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21 janvier 2025 2 21 /01 /janvier /2025 11:06

Mon blog, son fonctionnement, ses statistiques quotidiennes

Question sur l’identité informatique des «visiteurs » ?

Le 16 janvier 2025, le blog a affiché O visiteurs et 5 pages vues, sans identification numérique, sans source, donc anonyme !

Le site du blog m’a proposé une explication technique qui ne m’a pas convaincu étant donné que je n’en sais pas plus sur l’origine de la consultation en question.

Pour information

Jean Pierre Renaud

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14 janvier 2025 2 14 /01 /janvier /2025 11:52

France – Algérie

1962- 2025

63 ans déjà !

L’Algérie des « Tanguy » !

Comme si c’était hier, plus de 60 ans après, l’Algérie FLN poursuit une guerre mémorielle  qui, grâce aux accords diplomatiques, lui  donne la possibilité de venir chez nous comme si elle était chez elle depuis l’indépendance de 1962.

Nous avons eu le tort en 1962 de laisser le pouvoir au FLN alors qu’il violait les Accords d’Evian et martyrisait des milliers d’Algériens et d’Algériennes qui nous avaient accompagné pendant la guerre d’Algérie.

Dans les années 90, l’Algérie n’avait pas hésité à venir se réfugier chez nous pour fuir les barbus.

Bref ! Les Algériens et les Algériennes méritent mieux que cela !

L’Algérie du FLN n’a pas encore gagné son « indépendance », à voir l’attachement qu’elle met à cultiver ses anciens liens coloniaux avec la métropole !

Une copie de l’excellent film « Tanguy » de Etienne Chatiliez, sorti en 2001, dont le thème porte sur l’impossibilité du fils  Tanguy de quitter le logis familial à l’âge de 28 ans.

Le scénario décrit alors les initiatives que prennent les parents pour pourrir la vie de leur enfant…

Un Exemple à suivre ?

&

Pour avoir servi la France et l’Algérie en 1959-1960, comme officier SAS dans la vallée de la Soummam, pour avoir aimé la Petite Kabylie et ses habitants, je me contenterai de publier une sorte de conclusion tirée du livre que j’ai publié en 2000 intitulé « Guerre d’Algérie Années 1958-1959- 1960 - Vallée de la Soummam »

Quarante ans après mon service militaire.

Fin du témoignage, pages  273, 274,275

« L’aventure »

« Pour paraphraser Albert Camus, une chose au moins était sûre, « la République Française n’avait pas atterri en Algérie » (Camus disait le Christ), et en tout cas si elle tenta de s’y poser tardivement, ce fut dans les pires conditions possibles.

Et quel fossé entre la conversation des intellectuels et des journalistes des cafés de la place de la Sorbonne et du boulevard Saint Michel, dans les éléments éthérés, et dans le djebel, l’attentat, la guérilla, la contre-guérilla et la guerre des soldats français en Algérie !

Jusqu’à de Gaulle, les gouvernements de la 4ème République n’ont jamais su ce qu’ils voulaient. Ils se sont laissé manipuler par les groupes de pression et les médias, les uns pour l’Algérie Française, les autres pour l’indépendance de l’Algérie.

Une guerre pleine d’ambiguïté et de non-dits trouvait ses racines à Paris. La France ne savait pas où elle allait et son armée ne savait pas pourquoi elle combattait.

Dans sa grande majorité, l’armée avait une vision républicaine et française de l’Algérie. Elle faisait preuve de beaucoup plus d’esprit libéral qu’on ne voulait bien lui reconnaître, mais il s’agissait en fait d’un rêve fou, irréalisable.

Quarante ans après, il est beaucoup plus facile d’avoir des certitudes !

D’un côté, une délectation masochiste des intellectuels en faveur d’une guerre perdue, une fois de plus perdue, puisqu’il s’agissait d’une guerre coloniale.

De l’autre, une délectation poétique et enivrante de la guerre au son des tambours, aux couleurs du chantre de la guerre, des soldats et de la mort, sur une petite musique de Walt Whitman.

L’armée et le contingent étaient pris entre ces deux feux. Les jours de bulle, ils étaient fascinés par le spleen romantique, intellectuel et masochistes des guerres inutiles et perdues d’avance, et les jours d’opérations, enivrés par l’odeur capiteuse de la poudre et du baroud.

La guerre n’avait jamais été un jeu d’enfant de chœur. Le soldat la vivait au quotidien, en côtoyant la beauté et la saloperie, et à certains moments et dans certains endroits, pourquoi le cacher, plus la saloperie que la beauté.

Guerre sordide ou guerre esthétique, guerre misérable ou guerre glorieuse ?

Mais pourquoi nier que la guerre était vécue par beaucoup comme une aventure. Ils prenaient goût à la violence, à cette sorte de drogue animale, et se prenaient au jeu, quels que soient leurs mobiles, nobles ou morbides.

Au moins ne pouvait-on pas reprocher aux soldats de risquer leur peau car les beaux parleurs ne pouvaient en dire autant !

L’immense majorité d’entre eux n’avait pas choisi de faire cette guerre, et la France ne les avait pas convaincus que la cause qu’ils défendaient valait véritablement d’y perdre la vie, mais convaincus ou pas, ils étaient condamnés à faire une guerre banale, une chasse à l’homme banale, et ils n’avaient pas d’autre issue.
Car la mécanique militaire était diabolique une fois que le train était mis sur les rails. Il fallait nécessairement obéir et tout dépendait donc des officiers, il y en avait de toutes les espèces comme des hommes, et du commandement, il y en avait également de toutes les sortes, et pas toujours des meilleures.

Les officiers n’étaient pas tous de petits saints, mais après tout l’armée était aux ordres de gouvernements qui ne faisaient pas leur travail.

La guerre, l’aventure, et s’il ne restait aux hommes que la guerre pour aventure ? Un des derniers lieux où l’homme ait gardé un contact vrai, avec la nature, l’éternité ? L’art de la guerre ?

La guerre, dernier refuge de l’aventure humaine dans un monde fini ?

Pour ceux qui refusaient d’avoir à jamais l’âme rapetissée, de faire des croisières dans des bateaux ripolinés, accostant à des escales aseptisées et déodorisées, débarquant dans des îles désinfectées, démoustiquées, astiquées, sur des promenades bordées de palmiers en polystyrène, en compagnie de passagers couverts de fleurs multicolores en nylon ?

Pour ceux qui refusaient que tout soit répertorié, étiqueté, classé, photographié, encadré, numéroté, rangé ! Paradoxalement, comme dans l’armée, mais leurs yeux étaient aveugles !

Hors les grandes aventures du haschich, de l’opium ou des amphétamines, où trouver l’aventure, sinon dans de bonnes petites guerres, comme les hommes savent en mijoter, partout dans le monde, de l’Asie à l’Afrique, et de l’Amérique à l’Europe.

Un jeu plus émoustillant tout de même qu’une aventure dans la forêt de Fontainebleau, avec ses fourmis, ses papiers gras et ses moisissures ! 

Plus émoustillant que les décoctions de notre belle intelligentsia toujours passionnément intimistes, ésotériques, masochistes, masturbantes et nombrilistes !
Alors, mesdames et messieurs, attention, avant d’embarquer ! Quand la France s’ennuie, gare à la guerre ! »

Fin de l’extrait du livre « L’aventure ».

Jean Pierre et Marie Christine Renaud            Tous droits réservés 

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10 janvier 2025 5 10 /01 /janvier /2025 10:11

Janvier 2024

Brèves de tablette

Le Paris d’Hidalgo

Le socialisme bobo de Mme Hidalgo est en train de faire de Paris une Ville-Musée antisociale…

Le Petit Commerce s’en va, les emballages des colis de la vente en ligne s’empilent sur les trottoirs…

A Paris, il est interdit d’entrer, de circuler ou de stationner sans avoir une voiture de rupin classée comme propre, ou d’avoir la chance de faire partie de la clientèle des « logés sociaux »…

&

Le Départ de Macron

Médias, influenceurs, et politiques tournent en rond autour du problème politique de la France : ils refusent de reconnaître un scrutin électoral qui fait du Rassemblement National l’arbitre de la situation.

L’ancien Président Hollande, à nouveau député d’un Nouveau Front Populaire… Diable ! Déclare qu’il « doit terminer son mandat », comme si la parole Hollande avait encore un poids politique …

La France n’a plus confiance !

&

Avec Jean-Pierre Chevènement, la Fondation Res Publica et le « temps long » en politique !

Le Figaro Magazine du 20 décembre 2024, page 29

« La politique peut-elle renouer avec le temps long ? »

L’histoire des ANNALES et son « temps long »

« La Fondation Res Publica créée par l’ancien ministre de l’Intérieur célèbre ses 20 ans avec la publication d’un ouvrage collectif regroupant une vingtaine de contributions comme autant de munitions pour penser le siècle qui vient. Nous avons réuni le président d’honneur de la fondation et son jeune directeur (1) pour dresser le bilan politique de ces vingt dernières années et tracer des perspectives pour l’avenir. »

Espérons que la Fondation en question reconnue d’utilité publique n’oubliera pas de passer au scalpel du « temps long » le long parcours politique de Chevènement à Belfort dont l’héritage mérite d’être étudié dans toutes ses dimensions,  laïcité, islam, quartiers sensibles… sa contribution à la rédaction du Programme commun dans les années 1970, avec l’alliance avec le PC, affilié à l’URSS,… jusqu’aux turbines d’Alstom vendues aux américains  en 2014 et rachetées par le binôme Chevènement Macron en 2022… cocorico !!!

Qui connait la position de Chevènement sur les accords diplomatiques archaïques des années 1970 qui font de notre pays 1) l’exutoire de la démographie algérienne, 2) l’allié de la dictature FLN ?

                                            Ayons le courage de dénoncer ces accords obsolètes ! Inscrits dans un « temps trop long » !

                                              &

ATOS ou CH00SE FRANCE !

Cette belle société techno ne vaut plus un clou !

0,002 euro une action, le 8 janvier 2024 !

Les petits actionnaires ont été spoliés et les salariés dupés !

Les spéculateurs  se sont gavés !

Les sociétés de conseil et les avocats tout autant

Le Figaro Economie page 25, le 7 janvier 2025

« Le groupe a dépensé 1 milliard d’euros sur quatre ans pour divers conseils stratégiques, financiers et juridiques »

                                                              Jean Pierre Renaud

(1 Il s’agit de Monsieur Joachim Le Floch-Imad, candidat de la macronie dans la Sarthe en 2022 dans la 4ème circonscription de Sablé.

Macron s’inscrirait dans « le temps long » ?

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3 janvier 2025 5 03 /01 /janvier /2025 10:54

Public Sénat

Le 30 décembre 2024

« Service Public 2, FRONTS CONTRE FRONT »

20 heures 30

Documentaire 1 heure

21 heures 30 DébatDoc

La présentation de TV MAGAZINE :

« Dans un pays fracturé et polarisé, les journalistes du service public ont le sentiment d’être attaqués de toute part. La rédaction de la matinale de France Info doit choisir son camp »

Une remarque préalable sur le texte ci-dessus qui pose très mal la question : le ou la journaliste devrait choisir son camp ? un média ne doit-il pas respecter la « neutralité » ?

 

Venons-en au fond !

Une idée et une émission intéressantes pour un téléspectateur, citoyen, et ancien haut fonctionnaire qui suit depuis des années les questions du service public attaché à la radio et à la télévision et qui lui est également attaché.

Les questions posées sont nombreuses, la première étant celle de la représentativité du thème choisi pour le documentaire « les élections législatives de 2024 »,  en montrant les coulisses de France Info à cette occasion : à voir les journalistes dans les coulisses de la chaine, s’agiter, vibrionner, chuchoter successivement auprès des politiciens et politiciennes qui viennent animer telle ou telle émission politique, tous ces à-côtés, ces images qui défilent…

Une impression de coulisses de théâtre ou de cinéma …

Il paraissait difficile de comprendre en quoi consiste le métier du journaliste, quelles sont les difficultés rencontrées dans le monde actuel pour respecter le pluralisme d’une chaine publique et sa déontologie, alors que les médias font l’objet d’une accusation de dérive vers la gauche et d’une impunité républicaine.

Qui sont les journalistes qui prennent une distance nécessaire pour bien informer et ne pas se laisser entraîner dans le tourbillon d’images et de propos que nous avons vu à la télévision le 30 décembre dernier ?

A mes yeux, mais sans doute hors de la sorte de consensus qui règne sur ces sujets, l’émission en question n’était pas représentative de la problématique actuelle du journalisme obsédé par le spectacle, les confidences, le tournis des images, face à la concurrence sauvage des réseaux sociaux, d’autres sources frelatées ou non.

Le débat était fort intéressant mais ne portait pas sur le cœur du sujet.

 

Jean Pierre et Marie Christine Renaud

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27 décembre 2024 5 27 /12 /décembre /2024 16:58

Noël 1942 Noël 2022

L’Allemagne d’Hitler et la Russie de Poutine !

Une enfance dans la guerre

Mon message de Noël !

Pour la liberté, la démocratie, et pour la France !

Presque chaque jour des images de guerre en Ukraine, bombardements, assassinats, perpétrés sous de faux prétextes par un revenant du KGB…

Une enfance à Montbéliard dans les années 1939-1945, les privations, les abris, le froid, chaque jour, le claquement des bottes des Boches  sur la chaussée, leur « Ahi Aiho » (phonétique), notre évacuation en Suisse à l’automne 1944, le front s’étant arrêté à quelques dizaines de kilomètres…

Après la Libération et mon retour au pays, mon séjour dans le premier camp de  la jeunesse européenne à la Lorelei en Allemagne, sur le Rhin.

Au cours des derniers mois, deux faits m’ont incité à me replonger dans l’histoire de la Résistance dans mon Pays, 1) la commémoration de la Mémoire des Justes, ces Français qui ont pris tous les risques pour sauver des juifs de la déportation et des camps d’extermination, 2)  l’usurpation par les Marcheurs du Président actuel du titre Historique du CNR, le Conseil National de la Résistance, pour refonder un parti qui n’existe pas.

Honte à ces gens-là qui font joujou avec tous ces hommes, et toutes ces femmes très nombreuses qui ont donné leur vie pour la France, morts fusillés, décapités,  déportés dans les Camps de la Mort.

Je pense en particulier à ces jeunes de seize ans qui se sont sacrifiés pour notre pays : je citerai les dernières phrases du dernier message que l’un d’entre eux adressa à ses parents, Henri Fertet .

Noël 1942 Noël 2022

Je viens de me  replonger dans les quelques livres que j’avais sur la Résistance dans le Pays de Montbéliard pour me remémorer les bribes de souvenir que j’avais conservés des années 43-44, sur les quelques résistants que j’avais fréquentés sans le savoir.

Le premier souvenir était celui de la messe de Noël 1942 dont je ne n’ai compris bien sûr que plus tard la signification patriotique et historique, après la guerre. Je n’étais alors qu’un petit enfant de chœur.

Je cite un extrait du récit qu’en fit Yves Calais, un responsable militant de la JEC que j’ai connu :

 

« Noël à Montbéliard »

Dans la crèche, l’Enfant Jésus portait l’étoile jaune

«  Noël 1942, il y a cinquante ans. La messe de minuit, en raison du couvre-feu, a été anticipée à 18 heures. La nuit est tombée, la nuit du dur hiver 1942, sous le régime d’occupation de la zone interdite, une nuit lourde de menaces. Des soldats allemands en uniforme sont présents.

Après le  chant de l’Evangile de la Nativité, les enfants de chœur descendent en procession jusqu’à la crèche du fond de l’église, à droite en entrant. Celui qui porte l’Enfant Jésus dans ses mains est plus grave que d’habitude.

Sur les langes de l’Enfant Jésus, on a cousu l’étoile de David à six branches noire sur fond jaune, marquée du mot juif en lettres gothiques. Dans la crèche, Marie et Joseph, de la lignée de David, portent aussi l’étoile jaune marquée en noir du mot juif.

Tout le monde avait compris.

En effet depuis le 7 juin, tous les juifs, nos camarades de collège, leurs parents et grands-parents étaient tenu de porter « de façon apparente sur le côté gauche, une étoile jaune avec le mot juif écrit en noir » ; et pour cela, ils avaient même dû remettre un coupon textile de leur carte de rationnement….

Il y avait un homme, l’abbé Flory, curé de la paroisse catholique, à Montbéliard. Il y avait autour  de lui une équipe de vicaires et de paroissiens pour qui il était impossible d’accepter l’Allemagne nazie.

Ils avaient pris la mesure de la situation et du caractère insupportable de la persécution antisémite à laquelle collaborait le gouvernement français : à travers une atteinte au respect des juifs, une atteinte au respect de Dieu qui avait conclu une alliance avec Abraham et Moïse, et au respect de Jésus  né de la lignée de David et tout autant au respect de tous les hommes… Cette solidarité contre le nazisme  devait aboutir, en 1943, 1944, à des arrestations et à des déportations parmi lesquelles celles de trois prêtres : le père Schwander, chef de la Résistance, mourut dans un camp. Juifs persécutés et résistants, ceux qui y croyaient et ceux qui n’y croyaient pas, connurent  les mêmes camps de la mort… »

(Yves Calais La Croix- L’Evénement, 23 décembre 1992)

Un autre prêtre, l’abbé Kammerer, l’un de mes aumôniers au Collège fut déporté à Dachau ; Revenu vivant, il publia en 1995 le récit de sa déportation dans un livre intitulé « La baraque des prêtres à Dachau ».

49 résistants furent fusillés à Montbéliard,  en ville ou dans les environs.. Parmi eux figuraient  Robert Cuenot, séminariste, ami de l’un de mes frères, et Frédéric Ohlgiesser, que je me souvenais avoir rencontré à vélo dans le bois d’Allondans avec mon frère Michel.

Un autre livre « La Résistance dans le pays de Montbéliard, de Michel Bonnot, décrivait l’histoire du Maquis d’Ecot et son anéantissement par les Allemands entre le 6 juin et 8 juillet 1944.
Bilan : quatre-vingt déportés, fusillés, ou tués.

Un autre livre, récent, intitulé «  500 Combattants de la Libération » 1940-1945 »  par Jean Christophe Notin.

Il s’agit d’un répertoire photographique et nominatif avec chaque fois une petite légende qui récapitule quelques traits du Combattant, avec son âge, et le plus souvent son  dernier message avant la mort.

Le livre honore de très nombreuses femmes.

Quelques  exemples de Combattants et Combattantes, fusillés ou déportés :

1942 : Méras  Rouen « Plus tard, écrit-il à sa femme, fais-lui comprendre que je lui ai laissé un héritage assez beau. Plus tard, Hélène, 5 ans, saura que son père, instituteur, marcha vers le poteau en récitant du Verlaine, cria « Vive Dieu, vive la France » et périt fusillé, le 6 juin 1942. » Joseph Méras. 27 ans

Gironde, 1942. Ses parents n’ont pas fui l’Italie fasciste pour qu’elle accepte une  France vendue aux nazis ! A 19 ans, elle se fait donc embaucher comme femme de ménage pour recueillir du renseignement chez l’ennemi. Trahie, elle sera déportée à Auschwitz. Et n’en reviendra pas. Aurore Pica

Grelot. Attendre dans le noir, le froid et la faim. « Le seul réconfort à tous ces supplices (j’oubliais les coups de nerf de bœuf que j’ai reçu à la Gestapo), c’est la certitude de la victoire (car bien qu’au secret, on réussit à avoir quelques nouvelles) et l’héroïsme des camarades qui partent à la mort en chantant. La France peut être fière d’avoir de tels enfants. J’espère que la patrie reconnaissante saura récompenser votre sacrifice, qui est celui de tant de familles, et qu’elle saura reconstruire tous les foyers détruits par la barbarie  impérialiste » Pierre Grelot, fusillé le 8 février 1943, 19 ans.

Dernier exemple, Henri Fertet, 16 ans, fusillé à la Citadelle de Besançon, le 26 septembre 1943

Dans la lettre qu’il adressa à ses parents avant sa mort :

«  A Monsieur Fertet Besançon-Velotte – Doubs

« Chers parents,…ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que je n’en doute pas, vous voudrez bien encore le garder par amour pour moi… Pendant ces 87 jours de cellule, votre amour m’a manqué plus que vos colis… Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement nos plus proches parents et amis ; dites leur ma confiance dans la France éternelle…Je meurs pour ma patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. Non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France  travailleuse, laborieuse et honnête… Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée. Mais c’est parce j’ai un petit crayon. Je n’ai pas peur de la mort ; j’ai la conscience tellement tranquille…

Adieu, la mort m’appelle, je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C’est quand même dur de mourir. Mille baisers.

Vive la France.

Un condamné à mort de 16 ans

Henri Fertet

Il était né dans le pays de Montbéliard à Seloncourt, le 27 octobre 1926. Son père était instituteur.

Au soir d’une longue vie, j’ai toujours aimé et servi la France avec ses ombres et ses lumières. Je regrette que la France soit autant bafouée  aujourd’hui, et qu’on ait un peu trop oublié les sacrifices de ces hommes et de ces femmes qui sont morts pour la France !

Jean Pierre Renaud      Tous droits réservés

                              Mon vieil et vieil ami de promotion Michel Auchère m'a recommandé de publier à nouveau ce texte, ce que je viens de faire. De nos jours, on raconte tellement de conneries ...

 

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23 décembre 2024 1 23 /12 /décembre /2024 11:43
              POUR UN NOËL  2024 DES RÉALITÉS  
             Crise politique ou crise de régime ?

Voir blog du 13 juin 2024

Le Figaro du 20 décembre 2024, page 3

« Entre la figure de « l’ancien monde » et ses alliés macronistes, le choc des cultures » Loris Boichot

&

Le Président vient de désigner Bayrou pour former un gouvernement après la censure du gouvernement Barnier.

Un flux de commentaires inonde la planète médiatique et l’épisode politique mérite incontestablement une analyse approfondie dans le contexte institutionnel actuel : la solution politique de Bayrou est obsolète, alors que son diagnostic politique est pertinent.

« La figure » a raison quand il alerte sur la « rupture » entre « les provinciaux et les cercles du pouvoir parisien », quand il critique la composition du gouvernement Attal « Ce gouvernement ne franchit pas la Loire. » s’agaçait-il. Un mois plus tard, il a refusé d’y entrer, faute « d’accord profond » sur la façon de combler le « gouffre qui s’est creusé entre la province et Paris. »

La solution n’est pas dans la modification du type de scrutin électoral, ou dans un retour en arrière sur le cumul des mandats, mais dans une opération vérité sur nos institutions qui ne sont plus adaptées, ni à la situation de la France elle-même, ni à celle de l’Union européenne, ni à celle d’une planète en pleine ébullition.

Cessons de tout mélanger entre les différents niveaux de pouvoir et cessons d’avoir peur de mettre fin au tabou des jacobins et des girondins, un tabou qui arrange bien les intérêts des élus de l’establishment parisien qu’ils soient de gauche ou de droite, car ses membres bénéficient des nombreux privilèges attachés à la position « stratégique » d’une capitale très centralisée, très influente avec l’explosion des communications, notamment des réseaux sociaux.

Est-ce qu’un ou une conseillère de la commune de Paris ne confondent pas quelquefois, sinon souvent, leur cadre électoral parisien avec celui du pays ?

Il y a de quoi hésiter en effet à couper la branche qui vous donne droit à ces privilèges de « caste ».

Le lecteur pourra se reporter aux textes que j’ai publiés sur ce blog, intitulé « Le piège parisien » les 23 septembre et 11 novembre 2024.

Les institutions actuelles ne correspondent pas aux attentes des Français et des Françaises qui ne comprennent pas le qui fait quoi !

La France a besoin d’une remise à plat complète avec un transfert des pouvoirs de l’Etat central, hors le « régalien » à nos provinces, historiquement « ancrées », afin de redonner de la vitalité à notre démocratie et un meilleur contrôle de leur fonctionnement.

Ce n’est pas attribuant quelques sièges de plus à certains partis qu’on réglera le problème des institutions « au fond » ou en permettant à un autre Bayrou de  gouverner à Paris tout en restant à Pau…

Jean Pierre Renaud, ancien haut fonctionnaire à l’esprit anciennement centriste…

&

Le 11 Novembre 2024

« LE PIEGE PARISIEN »

L’article « Le Piège Parisien » a été publié le 23 septembre 2024.

Il proposait une explication de l’aveuglement politique face à la nécessité et à l’urgence d’une réforme radicale de nos institutions de nature à leur donner un nouveau souffle démocratique.

Ce ne sont pas les nouveaux députés que Bayrou réclame à corps et à cris, depuis des années, pour redonner un caractère démocratique aux délibérations de l’Assemblée Nationale, qui constitueront la solution, ni plus qu’un nouveau train de mesurettes de « décentralisation » au profit des collectivités territoriales.

Nous ne sommes plus à l’époque d’une Cinquième République installée dans les meubles du Général.

 Le monde est devenu multipolaire, les citoyens ne savent plus ce qui relève de la compétence de l’Union Européenne ou de notre pays, la communication explosive des réseaux sociaux ébranle le fondement républicain de nos institutions.

La commune de Paris exerce un pouvoir nouveau qui déstabilise l’Etat et l’histoire récente a recréé le duo historique du « Paris Etat dans l’Etat ». On le voit bien dans la conduite politique de la Ville et dans les tentacules qu’elle a réussi à tisser sur les collectivités « subordonnées » de banlieue, de grande banlieue et de France en général.

La Maire de Paris agit dans la capitale comme si l’Etat n’existait pas !

Députés, Sénateurs, Conseillers de Paris s’expriment à tout bout de champ comme s’ils exerçaient d’abord un mandat national !

Pourquoi le « Piège Parisien » ?

Parce que la Ville de Paris et son Conseil de Paris disposent et exercent un pouvoir qui ne s’inscrit plus dans les limites du droit commun des collectivités et qu’ils disposent d’une force de frappe politique, culturelle et économique mettant en danger les pouvoirs de l’Etat : « l’establishment parisien ».

Parce que les partisans et bénéficiaires du système parisien n’entendent pas couper la branche sur laquelle ils sont assis.

Il faudra donc trancher et transférer les pouvoirs non régaliens aux grandes collectivités territoriales et mettre fin à la centralisation bureaucratique française.

Jean Pierre Renaud   Tous droits réservés

 

 

 

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22 décembre 2024 7 22 /12 /décembre /2024 10:20

LES MOTS DE L’ACTUALITE

 

« L’ENFONCEMENT ! »

Selon le Gouverneur de la Banque de France

Avec le Figaro du 17 décembre 2024

« Entretien Dette, Budget… La mise en garde du Gouverneur de la Banque de France

François Villeroy de Galhau pages 20 et 21

« Si notre pays restait dans le déni budgétaire, il risquerait l’enfoncement progressif »

Ah bon ! Mais Monsieur le Gouverneur ce que vous appelez « l’enfoncement » a commencé il y a longtemps, et plus encore au cours des années Macron, qu’avez-vous fait pour qu’il en soit autrement ?

Vous avez choisi le mot « enfoncement », un mot savant qui ne semble pas le plus approprié, puisqu’il s’agit un peu plus que d’enfoncer un clou, mais de l’enfoncement de la muraille de la dette, avec quel bélier, le vôtre ?

Une muraille dont vous n’avez pas été une des grosses briques ?

Avec la folle grimpette de la dette depuis 2017 en compagnie du Gouverneur de la Banque de France…

Jean Pierre Renaud

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9 décembre 2024 1 09 /12 /décembre /2024 16:09

SUPERCHERIE COLONIALE

Chapitre 2

La Presse

V

Page 76 à 82

Fin du chapitre

 

 

Nous reviendrons sur les sondages dans un chapitre spécial.

Avant de clore ce chapitre consacré à la presse et à son rôle sur l’opinion publique, je propose au lecteur de prêter son attention à un exercice de mesure de l’information coloniale dans la presse de province, et précisément au sein du plus grand quotidien provincial de l’époque, Ouest Éclair, exercice que j’aurais vivement conseillé de faire à notre collectif de chercheurs, avant d’avancer des affirmations et conclusions sans fondement.

Le contenu de l’exercice est d’autant plus intéressant qu’il ne confirme pas, en tout cas pour le grand journal provincial en question l’évolution de l’opinion publique signalée par l’historien Ageron, si l’on considère qu’un journal a tendance à aller dans le sens du poil de ses lecteurs.

Il s’agit d’un article rédigé par Mme K. K. Daouda et Jacques Thobie à partir du mémoire de Mme K. K. Daouda, article paru dans la Revue Française d’Outre-Mer en 1982, et intitulé « Ouest Eclair et l’Empire colonial français de 1936 à 1939 ».

Ouest Eclair était de tendance conservatrice, donc a priori plutôt favorable à l’Empire. La méthode utilisée est simple : mesurer la superficie des articles consacrés à l’Empire par rapport à la surface totale du journal.

A la lecture du tableau ci-dessous, le lecteur pourra se rendre compte qu’au cours des années 1936 à 1939, la surface des articles consacrés à l’empire colonial n’a pas dépassé 5 %, sauf en 1939, avec 5,2 %.

                                    Articles consacrés à l’Empire colonial dans Ouest-Éclair

Année

1936

1937

1938

1939

pourcentage sur la surface totale du journal

0,86

4,10

2,39

5,20

nombre d’articles

informations

34

28

134

118

96

82

57

38

Editoriaux

6

16

14

19

surfaces en cm²

4.266

19.247

11.454

17.751

surface moyenne par article

125,4

143,6

119,3

311,4

On ne peut pas dire que l’actualité impériale encombrait les colonnes de ce journal, mais il est possible d’avancer qu’effectivement, à la veille de la deuxième Guerre mondiale, le sujet a pris un peu plus d’importance, notamment avec un plus grand nombre d’éditoriaux.

L’analyse des contenus montrait que le journal donnait une vision optimiste de l’Empire au cours du premier semestre 1936. Avec l’arrivée du Front Populaire au pouvoir, le journal désapprouve sa politique libérale en Algérie avec le projet Blum Viollette, mais approuve la répression nationaliste en Tunisie. Au cours de la dernière période le journal défend le maintien de l’Empire.

Les auteurs de l’analyse font ressortir :

  1. Une apologie sans faille de la colonisation...
  2. L’Afrique, c’est d’abord et avant tout l’Afrique du Nord, clé de voûte sans laquelle tout s’effondre...
  3. L’empire colonial constitue pour la France une réalité militaire et stratégique qui est partie intégrante de sa puissance et de sa capacité de défense et de riposte.

Et les auteurs de l’article de conclure :

« Resterait à savoir dans quelle mesure ces articles retenaient l’attention des lecteurs de ce quotidien régional. Mais est-il une réponse à cette question ? » (p.122)

En tout cas, il y avait moins de chances statistiques que les lecteurs soient intéressés par des sujets impériaux que par ceux qui occupaient la presque totalité des colonnes de ce journal.

Les travaux de l’association Images et Mémoires font également une place à l’analyse de la presse de province et aux articles qui étaient consacrés à la présentation des villages noirs qui accompagnèrent souvent certaines grandes expositions de province, principalement à la fin du XIXème siècle. Cette lecture est instructive parce qu’elle ne se réduit pas à la seule caricature qu’ont voulu en faire certains, celle des zoos humains. Nous y reviendrons dans le chapitre des Expositions coloniales.

Enfin, quelques autres tests d’évaluation :

Nous proposons quelques-uns de nos tests d’évaluation de la relation entre fait colonial et presse, en ce qui concerne la période 1870-1900, la fameuse période décrite comme d’imprégna­tion.

Le soi-disant guet-apens de Bac Lé (Tonkin 1884) : une colonne française lancée à la conquête de Lang Son est contrainte par l’armée chinoise à faire retraite. Au cours de l’année 1884, L’Illustration, diffusée à environ 50 000 exemplaires a consacré de 6 à 7 pages aux affaires du Tonkin, au premier semestre, sur 442 pages, et le Tonkin n’est mentionné que 8 fois dans les 486 pages du deuxième semestre. L’affaire de Bac Lé n’y est évoquée que sur deux colonnes. On ne peut donc pas dire que les affaires du Tonkin passionnaient la rédaction du journal, les lecteurs, ou tous les deux.

Une affaire beaucoup plus grave, la retraite de Lang Son qui a causé la chute du ministère Jules Ferry en 1885 ! Toujours dans le même hebdomadaire, au premier semestre, les affaires coloniales occupent une dizaine de pages sur 500 environ, avec quatre pages de couverture sur les 26 numéros. Les photos et les colonnes de texte sont principalement consacrées au retour de la dépouille du commandant Rivière tué à Hanoi en 1883.

Le deuxième semestre accorde une plus large place aux affaires du Tonkin, mais à la mort naturelle de l’amiral Courbet en mer de Chine, et non pas à la retraite de Lang Son. Sur les 26 numéros, 3 pages de couverture avec photos furent consacrés à l’amiral et seize pages au total sur environ 500 pages. Dans les sujets traités par l’hebdomadaire on trouvait en parallèle la mort de Gordon à Khartoum et celle de Victor Hugo.

Donc pas de passion pour ces sujets coloniaux !

La conquête de Madagascar en 1895. Cette campagne était couverte par de nombreux journalistes, comme c’était devenu la mode pour toutes les campagnes militaires des puissances coloniales de l’époque. Sans avoir effectué de pointage précis sur la presse de l’époque, il semble assuré que la présence de journalistes, la diffusion de leurs articles, l’hécatombe de soldats que connut cette campagne, ne contribua sûrement pas à rendre populaire les conquêtes coloniales, mais il serait intéressant de faire des recherches à ce sujet aussi bien dans la presse nationale que dans la presse provinciale qui donna un puissant écho à cette campagne.

Une étude de Jean Valette et Mariette Valette Rahamefy, intitulée L’esprit public bergeracois et l’expédition de Madagascar (1894-1896),- Tananarive,1963, donne un éclairage intéressant sur le sujet. Le contenu des trois journaux bihebdomadaires de Bergerac a été examiné à partir du nombre de fois dont ils ont parlé de Madagascar.

Leur conclusion a été :

« En premier lieu, que l’affaire de Madagascar eut en France, tout au moins en Dordogne, de très certaines répercussions, puisque les trois journaux considérés lui ont, chacun, pour des raisons diverses, accordé une grande place dans leurs colonnes. Mais quelles sont ces raisons ? Il ne semble pas qu’elles soient spécifiquement coloniales. En effet, la presse bergeraçoise n’a jamais participé à ce que l’on a pu appeler le "Parti colonial", et les grandes théories commerciales, humanitaires, etc., qui ont caractérisé les journaux de ce parti lui sont restées étrangères. Aussi est-ce beaucoup plus pour des raisons de politique intérieure : soutien du gouvernement, ou, au contraire, attaque contre le ministère ou le régime, que la presse bergeracoise s’est intéressée aux problèmes malgaches. Cette attitude explique donc les positions prises par les journaux républicain, orléaniste ou bonapartiste, qui sont conformes ainsi, sauf exceptions dues à des contingences locales, au clivage traditionnel des grandes tendances politiques françaises de l’époque. »

Donc des préoccupations beaucoup plus hexagonales que coloniales !

En ce qui concerne la conquête du Soudan, elle se fit, quasiment, et pendant longtemps, à l’abri du regard de la presse.

Dans l’état actuel des recherches, il parait possible d’avancer l’hypothèse que pendant toute la période des grandes conquêtes coloniales de 1870 à 1900, et sauf à certaines grandes occasions, par exemple Fachoda, la presse n’a pas accordé une grande place à l’actualité coloniale et joué un rôle assez réduit sur l’opinion publique.

C’était d’ailleurs une des conclusions du grand historien Henri Brunschwig.

Et en contrepoint, Maurras à la Une ? Et des mémoires d’études de l’Université de Provence, novateurs en méthodologie, ignorés.

Des recherches qui n’ont fait que butiner, picorer dans les journaux, sans jamais faire appel à une vraie méthode d’analyse statistique. Un historien qui tire des conclusions générales, alors qu’il a beaucoup plus fréquenté la presse de droite et d’extrême droite, notamment celle de Maurras, et celle du sud-est de la France, que celle de la France entière, de Paris et de toutes nos belles provinces.

N’écrit-il pas qu’au cours de la période qu’il a spécialement étudiée, celle des années 1930-1945 :

« La grande majorité des Français est en phase avec Charles Maurras quand il affirme, dans Pages africaines, qu’il était pourtant clair que ce droit des peuples à disposer d’eux-mêmes était de nature à nuire à tous les empires coloniaux... » (CC/221).

C’est peut-être faire beaucoup d’honneur au journal de Maurras et à son influence sur la grande majorité des Français, alors que son journal avait en 1939 un tirage modeste de 45 000 exemplaires !

Alors que deux mémoires d’études précurseurs, le premier daté de 1975, et le deuxième de 1987, effectués sur le même type de sujet colonial et dans le même ressort de l’Université de Provence que celui choisi comme cadre d’analyse par l’auteur, proposaient la bonne méthode à utiliser pour analyser la presse dite coloniale, quelques années avant la thèse que l’auteur a défendue en 1993.

Première étude, celle de M. Huyn Huu Nghia, sous la direction de J. L. Miège, intitulée Fachoda et la presse marseillaise (sept.-dec.1898). Six quotidiens ont été examinés sous toutes les coutures, avec calcul des surfaces consacrées au sujet, repérage des articles en fonction de la pagination, classement selon la rubrique de rattachement, France, Angleterre, étranger, Afrique, armement et bruits de guerre.

L’auteur a représenté ses analyses quantitatives en tableaux de pourcentage, en histogrammes, et en graphiques, outils d’analyse dont il résulte :

« Pour l’ensemble des quotidiens marseillais, il apparaît deux périodes

Les mois d’octobre et de novembre sont des mois où les numéros furent nombreux.

Ils sont encadrés par les mois de septembre et de décembre de faible intérêt. »

La presse marseillaise a donc suivi pas à pas le déroulement du conflit :

Un développement de la crise en septembre ;

La crise elle-même en octobre ;

L’évacuation du 4 novembre et ses conséquences immédiates ;

Décembre, la fin de la crise.

L’auteur a complété son étude quantitative avec une analyse qualitative des articles de la presse marseillaise. Leur contenu avait une tonalité clairement anti-anglaise, mais les journaux n’ont jamais poussé à la guerre, et ont rapidement fait baisser la tension, quand un accord a pu être envisagé par le Ministre des Affaires étrangères Delcassé, dont l’action a été louangée par tous les journaux. Les mêmes journaux ont mis l’échec de la France sur le dos de l’affaire Dreyfus qui divisait le pays au cours de cette période.

Citons enfin une partie du commentaire de la conclusion :

« En effet, si l’opinion française baignait dans une indifférence rare devant tout ce qui concernait la colonisation, Marseille port de grand négoce, a été une exception. Ceci explique en partie, la crainte d’un conflit avec l’Angleterre : les armateurs marseillais n’auraient pu lancer leurs navires à travers une Méditerranée tenue par les Anglais. »

Le lecteur aura pu constater que le bain colonial n’avait pas tout à fait le même sens que celui du collectif de chercheurs.

Deuxième mémoire, celui présenté par M. Stephane Pellet. sous la direction du professeur Miège dont le sujet était : Le mouvement colonial et la presse vauclusienne (1869­/1899), L’étude s’attachait à l’analyse de quatre périodes, ouverture du canal de Suez (1869), chute du gouvernement Ferry (1885), conquête de Madagascar (1894), et Fachoda (1898).

Le mémoire avait l’ambition (réussie) de déterminer la place qu’occupait dans la presse locale du Vaucluse, les informations sur le monde colonial, actualités ou débats qui conduisaient les journaux d’Avignon et de Carpentras à traiter cette information... Pour chaque relation de faits ou prise de position, nous dirons "relation", il a été déterminé une longueur, en segment de colonne, un type de caractère gros, moyen ou petit, une grosseur de titre, gros moyen ou petit et un emplacement de page en 1 ère 2ème ou 3ème.

Conclusions de cet examen méthodique : quelques pour-cent de la surface des journaux passés à la loupe consacrés aux affaires coloniales, et absence d’enthousiasme et de conviction des journaux vauclusiens pour la politique coloniale de la France. »

Fin de citation ! (page 82)

Une conclusion historique s’impose, au lieu des conclusions délirantes de l’équipe de l’historien Blanchard :

Sous la Troisième République, la presse métropolitaine n’était pas coloniale !

 

Jean Pierre Renaud

J’ajouterais volontiers que la France n’a jamais été coloniale, hormis en Algérie, et encore, et que de nos jours, le départ de nos troupes de l’ancienne Afrique noire ne fait réagir que les spécialistes, comme  au temps des colonies…

Le 8 décembre 2024

 

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9 décembre 2024 1 09 /12 /décembre /2024 12:20

Supercherie coloniale

Chapitre 2 

La Presse

 

SUPERCHERIE COLONIALE
CHAPITRE 2 

LA PRESSE

 

(page 72 à 76)

 

 

Dans le long article que l’historien C.-R. Ageron a publié en 1990 dans la Revue Française d’Histoire d’Outre-Mer, intitulé Les colonies devant l’opinion publique (1919-1939), article déjà évoqué dans le chapitre précédent, l’influence éventuelle de la presse sur la mentalité coloniale des Français est longuement évoquée. Cette contribution s’inscrit dans une chronologie rigoureuse et son contenu est précis.

L’historien constate qu’en 1921 la presse coloniale « ne touchait pas le grand public » (p. 36). « Lorsque la presse parisienne développa, vers 1925, la formule des pages magazines, on remarque que les plus grands quotidiens n’avaient pas de page coloniale, ni même de rubrique coloniale régulière. L’information coloniale revenait à un rédacteur de deuxième plan, dont ce n’était même pas la besogne essentielle » (p.41).

« Tous les efforts de propagande des gouvernements coloniaux et de la presse coloniale butaient donc sur ce cercle vicieux : sans le concours de la grande presse, ils ne pouvaient toucher qu’un public infime. Or celle-ci, étrangère à l’esprit colonial, jugeait "invendable" la propagande coloniale. A une époque où il était admis que la presse "faisait l’opinion"... » (p.41)

A partir de 1927, la situation commença à changer avec le lancement d’une grande campagne de propagande coloniale, notamment grâce au concours de la radio, et la presse d’information s’associa pour la première fois à la propagande coloniale. La presse coloniale spécialisée elle-même voyait ses tirages augmenter, mais ils étaient encore très modestes. Le plus fort tirage était celui de la Dépêche africaine avec 30 000 numéros.

L’auteur évoque l’intense campagne de propagande que le gouvernement encouragea et soutint financièrement pour la commémoration du Centenaire de l’Algérie, campagne à laquelle s’associa effectivement la presse. Sa remarque relative aux répercussions de cette campagne sur l’état d’esprit d’une catégorie de Français, remarque qui va dans le sens de la thèse historique que nous critiquons laisse un peu perplexe car, comment juger, même approximativement, d’une corrélation hypothétique entre cette campagne et une imprégnation idéologique ? Sauf sans doute à considérer que l’Algérie était un cas à part, ce qui est vrai.

L’auteur écrit en effet :      

« Il semble que cette campagne ait non seulement été bien accueillie, mais qu’elle ait laissé des traces durables parmi les jeunes adultes. Des sondages d’opinion effectués en 1959 révélèrent que les français métropolitains qui se sentaient les plus solidaires "des populations européennes vivant en Algérie" appartenaient aux classes d’âge ayant eu vingt à trente-cinq ans en 1930, tandis que ceux qui avaient alors plus de trente cinq ans l’étaient moitié moins » (p.49).

Une fois passé l’immense succès populaire de l’Exposition Coloniale de 1931, l’opinion publique retomba comme un soufflé dans son indifférence habituelle pendant plusieurs années avec une diminution sensible des pages de presse consacrées à l’actualité coloniale et du nombre de causeries de Radio Paris (p.55).

Même le cinéma colonial ne trouvait plus son public :

« L’Afrique française de juillet 1934 rapportait que les directeurs de salle étaient unanimes : le documentaire colonial ne tenait plus l’affiche et les films romancés coloniaux étaient souvent ridicules » (p.56).

L’historien rappelle à juste titre que la France était alors frappée par la plus grande crise économique de son histoire (1931-1938) et qu’on s’interrogeait en France sur l’utilité des colonies (une fois de plus !). Comment ne pas voir aussi que ce changement de l’opinion publique avait été provoqué par l’évolution politique inquiétante de l’Allemagne et de l’Italie. L’Empire colonial devenait un atout essentiel pour la sécurité de la France, position que les gouvernements défendirent d’ailleurs dans leur propagande politique :

« Les idées-forces de la propagande impériale ne changeaient pas : l’Empire était le fondement essentiel de la sécurité de la France, le suprême recours » (p.63).

« Est-ce à dire que cette propagande, qui visait surtout les jeunes générations ait réussi à mobiliser l’opinion française, dont les coloniaux déploraient toujours, en 1937, l’indifférence et l’absence de réaction aux propagandes ami-colonialistes ? » (p.64)

Telle est la question posée, et l’auteur tente d’y répondre en mesurant les réactions de l’opinion publique face aux revendications coloniales de l’Allemagne et de l’Italie, en citant les sondages qui furent faits par l’IFOP. Il s’agissait des premiers sondages effectués en France !

Il aurait été intéressant de voir confrontés les résultats de ces sondages et ceux d’une analyse de la presse de la même époque, afin de mesurer la place qu’elle consacrait à l’actualité impériale, comme cela a été fait dans l’étude dont nous rapportons plus loin les résultats, avec le grand journal provincial Ouest-Éclair.

Car l’opinion publique était divisée à ce sujet : prête en 1937 à des concessions coloniales étendues à l’Allemagne, d’après un sondage effectué par le journal L’œuvre, elle continue à l’être en octobre 1938 avec l’un des premiers sondages réalisés par l’IFOP.

A la question : « Pensez-vous qu’il faut donner des colonies à l’Allemagne ? » 59 % des Français interrogés avaient répondu oui, 33 % non, et 8 % ne sachant pas, mais ce sondage avait été fait dans la période du lâche soulagement des accords de Munich, alors que le mois suivant, les résultats étaient contraires.

A la question posée par l’IFOP en décembre 1938 : « Pensez-vous que la France doive rendre à l’Allemagne les colonies qui nous ont été confiées par la SDN » 70 % des personnes répondaient non, 22 % oui, et 8 % ne savaient pas.

Mais en février 1939, dans un contexte international de plus en plus tendu, sous la menace d’une nouvelle guerre, à une nouvelle question de l’IFOP à savoir, « s’ils sont décidés à se battre plutôt que de céder la moindre partie de nos possessions coloniales », 44 % répondirent non, 40 %,,oui, et 16 % ne savaient pas.

Quelles conclusions peut-on tirer de ces sondages à la fois isolés et trop rapprochés ?

L’offensive impériale représentait avant tout une riposte directe aux menaces de l’Axe : elle a réussi à retourner l’opinion publique... La conquête coloniale s’étant .faite en dehors de l’opinion et presque à son insu, il n’est guère étonnant que les Français s’y soient montrés longtemps indifférents...

Ainsi peut-être le peuple français manifesta-t-il ses sentiments envers cet empire colonial qu’il n’aimait guère et qu’il désirait pourtant garder. (p. 73)

J’ajouterais volontiers qu’après l’indifférence au colonial, une grande curiosité française pour l’exotisme colonial (voir expositions), une indifférence persistante à l’impérial, les Français ne virent dans cet Empire que l’ultime recours de la nation en cas de conflit. »

« (Page 76) »

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9 décembre 2024 1 09 /12 /décembre /2024 12:13

Supercherie coloniale

Chapitre 2

La Presse

(page 70 à 72)

"Analyse critique de ce discours

La démonstration du rôle de la presse dans la naissance d’une culture coloniale française et dans la transmission éventuelle de stéréotypes coloniaux répétés et définis à la France d’aujourd’hui est loin d’être faite, pour ne pas dire inexistante.

Alors que la presse a été un des supports constants de l’information et de la culture des Français tout au long de la période coloniale, avec ses images et ses textes, elle n’a fait l’objet, de la part de cette école de chercheurs, d’aucune évaluation sérieuse, période par période, selon les critères que nous avons déjà décrits ! Un tissu de considérations littéraires ou sociales sur le rôle des journaux plus qu’une véritable analyse historique !

Et pourtant le matériau existait et offrait la possibilité de nous dire si effectivement le fait colonial comptait peu, beaucoup, ou pas du tout dans les journaux de la capitale ou de la province, et si, dans le contenu de leurs articles et de leurs illustrations, ils réservaient un écho favorable ou défavorable à la conquête coloniale et à la colonisation.

Pour la période étudiée des années 1870 à 1962, on peut dire que l’encéphalogramme de leur recherche sur la presse est presque plat, à l’exception de la période 1940-1945, avec un regard rétrospectif sur la période 1930-1940, mais à la condition de se pencher sur la thèse de l’historien Blanchard, et c’est ce que nous allons faire à présent.

Dans sa contribution du livre Culture coloniale, intitulée L’Union nationale : la rencontre des droites et des gauches à travers la presse et autour de l’exposition de Vincennes, l’auteur écrit à la page 225 La presse au diapason colonial :

« Un rapide tour d’horizon du monde médiatique français permet de remarquer une démultiplication du nombre d’articles abordant, et cela dès la première page, des questions coloniales.

Avec en renvoi la note 13 de bas de page :

« Cette étude repose sur une analyse de 650 titres de quotidiens, hebdomadaires et revues édités en France entre 1925 et 1940. Pour plus de détails, on se reportera à notre travail de thèse Nationalisme et Colonialisme Paris I 1994. »

Et c’est effectivement ce que nous avons fait.

Le titre de cette thèse en circonscrit l’objet : « Nationalisme et Colonialisme, la droite nationaliste française des années 30 à la Révolution Nationale », et la thèse ne consacre aucune place à l’analyse des images de cette époque en tant que telles. Le travail essentiel de recherche a porté sur les journaux de cette droite nationaliste. La note ci-dessus indique que l’analyse a porté sur 650 journaux ou revues, mais la thèse donne un chiffre inférieur « plus de 375 », et fournit la liste des principaux journaux examinés, soit 180 au total. Sont cités quelques journaux parisiens, Le Journal et Le Matin dont les tirages étaient en 1939 respectivement de 411.021 et de 312.597, contre 1.739.584 et 1.022.401 pour Paris Soir et Le Petit Parisien.

En ce qui concerne la presse de province, l’auteur ne cite que des titres du sud-est de la France dont les tirages étaient beaucoup plus faibles que ceux d’autres régions françaises. Le Petit Marseillais tirait à 150 000 exemplaires, alors que Ouest Eclair était à 350.000, et la Petite Gironde à 325.000.

Il serait donc difficile de prétendre à la représentativité nationale du corpus analysé, ce qui ne figurait d’ailleurs pas dans le propos de cette thèse.

Il était clair qu’elle portait sur une période de temps bien délimitée de 1930 à 1945, sur un objet également bien défini, la droite nationaliste et le colonialisme, à partir de sources historiques listées, mais qui de par leur nature, étaient centrées sur la presse nationaliste de droite, sur une presse provinciale localisée, et dans quelques cas, sur la presse populaire nationale.

Ce n’est donc pas dans cette thèse qu’il est possible de trouver la source qui pourrait accréditer, sans contestation possible, le discours de l’historien Blanchard et de son équipe sur le rôle de la presse dans la formation d’une culture dite coloniale, puis impériale. » (page 72)

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