France – Algérie
1962- 2025
63 ans déjà !
L’Algérie des « Tanguy » !
Comme si c’était hier, plus de 60 ans après, l’Algérie FLN poursuit une guerre mémorielle qui, grâce aux accords diplomatiques, lui donne la possibilité de venir chez nous comme si elle était chez elle depuis l’indépendance de 1962.
Nous avons eu le tort en 1962 de laisser le pouvoir au FLN alors qu’il violait les Accords d’Evian et martyrisait des milliers d’Algériens et d’Algériennes qui nous avaient accompagné pendant la guerre d’Algérie.
Dans les années 90, l’Algérie n’avait pas hésité à venir se réfugier chez nous pour fuir les barbus.
Bref ! Les Algériens et les Algériennes méritent mieux que cela !
L’Algérie du FLN n’a pas encore gagné son « indépendance », à voir l’attachement qu’elle met à cultiver ses anciens liens coloniaux avec la métropole !
Une copie de l’excellent film « Tanguy » de Etienne Chatiliez, sorti en 2001, dont le thème porte sur l’impossibilité du fils Tanguy de quitter le logis familial à l’âge de 28 ans.
Le scénario décrit alors les initiatives que prennent les parents pour pourrir la vie de leur enfant…
Un Exemple à suivre ?
&
Pour avoir servi la France et l’Algérie en 1959-1960, comme officier SAS dans la vallée de la Soummam, pour avoir aimé la Petite Kabylie et ses habitants, je me contenterai de publier une sorte de conclusion tirée du livre que j’ai publié en 2000 intitulé « Guerre d’Algérie Années 1958-1959- 1960 - Vallée de la Soummam »
Quarante ans après mon service militaire.
Fin du témoignage, pages 273, 274,275
« L’aventure »
« Pour paraphraser Albert Camus, une chose au moins était sûre, « la République Française n’avait pas atterri en Algérie » (Camus disait le Christ), et en tout cas si elle tenta de s’y poser tardivement, ce fut dans les pires conditions possibles.
Et quel fossé entre la conversation des intellectuels et des journalistes des cafés de la place de la Sorbonne et du boulevard Saint Michel, dans les éléments éthérés, et dans le djebel, l’attentat, la guérilla, la contre-guérilla et la guerre des soldats français en Algérie !
Jusqu’à de Gaulle, les gouvernements de la 4ème République n’ont jamais su ce qu’ils voulaient. Ils se sont laissé manipuler par les groupes de pression et les médias, les uns pour l’Algérie Française, les autres pour l’indépendance de l’Algérie.
Une guerre pleine d’ambiguïté et de non-dits trouvait ses racines à Paris. La France ne savait pas où elle allait et son armée ne savait pas pourquoi elle combattait.
Dans sa grande majorité, l’armée avait une vision républicaine et française de l’Algérie. Elle faisait preuve de beaucoup plus d’esprit libéral qu’on ne voulait bien lui reconnaître, mais il s’agissait en fait d’un rêve fou, irréalisable.
Quarante ans après, il est beaucoup plus facile d’avoir des certitudes !
D’un côté, une délectation masochiste des intellectuels en faveur d’une guerre perdue, une fois de plus perdue, puisqu’il s’agissait d’une guerre coloniale.
De l’autre, une délectation poétique et enivrante de la guerre au son des tambours, aux couleurs du chantre de la guerre, des soldats et de la mort, sur une petite musique de Walt Whitman.
L’armée et le contingent étaient pris entre ces deux feux. Les jours de bulle, ils étaient fascinés par le spleen romantique, intellectuel et masochistes des guerres inutiles et perdues d’avance, et les jours d’opérations, enivrés par l’odeur capiteuse de la poudre et du baroud.
La guerre n’avait jamais été un jeu d’enfant de chœur. Le soldat la vivait au quotidien, en côtoyant la beauté et la saloperie, et à certains moments et dans certains endroits, pourquoi le cacher, plus la saloperie que la beauté.
Guerre sordide ou guerre esthétique, guerre misérable ou guerre glorieuse ?
Mais pourquoi nier que la guerre était vécue par beaucoup comme une aventure. Ils prenaient goût à la violence, à cette sorte de drogue animale, et se prenaient au jeu, quels que soient leurs mobiles, nobles ou morbides.
Au moins ne pouvait-on pas reprocher aux soldats de risquer leur peau car les beaux parleurs ne pouvaient en dire autant !
L’immense majorité d’entre eux n’avait pas choisi de faire cette guerre, et la France ne les avait pas convaincus que la cause qu’ils défendaient valait véritablement d’y perdre la vie, mais convaincus ou pas, ils étaient condamnés à faire une guerre banale, une chasse à l’homme banale, et ils n’avaient pas d’autre issue.
Car la mécanique militaire était diabolique une fois que le train était mis sur les rails. Il fallait nécessairement obéir et tout dépendait donc des officiers, il y en avait de toutes les espèces comme des hommes, et du commandement, il y en avait également de toutes les sortes, et pas toujours des meilleures.
Les officiers n’étaient pas tous de petits saints, mais après tout l’armée était aux ordres de gouvernements qui ne faisaient pas leur travail.
La guerre, l’aventure, et s’il ne restait aux hommes que la guerre pour aventure ? Un des derniers lieux où l’homme ait gardé un contact vrai, avec la nature, l’éternité ? L’art de la guerre ?
La guerre, dernier refuge de l’aventure humaine dans un monde fini ?
Pour ceux qui refusaient d’avoir à jamais l’âme rapetissée, de faire des croisières dans des bateaux ripolinés, accostant à des escales aseptisées et déodorisées, débarquant dans des îles désinfectées, démoustiquées, astiquées, sur des promenades bordées de palmiers en polystyrène, en compagnie de passagers couverts de fleurs multicolores en nylon ?
Pour ceux qui refusaient que tout soit répertorié, étiqueté, classé, photographié, encadré, numéroté, rangé ! Paradoxalement, comme dans l’armée, mais leurs yeux étaient aveugles !
Hors les grandes aventures du haschich, de l’opium ou des amphétamines, où trouver l’aventure, sinon dans de bonnes petites guerres, comme les hommes savent en mijoter, partout dans le monde, de l’Asie à l’Afrique, et de l’Amérique à l’Europe.
Un jeu plus émoustillant tout de même qu’une aventure dans la forêt de Fontainebleau, avec ses fourmis, ses papiers gras et ses moisissures !
Plus émoustillant que les décoctions de notre belle intelligentsia toujours passionnément intimistes, ésotériques, masochistes, masturbantes et nombrilistes !
Alors, mesdames et messieurs, attention, avant d’embarquer ! Quand la France s’ennuie, gare à la guerre ! »
Fin de l’extrait du livre « L’aventure ».
Jean Pierre et Marie Christine Renaud Tous droits réservés
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