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9 décembre 2024 1 09 /12 /décembre /2024 16:09

SUPERCHERIE COLONIALE

Chapitre 2

La Presse

V

Page 76 à 82

Fin du chapitre

 

 

Nous reviendrons sur les sondages dans un chapitre spécial.

Avant de clore ce chapitre consacré à la presse et à son rôle sur l’opinion publique, je propose au lecteur de prêter son attention à un exercice de mesure de l’information coloniale dans la presse de province, et précisément au sein du plus grand quotidien provincial de l’époque, Ouest Éclair, exercice que j’aurais vivement conseillé de faire à notre collectif de chercheurs, avant d’avancer des affirmations et conclusions sans fondement.

Le contenu de l’exercice est d’autant plus intéressant qu’il ne confirme pas, en tout cas pour le grand journal provincial en question l’évolution de l’opinion publique signalée par l’historien Ageron, si l’on considère qu’un journal a tendance à aller dans le sens du poil de ses lecteurs.

Il s’agit d’un article rédigé par Mme K. K. Daouda et Jacques Thobie à partir du mémoire de Mme K. K. Daouda, article paru dans la Revue Française d’Outre-Mer en 1982, et intitulé « Ouest Eclair et l’Empire colonial français de 1936 à 1939 ».

Ouest Eclair était de tendance conservatrice, donc a priori plutôt favorable à l’Empire. La méthode utilisée est simple : mesurer la superficie des articles consacrés à l’Empire par rapport à la surface totale du journal.

A la lecture du tableau ci-dessous, le lecteur pourra se rendre compte qu’au cours des années 1936 à 1939, la surface des articles consacrés à l’empire colonial n’a pas dépassé 5 %, sauf en 1939, avec 5,2 %.

                                    Articles consacrés à l’Empire colonial dans Ouest-Éclair

Année

1936

1937

1938

1939

pourcentage sur la surface totale du journal

0,86

4,10

2,39

5,20

nombre d’articles

informations

34

28

134

118

96

82

57

38

Editoriaux

6

16

14

19

surfaces en cm²

4.266

19.247

11.454

17.751

surface moyenne par article

125,4

143,6

119,3

311,4

On ne peut pas dire que l’actualité impériale encombrait les colonnes de ce journal, mais il est possible d’avancer qu’effectivement, à la veille de la deuxième Guerre mondiale, le sujet a pris un peu plus d’importance, notamment avec un plus grand nombre d’éditoriaux.

L’analyse des contenus montrait que le journal donnait une vision optimiste de l’Empire au cours du premier semestre 1936. Avec l’arrivée du Front Populaire au pouvoir, le journal désapprouve sa politique libérale en Algérie avec le projet Blum Viollette, mais approuve la répression nationaliste en Tunisie. Au cours de la dernière période le journal défend le maintien de l’Empire.

Les auteurs de l’analyse font ressortir :

  1. Une apologie sans faille de la colonisation...
  2. L’Afrique, c’est d’abord et avant tout l’Afrique du Nord, clé de voûte sans laquelle tout s’effondre...
  3. L’empire colonial constitue pour la France une réalité militaire et stratégique qui est partie intégrante de sa puissance et de sa capacité de défense et de riposte.

Et les auteurs de l’article de conclure :

« Resterait à savoir dans quelle mesure ces articles retenaient l’attention des lecteurs de ce quotidien régional. Mais est-il une réponse à cette question ? » (p.122)

En tout cas, il y avait moins de chances statistiques que les lecteurs soient intéressés par des sujets impériaux que par ceux qui occupaient la presque totalité des colonnes de ce journal.

Les travaux de l’association Images et Mémoires font également une place à l’analyse de la presse de province et aux articles qui étaient consacrés à la présentation des villages noirs qui accompagnèrent souvent certaines grandes expositions de province, principalement à la fin du XIXème siècle. Cette lecture est instructive parce qu’elle ne se réduit pas à la seule caricature qu’ont voulu en faire certains, celle des zoos humains. Nous y reviendrons dans le chapitre des Expositions coloniales.

Enfin, quelques autres tests d’évaluation :

Nous proposons quelques-uns de nos tests d’évaluation de la relation entre fait colonial et presse, en ce qui concerne la période 1870-1900, la fameuse période décrite comme d’imprégna­tion.

Le soi-disant guet-apens de Bac Lé (Tonkin 1884) : une colonne française lancée à la conquête de Lang Son est contrainte par l’armée chinoise à faire retraite. Au cours de l’année 1884, L’Illustration, diffusée à environ 50 000 exemplaires a consacré de 6 à 7 pages aux affaires du Tonkin, au premier semestre, sur 442 pages, et le Tonkin n’est mentionné que 8 fois dans les 486 pages du deuxième semestre. L’affaire de Bac Lé n’y est évoquée que sur deux colonnes. On ne peut donc pas dire que les affaires du Tonkin passionnaient la rédaction du journal, les lecteurs, ou tous les deux.

Une affaire beaucoup plus grave, la retraite de Lang Son qui a causé la chute du ministère Jules Ferry en 1885 ! Toujours dans le même hebdomadaire, au premier semestre, les affaires coloniales occupent une dizaine de pages sur 500 environ, avec quatre pages de couverture sur les 26 numéros. Les photos et les colonnes de texte sont principalement consacrées au retour de la dépouille du commandant Rivière tué à Hanoi en 1883.

Le deuxième semestre accorde une plus large place aux affaires du Tonkin, mais à la mort naturelle de l’amiral Courbet en mer de Chine, et non pas à la retraite de Lang Son. Sur les 26 numéros, 3 pages de couverture avec photos furent consacrés à l’amiral et seize pages au total sur environ 500 pages. Dans les sujets traités par l’hebdomadaire on trouvait en parallèle la mort de Gordon à Khartoum et celle de Victor Hugo.

Donc pas de passion pour ces sujets coloniaux !

La conquête de Madagascar en 1895. Cette campagne était couverte par de nombreux journalistes, comme c’était devenu la mode pour toutes les campagnes militaires des puissances coloniales de l’époque. Sans avoir effectué de pointage précis sur la presse de l’époque, il semble assuré que la présence de journalistes, la diffusion de leurs articles, l’hécatombe de soldats que connut cette campagne, ne contribua sûrement pas à rendre populaire les conquêtes coloniales, mais il serait intéressant de faire des recherches à ce sujet aussi bien dans la presse nationale que dans la presse provinciale qui donna un puissant écho à cette campagne.

Une étude de Jean Valette et Mariette Valette Rahamefy, intitulée L’esprit public bergeracois et l’expédition de Madagascar (1894-1896),- Tananarive,1963, donne un éclairage intéressant sur le sujet. Le contenu des trois journaux bihebdomadaires de Bergerac a été examiné à partir du nombre de fois dont ils ont parlé de Madagascar.

Leur conclusion a été :

« En premier lieu, que l’affaire de Madagascar eut en France, tout au moins en Dordogne, de très certaines répercussions, puisque les trois journaux considérés lui ont, chacun, pour des raisons diverses, accordé une grande place dans leurs colonnes. Mais quelles sont ces raisons ? Il ne semble pas qu’elles soient spécifiquement coloniales. En effet, la presse bergeraçoise n’a jamais participé à ce que l’on a pu appeler le "Parti colonial", et les grandes théories commerciales, humanitaires, etc., qui ont caractérisé les journaux de ce parti lui sont restées étrangères. Aussi est-ce beaucoup plus pour des raisons de politique intérieure : soutien du gouvernement, ou, au contraire, attaque contre le ministère ou le régime, que la presse bergeracoise s’est intéressée aux problèmes malgaches. Cette attitude explique donc les positions prises par les journaux républicain, orléaniste ou bonapartiste, qui sont conformes ainsi, sauf exceptions dues à des contingences locales, au clivage traditionnel des grandes tendances politiques françaises de l’époque. »

Donc des préoccupations beaucoup plus hexagonales que coloniales !

En ce qui concerne la conquête du Soudan, elle se fit, quasiment, et pendant longtemps, à l’abri du regard de la presse.

Dans l’état actuel des recherches, il parait possible d’avancer l’hypothèse que pendant toute la période des grandes conquêtes coloniales de 1870 à 1900, et sauf à certaines grandes occasions, par exemple Fachoda, la presse n’a pas accordé une grande place à l’actualité coloniale et joué un rôle assez réduit sur l’opinion publique.

C’était d’ailleurs une des conclusions du grand historien Henri Brunschwig.

Et en contrepoint, Maurras à la Une ? Et des mémoires d’études de l’Université de Provence, novateurs en méthodologie, ignorés.

Des recherches qui n’ont fait que butiner, picorer dans les journaux, sans jamais faire appel à une vraie méthode d’analyse statistique. Un historien qui tire des conclusions générales, alors qu’il a beaucoup plus fréquenté la presse de droite et d’extrême droite, notamment celle de Maurras, et celle du sud-est de la France, que celle de la France entière, de Paris et de toutes nos belles provinces.

N’écrit-il pas qu’au cours de la période qu’il a spécialement étudiée, celle des années 1930-1945 :

« La grande majorité des Français est en phase avec Charles Maurras quand il affirme, dans Pages africaines, qu’il était pourtant clair que ce droit des peuples à disposer d’eux-mêmes était de nature à nuire à tous les empires coloniaux... » (CC/221).

C’est peut-être faire beaucoup d’honneur au journal de Maurras et à son influence sur la grande majorité des Français, alors que son journal avait en 1939 un tirage modeste de 45 000 exemplaires !

Alors que deux mémoires d’études précurseurs, le premier daté de 1975, et le deuxième de 1987, effectués sur le même type de sujet colonial et dans le même ressort de l’Université de Provence que celui choisi comme cadre d’analyse par l’auteur, proposaient la bonne méthode à utiliser pour analyser la presse dite coloniale, quelques années avant la thèse que l’auteur a défendue en 1993.

Première étude, celle de M. Huyn Huu Nghia, sous la direction de J. L. Miège, intitulée Fachoda et la presse marseillaise (sept.-dec.1898). Six quotidiens ont été examinés sous toutes les coutures, avec calcul des surfaces consacrées au sujet, repérage des articles en fonction de la pagination, classement selon la rubrique de rattachement, France, Angleterre, étranger, Afrique, armement et bruits de guerre.

L’auteur a représenté ses analyses quantitatives en tableaux de pourcentage, en histogrammes, et en graphiques, outils d’analyse dont il résulte :

« Pour l’ensemble des quotidiens marseillais, il apparaît deux périodes

Les mois d’octobre et de novembre sont des mois où les numéros furent nombreux.

Ils sont encadrés par les mois de septembre et de décembre de faible intérêt. »

La presse marseillaise a donc suivi pas à pas le déroulement du conflit :

Un développement de la crise en septembre ;

La crise elle-même en octobre ;

L’évacuation du 4 novembre et ses conséquences immédiates ;

Décembre, la fin de la crise.

L’auteur a complété son étude quantitative avec une analyse qualitative des articles de la presse marseillaise. Leur contenu avait une tonalité clairement anti-anglaise, mais les journaux n’ont jamais poussé à la guerre, et ont rapidement fait baisser la tension, quand un accord a pu être envisagé par le Ministre des Affaires étrangères Delcassé, dont l’action a été louangée par tous les journaux. Les mêmes journaux ont mis l’échec de la France sur le dos de l’affaire Dreyfus qui divisait le pays au cours de cette période.

Citons enfin une partie du commentaire de la conclusion :

« En effet, si l’opinion française baignait dans une indifférence rare devant tout ce qui concernait la colonisation, Marseille port de grand négoce, a été une exception. Ceci explique en partie, la crainte d’un conflit avec l’Angleterre : les armateurs marseillais n’auraient pu lancer leurs navires à travers une Méditerranée tenue par les Anglais. »

Le lecteur aura pu constater que le bain colonial n’avait pas tout à fait le même sens que celui du collectif de chercheurs.

Deuxième mémoire, celui présenté par M. Stephane Pellet. sous la direction du professeur Miège dont le sujet était : Le mouvement colonial et la presse vauclusienne (1869­/1899), L’étude s’attachait à l’analyse de quatre périodes, ouverture du canal de Suez (1869), chute du gouvernement Ferry (1885), conquête de Madagascar (1894), et Fachoda (1898).

Le mémoire avait l’ambition (réussie) de déterminer la place qu’occupait dans la presse locale du Vaucluse, les informations sur le monde colonial, actualités ou débats qui conduisaient les journaux d’Avignon et de Carpentras à traiter cette information... Pour chaque relation de faits ou prise de position, nous dirons "relation", il a été déterminé une longueur, en segment de colonne, un type de caractère gros, moyen ou petit, une grosseur de titre, gros moyen ou petit et un emplacement de page en 1 ère 2ème ou 3ème.

Conclusions de cet examen méthodique : quelques pour-cent de la surface des journaux passés à la loupe consacrés aux affaires coloniales, et absence d’enthousiasme et de conviction des journaux vauclusiens pour la politique coloniale de la France. »

Fin de citation ! (page 82)

Une conclusion historique s’impose, au lieu des conclusions délirantes de l’équipe de l’historien Blanchard :

Sous la Troisième République, la presse métropolitaine n’était pas coloniale !

 

Jean Pierre Renaud

J’ajouterais volontiers que la France n’a jamais été coloniale, hormis en Algérie, et encore, et que de nos jours, le départ de nos troupes de l’ancienne Afrique noire ne fait réagir que les spécialistes, comme  au temps des colonies…

Le 8 décembre 2024

 

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9 décembre 2024 1 09 /12 /décembre /2024 12:20

Supercherie coloniale

Chapitre 2 

La Presse

 

SUPERCHERIE COLONIALE
CHAPITRE 2 

LA PRESSE

 

(page 72 à 76)

 

 

Dans le long article que l’historien C.-R. Ageron a publié en 1990 dans la Revue Française d’Histoire d’Outre-Mer, intitulé Les colonies devant l’opinion publique (1919-1939), article déjà évoqué dans le chapitre précédent, l’influence éventuelle de la presse sur la mentalité coloniale des Français est longuement évoquée. Cette contribution s’inscrit dans une chronologie rigoureuse et son contenu est précis.

L’historien constate qu’en 1921 la presse coloniale « ne touchait pas le grand public » (p. 36). « Lorsque la presse parisienne développa, vers 1925, la formule des pages magazines, on remarque que les plus grands quotidiens n’avaient pas de page coloniale, ni même de rubrique coloniale régulière. L’information coloniale revenait à un rédacteur de deuxième plan, dont ce n’était même pas la besogne essentielle » (p.41).

« Tous les efforts de propagande des gouvernements coloniaux et de la presse coloniale butaient donc sur ce cercle vicieux : sans le concours de la grande presse, ils ne pouvaient toucher qu’un public infime. Or celle-ci, étrangère à l’esprit colonial, jugeait "invendable" la propagande coloniale. A une époque où il était admis que la presse "faisait l’opinion"... » (p.41)

A partir de 1927, la situation commença à changer avec le lancement d’une grande campagne de propagande coloniale, notamment grâce au concours de la radio, et la presse d’information s’associa pour la première fois à la propagande coloniale. La presse coloniale spécialisée elle-même voyait ses tirages augmenter, mais ils étaient encore très modestes. Le plus fort tirage était celui de la Dépêche africaine avec 30 000 numéros.

L’auteur évoque l’intense campagne de propagande que le gouvernement encouragea et soutint financièrement pour la commémoration du Centenaire de l’Algérie, campagne à laquelle s’associa effectivement la presse. Sa remarque relative aux répercussions de cette campagne sur l’état d’esprit d’une catégorie de Français, remarque qui va dans le sens de la thèse historique que nous critiquons laisse un peu perplexe car, comment juger, même approximativement, d’une corrélation hypothétique entre cette campagne et une imprégnation idéologique ? Sauf sans doute à considérer que l’Algérie était un cas à part, ce qui est vrai.

L’auteur écrit en effet :      

« Il semble que cette campagne ait non seulement été bien accueillie, mais qu’elle ait laissé des traces durables parmi les jeunes adultes. Des sondages d’opinion effectués en 1959 révélèrent que les français métropolitains qui se sentaient les plus solidaires "des populations européennes vivant en Algérie" appartenaient aux classes d’âge ayant eu vingt à trente-cinq ans en 1930, tandis que ceux qui avaient alors plus de trente cinq ans l’étaient moitié moins » (p.49).

Une fois passé l’immense succès populaire de l’Exposition Coloniale de 1931, l’opinion publique retomba comme un soufflé dans son indifférence habituelle pendant plusieurs années avec une diminution sensible des pages de presse consacrées à l’actualité coloniale et du nombre de causeries de Radio Paris (p.55).

Même le cinéma colonial ne trouvait plus son public :

« L’Afrique française de juillet 1934 rapportait que les directeurs de salle étaient unanimes : le documentaire colonial ne tenait plus l’affiche et les films romancés coloniaux étaient souvent ridicules » (p.56).

L’historien rappelle à juste titre que la France était alors frappée par la plus grande crise économique de son histoire (1931-1938) et qu’on s’interrogeait en France sur l’utilité des colonies (une fois de plus !). Comment ne pas voir aussi que ce changement de l’opinion publique avait été provoqué par l’évolution politique inquiétante de l’Allemagne et de l’Italie. L’Empire colonial devenait un atout essentiel pour la sécurité de la France, position que les gouvernements défendirent d’ailleurs dans leur propagande politique :

« Les idées-forces de la propagande impériale ne changeaient pas : l’Empire était le fondement essentiel de la sécurité de la France, le suprême recours » (p.63).

« Est-ce à dire que cette propagande, qui visait surtout les jeunes générations ait réussi à mobiliser l’opinion française, dont les coloniaux déploraient toujours, en 1937, l’indifférence et l’absence de réaction aux propagandes ami-colonialistes ? » (p.64)

Telle est la question posée, et l’auteur tente d’y répondre en mesurant les réactions de l’opinion publique face aux revendications coloniales de l’Allemagne et de l’Italie, en citant les sondages qui furent faits par l’IFOP. Il s’agissait des premiers sondages effectués en France !

Il aurait été intéressant de voir confrontés les résultats de ces sondages et ceux d’une analyse de la presse de la même époque, afin de mesurer la place qu’elle consacrait à l’actualité impériale, comme cela a été fait dans l’étude dont nous rapportons plus loin les résultats, avec le grand journal provincial Ouest-Éclair.

Car l’opinion publique était divisée à ce sujet : prête en 1937 à des concessions coloniales étendues à l’Allemagne, d’après un sondage effectué par le journal L’œuvre, elle continue à l’être en octobre 1938 avec l’un des premiers sondages réalisés par l’IFOP.

A la question : « Pensez-vous qu’il faut donner des colonies à l’Allemagne ? » 59 % des Français interrogés avaient répondu oui, 33 % non, et 8 % ne sachant pas, mais ce sondage avait été fait dans la période du lâche soulagement des accords de Munich, alors que le mois suivant, les résultats étaient contraires.

A la question posée par l’IFOP en décembre 1938 : « Pensez-vous que la France doive rendre à l’Allemagne les colonies qui nous ont été confiées par la SDN » 70 % des personnes répondaient non, 22 % oui, et 8 % ne savaient pas.

Mais en février 1939, dans un contexte international de plus en plus tendu, sous la menace d’une nouvelle guerre, à une nouvelle question de l’IFOP à savoir, « s’ils sont décidés à se battre plutôt que de céder la moindre partie de nos possessions coloniales », 44 % répondirent non, 40 %,,oui, et 16 % ne savaient pas.

Quelles conclusions peut-on tirer de ces sondages à la fois isolés et trop rapprochés ?

L’offensive impériale représentait avant tout une riposte directe aux menaces de l’Axe : elle a réussi à retourner l’opinion publique... La conquête coloniale s’étant .faite en dehors de l’opinion et presque à son insu, il n’est guère étonnant que les Français s’y soient montrés longtemps indifférents...

Ainsi peut-être le peuple français manifesta-t-il ses sentiments envers cet empire colonial qu’il n’aimait guère et qu’il désirait pourtant garder. (p. 73)

J’ajouterais volontiers qu’après l’indifférence au colonial, une grande curiosité française pour l’exotisme colonial (voir expositions), une indifférence persistante à l’impérial, les Français ne virent dans cet Empire que l’ultime recours de la nation en cas de conflit. »

« (Page 76) »

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9 décembre 2024 1 09 /12 /décembre /2024 12:13

Supercherie coloniale

Chapitre 2

La Presse

(page 70 à 72)

"Analyse critique de ce discours

La démonstration du rôle de la presse dans la naissance d’une culture coloniale française et dans la transmission éventuelle de stéréotypes coloniaux répétés et définis à la France d’aujourd’hui est loin d’être faite, pour ne pas dire inexistante.

Alors que la presse a été un des supports constants de l’information et de la culture des Français tout au long de la période coloniale, avec ses images et ses textes, elle n’a fait l’objet, de la part de cette école de chercheurs, d’aucune évaluation sérieuse, période par période, selon les critères que nous avons déjà décrits ! Un tissu de considérations littéraires ou sociales sur le rôle des journaux plus qu’une véritable analyse historique !

Et pourtant le matériau existait et offrait la possibilité de nous dire si effectivement le fait colonial comptait peu, beaucoup, ou pas du tout dans les journaux de la capitale ou de la province, et si, dans le contenu de leurs articles et de leurs illustrations, ils réservaient un écho favorable ou défavorable à la conquête coloniale et à la colonisation.

Pour la période étudiée des années 1870 à 1962, on peut dire que l’encéphalogramme de leur recherche sur la presse est presque plat, à l’exception de la période 1940-1945, avec un regard rétrospectif sur la période 1930-1940, mais à la condition de se pencher sur la thèse de l’historien Blanchard, et c’est ce que nous allons faire à présent.

Dans sa contribution du livre Culture coloniale, intitulée L’Union nationale : la rencontre des droites et des gauches à travers la presse et autour de l’exposition de Vincennes, l’auteur écrit à la page 225 La presse au diapason colonial :

« Un rapide tour d’horizon du monde médiatique français permet de remarquer une démultiplication du nombre d’articles abordant, et cela dès la première page, des questions coloniales.

Avec en renvoi la note 13 de bas de page :

« Cette étude repose sur une analyse de 650 titres de quotidiens, hebdomadaires et revues édités en France entre 1925 et 1940. Pour plus de détails, on se reportera à notre travail de thèse Nationalisme et Colonialisme Paris I 1994. »

Et c’est effectivement ce que nous avons fait.

Le titre de cette thèse en circonscrit l’objet : « Nationalisme et Colonialisme, la droite nationaliste française des années 30 à la Révolution Nationale », et la thèse ne consacre aucune place à l’analyse des images de cette époque en tant que telles. Le travail essentiel de recherche a porté sur les journaux de cette droite nationaliste. La note ci-dessus indique que l’analyse a porté sur 650 journaux ou revues, mais la thèse donne un chiffre inférieur « plus de 375 », et fournit la liste des principaux journaux examinés, soit 180 au total. Sont cités quelques journaux parisiens, Le Journal et Le Matin dont les tirages étaient en 1939 respectivement de 411.021 et de 312.597, contre 1.739.584 et 1.022.401 pour Paris Soir et Le Petit Parisien.

En ce qui concerne la presse de province, l’auteur ne cite que des titres du sud-est de la France dont les tirages étaient beaucoup plus faibles que ceux d’autres régions françaises. Le Petit Marseillais tirait à 150 000 exemplaires, alors que Ouest Eclair était à 350.000, et la Petite Gironde à 325.000.

Il serait donc difficile de prétendre à la représentativité nationale du corpus analysé, ce qui ne figurait d’ailleurs pas dans le propos de cette thèse.

Il était clair qu’elle portait sur une période de temps bien délimitée de 1930 à 1945, sur un objet également bien défini, la droite nationaliste et le colonialisme, à partir de sources historiques listées, mais qui de par leur nature, étaient centrées sur la presse nationaliste de droite, sur une presse provinciale localisée, et dans quelques cas, sur la presse populaire nationale.

Ce n’est donc pas dans cette thèse qu’il est possible de trouver la source qui pourrait accréditer, sans contestation possible, le discours de l’historien Blanchard et de son équipe sur le rôle de la presse dans la formation d’une culture dite coloniale, puis impériale. » (page 72)

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9 décembre 2024 1 09 /12 /décembre /2024 11:41

Chapitre 2

LA PRESSE

 

II

Les sources de ce discours (p,68)

Les actes du Colloque de 1993 n’ont fait qu’effleurer le sujet.

L’historienne Coquerv-Vidrovitch fit une intervention sur le thème Apogée et crise coloniale, en précisant qu’elle « abordera le contexte d’idéologie coloniale dans lequel s’est développée l’iconographie coloniale. C’est d’ailleurs pourquoi je ne présenterai pas pour ma part d’image » (C/27).

Donc pas d’images, mais pas non plus d’analyse de la presse, alors qu’elle propose ses réflexions sur l’opinion publique.

L’historien Rivet, dans sa communication sur Les Bâtisseurs d’Empire, fait état de sondages, sans plus de précisions

Des sondages dans L’Illustration et dans le Monde Colonial illustré durant l’entre deux guerres et dans Paris Match après 1945, il ressort la place restreinte, secondaire des bâtisseurs d’Empire. (C/67).

 

Le livre Images et colonies contient plusieurs contributions qui abordent ce sujet. L’historienne Hugon, sous le titre Conquête et exploration de l’Afrique noire (1880-1913) nous livre quelques réflexions sur les images et textes publiés dans la presse de l’époque, mais elle ne nous fournit aucune évaluation précise, sauf dans sa note 2 (p.23)

« La production d’images sur la conquête et l’exploration, bien qu’assez constante, connait cependant des périodes de pointe dues à l’actualité. Ainsi les expéditions françaises au Dahomey et à Madagascar font-elles l’objet de maintes gravures dans les années 1891-1893 et 1894-1896 respectivement : dans le supplément illustré du Petit Journal, quatorze gravures sur le Dahomey entre 1891 et 1893, dont dix pour la seule année 1892 (le supplément hebdomadaire comportait en général deux illustrations en couleur, soit environ cent gravures par an. »

L’historien Holo, L’œuvre civilisatrice de l’image à l’image (IC/158)(1880-1913) traite de différents sujets, le génie colonisateur, l’évangile du progrès, la supériorité occidentale, le parti colonial à la conquête de l’opinion, les discours et représentations, l’image couramment transmise de l’Afrique par la presse illustrée, et cite à la fois des textes et des images de presse à leur sujet, images et textes qui se répartissent chacun sur moitié de la surface.

Mais aucune évaluation de la presse et du discours colonial dont il pourrait faire état.

L’historien Meynier, L’organisation de la propagande (IC/113) (1919-1939), ne donne aucune évaluation sur la presse, alors qu’elle pouvait être l’instrument privilégié de cette propagande, sur l’existence de laquelle, il est d’ailleurs plutôt réservé, comme nous le verrons dans notre chapitre sur la propagande.

Émergent alors, après avoir traversé cette sorte de désert sans oasis, les seules contributions qui tentent d’apporter quelques informations sur le rôle de la presse, mais nous sommes à présent transportés dans la deuxième guerre mondiale, et dans le contexte historique tout à fait trouble que fut la période de Vichy.

Dans la contribution la plus longue, celle de l’historien Blanchard et de l’anthropologue Boëtsch, La Révolution Impériale (IC/186), le rôle de la presse est évoqué à plusieurs reprises. Les auteurs, après avoir rappelé le message diffusé par la presse de droite avant 1939, notent :

« Entre 1939 et 1944, la presse va largement promouvoir le discours sur l’Empire du nouveau régime, avec de nombreuses rubriques coloniales » (IC/190), mais en faisant référence à nouveau à la presse de droite de l’époque.

« Entre 1940 et 1944, les articles comme les dessins de presse, abordent plus régulièrement les questions coloniales qui occupent dorénavant une place plus importante dans la société française ». (IC/192).

Résultat : peu de lumières sur le rôle réel de la presse qui s’exerçait de toute façon dans un contexte historique exceptionnel, celui de l’occupation allemande.

La deuxième contribution intitulée La presse et l’Empire (IC/215), sous la seule signature de l’historien Blanchard ne dépasse pas une page et brosse un tableau rapide des différents organes de presse. et notamment de ceux qu’il connaissait le mieux, grâce à sa thèse, pour conclure :

« Presse collaborationniste, presse maréchaliste, ou presse sous contrôle allemand, toutes sont d’incessantes propagatrices de l’idée coloniale, sur des tons et avec des idées différentes mais aussi des buts souvent opposés. La presse .fut néanmoins. avec l’image, l’arme par excellence de Vichy, pour diffuser largement son discours colonial dans l’opinion publique » (IC/215).

Donc aucune évaluation, pour autant qu’elle ait pu avoir un réel intérêt, à l’époque considérée, pour apprécier l’ampleur des convictions coloniales de la presse tout au long de la période coloniale.

Dans cet esprit, il serait intéressant d’en savoir plus sur la note 13 p. 231, qui se réfère à la période de l’Union Française, et non de l’Empire, c’est-à-dire postérieure à 1945, quant au dépouillement de la presse : La presse quotidienne, hebdomadaire et mensuelle qui a fait l’objet dans le cadre des recherches entreprises par l’Achac d’un dépouillement systématique. » (page 70)

Fin 2ème Partie

 

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9 décembre 2024 1 09 /12 /décembre /2024 10:53

Les règles de publication des textes sur le blog, le décompte des mots m’ont obligé à les fractionner

                              « Le livre « Supercherie coloniale »

                                             CHAPITRE  II

                                                            (Pages 64 à 82)

                                                                            La presse

                                                                Première Partie (page 64 à 68)

                  " Aux nombreuses questions que l’on peut légitimement se poser sur l’existence ou non d’une relation, d’une filiation, pour ne pas utiliser le terme préféré de généalogie de nos historiens, entre l’histoire coloniale et l’histoire nationale, l’analyse de la presse nationale et régionale, c’est-à-dire des très nombreux journaux publiés entre 1871 et 1939, pourrait sans doute apporter un début de réponse, sinon une réponse.

                     Incontestablement, la presse constitue un des rares supports d’information et de culture qui a existé tout au long de cette période, à la différence des autres supports. Elle a également l’immense mérite de pouvoir faire l’objet d’un travail d’évaluation, de mesure statistique des textes et des images en termes de colonnes et de pages, ainsi que d’un examen qualitatif des contenus.

Les grandes conquêtes coloniales, Tombouctou (1893), Tonkin (1885), Dahomey (1892), Madagascar (1895), ou Fachoda (1898) ont fait l’objet d’articles de reportages, de gravures et de photographies. Il est donc possible, avec les archives de la presse de procéder à un sérieux travail d’évaluation statistique exhaustive ou par échantillon : surface et fréquence des articles, ou des images, dans la presse nationale et régionale par rapport à la surface totale des supports de presse d’information et de culture, analyse des contenus, favorables ou défavorables à la conquête. Nous verrons qu’un exercice de ce type a été effectué sur un grand quotidien provincial, ainsi que sur d’autres journaux de province.

Quelques chiffres tout d’abord pour fixer les idées (Histoire générale de la presse, 1972) :

En 1880, 94 titres de quotidiens parisiens, avec un tirage total de 3.500.000. Quatre journaux ont les tirages les plus importants : le Petit Journal 583.820, La Petite République : 196.372. La Lanterne : 150.531, le Figaro : 104.924.

La même source ne donne pas le chiffre des tirages de la presse provinciale à la même époque, mais le chiffre des quotidiens, beaucoup plus élevé que celui de Paris : 252 quotidiens en 1882.

En 1910. le tirage des quotidiens parisiens passe à 4.950.000 pour 76 titres. Quatre journaux ont les tirages les plus importants :

Le Petit Parisien :         1.400.000

Le Petit Journal :           835.000

Le Journal :      810.000

Le Matin :          670.000

En 1939, le tirage des quotidiens parisiens est de 5.500.000, et les quatre journaux les plus importants sont :

Paris Soir          1.739.584

Le Petit Parisien :         1.022.401

Le Journal :      411.021

L’Humanité :   349.587

En 1939, la presse de province fait plus que jeu égal avec la presse parisienne avec un tirage total de 6 millions d’exemplaires pour une centaine de titres, dont les plus importants sont :

L’Ouest Eclair :              350.000,

La Petite Gironde :       325.000,

L’Echo du ²Nord :          300.000,

La Dépêche de Toulouse :      260.000.

                           Ne figurent pas dans les premiers les journaux de la région de Marseille qui ont fait l’objet de l’attention privilégiée de l’historien Blanchard dans sa thèse.

Donc un potentiel de textes et d’images d’archives considérable, disponible pour des chercheurs qui auraient eu l’ambition de mesurer l’importance du fait colonial dans l’information et la culture des lecteurs français tout au long de la période coloniale moderne.

Cette fresque  rapide éclairera notre propos sur le parti historique qu’en a tiré notre nouvelle école de recherche historique dont nous critiquons tout à la fois les méthodes, les travaux et les conclusions, le seul travail de base à ce sujet étant la thèse de M.Blanchard dont nous analyserons le contenu.

                     Donc, un potentiel de textes et d’images d’archives considérable, disponible pour des chercheurs qui auraient l’ambition de mesurer l’importance du fait colonial dans l’information et la culture des lecteurs français tout au long de la période coloniale moderne.

                    Cette fresque rapide éclairera notre propos sur le parti historique qu’en a tiré notre nouvelle école de recherche historique dont nous critiquons tout à la fois les méthodes, les travaux et les conclusions, le seul travail de base à ce sujet étant la thèse de M. Blanchard dont nous analyserons le contenu.

                     Le discours sur la presse

                              Pour l’essentiel, ce discours est contenu dans Culture Coloniale pour la période 1871-1914, baptisée Imprégnation d’une Culture.

En effet les grands journaux participaient à cet intérêt, se faisant l’écho des conquêtes (CC/43), et plus loin, La grande presseLe Petit Journal et Le Petit Parisien – multiplient les sujets ayant trait aux expéditions coloniales ; d’autres journaux furent créés autour de ces thèmes porteurs comme le Journal des voyages en 1877 (CC/49).

Dans la phase baptisée, Fixation d’une appartenance (après 1914), « l’Agence (des Colonies) "inondait", gérait et générait son propre discours en s’assurant la maîtrise de sa production et des relais de diffusion. Interlocuteur privilégié, elle s’octroya ainsi un monopole en contrôlant tous les maillons de la chaîne d’informa­tion. » (CC/139).

                                Le chapitre 7 que nous consacrerons à la propagande coloniale fera plus que nuancer ce discours et dans la troisième phase dite, Apogée d’un dessein, Entre 1929 et 1931... « La grande presse est devenue coloniale en quelques mois... » et plus loin, une remarque de tonalité contraire : « Même si cet engouement sera bien vite mis de côté à la fin de l’année 1932, la mode de l’empire était sans doute passée. » (CC/213)

L’auteur fait-il référence à sa thèse universitaire ?

Ses réflexions portent sur un certain nombre de sujets de presse, notamment sur la presse de droite qu’il a effectivement analysée dans sa thèse pour la période 1930-1945, sur celle de Maurras,

« L’ensemble de ce contexte politique se retrouve dans la multitude d’articles de presse concernant l’Exposition Internationale de 1931, qui est d’une remarquable uniformité et très révélatrice de cette évolution doctrinale » (CC/223).

L’auteur cite à ce sujet l’Ami du peuple, La Victoire, le Figaro, Candide, et en sous-titrant La presse au diapason colonial.

« Un rapide tour d’horizon du monde médiatique français permet de remarquer une démultiplication du nombre d’articles abordant, et cela dès la première page, des questions coloniales » (CC/225).

A ce sujet, l’auteur cite sa thèse universitaire pour appuyer sa démonstration (note 13 p. 225). Notons que les journaux cités ci-dessus avaient une audience très limitée.

Enfin, après avoir cité d’autres titres, l’auteur écrit : « A travers ces quelques exemples (que l’on pourrait multiplier à l’iden­tique) on constate aisément que la presse dans son ensemble, montre alors un intérêt prononcé pour le domaine colonial au cours de cette année "impériale" ».

Oui, mais après 1931, et en 1932 ? Comme l’auteur en a fait état plus haut. De quoi,  parlons nous en définitive ?

Dans La République Coloniale, les auteurs écrivent au sujet de la popularisation pour l’ailleurs… la création de journaux populaires, tels Le Tour du Monde et surtout le Journal des Voyages qui tirent à la fin des années 1870 à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires… Les grands journaux populaires généralistes illustrés, tels Le Petit Parisien, Le Petit Journal, L’Illustration, consacrent de nombreux articles aux explorations. Le thème est en vogue et fait vendre (p. 60).

Mes recherches personnelles sur les tirages annoncés ont été infructueuses.

Dans l’ouvrage Culture Impériale, l’historienne Lemaire relève « l’importance de l’emprise propagandiste sur l’information écrite » (CI/51).  "  page 68

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7 décembre 2024 6 07 /12 /décembre /2024 10:41

 

ANNONCE DE PUBLICATION

LA PRESSE COLONIALE ?

SELON « L’HISTORIEN MILITANT" PASCAL BLANCHARD »

Au temps des colonies, la Presse selon l’historien Pascal Blanchard !

L’historien en question sait faire appel à ses amis. On le voit sur ARTE dans le  club du journaliste Renaud Dély avec son ami Claude Askolovitch , récemment dans une table ronde de C politique avec le journaliste Thomas Snégaroff, sans faire appel à ses compétences d’historien. Mais le 2 décembre 2024, sur LCP, la chaine  a fait appel à ses compétences d’historien à propos des recrutements de main d’œuvre dans la période postcoloniale, une compétence non démontrée en dépit d’une démonstration verbale à la cadence d’une mitrailleuse.

Hier, mon blog a eu l’honneur de recevoir la visite d’une personne curieuse de lire ce que j’avais écrit et publié en 2008 dans le livre « Supercherie coloniale » sur la presse à l’époque coloniale entre 1870 et 1960, très précisément celle décrite par l’historien Blanchard.

Pourquoi ne pas publier à nouveau le texte en question qui en dit beaucoup plus long sur la pertinence historique des thèses idéologiques de l’historien en question ? Ce chapitre apporte la preuve que la presse métropolitaine, telle que décrite par l’historien n’était pas spécialement coloniale ?

Le Figaro du 5 décembre 2024 , page 17 « Champs libres   Idées »  vient de publier une chronique intitulée

« Le décolonialisme, une imposture intellectuelle »
Eugénie Bastié

« Il faut décoloniser nos imaginaires, disait encore récemment l’historien militant Pascal Blanchard , commissaire du Musée de l’immigration . Comme lui, beaucoup d’universitaires à la mode préconisent de tout décoloniser : … »

La véritable question : A la condition que la ou les histoires racontées par « l’historien militant » soient pertinentes !

Réponse dans les pages à publier à partir du 9 décembre 2024.

Jean Pierre Renaud, « Chercheur impénitent », licencié en droit, docteur en sciences économiques, breveté de l’Ecole Nationale de la France d’Outre Mer (major de promotion)

Ancien Préfectoral

 

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3 novembre 2024 7 03 /11 /novembre /2024 16:32

LES FIASCO D’UN PRESIDENT

Alger, Bamako, Rabat, et bien sûr Paris…

Les Fiasco d’un Président « Imbu » qui « pète les plombs » !

A Rabat, par exemple, la présence du dénommé Benattar dans le cortège d’un Président …

Voir notes (1 et 2) :  (1) le témoignage de l’ancien ministre de l’Education Jean - Michel Blanquer sur le lancement du Plan Boorlo destiné à lutter contre les quartiers sensibles en 2018 : le Président aurait voulu torpiller le plan en question, avant lancement, qu’il n’aurait pu mieux faire …

(2) référence article du blog : un « mantra » Macron à la veille de Noël 2020) « le privilège de l’homme blanc »

&

En Afrique noire, il parle au nom de la France, en notre nom, en tout cas, pas en mon nom !

Le Sahel (3), c’est à se demander ce qu’il savait sur le Sahel et qui étaient ses conseillers.

A qui faisait-il confiance ?

Et quid de la monnaie de la CDEAO ? Motus et bouche cousue ? Secret défense ? La « piastre » des années 2020 ?

Le fric des « bien informés » ?

Au Mali ? Au Burkina Fasso ou au Sénégal ?

 

Sauf que la France, vous et moi (la Banque de France) constituons le dernier payeur en cas de problème !

&

Premier novembre 2024, 50 ans après la Toussaint Rouge, le 1er novembre 1964 !

L’Algérie et le Maroc ?

De son pied léger, trop léger, le Président actuel avait engagé en 2016 sa conquête du pouvoir en allant quérir les suffrages des Algériens et dénoncer sur place  la colonisation comme crime contre l’humanité.

L’historien Stora, fils de pied noir, s’est toujours affiché comme un des conseillers officiels de Macron.

Et le Président actuel d’entamer une longue promenade d’amitié avec un Président algérien,  créature d’un FLN, dont la principale raison d’être reste celle d’une France « ennemi héréditaire »…

En parallèle et en opposition des traditions diplomatiques de la France et de ses relations d’amitié anciennes avec le Maroc, le Président actuel entretenait la discorde avec le roi du Maroc.

Pschitt ! Pschitt !

Eté 2024 ! Macron fait volte-face et prêche la réconciliation avec la monarchie marocaine, ce qu’il n’avait pas réussi à faire avec le FLN algérien…

Qui peut avoir confiance dans la parole de la France ?

&

Revenons en France, à ses mille milliards de dette en plus depuis 2017, au laissez aller de l’ordre public en juin juillet 2023, et aux résultats de la politique du Président dans nos quartiers sensibles, le narcotrafic à pleines voiles avec en tête de la course la ville de Marseille qui vit le Président actuel y lancer une grande opération de séduction…

Jean Pierre Renaud

(3) « Emmanuel au Sahel

Itinéraire d’une défaite »

Leslie Varenne

Max Milo 2024

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29 octobre 2024 2 29 /10 /octobre /2024 19:53

Les « lignes rouges » d’Hidalgo…

         Dans une France très volatile…

 

La Maire actuelle navigue dans notre capitale comme si l’Etat n’existait pas, ni l’opposition, en oubliant l’histoire mouvementée de Paris !

Gare au ras le bol des banlieusards, les « sans dents » chers à Hollande, les Franciliens qui bossent... 

Face au Paris Bobo, le nouveau Paris du fric, qui se protège dans ses nouvelles frontières, ses nouveaux octrois, son nouveau dédale de rues chamboulées, ses nouvelles défenses, ses obus en béton…

Ras le bol encore plus des Parisiens et Parisiennes non Bobo…

De ces Français qui voient bien que Paris fort bien doté en biens et services de toute nature est de moins en moins à la disposition de tous les citoyens…

Alors gare aux secousses à venir, alors que le statut de Paris fait de la commune de Paris une terre politique d’exception ouverte à tous les vents des réseaux sociaux !

Jean Pierre Renaud

OCTOBRE 2024

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19 octobre 2024 6 19 /10 /octobre /2024 14:34

3

 

Bain colonial, accès de fièvre coloniale, ou accès d’exotisme ?

        Les colonies de la République française ou celles du peuple français ?

            Et si la France coloniale n’avait pas été plutôt la France officielle au lieu de celle du peuple français, la France des pouvoirs, des institutions officielles, de leurs corps constitués, publics et privés, rassemblés, gouvernement, administration, armée, églises, et grand capital ? Comme hier et aujourd’hui, la Françafrique ?

            Avec des réseaux d’influence parallèles, hier comme aujourd’hui ? Comment ne pas être surpris, en particulier, par la résistance et la puissance encore des relations maçonnes, et tout autant religieuses !

            Et si l’imaginaire des Français avait été plus attiré par un ailleurs étranger, et par toute autre chose que la colonie ou l’empire, dont on nous dit qu’ils étaient symboles de racisme et de mépris de l’autre ?

            Au terme de notre analyse, le lecteur éprouvera des doutes sur le sérieux du discours mémoriel et médiatique de ces chercheurs qui n’ont pas apporté, jusqu’à présent, de preuves à l’appui de leur discours.

            Nous sommes donc encore loin de pouvoir recenser et définir notre culture coloniale, selon la définition Herriot, pour autant qu’elle existe, par ce qui reste quand on a tout oublié.

            Puisqu ‘on ne connaît pas encore ce reste ! 

            Ce reste largement hypothéqué, et par les suites de la guerre d’Algérie et par la forte proportion de populations européennes ou maghrébines issues du Maghreb, et surtout d’Algérie, actuellement en France. Mais de là à tendre le voile de cette mémoire sur toute notre histoire coloniale, une telle option n’est pas fondée.

            On peut aussi, partant de la communauté de langue et de cultures officielles coloniales, affirmer que les populations coloniales qui ont connu l’administration française et sa justice, ses  écoles, ses dispensaires et hôpitaux, ses grands travaux, ont leur mémoire marquée par une culture coloniale, mais il faudrait le démontrer. Et aussi ses révoltes, guerres ou blessures, et il faudrait aussi le démontrer. Car les anciennes colonies sont devenues indépendantes, il y a plus de quarante cinq ans, et la Constitution de 1946 avait déjà modifié profondément le régime politique de ces colonies, donc plus de soixante deux ans avant. On touche là aux souvenirs de générations en partie disparues, pour autant que cette histoire ait marqué la mémoire des peuples des anciennes colonies.

             Pour prendre l’exemple de Madagascar, existait-t-il à ce sujet, dans la grande Ile et en métropole, les fameux stéréotypes coloniaux, lorsque que le Président Chirac donna sa caution à la repentance, lors de son voyage de 2005 ?

            A deux reprises, en 2005, à Majanga et à Tananarive, le Président se crut obligé d’évoquer «  les pages sombres de notre histoire commune –il y en a eu- et donc il faut avoir conscience du caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial. En 1947, le sentiment national montait sur la Grande Ile où s’enchaînèrent des événements tragiques. Rien ni personne ne peut effacer le souvenir de toutes celles et de tous ceux qui perdirent injustement la vie et je m’associe avec respect à l’hommage qu’ils méritent. »

            Les Malgaches n’en attendaient pas tant, pas plus d’ailleurs que les Français informés, mais pour des raisons différentes. Beaucoup d’eau avait coulé, depuis, sous les ponts, d’autres générations s’étaient succédé, et le message avait été parfaitement inaudible.

            Si la démonstration historique avait été faite par les auteurs du livre en question, l’expression République coloniale répondrait mieux à l’analyse qui reste encore à faire sur la réalité de cette République coloniale. Mais comme nous l’avons écrit, ce livre développe un discours idéologique, le plus souvent outrancier, et ne se penche absolument pas sur les formes qu’ont pu revêtir, ses groupes de pression, politiques, religieux, économiques, maçons, et surtout sur les effets réels de cette superstructure « coloniale » sur l’opinion des Français.

            Car, s’il a bien existé un groupe parlementaire colonial, un groupe de pression économique et financier colonial, plus proche des industries traditionnelles que modernes, une toile d’araignée maçonne qui, à travers les différentes institutions françaises, a poursuivi avec la plus grande constance ses objectifs de plus grande France, au nom d’impératifs de plus en plus désuets, tels que la civilisation, le bien des peuples colonisés, le peuple français n’a jamais eu la fibre coloniale, pas plus qu’il n’a eu la fibre maritime ou commerçante.

            Et aussi en parallèle, les églises, mais qui n’ont pas toujours, et loin s’en faut, porté ce discours d’une plus grande France.

            La France coloniale a été la France officielle, et c’est la thèse historique que nous proposons, jusqu’à preuve du contraire. Celle des pouvoirs, des institutions, et rarement celle du peuple. Car il est difficile de ranger dans la catégorie d’une culture coloniale ou impériale, l’écho populaire que pouvaient recevoir les récits des conquêtes militaires, la chute de Behanzin au Dahomey avec ses ingrédients médiatiques incomparables, les sacrifices humains et les Amazones, la prise de Tananarive après la calvaire de l’armée française, ou l’épopée de Fachoda, à travers les marais

            Ou encore la conquête du Sahara avec les chevauchées fantastiques des spahis, en plein désert, au pays de la soif et de la chaleur, contre les rezzous des Touaregs.

            Il ne faut jamais oublier que dans notre histoire nationale, notre roman national, selon les termes des deux auteurs cités plus haut, l’esprit de gloire montré du doigt par Montesquieu, n’a jamais été loin des Français. Non plus d’ailleurs que celui de croire qu’on aimait les petits Français pour eux-mêmes !

            On pourrait aussi disserter à loisir sur le point de savoir si ces engouements temporaires ne ressemblent pas étrangement à ceux que provoquent les grands exploits sportifs, ou la découverte de mondes nouveaux, et c’est ici que notre réflexion bifurque : une France au goût de l’exotisme, plus qu’une France coloniale.

            Ce qui ne devrait pas empêcher de jeunes chercheurs de se lancer dans une quête nouvelle, celle de la ressemblance tout à fait étrange qui pourrait exister entre la France officielle de la 5ème République avec la France de Jules Ferry et de ses suivants, cette France au sein de laquelle une petit groupe d’hommes, et souvent un seul, sous la 5ème République, décide de poursuivre une politique africaine qui a incontestablement des relents d’ancien régime ou de lancer, toujours pour d’excellents motifs de paix, ou de grandeur internationale, des expéditions militaires à l’étranger, le Parlement étant toujours mis devant le fait accompli.

            Les partisans de ces interventions, défenseurs d’une grandeur passée, font valoir qu’elles sont faites aujourd’hui, et c’est nouveau, à l’initiative de l’ONU, c’est vrai, mais le gouvernement a-t-il demandé l’approbation du Parlement pour intervenir en Côte  d’Ivoire, ou au Darfour ? C’est à l’occasion de votes sur d’autres sujets, le budget, ou les lois, ou d’élections générales, que les parlementaires et les électeurs, auraient l’occasion d’approuver ou de refuser de telles initiatives, mais elles sont toujours un élément, parmi d’autres, d’un paquet politique à prendre ou à laisser.

            Il en est donc aujourd’hui à peu près comme du temps de Jules Ferry. Et ce n’est qu’à partir du moment où une initiative extérieure perturbe gravement la vie du pays que ce dernier s’y intéresse, comme cela a été le cas pour la guerre d’Algérie.

            Croyez vous que le peuple français se sentait plus concerné par les aventures coloniales que par nos aventures modernes en Afrique ou au Moyen Orient ? En principe humanitaires !

            Dans le livre Images et Colonies, l’historien Meynier avait accordé, dans ses analyses, une place à l’exotisme, notamment en tentant de classer par thème colonial les différents supports d’information et de culture qui avaient été mis à sa disposition. (IC/124), supports dont le nombre était à la fois faible, et non représentatif, pour les raisons citées dans le corps de cet ouvrage.

            Ces réserves faites, il avait relevé le thème de l’exotisme dans la moitié des affiches (sur 30), dans le tiers des illustrations de magazines et livres coloniaux (sur 76), et dans les quatre cinquièmes des cartes postales (sur 116).

            Goût de l’exotisme, curiosité de l’étranger, découverte de l’Orient, de l’Egypte, et maintenant de l’Afrique, l’engouement des Français pour un ailleurs de rêve ou d’étrangeté suivait les modes des époques.

            Des Français attirés par l’exotisme, sans doute, peut être aussi par les mœurs étranges des peuples africains ou asiatiques , mais cela était-ce tellement différent de la curiosité que l’ancienne France avait manifesté pour le Canada ou la Louisiane ? Ou de celle des téléspectateurs de l’an 2007 qui s’intéressent aux Papous de Nouvelle Guinée, aux Himbas de Namibie, ou aux Nenets de Sibérie, sous la conduite de Charlotte de Turckheim ?

            La route des épices et les mirages, mais aussi les richesses des Indes orientales ou occidentales ? Est-ce qu’un  Français devait être colonial, sans le savoir et sans le vouloir, au prétexte qu’il buvait du café ou chocolat, sirotait du rhum, ou assaisonnait ses mets de poivre ou de cannelle ? Ou encore mange quelques grains de riz disputés à la volaille ?

            Est-ce que la France a jamais été coloniale dans ses profondeurs, à Paris et dans ses provinces ? Histoire coloniale d’une France officielle plutôt que celle de son peuple, d’attirance pour l’exotisme plus que pour les colonies ou l’Empire ?

            Et pour terminer, comment ne pas évoquer un souvenir récent, lors d’une visite à la cathédrale de Chartres et à ses vitraux magnifiques ? Dans un des salons de thé de la vieille ville trônait sur un coin du comptoir une magnifique statue en plâtre, d’environ un mètre de haut,  d’un jeune antillais au teint chocolat,  pieds nus, avec un chapeau sur la tête, portant sur son épaule un magnifique régime de bananes, prunelles noires sur globes oculaires blancs.    Cela ne vous rappelle pas les billes de loto de Négripub ?

            Personne ne semblait voir cette belle statue colorée, alors qu’elle s’inscrivait parfaitement dans le panorama mémoriel abondamment décrit par ce collectif de chercheurs, comme un phare au coin du comptoir - caisse de ce salon de thé. Incontestablement, un des symboles de l’inconscient colonial des Français !

            Et tout cela est bien dommage, parce que beaucoup de ces images ressorties des placards étaient souvent belles !

 

            Alors, s’il ne s’agissait que d’une invitation au voyage de Baudelaire ?

            « Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

                        Luxe, calme, et volupté. »

            Mais cher lecteur, vous ne partageriez peut-être pas le goût de l’exotisme de Baudelaire qui le portait vers les canaux plutôt glacés et embrumés de la Hollande. Ne préféreriez-vous pas les plages blanches de Gauguin, celles des îles Marquises, et les eaux émeraude des îles du Pacifique ?

7/06/07

 

 

Fin de publication annoncée pour plusieurs textes choisis dans le livre Supercherie Coloniale.

A voir l’évolution de la société française et de la France depuis les années 2000, il est difficile de ne pas constater que l’entreprise de démolition systématique de notre histoire contribue à déstabiliser notre pays.

Une des dernières « couches » a été celle du Président actuel en tournée électorale en Algérie en 2016 déclarant que la colonisation fut un crime contre l’humanité…

Un candidat décidément bien informé de notre histoire nationale et internationale…

 

Jean Pierre  Renaud    Tous droits réservés, le 13 octobre 20

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13 octobre 2024 7 13 /10 /octobre /2024 15:33

Conclusions générales

3

 

Bain colonial, accès de fièvre coloniale, ou accès d’exotisme ?

        Les colonies de la République française ou celles du peuple français ?

            Et si la France coloniale n’avait pas été plutôt la France officielle au lieu de celle du peuple français, la France des pouvoirs, des institutions officielles, de leurs corps constitués, publics et privés, rassemblés, gouvernement, administration, armée, églises, et grand capital ? Comme hier et aujourd’hui, la Françafrique ?

            Avec des réseaux d’influence parallèles, hier comme aujourd’hui ? Comment ne pas être surpris, en particulier, par la résistance et la puissance encore des relations maçonnes, et tout autant religieuses !

            Et si l’imaginaire des Français avait été plus attiré par un ailleurs étranger, et par toute autre chose que la colonie ou l’empire, dont on nous dit qu’ils étaient symboles de racisme et de mépris de l’autre ?

            Au terme de notre analyse, le lecteur éprouvera des doutes sur le sérieux du discours mémoriel et médiatique de ces chercheurs qui n’ont pas apporté, jusqu’à présent, de preuves à l’appui de leur discours.

            Nous sommes donc encore loin de pouvoir recenser et définir notre culture coloniale, selon la définition Herriot, pour autant qu’elle existe, par ce qui reste quand on a tout oublié.

            Puisqu ‘on ne connaît pas encore ce reste ! 

            Ce reste largement hypothéqué, et par les suites de la guerre d’Algérie et par la forte proportion de populations européennes ou maghrébines issues du Maghreb, et surtout d’Algérie, actuellement en France. Mais de là à tendre le voile de cette mémoire sur toute notre histoire coloniale, une telle option n’est pas fondée.

            On peut aussi, partant de la communauté de langue et de cultures officielles coloniales, affirmer que les populations coloniales qui ont connu l’administration française et sa justice, ses  écoles, ses dispensaires et hôpitaux, ses grands travaux, ont leur mémoire marquée par une culture coloniale, mais il faudrait le démontrer. Et aussi ses révoltes, guerres ou blessures, et il faudrait aussi le démontrer. Car les anciennes colonies sont devenues indépendantes, il y a plus de quarante cinq ans, et la Constitution de 1946 avait déjà modifié profondément le régime politique de ces colonies, donc plus de soixante deux ans avant. On touche là aux souvenirs de générations en partie disparues, pour autant que cette histoire ait marqué la mémoire des peuples des anciennes colonies.

             Pour prendre l’exemple de Madagascar, existait-t-il à ce sujet, dans la grande Ile et en métropole, les fameux stéréotypes coloniaux, lorsque que le Président Chirac donna sa caution à la repentance, lors de son voyage de 2005 ?

            A deux reprises, en 2005, à Majanga et à Tananarive, le Président se crut obligé d’évoquer «  les pages sombres de notre histoire commune –il y en a eu- et donc il faut avoir conscience du caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial. En 1947, le sentiment national montait sur la Grande Ile où s’enchaînèrent des événements tragiques. Rien ni personne ne peut effacer le souvenir de toutes celles et de tous ceux qui perdirent injustement la vie et je m’associe avec respect à l’hommage qu’ils méritent. »

            Les Malgaches n’en attendaient pas tant, pas plus d’ailleurs que les Français informés, mais pour des raisons différentes. Beaucoup d’eau avait coulé, depuis, sous les ponts, d’autres générations s’étaient succédé, et le message avait été parfaitement inaudible.

            Si la démonstration historique avait été faite par les auteurs du livre en question, l’expression République coloniale répondrait mieux à l’analyse qui reste encore à faire sur la réalité de cette République coloniale. Mais comme nous l’avons écrit, ce livre développe un discours idéologique, le plus souvent outrancier, et ne se penche absolument pas sur les formes qu’ont pu revêtir, ses groupes de pression, politiques, religieux, économiques, maçons, et surtout sur les effets réels de cette superstructure « coloniale » sur l’opinion des Français.

            Car, s’il a bien existé un groupe parlementaire colonial, un groupe de pression économique et financier colonial, plus proche des industries traditionnelles que modernes, une toile d’araignée maçonne qui, à travers les différentes institutions françaises, a poursuivi avec la plus grande constance ses objectifs de plus grande France, au nom d’impératifs de plus en plus désuets, tels que la civilisation, le bien des peuples colonisés, le peuple français n’a jamais eu la fibre coloniale, pas plus qu’il n’a eu la fibre maritime ou commerçante.

            Et aussi en parallèle, les églises, mais qui n’ont pas toujours, et loin s’en faut, porté ce discours d’une plus grande France.

            La France coloniale a été la France officielle, et c’est la thèse historique que nous proposons, jusqu’à preuve du contraire. Celle des pouvoirs, des institutions, et rarement celle du peuple. Car il est difficile de ranger dans la catégorie d’une culture coloniale ou impériale, l’écho populaire que pouvaient recevoir les récits des conquêtes militaires, la chute de Behanzin au Dahomey avec ses ingrédients médiatiques incomparables, les sacrifices humains et les Amazones, la prise de Tananarive après la calvaire de l’armée française, ou l’épopée de Fachoda, à travers les marais

            Ou encore la conquête du Sahara avec les chevauchées fantastiques des spahis, en plein désert, au pays de la soif et de la chaleur, contre les rezzous des Touaregs.

            Il ne faut jamais oublier que dans notre histoire nationale, notre roman national, selon les termes des deux auteurs cités plus haut, l’esprit de gloire montré du doigt par Montesquieu, n’a jamais été loin des Français. Non plus d’ailleurs que celui de croire qu’on aimait les petits Français pour eux-mêmes !

            On pourrait aussi disserter à loisir sur le point de savoir si ces engouements temporaires ne ressemblent pas étrangement à ceux que provoquent les grands exploits sportifs, ou la découverte de mondes nouveaux, et c’est ici que notre réflexion bifurque : une France au goût de l’exotisme, plus qu’une France coloniale.

            Ce qui ne devrait pas empêcher de jeunes chercheurs de se lancer dans une quête nouvelle, celle de la ressemblance tout à fait étrange qui pourrait exister entre la France officielle de la 5ème République avec la France de Jules Ferry et de ses suivants, cette France au sein de laquelle une petit groupe d’hommes, et souvent un seul, sous la 5ème République, décide de poursuivre une politique africaine qui a incontestablement des relents d’ancien régime ou de lancer, toujours pour d’excellents motifs de paix, ou de grandeur internationale, des expéditions militaires à l’étranger, le Parlement étant toujours mis devant le fait accompli.

            Les partisans de ces interventions, défenseurs d’une grandeur passée, font valoir qu’elles sont faites aujourd’hui, et c’est nouveau, à l’initiative de l’ONU, c’est vrai, mais le gouvernement a-t-il demandé l’approbation du Parlement pour intervenir en Côte  d’Ivoire, ou au Darfour ? C’est à l’occasion de votes sur d’autres sujets, le budget, ou les lois, ou d’élections générales, que les parlementaires et les électeurs, auraient l’occasion d’approuver ou de refuser de telles initiatives, mais elles sont toujours un élément, parmi d’autres, d’un paquet politique à prendre ou à laisser.

            Il en est donc aujourd’hui à peu près comme du temps de Jules Ferry. Et ce n’est qu’à partir du moment où une initiative extérieure perturbe gravement la vie du pays que ce dernier s’y intéresse, comme cela a été le cas pour la guerre d’Algérie.

            Croyez vous que le peuple français se sentait plus concerné par les aventures coloniales que par nos aventures modernes en Afrique ou au Moyen Orient ? En principe humanitaires !

            Dans le livre Images et Colonies, l’historien Meynier avait accordé, dans ses analyses, une place à l’exotisme, notamment en tentant de classer par thème colonial les différents supports d’information et de culture qui avaient été mis à sa disposition. (IC/124), supports dont le nombre était à la fois faible, et non représentatif, pour les raisons citées dans le corps de cet ouvrage.

            Ces réserves faites, il avait relevé le thème de l’exotisme dans la moitié des affiches (sur 30), dans le tiers des illustrations de magazines et livres coloniaux (sur 76), et dans les quatre cinquièmes des cartes postales (sur 116).

            Goût de l’exotisme, curiosité de l’étranger, découverte de l’Orient, de l’Egypte, et maintenant de l’Afrique, l’engouement des Français pour un ailleurs de rêve ou d’étrangeté suivait les modes des époques.

            Des Français attirés par l’exotisme, sans doute, peut être aussi par les mœurs étranges des peuples africains ou asiatiques , mais cela était-ce tellement différent de la curiosité que l’ancienne France avait manifesté pour le Canada ou la Louisiane ? Ou de celle des téléspectateurs de l’an 2007 qui s’intéressent aux Papous de Nouvelle Guinée, aux Himbas de Namibie, ou aux Nenets de Sibérie, sous la conduite de Charlotte de Turckheim ?

            La route des épices et les mirages, mais aussi les richesses des Indes orientales ou occidentales ? Est-ce qu’un  Français devait être colonial, sans le savoir et sans le vouloir, au prétexte qu’il buvait du café ou chocolat, sirotait du rhum, ou assaisonnait ses mets de poivre ou de cannelle ? Ou encore mange quelques grains de riz disputés à la volaille ?

            Est-ce que la France a jamais été coloniale dans ses profondeurs, à Paris et dans ses provinces ? Histoire coloniale d’une France officielle plutôt que celle de son peuple, d’attirance pour l’exotisme plus que pour les colonies ou l’Empire ?

            Et pour terminer, comment ne pas évoquer un souvenir récent, lors d’une visite à la cathédrale de Chartres et à ses vitraux magnifiques ? Dans un des salons de thé de la vieille ville trônait sur un coin du comptoir une magnifique statue en plâtre, d’environ un mètre de haut,  d’un jeune antillais au teint chocolat,  pieds nus, avec un chapeau sur la tête, portant sur son épaule un magnifique régime de bananes, prunelles noires sur globes oculaires blancs.    Cela ne vous rappelle pas les billes de loto de Négripub ?

            Personne ne semblait voir cette belle statue colorée, alors qu’elle s’inscrivait parfaitement dans le panorama mémoriel abondamment décrit par ce collectif de chercheurs, comme un phare au coin du comptoir - caisse de ce salon de thé. Incontestablement, un des symboles de l’inconscient colonial des Français !

            Et tout cela est bien dommage, parce que beaucoup de ces images ressorties des placards étaient souvent belles !

 

            Alors, s’il ne s’agissait que d’une invitation au voyage de Baudelaire ?

            « Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

                        Luxe, calme, et volupté. »

            Mais cher lecteur, vous ne partageriez peut-être pas le goût de l’exotisme de Baudelaire qui le portait vers les canaux plutôt glacés et embrumés de la Hollande. Ne préféreriez-vous pas les plages blanches de Gauguin, celles des îles Marquises, et les eaux émeraude des îles du Pacifique ?

Page 281

7/06/07

                                                                           &

 

Fin de publication annoncée pour plusieurs textes choisis dans le livre Supercherie Coloniale.

A voir l’évolution de la société française et de la France depuis les années 2000, il est difficile de ne pas constater que l’entreprise de démolition systématique de notre histoire contribue à déstabiliser notre pays.

Une des dernières « couches » a été celle du Président actuel en tournée électorale en Algérie en 2016 déclarant que la colonisation fut un crime contre l’humanité…

Un candidat décidément bien informé de notre histoire nationale et internationale…

 

Jean Pierre  Renaud    Tous droits réservés, le 13 octobre 2024

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