’un passé encore récent, la charrue, le deuxième, une des philosophies d’Asie, le tao.

 

            La charrue

            Pourquoi la charrue ? Parce que cela fut un bon instrument de l’approche de la société rurale africaine, une bonne pierre de touche de leur capacité de résistance et de progrès.

            Labouret, un de nos grands témoins de l’Afrique coloniale, a écrit un livre remarquable sur les « Paysans d’Afrique Occidentale », et à la fin de cet ouvrage, il évoque longuement l’emploi de la charrue, véritable instrument de progrès :

 

            « En fait, il s’agit d’amener en quelques années les sédentaires africains, possesseurs de bœufs, mais ignorant l’emploi de la roue, du stade de la culture au bâton à enfouir et à la houe à celui de la charrue. Cela suppose un dressage préalable des animaux, l’achat d’appareils nouveaux, leur emploi par les indigènes qu’il faut instruire à les utiliser, par conséquent un changement complet d’habitudes et de techniques pour des populations entières. L’exploitation du sol, basée aujourd’hui sur le nomadisme agricole, pratiqué dans un parcours donné, impose la culture extensive avec ses effets ordinaires : la possession p)lus ou moins précaire, l’existence de droits particuliers que nous avons indiqués…

            Les bœufs étant considérés par les habitants de ces pays comme une marque vivante de richesse, on imagine aisément la résistance ouverte ou sournoise, opposés à l’administration par les propriétaires de ces animaux, qui se refusent à les livrer aux instructeurs agricoles, chargés de les dresser. »

 

            Et Labouret de conclure :

            « Ces initiatives diverses ont contribué à rénover les méthodes archaïques de l’agriculture et de l’élevage, à implanter dans l’esprit des indigènes des notions nouvelles. Ils semblent acquis désormais à la technique de la charrue, mais ils ne pourront la mettre tous en œuvre avant de longues années. » (page,240)

 

            Delavignette, également bon connaisseur du paysannat noir, partageait cet avis, et rappelait :

            « En Guinée, en 1913, le gouverneur Poiret – Père de la charrue africaine – introduisit deux charrues. En 1938, l’AOF en a plus de 30 000 sans compter les herseuses et les semoirs. Et des bœufs sont dressés. Œuvre plus remarquable qu’il n’y parait. Il est plus facile d’apprendre à un Noir à conduire un camion qu’à pousser la charrue ; c’est que le bœuf n’est pas une mécanique et la vie rurale une affaire de robot. » (p.202)      

            Ces observations soulignent à juste titre l’importance des mœurs et de la culture dans la compréhension des comportements.

 

            Dans son livre « Tour du monde d’un sceptique » (1926), Aldous Huxley notait au cours de son voyage en Inde des traits de civilisation très comparables :

            A Jodhpur,

            « L’après-midi touchait à sa fin quand nous passâmes en voiture devant le palais de Justice. Les affaires quotidiennes étaient expédiées et les balayeurs étaient à l’œuvre, nettoyant tout pour le lendemain. Devant l’une des portes du bâtiment se trouvait une rangée de corbeilles à papier pleines à ras bord ; comme si c’était des mangeoires, deux ou trois taureaux  sacrés s’y approvisionnaient en mangeant lentement et majestueusement. Quand les paniers étaient vides, des mains obligeantes venaient les remplir d’une nouvelle ration de papier déchiré et barbouillé. Les taureaux continuaient à brouter : c’était un festin littéraire. » (page 79)

 

            Le tao

            Pourquoi le tao ?

            Tout d’abord parce que je pense que la philosophie asiatique du tao rend assez bien compte du mouvement du monde, d’un mouvement qui échappe le plus souvent à l’autorité de quiconque, religieuse, politique, ou culturelle, avec à sa source le moteur de changement ou de progrès, un autre âge de modernité.

            Il est possible de disserter à longueur de temps sur le colonialisme ou sur le capitalisme, ou sur le communisme qui a pour le moment disparu de la planète, car son expression chinoise ou vietnamienne est le bel habillage idéologique d’une nouvelle sorte de capitalisme.

            L’Afrique noire n’existait pas à la fin du dix -neuvième siècle, on l’ignorait, et on ne la connaissait pas. Comment était-il possible de croire qu’elle pouvait échapper au courant du monde moderne, fait à la fois de curiosité, de convoitise, mais avant tout d’une toute nouvelle puissance technologique ?

            L’Afrique noire ne risquait pas d’échapper à cette nouvelle modernité ravageuse et puissante des nouvelles technologies qui offrait à ses détenteurs, et dans tous les domaines, des bottes de sept lieues. Dans leurs premiers regards, certains africains ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, en pensant rencontrer les fantômes d’un autre monde.

            Alors, il est possible d’accuser les puissances coloniales de tous les défauts de la terre, de tous les péchés, mais le vrai problème est plutôt celui du péché de l’ignorance des mondes noirs, d’orgueil d’une nation française, venue récemment à la République, dirigée par une élite aventureuse, qui s’est voulue porteuse fantasmagorique d’un nouvel ordre colonial à la française, une France officielle qui rêvait donc toute éveillée, d’une République coloniale.

            Le rêve des « technocrates » politiques de la Troisième  République, un rêve dont se moquait bien le peuple français.

            Mais en définitive, la colonisation n’a pas eu que des effets négatifs en Afrique occidentale. Comme l’a noté Hampâté Bâ, elle a laissé une langue commune en héritage à ses peuples, qui jusque- là n’étaient pas en mesure de communiquer entre eux.

            Elle a laissé aussi un autre héritage dont personne ne parle jamais, celui d’une véritable encyclopédie écrite et illustrée de l’Afrique occidentale, dans ses âges successifs, cette Afrique que les blancs ont découverte, décrite, et souvent appréciée.

                 Jean Pierre Renaud      Tous droits réservés

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