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10 février 2021 3 10 /02 /février /2021 12:03

FOUTAISES DU JOUR !

                  AVIS ! LA PUB PFG POMPES FUNÈBRES GENERALES

 Pensez à vos obsèques ! Cotisez ! Vous aurez droit à une belle récompense !  Sur France 2, le 6 février 2021, en pleine épidémie !

Il faut le faire !

            LE FRENCH CANCAN Le French Cancan et le mouvement de Libération de la Femme sur France 2 : avec le concours d’une historienne, de belles  images qu’on déroule, notamment celles du French Cancan !

            Si j’ai bien compris son propos, complètement hors contexte historique, le Moulin Rouge aurait contribué à la libération des femmes !

            Je suis loin d’être sûr que le French Cancan ait été  beaucoup connu dans nos provinces avant le Deuxième Guerre Mondiale !

            L’OPÉRA DE PARIS est-il en règle avec LA DIVERSITÉ ?

       La Défenseur des droits délègue une représentante pour vérifier l’état de la diversité à l’Opéra de Paris !

            Pour y faire bonne mesure, un historien  y est chargé de compléter ce travail.

            Il faut le faire ! On est devenu fou ?

            COMMEJAIMEPAS…COMMEJAIMEPAS…COMMEJAIMEPAS…

                          TRALALA… TRALALA…TRALALA…

         Jean Pierre Renaud

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6 février 2021 6 06 /02 /février /2021 11:14

Laïcité et Laïcisme ?

Le contexte historique des années 2020 n’a plus rien à voir avec celui de la loi de 1905 sur la laïcité!

Mais les principes restent les mêmes !

            Dans le Figaro du 9 décembre 2020 (page 18), Jean-Marie Rouart a proposé une analyse fort intéressante de la situation de la France face à l’islamisme, sous le titre :

« Le laïcisme est un rempart illusoire face à la volonté de conquête de l’islamisme »

            Je me suis exprimé à plusieurs reprises sur ce blog en faveur de la séparation des Eglises et de l’Etat et de la loi de 1905 sur la laïcité A mes yeux, et depuis longtemps, j’estime que cette loi est un gage de paix civile et de liberté de conscience dans un pays meurtri par des guerres de religion entre catholiques et protestants.

            Ma position est fondée à la fois sur ma connaissance de l’histoire de France, sur le passé de ma famille en Petite Vendée, dans le Haut Doubs, sur les connaissances acquises au cours de ma jeunesse dans un Pays de Montbéliard encore marqué par des fractures anciennes entre les deux mondes religieux protestants et catholiques – les mariages mixtes n’étaient pas toujours admis des deux bords - , et enfin par mon expérience préfectorale.

            J’ai toujours la même conviction, mais il est clair que le contexte historique a complètement changé à nouveau avec l’expansion démographique arabo-musulmane des vingt et  trente dernières années, amorcée, très tôt dans le Pays de Montbéliard avec le recrutement des usines Peugeot de Sochaux, puis la politique de regroupement familial initiée en 1976.

            Aujourd’hui, l’islam est installé dans le Pays de Montbéliard – il y a même une mosquée -  et les pouvoirs publics rencontrent le même type de problème que dans les autres régions françaises marquées par une forte implantation de l’islam. La communauté chrétienne fait face à une rude concurrence, compte tenu du prosélytisme de multiples réseaux d’influence et de pénétration officielle ou clandestine dans la population : cette nouvelle religion était encore inconnue dans le Pays de Montbéliard jusque dans les années 1970-1980.

            L’Eglise catholique s’y trouve aujourd’hui en position paradoxale d’évangélisation et de conversion missionnaire.

            Laïcité ne veut pas dire « laïcisme » le mot utilisé par Jean Marie Rouart dans sa tribune, mais mise en pratique du verbe évangélique «  ce qui est à César est à César, et ce qui est à Dieu à Dieu», séparation entre un gouvernement religieux et un gouvernement civil, liberté de conscience, c’est-à-dire tout le contraire de la loi de la charia musulmane qui entend tout gouverner, les âmes, les esprits et les corps.

            La France n’a sans doute pas conservé le souvenir des batailles homériques qui ont déchiré le pays à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, entre les bleus et les rouges, les instituteurs, « hussards de la République » étant à la pointe de ce combat, avec en arrière-plan un facteur trop oublié, l’influence d’une franc-maçonnerie très influente encore dans le halo théorique des Lumières.

Tout au long de la Troisième République, la plupart des ministres partageaient des fraternités franc-maçonnes. Les mêmes encourageaient les conquêtes coloniales sous la bannière « officielle » des « Lumières », de l’universalisme,  de la civilisation occidentale.

Sur mon blog, j’ai cité, entre autres, le cas de Lyautey qui, lors de son commandement à Fianarantsoa (1900-1902), avait dû affronter des pressions maçonnes pour ne pas licencier un commis indélicat : des maçons s’étaient déplacés de Tananarive pour effectuer une démarche…

La franc-maçonnerie était puissante dans l’administration coloniale.

Dans les pays musulmans, la charia est la règle du jeu à la fois religieuse et civile. Les autres religions y sont interdites, les chrétiens y sont persécutés… Le Pakistan en a encore donné un exemple récent en condamnant à la peine de mort une jeune femme qui s’était convertie au christianisme. Crime suprême !

Pourquoi pas une petite question aux musulmans de notre pays ?

 Y-sont-ils persécutés ?

Au début du 20ème siècle, Ata Türk avait introduit la laïcité dans la constitution turque, mais ce régime de séparation des pouvoirs révolutionnaire a fait long feu. Ne renaîtra-t-il pas un jour prochain des cendres du régime dictatorial d’Erdogan ? C’est assez probable.

Face à cette évolution, pour ne pas dire révolution, fort bien analysée dans le livre de Jérôme Fourquet « L’archipel », que faire ?

Premiere préoccupation : l’ordre public - Faire respecter la laïcité en France, c’est soumettre à l’ordre public républicain l’ensemble des religions, islam y compris, une prescription d’autant plus difficile à appliquer, compte tenu de ce qu’il faut bien appeler le désordre qui règne dans cette religion, avec la dispersion des écoles de pensée religieuse, des institutions, des organisations, qui se font concurrence et très souvent la guerre. Il y a quelques années j’avais proposé une lecture critique du livre d’enquête de John R. Bowen sur l’islam de France qui en faisait  état. (blog des 19/10/12 et 7/11/12)

Nous refusons donc de nous voir imposer des interdits religieux qui ont conduit et conduisent encore les peuples du Moyen Orient à s’entretuer depuis des dizaines d’années, des mots d’ordre, quand il ne s’agit pas d’appels au meurtre terroriste.

Faire respecter l’ordre public républicain exige aujourd’hui une grande vigilance et beaucoup de prudence, compte tenu de la variété des canaux d’influence directe ou indirecte empruntés par toutes les formes d’un islam radical très souvent et trop souvent financé par l’argent du Golfe.

Certains pays de cette région ne dédaignent pas d’utiliser l’arme de la religion pour élargir ou consolider leur influence, quitte à nous faire partager leurs conflits avec d’autres puissances musulmanes concurrentes et  souvent ennemies.

Nous avons mis des siècles à construire un modèle de civilisation aujourd’hui décrié par des ignorants, des agitateurs de tout poil, dont les mots d’ordre simplistes  s’appuient sur de fausses logiques, une inversion des règles de notre vivre ensemble : la victime devient le coupable, et le blanc par définition dans certaines écoles de propagande « décoloniale ». Dans le cas présent, est islamophobe le citoyen attaché à la préservation de notre état de droit républicain et laïc…

Pierre- André Taguieff a décrit dans un livre très universitaire toutes les caractéristiques de cette désinformation qui tente de mettre en pièces  détachées nos systèmes de pensée dans nos universités et dans une pseudo-culture populaire, la trop fameuse « cancel culture » venue des Etats Unis. Le titre de ce livre est « L’imposture décoloniale »   « Science imaginaire et pseudo-antiracisme ». »

Est-ce que le Président de la  République Française n’a pas donné du grain à moudre aux partisans de ces mauvaises et nouvelles causes du « décolonial », en parlant du « privilège blanc », et auparavant à l’occasion de la présentation des propositions Borloo pour les quartiers sensibles, en les  mettant en doute, puisque venant  de « deux hommes blancs » ?

L’Eglise de France

Le grand mérite de l’article de Jean-Marie Rouart est d’avoir mis le doigt sur un problème très sensible dans un pays marqué par une importante déchristianisation, face à un islam conquérant, mais au moins autant marqué par un scepticisme généralisé mâtiné de consommation immédiate.

Les mouvements laïcs de leur côté n’ont pas été à la pointe du combat pour la laïcité, ne serait-ce que dans nos écoles !

Car il ne suffit effectivement pas de  croire qu’il est suffisant de brandir le drapeau de la laïcité pour régler le problème.

Jean-Marie Rouart note :

« Car aucune société, si avancée soit elle, ne peut se passer longtemps du sacré. Seules les religions sont capables de donner une réponse à la question de la finalité de la vie…

Or, il faut l’avouer, le christianisme aujourd’hui, et le catholicisme en particulier, est atteint non seulement dans sa pratique religieuse mais dans son être même….

« Le christianisme va-t-il mourir ? »…

Ce n’est donc pas sans une grande pitié que l’on assiste en France, à cette lente désaffection vis-à-vis d’une Eglise qui a été la colonne vertébrale de notre société, plus encore de notre civilisation, depuis vingt siècles, l’inspiratrice de notre sensibilité, et qui règne encore dans tant de cœurs désolés et inquiets de son déclin… »

Dans un registre différent, Jérôme Fourquet, armé de toute une batterie d’indicateurs statistiques propose le même type de constat dans son livre « L’Archipel » : l’Eglise catholique aurait rejoint le chapelet d’îles que décrit le livre, une île de plus en plus déserte.

Dans la première partie « le grand basculement » l’auteur décrit la « dislocation de la matrice catholique, « le déclin de la pratique religieuse, « les maries s’en sont allées. »

Né dans une famille très impliquée dans la vie de la paroisse de Montbéliard, et impliqué moi-même dans les mouvements de jeunesse, profondément marqué par le souvenir d’une paroisse dynamique qui fut à la pointe des combats de la Résistance contre les Allemands, je ne retrouvais plus au fil des années la paroisse active telle que je l’avais connue dans ma jeunesse, lorsqu’il m’arrivait de rendre visite à ma famille.

Le mouvement de déchristianisation qui anémiait progressivement mon ancienne paroisse était frappant, en tout cas dans les signes officiels de la chrétienté. J’avais donc sollicité mon beau-frère afin qu’il puisse recueillir les statistiques des sacrements délivrés au fur et à mesure des années, entre 1970 et 2015.

Les courbes des quatre sacrements étaient éloquentes car elles démontraient la chute vertigineuse du catholicisme à Montbéliard.

            Pour l’illustrer ces quelques chiffres :

En 1970 : Mariages : 115 – Baptêmes : 365 – Communions : 106 – Professions de foi : 203

En 2015 : Mariages : 8 – Baptêmes : 35 – Communions : 24 – Professions de foi : 34

Jusque dans les années 1980, le nombre des mariages se situait entre 100 et 200 chaque année, mais entre 2000 et 2015, la chute est vertigineuse.

De 1970 à 1975, le nombre des baptêmes dépassait le chiffre de 300 par année, se situa entre 200 et 100 entre 1989 et 2001, puis chuta de 1992 à 2015.

Les communions enregistrèrent une chute identique, passant de plus de 199 en 1975, à moins 100 à partir de 2002.

Comment interpréter une telle évolution ? Dans une France encore couverte par son « blanc manteau d’églises », comme au Moyen Âge, ses cathédrales, ses monastères, les multiples signes du christianisme sur ses chemins et places ?

            « La fin de la matrice catholique » ?

            Question pertinente qui appelle sans doute des réponses documentées en observant les pratiques religieuses qui vivent encore dans beaucoup de nos provinces, mais il est exact que le champ des catholiques s’est rétréci, en ne conservant aujourd’hui que les chrétiens les plus convaincus : ne s’agirait-il pas encore du sel de la terre ?

 L’Eglise a manqué le virage missionnaire et évangélique qu’imposait l’évolution d’une société de plus en plus consumériste, habitée par l’éphémère et le goût du collectif festif comme savent le faire les églises évangéliques.

Le christianisme aurait tort de ne pas exalter la beauté de ses églises et de ses monastères, de ses chants et de ses cantiques, le grégorien par exemple, en renouant avec sa riche pompe liturgique d’images et de sons.

Afin de faire face à la poussée de l’islam, à ses initiatives débordantes, à ses collèges de missionnaires, il n’est pas certain que le resserrement de l’église catholique ne permette pas d’affirmer avec plus de clarté encore son message évangélique d’amour, de fraternité sous la bannière de croyants qui n’assassinent pas leur prochain « mécréant » ou non, et qui ne persécutent pas les musulmans comme le font les musulmans pour les chrétiens dans leur pays.

Le Pays de Montbéliard était sans doute un terrain culturel favorable à la déchristianisation,  compte tenu des luttes religieuses qui y avaient longtemps divisé les chrétiens.

Dans notre histoire récente, deux assassinats ont marqué la conscience nationale, l’assassinat des sept moines de Tibéhirine en Algérie en 1996, et l’assassinat du Père Hamel en France, en 2016

En 1994, une des années noires de l’Algérie, - l’armée française et la France n’y furent pour rien -  quatre sœurs et quatre prêtres ont été assassinés en Algérie.

Les chrétiens d’Orient qui vivent encore dans les pays musulmans n’y sont pas les bienvenus : très récemment, la Turquie a soutenu l’Azerbaïdjan pour chasser les chrétiens arméniens des terres de leurs ancêtres dans le Haut Karabach.

Dans notre pays, des groupes de pression religieux, idéologiques ou politiques nous rabattent les oreilles d’une islamophobie qui imprégnerait nos institutions… Une simple question : est-ce que les musulmans de France sont persécutés ? Non ! Et ils le savent bien, alors pourquoi ces manifestations ?

            L’Islam en France ?

            Compatible ou non avec la République Française ? « That is the question”? Pour transposer la question posée dans le Hamlet de Shakespeare : être ou ne pas être un musulman français républicain ?

            D’ores et déjà, la France compte de nombreux musulmans qui ont adopté notre modèle républicain, avec la séparation entre le religieux et le civil et la liberté de conscience.

Lors des conquêtes coloniales, notamment en Afrique du nord et en Afrique de l’Ouest, la France a combattu des chefs musulmans, notamment les Almamy Hadj Omar, Ahmadou, ou Samory, sauf que ce dernier était un Dioula converti, et que la France, en vue d’imposer son pouvoir, s’était intercalée dans les combats entre royaumes musulmans et royaumes animistes ou fétichistes : elle n’y combattait pas l’Islam.

La France coloniale laissait vivre côte à côte des populations de croyances différentes, sans imposer telle ou telle religion, et dans l’Afrique de l’Ouest, elle s’était accommodée avec les grandes confréries qui, prônaient un consensus de paix civile.

            Dirais-je qu’elle aurait d’ailleurs eu beaucoup de mal à imposer une loi  religieuse dans un immense continent, avec une myriade de peuples, de croyances et de cultures différentes ? A titre d’exemple, une soixantaine de peuples dans la nouvelle Côte d’Ivoire de la fin du XIXème siècle !

La véritable question posée est celle de savoir si l’Islam de France, au moins dans sa majorité, dans telle ou telle de ses nombreuses écoles de pensée est disposé à s’engager sur notre chemin de séparation des pouvoirs, un chemin que la France a mis beaucoup de temps à emprunter, faut-il le rappeler ?

L’Islam de France aura-t-il le courage d’ouvrir cette voie nouvelle ?

Nous le souhaitons et nous ne sommes pas les seuls.

Les négociations récentes sur une charte républicaine des imams, si elles aboutissent dans l’intérêt de toutes les parties prenantes est un signe encourageant.

En tout état de cause, la France n’acceptera pas de se voir imposer, et quoiqu’il en coûte, une charia, quelle qu’elle soit, venue de Turquie, du Maghreb ou du Moyen Orient !

 Jean Pierre Renaud                  Tous droits réservés

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1 février 2021 1 01 /02 /février /2021 11:34

Le Covid et sa ribambelle d’experts et de beaux parleurs en tout genre ! Vive la télé !

            Je n’aurais jamais pensé vivre assez longtemps pour faire connaissance avec autant de sommités ou d’autorités médicales chargées de nous épargner les épidémies !

             Le défilé des professeurs, des maîtres de conférences, des docteurs, des épidémiologistes, des infectiologues, des biologistes, des virologues, de la Haute Autorité de Santé, de l’Académie de Médecine, du Comité scientifique des vaccins, des ARS, des syndicats de médecins, et bien sûr du Conseil Scientifique créé de toute pièces par la Président …avec autant d’avis que de spécialités ou d’origines !

Et j’en ai sans doute oublié !

            C’est à se demander pourquoi la France en est arrivée là avec cette somme d’experts de la santé publique ou privée !

            La bonne santé de la population française aurait sans doute exigé une plus grande retenue scientifique des avis, au lieu d’ajouter à leur inquiétude justifiée.

            Jean Pierre Renaud

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29 janvier 2021 5 29 /01 /janvier /2021 15:20

Les « Paris » d’Hidalgo

L’engouement ?

« A la lumière du jour politique et médiatique » !

 

 Le Figaro du 15 janvier en Première Page Colonne de gauche : « Gauche Hidalgo construit ses équipes pour 2022 »

En page 8 : « La maire de Paris hésite pour la présidentielle, elle n’a pris encore aucune décision, mais la pression devient très forte »

              Une héroïne du monde moderne ?

       Née de parents espagnols et naturalisée française en 1973, française redevenue aussi espagnole par choix en 2003, et donc binationale, il est vrai qu’elle incarne une histoire tout à fait à la française de réussite de l’intégration républicaine.

            Revers politique possible de la médaille, l’hésitation d’une partie du corps électoral à confier les clés de la maison à une binationale !

L’exemple récent de Valls à cheval sur Barcelone et Paris donne à réfléchir.       

La Militante Socialiste ?

Hidalgo est un des fruits de la renaissance du Parti Socialiste engagée dans les années 70, avec l’élection de Mitterrand en 1981, celle de Delanoë, à la Mairie de Paris en 2001, avec lequel elle fit équipe.

Seul petit problème, le PS n’était pas alors le parti laissé dans les décombres par Hollande, et dans le contexte politique actuel, la Maire de Paris ne trouvera plus dans la gauche socialiste la force qui permit à Delanoë de se faire élire, face à une chiraquie en fin de course.

            Les dernières élections municipales ont démontré la capacité d’Hidalgo à fabriquer un cocktail politique pluriel, dont certains de ses collègues rêvent aussi peut-être, entre les socialistes, les communistes, les écolos, la gauche de la diversité…, mais ce type de combinaison politique, jouable dans un Paris Bobo, sera difficile à mettre en œuvre au niveau national.

            A Paris, le socialisme mis en pratique laisse à désirer étant donné l’orientation très Bobo de sa majorité, sa conception d’un aménagement urbain renfermé sur ses anciennes frontières et de plus en plus fermé en direction de la banlieue, sorte de discrimination géographique et sociale qui ne dit pas son nom.

            La marche forcée que l’équipe actuelle inflige à ses habitants pour « verdir » à tout prix la capitale, ne devrait pas laisser indifférents les électeurs de notre pays. Afin d’en juger, à quand le bilan complet de cette politique « verte » coûteuse ?

Face publique et face privée ?

            Les principes et la philosophie de cette combinaison politique soulèvent de nombreuses questions sur deux plans essentiels :

  • Les relations nouées avec le grand capitalisme français, la présence de l’adjoint à la culture, Christophe Girard, en était un des symboles,
  • Les relations nouées avec le grand capitalisme étranger, le Quatar en étant un autre symbole.

Une des caractéristiques du « système » parisien, une de ses caractéristiques  historiques est constituée par le réseau entremêlé des puissants du jour, ce qu’on désigne de nos jours par le mot anglais « establishment » dont beaucoup de membres se tiennent par la barbichette et donnent le branle à nombre d’initiatives de pouvoir sur tout le territoire.

Au cœur du pouvoir et de tous les pouvoirs !

            Il n’est pas possible d’examiner les facteurs positifs et négatifs de cette candidature sans mettre en pleine lumière un des facteurs essentiels de toute candidature parisienne aux élections présidentielles, le facteur stratégique de la position, - la POSITION -, un facteur clé dans toute stratégie.

            En dépit de tous les changements importants qui ont affecté la capitale entre 1980 et 2020, sur le plan démographique, économique ou culturel, Paris reste au cœur du pouvoir, de tous les pouvoirs, y compris des médias et des réseaux sociaux.

« A la lumière du jour politique et médiatique » !

La configuration politique dont bénéficie aujourd’hui la maire de Paris est donc loin d’être le fait du hasard : à chaque occasion, l’équipe est sur le podium.

            Tous les organisateurs de manifestations le savent samedis et dimanches compris, pour toutes les raisons imaginables, y compris en période de confinement, ce qui est tout de même curieux, pour ne pas dire tout à fait anormal.

Une lutte de pouvoir

       Les relations entre la Ville et l’Etat ont toujours été complexes et ambigües, le pouvoir local ayant toujours beaucoup de peine à résister à la tentation historique d’agir comme un Etat dans l’Etat, pour ne pas dire, en investissant l’Etat.

            La gestion Hidalgo soulève cette question de dérive institutionnelle.

            Les décisions qui ont été prises sur la sorte de « privatisation » des voies sur berge, des grands axes parisiens, la politique d’accueil des étrangers, le jeu des pouvoirs entre la Ville et la Préfecture de Police sur le qui fait quoi dans   domaine de l’ordre public, et donc sur les responsabilités, soulèvent donc la question de savoir si l’Etat dans sa capitale est encore le maître du jeu.

            Les méthodes de gestion de la maire actuelle posent ce type de question « capitale » dans toute son acception !

            Entre les années 1980 et les années 2000, les relations institutionnelles ont beaucoup changé et le rôle de la capitale est de plus en plus contesté par les provinces, pour des raisons qui ne sont pas toujours liées aux initiatives de la Ville de Paris, mais aussi à l’immobilisme d’un Etat central qui n’a pas eu le courage de faire une mue institutionnelle nécessaire, en ouvrant une nouvelle page de décentralisation au profit des régions et des départements

Finances parisiennes : cartes sur table !

            Les finances parisiennes sont restées saines pendant des années, mais une telle évolution tenait au moins autant à une sagesse de gestion qu’au potentiel financier de la capitale.

     De nos jours, avec la gestion des dernières années, les crises sanitaires et économiques, la situation financière de l’ensemble ville département et sociétés associées mériterait un audit complet.

   Les élections municipales ont eu lieu sans que ni la majorité, ni les oppositions n’aient cru bon de procéder à cet exercice démocratique, une lacune tout à fait irresponsable.

        Qui connait le coût total de tous les travaux « verts » qui ont été lancés dans la capitale ? Et leurs résultats sur le CO 2 ? Ou le coût des multiples interventions que la Ville, directement ou indirectement, en faveur du logement social ?

     Il y a tout lieu de croire en effet que la situation financière de l’ensemble collectivités parisiennes et sociétés associées ne soit pas rose !

            Jean Pierre Renaud              Tous droits réservés

            PS : Les paris ne seront ouverts qu’après le confinement !

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25 janvier 2021 1 25 /01 /janvier /2021 17:25

Avec Hidalgo, la vaccination des plus de 75 ans à pédalo !

            Brillante réussite que celle d’une Ville dotée d’élus de premier plan, de hauts fonctionnaires en grand nombre, incapables d’avoir mis en place une organisation capable d’assumer cette mission sanitaire annoncée depuis plusieurs semaines !

            Sans contestation possible, le Parisien peut être assuré que l’équipe Hidalgo est meilleure pour le vélo, les micros, et la Com’ !

            Jean Pierre Renaud

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25 janvier 2021 1 25 /01 /janvier /2021 10:24

HISTOIRE ou MÉMOIRE ?

Le Figaro du 21 janvier 2021, pages 10 et 11, avec grande photo de Macron et de Stora dans les ors de la République, sous le titre:

"Macron veut réconcilier sans céder à la repentance"

FRANCE – ALGÉRIE (1962 - 2021)

&

Question : est-ce que les Français ne s’en « foutent » pas ?

Témoignage d’un ancien officier SAS du contingent en Algérie avec quelques extraits de texte

       Le Président s’est lancé dans une opération politique de caractère dérisoire en confiant à  Benjamin Stora une mission impossible.

Qui est Monsieur Stora, un universitaire, un historien de l’Algérie, un mémorialiste, ou plutôt l’exemple bien connu des universitaires qui défendent des positions politiques ? Un historien qui passe de l’histoire à la mémoire, et qul se l’approprie ?

Aujourd’hui, « la mémoire juste », après « la guerre des mémoires » et les « mémoires qui saignent », alors qu’il n’a jamais eu le courage avec ses nombreux amis politiques de faire procéder à une enquête sérieuse sur la mémoire collective de la colonisation et de la guerre d’Algérie !

Macron aurait dit : « regarder l’histoire en face » et en même temps « construire une mémoire inclusive ». Est-il bien sérieux de mettre dans le même sac de raisonnement mémoire et histoire ? Il conviendra de demander aux philosophes ce que signifie l’adjectif à la mode « inclusive » et de l’expliquer aux citoyens.

Une commission, des propositions, un calendrier de commémorations bien calé pour les prochaines présidentielles !

Ne prend-t-on pas les Français pour des cons ?

Pour avoir toujours respecté le peuple algérien et avoir servi la France et l’Algérie, la solution ne consiste pas à continuer à enfiler des perles politiciennes et dérisoires,

  1. Ayez le courage de proposer aux citoyens le tableau statistique de la mémoire coloniale et algérienne des Français et des Françaises, tout en espérant que le même exercice d’honnêteté puisse être effectué en Algérie, avec les mêmes exigences de méthode statistique.

Les agitateurs patentés de notre histoire ont sans doute peur de constater que les citoyens ne sont pas concernés par le sujet.

  1. d'ouvrir toutes grandes les portes de l’information sur les relations fixées par de multiples accords diplomatiques, dont certains, me semble-t-il, datent encore des Accords d’Evian.

Dernière observation : la comparaison qui a été faite entre la Corée et l’Algérie manque de pertinence historique.

J’ai fait la critique de l’analyse que Lionel Babisz proposait dans le numéro 19 Année 2012 de la revue Cipango sous le titre « Japon- Corée, France-Algérie » : voir article du blog du 20/04/2016.

La critique de fond portait sur la pertinence d’une comparaison historique entre deux cas de contextes historiques très différents.

Pourquoi pas une petite chansonnette à la mode ancienne ?

« Tout le monde s’en foutait !

Tout le monde s’en foutait !

Tout le monde s’en fout !

Tout le monde s’en fout ! »

&

Quelques extraits de mon témoignage

« Morts ou vivants, ils l’auraient dit ou ils diraient »

 « Guerre d’Algérie Années 1958-1959-1960 »

« Vallée de la Soummam » (p, 60)

« Le sourire hygiénique »

Année 1959

« …Guerre aseptisée, apprivoisée, empaquetée, niée et s’il n’y avait pas eu de temps en temps un cercueil revêtu du drapeau tricolore pour revenir sur la bonne terre de France, personne n’aurait cru, non personne, qu’on jouait avec la mort et la vie en Algérie.

Beaucoup de monde, beaucoup trop de monde en Algérie pour qu’il n’y en ait pas qui refusent d’aller au paradis, sans comprendre ce qui s’y passait, en dehors de ce que racontaient les gazettes

D’autant qu’avec le temps, il se trouvait de plus en plus de jeunes soldats aux yeux ouverts et aux oreilles propres.

D’autant plus que les bons petits français disposaient de l’antidote naturel à leur désir congénital de vanité et de gloire : ils s’adonnaient avec la même ferveur au plaisir masochiste de la mauvaise conscience.

D’autant plus que les intellectuels français en remettaient chaque jour une louche dans les gazettes.
       Belle et magnifique intelligentsia, abordant le problème algérien comme la peinture moderne : elle avait peur de manquer le train de l’histoire.

Les Algériens commettaient des crimes abominables et le cœur des vierges chantait la louange des terroristes angéliques. L’Armée commettait des crimes non moins abominables mais elle n’avait aucune excuse atténuante. Gorge et plumes déployées pour accuser toujours et toujours la France et encenser les rebelles, croisés des temps modernes.

Intellectuels croque-morts : l’évènement d’Algérie sorti tout armé de leur plume pour plaire à l’Histoire.

La France n’a pas perdu l’Algérie, mais notre jeunesse y a perdu son âme, ses rêves, dans un cul de sac.

La guerre d’Algérie nous a tous collé à la peau et nous colle encore à la peau : il y avait des salauds des deux côtés et des gens honnêtes dans les deux camps, mais pourquoi toujours condamner la France par avance ?

Etait-il vraiment insensé  d’imaginer amener les trois couleurs autrement qu’en laissant nos harkis et moghaznis se faire empaler et embrocher sur les places des villages ?

Ils étaient de plus en plus nombreux à goûter à la drogue du doute et à contaminer famille et amis.
       Mais avant que la grande noria tant souhaitée du retour vers la terre natale n’emporte leur contingent d’élus, que de fantasias, de nuits blanches, d’estropiés et de morts laissés sur le carreau, des deux côtés !

Ce jour-là, à l’aube d’un beau matin de Pâques, avec une mer d’huile bleutée et verte, un gros vaisseau pansu et blanc déversa sur les quais d’Alger la blanche sa cargaison habituelle de chair humaine.

Pendant toute la traversée, les petits gars du contingent s’en étaient donné à cœur- joie : les carafons de mascara n’avaient pas beaucoup de peine à chasser nausée et mal de mer, derviches tourneurs, danseuses du ventre, prémonition de gloire ou de mort, avec Sartre en prime.
      En avant toute, pour la fantasia, les nuits câlines et voluptueuses, les parfums d’oranger les plus délicats, et la mort à l’aube tout droit sortie du Petit Illustré. »

Jean Pierre Renaud     Tous droits réservés

Année 1960

« Morts ou vivants, ils l’auraient dit ou ils diraient » (page 94)

« …Le douar reprenait une vie normale, un café maure avait rouvert, même un cinéma, les écoles avaient rouvert leurs portes. Tout semblait dire : la pacification a réussi, on pouvait la toucher du doigt….

     Juste une illusion, car le mal était fait. L’histoire avait effectivement franchi ici un pas. Elle ne reviendrait pas en arrière.
     Notre merveilleuse intelligentsia avait vu juste, mais elle avait beaucoup contribué à ce qu’il en soit ainsi.

      Le sourire hygiénique de la pacification, des hommes et femmes pacifiés, avait remplacé le sourire hygiénique du lieutenant de la SAS.

       En dépit d’une certaine paix revenue, les généraux et les colonels n’étaient pas encore rassasiés : les grandes opérations étaient toujours un pur régal. Ils rêvaient toujours des campagnes des grands chefs de guerre, les Bonaparte, Rommel, ou Mac Arthur.
        Ils rêvaient   toujours de grand-messes militaires et de pompe liturgique et ne pouvaient plus se passer du bruissement des radios, boîtes à merveilles ou boîtes à malices. Le chant des radios, de rose à noir, de rouge à bleu, de Pélican à Colombe, de Thérèse à Monique, ou de tango vert à Balto jaune, flattait toujours leurs oreilles  Sans radio, le chef était mort.

        Grandes opérations utiles ou inutiles, là n’était pas la question. Que serait devenu l’art militaire, le seul, sans ces exercices de pure esthétique ? 

        Avec un peu de chances, le colonel aurait bien quelques morts ou prisonniers du camp d’en face à faire  valoir aux journalistes et à son commandement avant la fin de la journée, de quoi organiser plus tard une belle prise d’armes.

          Le colonel espérait rentrer tôt, car il avait un dîner chez le sous-préfet. La glace tintait déjà dans les verres, la table était fleurie, les femmes jolies. Les joues de la sous-préfète rosiraient lorsque le colonel raconterait les faits d’arme de la journée.

         Les petits gars du contingent avaient une obsession plus prosaïque, la quille, le calendrier et le blanc des jours que l’on voulait voir mangé le plus vite possible par le noir du stylo. Il fallait décidemment une bonne petite guerre pour que des hommes de vingt ans veuillent biffer d’un coup deux années de leur vie.

          Et des quilles, il y en avait de toutes les sortes, la petite maigrichonne ou la   malicieuse, la quille bijou portée en collier, celle qu’on accrochait en sautoir, celle qui pendait à la ceinture… On ne pensait plus qu’à ça. Elle envahissait tout…

          Manquaient à la parade les quilles revêtues de noir de ceux qui ne reviendraient jamais d’Algérie… »

          Dernier commentaire : jusque dans les années 1939-1945, la grande majorité des Français n’était pas concernée par les colonies. Depuis les années 1980-1990, les Français ont souvent découvert ce passé colonial, du fait de deux facteurs majeurs, les flux d’immigration et l’activité débordante d’une multitude d’ONG.

          Jean Pierre Renaud        Tous droits réservés  Nihil obstat- Marie Christine

 

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18 janvier 2021 1 18 /01 /janvier /2021 10:40

« L’archipel » Jérôme Fourquet

3

Conclusions

Une autre France hier, aujourd’hui et demain !

Quelle France ? Peur, espoir, ou pari ?

 

Au-delà des tableaux statistiques et de leur chronologie qui dépeignent l’évolution de la société française depuis plus de trente ans, les mots utilisés caractérisent le choc national que cela représente pour la France.

« Grand basculement », « archipelisation », « dislocation de la matrice catholique », « dislocation de la matrice culturelle commune », « métamorphoses qu’a connues la société française au cours des dernières décennies »…

« Métamorphoses » ? Le mot qui mesure cette phase historique ?

Il n’est pas inutile de rappeler la définition qu’en donnait Le Petit Robert :

« 1 Changement de forme, de nature ou de structure, si considérable que l’être ou la chose qui en est l’objet n’est plus reconnaissable » (p,1078)

Le livre de Jérôme Fourquet propose donc un diagnostic pertinent sur la situation actuelle de notre pays, sur les mutations profondes qui ont été les siennes au cours des  trente dernières années.

Cette description statistique faite sur la longue durée, et les commentaires qui l’accompagnent font apparaitre une France mondialisée, fracturée, plurielle, au point qu’il n’est pas impossible de se demander si certaines des conclusions tirées n’ont pas trop d’assurance, en accordant trop d’importance non pas aux flux démographiques mais en laissant dans l’ombre tout un ensemble de structures qui façonnent encore la nation française, fussent-elles en souffrance ? Les vraies fractures qui ne disent pas leur nom et qui s’inscrivent encore dans cette France ancienne des terroirs si bien décrite par Eugen Weber, avec les risques de tensions ou de sécessions que son nouveau potentiel recèle.

Le livre met en lumière et à juste titre la montée en puissance de la démographie arabo-musulmane, avec une conquête territoriale qui ne dit pas son nom, et le dynamisme concomitant d’une nouvelle religion en France dont la philosophie pose déjà des problèmes de compatibilité avec notre système de valeurs républicaines, notamment la séparation entre l’Eglise et l’Etat, qui n’existe pas dans les pays musulmans.

Le livre met bien en lumière aussi les problèmes de compatibilité que posent les règles civiles de la religion musulmane par rapport à notre droit civil, avec la constitution de noyaux insulaires d’endogamie résistants, les noyaux turcs constituant d’ores et déjà, des ferments d’instabilité dans la vie nationale, compte tenu des nouvelles initiatives impérialistes de la Turquie.

Dans l’état actuel de la société française, de sa composition et de ses fractures, et compte tenu du laxisme que nous manifestons sur le plan intérieur et sur le plan international en matière d’immigration, la France continue à emprunter un chemin semé d’embûches.

Notre destinée nationale prend de plus en plus la route d’un pari, lequel n’a rien de pascalien, dont les propos sur le Coran n’étaient pas particulièrement tendres, en fondant notre espoir sur le versant d’une sagesse musulmane qui pourrait et devrait animer les communautés musulmanes de France, celles qui emprunteraient la nouvelle voie de la liberté de conscience et de la séparation entre religion et pouvoir politique.

Dans l’état actuel des choses et des forces et faiblesses du pays, notre bien commun appelle :

 1) un moratoire de suspension au cas par cas de l’ensemble des mouvements migratoires, avec en premier ceux du Maghreb.

2) le respect strict de nos règles républicaines de laïcité dans tous les compartiments de notre vie publique, ce qui n’est pas toujours le cas.

Jean Pierre Renaud       Tous droits réservés

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18 janvier 2021 1 18 /01 /janvier /2021 10:01

« L’archipel français » Jérôme Fourquet

« Naissance d’une nation multiple et divisée »

Notes de lecture et Conclusions

2

Basculement , archipelisation, ou effondrement de la société française ? La vraie question ?

I – Première partie « Le grand basculement » (page 107 à 301)

 1 « Dislocation de la matrice catholique » (p, 35 à 57)

2 « Vers un basculement anthropologique » (p,57 à 107). Ce passage décrit bien les transformations de la société française, mais la question se pose de savoir si l’interprétation proposée sur le premier point est  pertinente, alors que sur le deuxième point, il est évident que la société française a été bouleversée sur beaucoup de plans.

Question : « Dislocation de la matrice catholique » peut-être en  ce qui concerne la matrice « rituelle », mais beaucoup moins nette pour ce qui est de la vitalité du cœur de l’église catholique avec un retour aux sources, une ouverture vers la société vivante, évangélique, proche du protestantisme.

II – L’archipelisation de la société française (pages 107 à 301)

L’auteur appuie sa démonstration sur maints tableaux statistiques illustrant la liste des basculements recensés : « la reconfiguration des structures familiales, l’IVG est entrée dans les mœurs,  une décrispation rapide de la société sur l’homosexualité, incinération, tatouage, sexualité : un nouveau rapport au corps, quand la hiérarchie des espèces est remise en cause, les catholiques : une île désormais minoritaire dans l’archipel français :

« catholicisme zombie et cathos tradis… l’influence matricielle du catholicisme est véritablement en train de disparaître ; le renouvellement des générations en cours annonce, on l’a vu, un basculement anthropologique menant à une sortie définitive du référentiel catholique… » (pages  100, 101,102)

« Fragmentations (p,107)

« L’effondrement de l’église rouge » : est-il possible de comparer les deux chutes, celles d’un catholicisme rituel mais spirituel et d’une église rouge matérialiste ?

Fragmentation de l’information et remise en cause des grands médias (p,112) «  parallèlement à l’effondrement du magistère des deux grandes Eglises, une autre tendance de fond a contribué, au cours des vingt ou trente dernières années, à la fragmentation de la société française et a permis de l’illustrer… »

« La distinction à tout prix : montée en puissance de l’individualisation et dislocation de la matrice culturelle commune « (p,121)

L’auteur fait alors un sort aux statistiques de prénom, et le recours fait à cet outil statistique (source INSEE), utilisé plus loin, est tout à fait symbolique des tabous statistiques qui pèsent en France sur les origines des habitants, alors qu’il existe une très simple contradiction entre les revendications portant sur les discriminations tout en refusant de les voir mesurer à partir des statistiques d’origine nationale.

Prénoms ou non de la matrice catho-républicaine ?

« Cette matrice catho-républicaine est restée valide pendant plus de cent cinquante ans…(p,125)

La sécession des élites (p,131)

 « 1991-2001 : la fin du service militaire sonne le glas du brassage social via les chambrées

Alors que le quartier (voire la ville) de résidence et l’école assuraient de moins en moins leur fonction de brassage social, une autre institution, qui avait permis durant des décennies aux membres des catégories supérieures de côtoyer leurs concitoyens, issus des classes populaires, a disparu à la fin des années 1990. » (p,143)

« Le lent déclin des colonies de vacances » (p,144)

« Le clivage « France d’en haut/France d’en bas » est de plus en plus manifeste au sein des partis » (p,148)

« Autonomisation idéologique et psychologique de l’élite » (p,151)

« L’exil fiscal : stade ultime de la sécession des élites » (p,155)

« L’internationalisation des élites » (p,162)

« L’affranchissement culturel et idéologique des catégories populaires » (p,166)

« Le choix des prénoms : illustration de la pénétration de la culture anglo-saxonne de masse dans les milieux populaires »

« Ce basculement est parfaitement illustré par le fait que le prénom de Kevin, par exemple, aura été le plus donné en France pendant sept années consécutives…le pic sera atteint en 1991, avec 14 087 naissances de Kevin ; cette année-là, le film Danse avec les loups dans lequel jouait le très populaire Kevin Costner, connut un véritable triomphe dans les salles obscures… » (p,167)

Question : ce type de mouvement social et culturel suffit-il à caractériser un « affranchissement » ?

« Persistance et regain de certaines identités régionales : les cas breton et corse » (p,176)

Question : toujours avec la clé d’interprétation des prénoms ?

Est-ce que ces évolutions ne caractérisent pas plutôt un retour en profondeur vers les sources, les origines, plus marqué dans des régions qui ont conservé pour un ensemble de facteurs historiques, culturels, ethniques, ou géographiques ?

« Le poids démographique croissant des populations issues de l’immigration arabo-musulmane » (p,184)

Petite précision de méthode : Le choix des prénoms par les familles peut également  servir d’indicateur ou de révélateur du  poids que représentent, au plan national ou départemental, les populations de culture arabo-musulmane dans une classe d’âge, et cela année par année. A partir du fichier de l’INSEE, nous avons dressé un tableau statistique permettant de quantifier  le nombre de nouveaux nés portant des prénoms d’origine arabo-musulmane depuis 1900. Pour ce faire, nous avons constitué une liste des prénoms la plus complète possible en croisant différentes sources et en prenant en compte, à partir de ce large corpus, le plus de déclinaisons orthographiques possible du même prénom. Nous avons recensé plus de quarante déclinaisons du prénom Mohamed : Mohammed, Mohammet, Mohamet, Mohamad, etc … (p,185)

La méthode onomastique n’est pas seulement utilisée par les historiens. Elle est également employée pour l’étude de la période contemporaine. Elle a par exemple été utilisée par Libération  pour mettre en évidence la faible présence de personnes issues de la diversité parmi les membres des cabinets ministériels du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. »… (p,187)

« Une dynamique démographique très soutenue » (p,188)

J’ai pris la responsabilité de mettre en plus gros caractères le sous-titre des pages qui proposent une démonstration chiffrée de la révolution démographique qui se poursuit dans notre pays avec la montée en puissance de la population d’origine arabo-musulmane.

« La courbe ci-dessous représente le pourcentage de garçons portant un prénom arabo-musulman parmi l’ensemble des nouveau-nés mâles, année après année, depuis 1900.

La trajectoire de cette courbe est des plus impressionnante et montre de manière très nette l’une des principales métamorphoses qu’a connues la société française au cours des dernières décennies : alors que la population issue de l’immigration était quasiment inexistante en métropole jusqu’au milieu du XXème siècle, les enfants portant un prénom les rattachant culturellement et familialement à cette immigration représentant 18,8% des naissances en 2016, soit près d’une naissance sur cinq comme le montre le graphique, cette montée en puissance s’est faite de manière assez progressive dans un premier temps, avant de connaitre une très forte accélération au cours des vingt dernières années. » (p,189)

Il s’agit du graphique 30 de la page 190. 2) « vingt dernières années » : 1995-2015 donc sous les Présidences Chirac, Sarkozy, et Hollande

«  Dans  cette France qui vient, la part de la population issue des mondes arabo-musulmans représentera mécaniquement, du fait du renouvellement des générations, un habitant sur cinq, voire sur quatre, si la tendance haussière observée depuis le début des années 2000 se poursuit. On mesure à la lecture de ces chiffres que la société française est devenue de facto une société multiculturelle, et que notre pays ne connaitra plus jamais la situation d’homogénéité ethnoculturelle qui a prévalu jusqu’à la fin des années 1970. Il s’agit là sans conteste d’un basculement majeur et sans doute  la cause principale de la métamorphose qui se produit sous nos yeux et qui aura (et a déjà) des conséquences profondes. » (p,194)

« L’hétérogénéité des populations issues de l’immigration »

« Si le dénombrement des naissances via l’origine culturelle et géographique des prénoms nous a conduit à raisonner de manière globale, il convient de ne pas perdre de vue que cette population issue de l’immigration arabo-musulmane ne constitue pas un ensemble homogène, loin s’en faut… Pour ne considérer que ce dernier critère, des scrutins relativement récents ont montré la grande diversité des communautés issues de l’immigration vivant en France… » (p,195)

Géographie de l’implantation des populations issues de l’immigration arabo-musulmane (p,198)

« … Les quatre cartes qui suivent représentent ainsi, pour différentes périodes, la proportion  de nouveaux nés portant un prénom arabo-musulman par département. Nous avons retenu comme premier jalon l’année 1968 car, d’une part elle correspond à une époque où la proportion de prénoms n’avait pas encore commencé d’augmenter fortement (on peut ainsi considérer ce moment comme un état initial) et d’autre part, car c’est cette année-là que les anciens départements de la Seine et de la Seine et Oise ont été redécoupés pour donner naissance aux actuels départements franciliens (moins la Seine et Marne qui existait déjà). L’Ile de France abritant la plus forte population issue de l’immigration, il était nécessaire de pouvoir disposer du même découpage administratif aux différentes périodes afin de pouvoir suivre les évolutions dans le temps. » (p,199)

La carte de 1968 présente une très grande homogénéité dans l’écrasante majorité des départements français, la part des naissances débouchant sur le choix d’un prénom arabo-musulman est inférieure à 2 %. La quasi-totalité du territoire n’est, à l’époque, aucunement concernée par l’immigration à quelques exceptions

Quinze ans plus tard, en 1983, se produisent la marche des Beurs et les grandes grèves des OS immigrés dans l’automobile. Cette date marque un tournant dans l’histoire de l’immigration de ces populations. Leur composante la plus jeune acquiert en effet, à cette occasion, une véritable visibilité dans la société française.

Si l’on effectue un second coup de sonde sur ce millésime, on s’aperçoit qu’entre 1968 et 1983 deux phénomènes se sont produits concomitamment : une augmentation de la proportion des nouveau-nés portant un prénom arabo-musulman dans les départements où elle était déjà la plus forte, et un effet de diffusion dans de nouveaux territoires plus ou moins proches…

La troisième carte présente la situation en 2002, toujours caractérisée par une forte hétérogénéité sur l’ensemble du territoire français, dans  certains départements précocement concernés par une implantation d’immigrés, la proportion de nouveau-nés portant un prénom arabo-musulman atteint désormais un niveau très conséquent. 

Elle dépasse ainsi le seuil des 30% en Seine Saint Denis. Les Bouches du Rhône, le Rhône, le Val de Marne et le Val d’Oise ont franchi la barre des 15%...

En 2015, en cohérence avec la courbe qui indiquait une très forte augmentation de la proportion de nouveau-nés portant un prénom arabo-musulman au plan national à partir des années 2000, la carte fait ressortir une hausse significative dans la plupart des départements…

Le taux dépasse désormais les 40%de naissances en Seine Saint Denis, les 35% dans le Val d’Oise et les 25% dans le Val de Marne et dans le Rhône ; le bloc Gard Bouches du Rhône Vaucluse, d’une part, et l’ouest francilien (Yvelines, Hauts de Seine, Essonne) d’autre part, suivent de près en affichant des taux compris entre 20 et 25% ...

Alimentée par une immigration légale et clandestine qui demeure relativement soutenue et par une moyenne d’âge  de la population de culture arabo-musulmane moins élevée que celle de la population « de souche », la dynamique qui s’est enclenchée depuis une vingtaine d’années pourrait se poursuivre pendant un certain temps et transformer en profondeur la physionomie ethnoculturelle de la France… » (p,204)

Diagnostic sur le processus d’intégration de la population issue de l’immigration… » (p,204)

« Une intégration à bas bruit de toute une partie des populations issues de l’immigration.

En appliquant l’analyse onomastique au corpus de l’ensemble des candidats s’étant présentés aux élections législatives de juin 2017 , il apparait que 6,5 % des candidats portaient des prénoms arabo-musulmans. Ce taux est identique, on s’en souvient, au pourcentage de la population déclarant avoir au moins un de ses parents musulmans (6,1%)

D’autres chiffres, symboliquement très marquants, confirment qu’un processus d’intégration à bas bruit d’une partie des populations issues de l’immigration est à l’œuvre, et ils attestent aussi de l’attachement de très nombreux jeunes français issus de l’immigration au modèle républicain – et plus encore à l’idéal patriotique c’est ainsi que 7 de nos soldats tombés en Afghanistan entre 2001 et 2015 en combattant les talibans étaient issus de l’immigration, soit une proportion de 10% des pertes françaises. (idem sur le Charles de Gaulle), 30% des candidats aux concours de l’éducation nationale dans l’Académie de Créteil en 2007… d’autres secteurs constituent autant de voies d’intégration (Sncf)… »

« … Mais une endogamie persistante, voire en progression, dans certains milieux et territoires (p,210)

Parallèlement à ces mouvements attestant l’existence d’un processus d’intégration et d’ascension sociale affectant toute une partie de cette population, d’autres indicateurs font apparaitre une pause – voire un recul – du processus de soudure des populations issues de l’immigration arabo-musulmane au bloc démographique majoritaire. L’enquête de l’IFOP réalisée pour l’Institut Montaigne enregistre ainsi des signes de fermeture d’une partie de la population musulmane en matière matrimoniale. » (p,210)

« …la propension à l’endogamie est logiquement plus fréquente dans  les quartiers où la densité de population issue de l’immigration arabo-musulmane est la plus forte… » (p,212)

« De l’endogamie familiale à l’endogamie communautaire et religieuse (p,219)

A travers la forte asymétrie entre le statut des garçons et des filles en matière d’endogamie, on décèle l’action persistante d’un système familial que les anthropologues définissent comme patrilinéaire au sens strict dans un tel système, seul le père et non les deux parents compte dans la définition du statut social d’un individu. Les héritiers mâles sont porteurs de l’identité de la lignée et peuvent se marier hors du groupe ; en revanche les filles n’étant pas intrinsèquement dépositaires de cette identité lignagère, seul avec un membre de la parentèle plus ou moins élargie – ou à défaut avec un homme présentant les mêmes origines – peut assurer leur maintien dans  le groupe. Ce modèle endogame patrilinéaire, hégémonique dans les pays du Maghreb, a été soumis à de fortes tensions dans la population  issue de l’immigration vivant en France, mais il manifeste une capacité de résilience assez impressionnante. » (p,220)

« …Dans les pays du Maghreb, ce  système patrilinéaire combiné à une endogamie familiale (privilégiant le mariage entre cousins) est extrêmement structurant quel que soit le groupe démographique ainsi, chez les kabyles qui ont été plus tardivement et moins profondément islamisés que la population arabe et qui relevaient davantage d’un modèle clanique, ce système familial est tout aussi présent que parmi les Arabes. » (p,220)

Question : un héritage qui s’est prolongé jusqu’à nous, l’héritage tribal ?

«  Les musulmans s’engagent-ils à leur tour dans un processus de sortie de la religion ? «  (p,226)

« Un regain de religiosité des plus visibles

 Les études et sondages dont on dispose convergent tous dans le sens d’une plus grande fréquence et observance des signes de religiosité dans la population de confession ou d’origine musulmane. Le point de bascule semble se situer au début des années 2000. » (p,226)

Le choix du prénom et l’exogamie comme marqueurs d’un degré d’assimilation : le cas des communautés turque, africaine, asiatique, polonaise et portugaise … » (p,234)

« A l’aune de ces chiffres, le processus d’arrimage au bloc majoritaire semble plus avancé pour la population asiatique que pour les populations magrébine sahélienne, et a fortiori turque, groupe demeurant très endogame.

« L’isolat turc

Le très faible degré d’ouverture démographique interroge, tant l’endogamie y demeure puissante. Un faisceau d’éléments contribue à expliquer cette situation particulière. La relative récence de l’arrivée de cette population et le fait qu’une grande partie des immigrants turcs soient arrivés en étant déjà de jeunes adultes sont deux facteurs à prendre en compte, comme le soulignait l’enquête TeO de l’INED. Pour autant, il s’agit  de conditions nécessaires mais pas suffisantes pour expliquer le phénomène. La population du Sud-est asiatique est également arrivée plus récemment que d’autres, et pour autant le taux d’exogamie observé y est élevé. D’autres facteurs doivent donc entrer en ligne de compte …

Au travers du prisme linguistique, on touche une autre dimension, qui est celle de l’entretien d’un fort sentiment national et identitaire dans  la diaspora turque. Si les islamologues ont pointé l’existence d’un « islam consulaire », c’est-à-dire d’un islam dans l’organisation duquel les pays continuent de jouer un rôle, cette logique atteint des proportions inégalées dans  la communauté turque bien qu’historiquement laïque, la Turquie a intégré de longue date son clergé dans l’appareil d’état, les imams étant des fonctionnaires rémunérés par l’état turc. Cette règle qui s’applique également en France, a contribué au fait que les communautés turques disséminées sur le territoire national se dotent quasi-systématiquement de leur propre mosquée, alors que les musulmans issus d’autres origines partagent souvent le même lieu de culte. Des mosquées turques sont ainsi implantées dans des petites villes comme Mer  dans le Loir et Cher, Flers dans l’Orne, Lons-le Saunier dans le Jura, ou encore Cluses en Haute Savoie…

La communauté turque vivant en  France est également encadrée politiquement par des organisations dépendant du pouvoir d’Ankara ainsi aux dernières élections législatives de juin 2017, le parti Egalité et Justice , émanation de l’ AKP, le parti d’Erdogan, présenta pas moins de 68 candidats en France. Les circonscriptions où ils étaient candidats dessinant avec une grande précision la carte de l’implantation de la communauté turque dans notre pays… »

 Focus sur le chinatown français (p,241)…

Les Polonais du Pas de Calais : l’assimilation par le charbon » (p,245)

 

 

 

 

 

 

 

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18 janvier 2021 1 18 /01 /janvier /2021 09:50

« L’archipel français » Jérôme Fourquet

« Naissance d’une nation multiple et divisée »

Notes de lecture (avec citations)

1

PROLOGUE

Pourquoi ce livre est intéressant ?

  1. 1-Tout d’abord parce qu’il nous fait réfléchir sur les destinées de la France à court, moyen et long terme.
  1. Parce qu’il nous apprend que, sur certains sujets, et pour être informé dans la République Française, il faut biaiser, emprunter des chemins détournés, indirects, ici les prénoms.

3 – Parce qu’il lève des tabous d’information et de connaissance.

Un ensemble de tabous intellectuels qui empêchent le citoyen français de connaître la situation de son pays, le qui est quoi, le qui vient d’où, le qui qui croit à quoi…

Il nous propose une bonne connaissance de composition de la population française bouleversée par l’importante immigration des trente dernières années, venant notamment des pays du Maghreb, des mouvements de population que la France s’interdit encore de recenser par origine sous le faux prétexte de l’interdiction des statistiques ethniques.

La France fait face à des revendications contradictoires émanant  de tout un ensemble de minorités agissantes, idéologiques et politiques, qui protestent contre les discriminations, tout en refusant de se faire compter.

A titre d’exemple, mais ils sont innombrables, à l’occasion de ma lecture critique du livre «  La Condition Noire » de l’historien Pap Ndiaye (blog du 6/05/2011), il était difficile de ne pas soulever 1) les faiblesses d’une démonstration statistique s’arrêtant dans les années 80, alors que la véritable progression des flux d’immigration est postérieure, 2) mais avant tout la  revendication contradictoire d’une visibilité politique en même temps qu’une invisibilité sociale, la revendication contradictoire d’une discrimination qui existerait alors qu’on refuse de voir compter les populations discriminées.

Le constat : la population d’origine immigrée représente un pourcentage relativement important au sein de l’ensemble national, sans commune mesure avec celui des années 80 et 90.

Il est évident qu’il s’agit d’un changement qui pèse sur notre destin, compte tenu du poids démographique et culturel qu’occupent la ou les communautés d’origine arabo- musulmane.

Comment ne pas être surpris que l’auteur de cette analyse fouillée sur notre « archipel » ait été dans l’obligation de recourir aux statistiques de l’état civil, notamment les prénoms pour identifier les mouvements démographiques importants qui ont affecté notre pays, surtout depuis les années 1990 ?

  1. Des chiffres et des lettres et pas seulement des lettres et des considérations sans pièces à conviction !

Les lecteurs de ce blog savent l’importance que j’attache dans les analyses des questions coloniales et postcoloniales, aux études quantitatives, et dans le cas de l’histoire en particulier, à l’histoire quantitative.

C’est sur ce terrain-là que j’ai critiqué les travaux du groupe de chercheurs de l’Achac, la  carence de l’histoire quantitative,  dans leur étude des images coloniales de la Troisième République notamment, carence de leur démonstration quantitative des vecteurs supposés de culture coloniale et des effets produits dans l’opinion publique. L’impasse qu’ils ont faite sur la presse, seul moyen massif d’information et de propagande coloniale, était manifeste.

La thèse que défend l’historien Benjamin Stora sur la mémoire coloniale est frappée de la même carence, alors que sa position de conseiller des princes lui donnait la possibilité de faire mesurer statistiquement par enquêtes et sondages ce qu’il en était vraiment du sujet.

Le livre du géo politologue Yves Lacoste « La Question post-coloniale » affiche le même type de méthode.

5 - « La Fracture coloniale » (2005) ou « Lignes de Fractures » dans « L’archipel français » (2019) ? ( page 251 à 301) ?

J’ai critiqué sur mon blog le discours pseudo-historique contenu dans le livre « La Fracture coloniale » publié par les trois historiens Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, et Sandrine Lemaire, de même que leurs autres ouvrages sur la Culture coloniale ou impériale, faute de pièces à conviction historiques et statistiques sur les phénomènes décrits.

L’enquête qui a été faite à Toulouse en 2003 sous l’égide de la Délégation Interministérielle à la Ville, n’a pas été validée dans sa représentativité statistique de la situation locale et nationale.

Dans le livre « Supercherie coloniale » (page 24), je proposais quelques illustrations de ce type de discours :

« « Retour du refoulé…. Qui font de la fracture coloniale une réalité subalterne impossible à ignorer (p,10)… la colonisation a imprégné en profondeur les sociétés des métropoles colonisatrices, à la fois dans la culture populaire et savante (ce que l’on nommera une culture coloniale (p,13. De ce champ de bataille mémoriel (p,23)… La banlieue est devenue un théâtre colonial… » (p,23) 

Le livre de Jérôme Fourquet leur apporte une réponse avec un luxe de statistiques sur la situation de notre pays en 2019 : des fractures mais plus de « fracture coloniale » !

« Lignes de fractures » (p,251)

« Toulouse/Ozanam/Aulnay-sous-Bois : radiographies parcellaires du tissu sociologique français (p,251)

Le trafic de cannabis comme accélérateur de la sécession de certains quartiers (p,268)

L’école, plaque sensible et catalyseur de la fragmentation » (p,280)

«  Marginalisation des catholiques, sécession des élites, affranchissement culturel et idéologique de toute une partie des catégories populaires, montée en puissance de l’hétérogénéité ethnoculturelle du pays, régionalisme corse, tous ces phénomènes contribuent à l’archipelisation de la société française ce processus de fragmentation s’observe également à l’école et au sein du tissu urbain des métropoles comme dans celui des villes moyennes de province… » (p,251

« Aulnay : de part et d’autre de la frontière (p,260)

A l’instar de ce que l’on avait observé dans le cas toulousain, la carte par carroyage de la commune d’Aulnay- sous-Bois fait également apparaitre une fracture sociale très nette …

De part et d’autre de cette frontière, deux univers se font face : les quartiers des grands ensembles habités par une population paupérisée au nord versus les quartiers pavillonnaires habités par la classe moyenne et supérieure au centre et au sud de la ville. Ce clivage, inscrit dans l'urbanisme et la composition sociale, est aggravé par le niveau de délinquance et de criminalité très élevé qui frappe la partie nord de la ville… » (p,263)

Le trafic de cannabis comme accélérateur de la sécession de certains quartiers (p,268)

«… D’après les experts, ce qu’on pourrai appeler « l’interprofession du chichon » emploierait aujourd’hui pas moins de 200 000 personnes, ce qui est considérable et classe ce secteur d’activité parmi les premiers employeurs français – au même rang que la SNCF (200 000 salariés) mais devant EDF (160 000) ou Intermarché (130 000) la plupart de ces emplois sont localisés dans les quartiers sensibles et les banlieues, et dans ces territoires en difficulté, l’économie du cannabis assure un revenu à dix fois plus de personnes qu’Uber et autres compagnies de VTC (qui auraient créé 20 000 emplois selon une étude du cabinet BCG, qui  sont pourtant d’importants pourvoyeurs d’emplois pour les jeunes des quartiers…

Le chercheur Nacer Lalam estime que ce marché crée, tout bien pesé, 200 000 emplois répartis de la manière suivante : environ 110 000 détaillants et vendeurs de rue, 80 000 semi-grossistes, 8 000 grossistes et 1 000 têtes de réseaux… (p,274)

« Le faux-saunage du XXIème siècle (p,275)

«  Dans les territoires qui sont le plus concernés par ce trafic, cette activité criminelle occupe et fait vivre une part significative de la population locale. Toutes choses égales par ailleurs, on pourrait  établir ici un parallèle avec l’ampleur du faux saunage dans les bocages de l’Ouest au XVIIIème siècle…

Le deal a pris ses quartiers dans  toutes les villes de France… La couverture totale du territoire constitue un indice supplémentaire de l’ampleur et de la banalisation du cannabis dans la société française… »

« L’école, plaque sensible et catalyseur de la fragmentation… (p,280)

« Quand la fracture sociale s’invite à l’école…

« L’effet cartable » ou comment la compétition dope le prix de l’immobilier dans certains quartiers…

« Le développement du hors contrat comme symptôme de la sécession des élites…(p,284)

« Ségrégation ethnoculturelle : les black school à la française…(p,286)

« Choix des établissements scolaires et alyah  intérieure (p,289)

« Un enseignant sur sept constate régulièrement ou occasionnellement des atteintes à la laïcité. (p,295)

Le mot de la fin que j’ai souligné.

Jean Pierre Renaud                        Tous droits réservés

 

 

 

 

 

 

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9 janvier 2021 6 09 /01 /janvier /2021 10:55

Enigme ? Méthode ? Orgueil démesuré ?

 « Émile » du  Siècle ?

 

« L’énigme Macron » (Le Carnet de Jacques Julliard - Le Figaro du 4 janvier 2021, page 25, une pleine page)

 « Le Président est confusionniste. Quelle marge de manœuvre ce ping-pong cérébral laisse-t-il à l’action ? »

L’auteur nous assène une leçon bien documentée sur l’analyse qu’il propose pour nous éclairer sur le « mystère Macron » :

« Plus il parle, et moins on l’entend. Plus il s’explique, et moins on le comprend. Plus le temps passe, et moins on y voit clair. « Le mystère s’épaissit » comme on dit dans les polars ».

Je me suis intéressé depuis longtemps aux stratégies, les directes et les indirectes (le livre « Chemins Obliques »), aux stratégies politiques, notamment celle de Chirac dans « La Méthode Chirac » (1997) : il est évident que celle du Président actuel fait plus qu’intriguer, compte tenu des conditions imprévues de son accession au pouvoir et de la méthode, sinon de l’étrange stratégie qu’il met en œuvre pour gouverner, s’il en existe une.

Le blog s’en est déjà fait l’écho en proposant une explication sans doute partielle, mais elle a le mérite d’être dans le goût du jour et des capacités algorithmiques de son groupe de Mormons, la stratégie politique des algorithmes, le verbe épousant successivement  le mouvement des vagues digitales de l’opinion publique.

Une interprétation crédible :

Le Président a cru, depuis le début à sa bonne étoile, mais sans doute autant à ses capacités intellectuelles et à son verbe, pour tout résoudre avec sa baguette magique et nous entrainer tous vers une France nouvelle.

Toutefois, il recourt en permanence à la méthode « du je passe à côté » de la colonne vertébrale des institutions républicaines pour s’appuyer sur la seule opinion publique, en misant sur ses Marcheurs pour donner une autre colonne vertébrale au pays : seul problème, cette autre colonne vertébrale n’existe pas. Le président continue à parler, parler, à tweeter, en court-circuitant les institutions, le Parlement, les collectivités territoriales, les corps intermédiaires, … mais il court toujours après un début d’enracinement politique dans les territoires…

Sa façon de gérer l’épidémie actuelle constitue un autre symbole de ses choix stratégiques en assumant, tout en ne les assumant pas, en renvoyant les solutions sur autant d’experts qu’il faut pour diluer ses propres responsabilités.

Aujourd’hui et faute de jouer le jeu démocratique des collectivités territoriales, il fait porter la responsabilité sur l’administration, la bureaucratie centrale…

Il invente donc des expédients pseudo-démocratiques : le Grand Débat, le Loto des conventions citoyennes tirées au sort, celle du « climat » ou de la « vaccination » qu’il accroche à l’une des institutions les moins représentatives du pays, le Conseil Économique Social et Environnemental.

Il n’est pas besoin d’être initié pour savoir que cette assemblée est composée de membres éminents désignés le plus souvent par les organisations professionnelles à titre de sinécures…

Ces expédients confinent à l’absurde dans la mesure où par exemple certains des membres de la Convention Climat revendiquent un « statut citoyen ».

 Pas de problème puisque je suis le meilleur ! Et donc que j’ai les capacités pour asseoir mon pouvoir de façon indirecte, en inventant une démocratie représentative bidon ! Le tirage au sort démocratique, il faut le faire !

Je me rallierais donc volontiers au commentaire qui figure en  marge de la longue tribune Julliard, un commentaire qui contient toute une gamme d’interprétations subtiles du type « psy » :

« Le quinquennat d’Emmanuel Macron fait songer à ce que les Allemands appellent « Bildungsroman », c’est-à-dire un roman d’éducation, analyse l’historien et essayiste que nos lecteurs retrouvent chaque premier lundi du mois. »

Son séjour à Élysée l’aiderait donc à poursuivre une éducation, sans doute trop protégée ?

Ne sommes-nous pas revenus en définitive au siècle de Jean Jacques Rousseau avec son Émile ?

Le 29 janvier 2020, mon vieil ami Auchère m’avait fait parvenir une photo parue dans Der Spiegel du 18 janvier 2020 : une photo de Macron à son bureau, en train de lire un document avec Brigitte debout derrière lui, à sa droite, la main sur son épaule, avec pour titre :

« Staatsoberhaupt Macron, Ehefrau Brigitte im Elysée : Die arroganten kleinen Sätze hängen ihm bis heute nach »

Avec son commentaire : «  Ce n’est pas Jupiter, c’est une professeure (aux grands pieds) avec son élève favori »

Jean Pierre Renaud    Tous droits réservés - Imprimatur du 8/01/21

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