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23 janvier 2017 1 23 /01 /janvier /2017 09:56

« La fin des terroirs »

1870-1914

Eugen Weber

(Fayard 2010)

Lecture critique

Préambule

 

            Pour avoir lu et étudié le ou les discours historiques d’un courant de pensée animé entre autres par le collectif que j’ai baptisé du nom de Blanchard and Co, dont l’animateur principal a, semble-t-il de multiples casquettes, publiques ou privées, puisqu’il est aujourd’hui chef d’entreprise dans la communication, patron de la petite agence de com’ « BDM », j’ai éprouvé le plus grand scepticisme à l’égard des thèses que ce collectif défendait sur la culture coloniale ou impériale, au choix, laquelle aurait été celle de la France, à l’époque des colonies.

        Pourquoi cette thèse historique manquait de pertinence scientifique ?

       Pour deux raisons majeures, la première son insuffisance d’évaluation scientifique et quantitative des vecteurs supposés de la dite culture et de ses effets sur l’opinion publique aux différentes périodes de notre histoire coloniale, la deuxième, sa méconnaissance de la culture populaire française des mêmes périodes, notamment au cours de la période historique allant en gros de 1870 à la fin de la première guerre mondiale.

        Dans mon livre « Supercherie coloniale », je faisais référence au livre roboratif de MM Keslassy et Rosenbaum, dans la collection Mémoires vives, « Pourquoi les communautés instrumentalisent l’Histoire ? », en citant une de leurs appréciations :

      « Nos nouveaux entrepreneurs de mémoire, à l’affût, guettent ces désirs et ces tourments. Ils savent les instrumentaliser. » (MV,p,59)

     Et j’indiquais :

   « Pourquoi ne pas rappeler que dans une controverse récente sur la repentance entre deux historiens chevronnés, Mme Coquery-Vidrovitch et M. Lefeuvre, la première a défendu l’historien Blanchard en le qualifiant précisément d’historien entrepreneur ? » (p,264,265)

         Je ne sais pas si à l’époque l’historien ainsi désigné était déjà historien entrepreneur ou chef d’entreprise lui-même, comme c’est aujourd’hui le cas.

      Le travail d’Eugen Weber a le mérite de nous éclairer sur la situation qui était celle de la métropole au cours des mêmes années, c’est-à-dire une France rurale, arriérée, face à celle des villes, encore minoritaires, face aussi au rayonnement, sinon au pouvoir exorbitant de Paris, sa capitale.

       Le livre montre bien l’existence de deux mondes, un monde rural qui avait beaucoup de points communs avec certains des mondes ruraux rencontrés au cours des conquêtes et de la mise en place des superstructures coloniales, très loin du monde urbain, déjà sophistiqué, mais très minoritaire jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle et du début du siècle suivant.

      Les observations d’Eugen Weber sur la lecture anticolonialiste de Franz Fanon valent le détour.

     C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je publierai à la fin de ma lecture critique une petite synthèse intitulée « Indigènes de métropole et Indigènes des colonies ».

 

« La fin des terroirs »

1870-1914

Eugen Weber

« Préface inédite de Mona Ozouf »

Pluriel

 

Lecture critique

 

         Il s’agit d’un gros bouquin de 713 pages avec toutes ses cotes, un gros pavé historique, que l’auteur a consacré à l’état de la France à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, une analyse qui a l’immense mérite à mes yeux de rebattre beaucoup de fausses cartes historiques sur lesquelles trop d’historiens ont construit leur discours, le dernier exemple étant celui du collectif de chercheurs Blanchard, Lemaire, Bancel, et Vergès, en ce qui concerne la culture coloniale qu’ils supposaient être celle de la France de 1870 à 1914, et qu’ils ont affirmé être celle-là.

            En finale de ma lecture critique, je me propose de rédiger un petit sommaire des traits qui, d’après la source historique en question, relevaient d’une France métropolitaine arriérée, sauvage, composée, pour plus de 90% de ses habitants, laquelle à la fin du dix-neuvième siècle, n’avait rien à envier à beaucoup des territoires coloniaux que la France se mit en tête de conquérir.

            L’intitulé de la première partie du livre « Culture coloniale », 1. « Imprégnation d’une culture » (1871-1914), sonne étrangement, alors que dans le contexte historique de l’époque, le vrai sujet portait sur l’imprégnation d’une culture française, outre le fait de l’indigence des évaluations qui sont faites à la fois des vecteurs supposés de cette culture et de ses effets.

            Ce livre comprend trois parties, qu’ouvre une préface tout à fait intéressante de Mona Ozouf (p,1 à 9) :

I  - « Les choses telles qu’elles étaient »  (pages 17 à 239)

II – « Les agents du changement » (pages 239 à 449)

III – Changement et assimilation (pages 449 à 589)

       La seule énumération du titre des 29 chapitres de ce livre suffirait déjà à en donner la couleur historique.

     Après publication de cette analyse, nous nous proposons donc de publier quelques pages de comparaison entre ce qu’était la France « coloniale » de la fin du dix-neuvième siècle, et la nouvelle « France d’Outre-Mer », que  les explorateurs, les officiers,  les administrateurs, les missionnaires, ou les colons, découvraient.

     Il n’y avait pas beaucoup de différence dans un certain  nombre de cas.

      Le contenu du vingt-neuvième chapitre, intitulé « Cultures et civilisation »,  le dernier est tout à fait intéressant à ce sujet.

            La préface, dans sa préface, Mona Ozouf, écrit :

        « On entre dans le livre d’Eugen Weber comme dans un conte, sous la douce injonction d’un « il était une fois » : dans le pays où il nous entraîne, les nuits sont très noires, les forêts très profondes, et les chemins des fondrières. Chaque village vit remparé, replié sur lui-même et ses très proches entours, et rien ne semble y bouger : ce que les hommes font, ils l’ont toujours fait, l’origine des usages se perd dans la brume des temps. » (p,I)

       « … comment les paysans se sont mués en citoyens français… comment donc le sentiment d’appartenance à la patrie est-il venu aux gens des campagnes ? Le livre d’Eugen Weber explore les chemins par lesquels s’est faite cette rencontre et développe une idée centrale : que cette rencontre a été très tardive, si bien que le sentiment patriotique des Français entre 1870 et 1914, est encore à  créer. » (p,III)

          « … il se rend compte qu’il ne sait rien de ces campagnes traitées par tant d’historiens comme de simples annexes de la ville ; que lui-même a longtemps identifié la France à Paris ; qu’il lui faut désormais privilégier les périphéries au détriment du centre que célèbre une historiographie française obstinément  jacobine. » (p,IV)

       L’auteure cite l’exemple du livre d’Antoine Prost sur l’enseignement :

      « …comment par exemple a-t-il pu faire l’impasse sur les obstacles que les langues minoritaires opposaient, sous la III° République encore, à l’alphabétisation des Français ? » (p,V)

       « En osant ces question, La fin des terroirs comportait donc sa pointe polémique. Il prenait à la traverse quelques- unes des certitudes les mieux ancrées que nourrit l’historiographie française sur la date et la teneur du sentiment national… (p,V)

       « …Aucune des dates invoquées ne trouve grâce à ses yeux… » (p,VI)

       « … L’objection décisive, face à Renan, à Benda, à tant de volontaristes, est que si être français suppose une mobilisation quotidienne de la volonté au service d’une conscience claire, alors ceux qui vivaient dans les campagnes françaises du XIXème siècle étaient à peine français… »(p,VI)

         Mona Ozouf émettait toutefois un doute :

      « Si bien que les lecteurs de la Fin des terroirs conservent un doute : le constat de la sauvagerie paysanne n’est-il pas étroitement dépendant du choix que fait Weber de son espace et de ses sources ? Son espace, parce qu’il a récolté ses exemples au sud-ouest de la ligne Saint Malo-Genève : ses observations auraient-elles été les mêmes s’il avait tourné ses regards vers les les plaines du Bassin parisien, du Nord, de l’Est et du Sud-Est au lieu d’élire la France pauvre, la France rebelle, celle du « fatal triangle » de Stendhal… Or ces sources, Weber les utilise parfois sans assez d’esprit critique… » «(p,VIII)

         Une bonne question, sauf à noter que la fracture nationale décrite, avait au moins un sens géographique, sud contre nord, ou montagnes contre plaines, de même que la question  suivante :

        « …Resterait enfin la grande question de savoir quelle est la valeur du raisonnement inductif qui, du peu de familiarité avec la culture savante, conclut à l’absence de sentiment national…. » (p,IX)

         Deux questions qui posent les questions rarement abordées et traitées de la représentativité des sources analysées, et de l’évaluation des effets de leurs contenus.

        Introduction (page 9)

       L’auteur nous raconte comment il avait découvert le livre de Roger Thabault « Mon village » :

      « Thabault retraçait l’évolution d’une commune – bourg, villages, hameau, fermes isolées -, dans laquelle la vie avait suivi le même cours depuis des temps bien antérieurs à la Révolution, et n’avait changé, mais alors radicalement, qu’au cours du dernier demi-siècle avant 1914… »

      Vingt ans plus tard, l’auteur découvrait un autre livre, celui d’André Varagnac, qui décrivait à sa manière la même métamorphose « Civilisation traditionnelle et genres de vie » ;

      « « Toute une mentalité se mourrait, était morte. Coïncidence ? Varagnac, lui aussi, situait ce tournant décisif dans le dernier quart du XIX°  siècle. (p, 10)

       … En cherchant les réponses aux questions que Varagnac m’avait amené à soulever, j’étais conduit à découvrir une nouvelle France dans les campagnes du XIX ° siècle, une France où beaucoup de gens ne parlaient pas français, ne connaissaient pas (et employaient encore moins) le système métrique, où les pistoles et les écus étaient mieux connus que les francs, où les routes étaient rares et les marchés éloignés, et où une économie de subsistance traduisait la plus élémentaire prudence. Ce livre traite de ces changements et de l’évolution des mentalités au cours de cette période ; en un mot, il montre comment la France sous-développée fut intégrée au monde moderne et à la la culture officielle – celle de Paris et des grandes villes. » (p,11)

         Comment ne pas souligner la justesse du propos, car il a toujours existé, et il existe encore à mes yeux, un biais méthodologique de base dans la façon dont la plupart des chercheurs confondent bien souvent la France avec sa capitale, ou le monde des grandes villes.

        Plus loin l’auteur reconnait que dans son hypothèse de travail, il s’est délibérément attaché aux régions qui servaient le mieux ses intérêts –« l’Ouest, le Centre, le Midi et le Sud-Ouest- , et aux quarante ou cinquante années qui  précèdent 1914,  un biais méthodologique qui est effectivement de nature à diminuer la portée de son analyse, contrebalancé par le constat qu’il a fait aux Archives nationales :

         « Mais même les recherches qui s’en tiennent aux lignes traditionnelles de l’histoire sociale des années 1880-1914 posent des problèmes particuliers. Il y a de sérieuses lacunes aux Archives nationales pour ce demi-siècle décisif d’avant 1914). » (p, 12)

Jean Pierre Renaud   Tous droits réservés

 

 

 

 

 

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16 janvier 2017 1 16 /01 /janvier /2017 09:44

Les primaires de la droite ou de la gauche

Les « vieilles choses » de Lyautey

Rien n’a véritablement changé depuis la Troisième République !

 

            Experts en tout genre et politologues dissertent sur les raisons de la crise politique qui mine notre société en profondeur depuis de nombreuses années.

            Les crises de représentativité de nos institutions parlementaires, - ils vont tous au contact du peuple, le redécouvrent, -  ou celles des partis politiques qui s’en remettent à des élections primaires pour désigner leurs hérauts présidentiels, en sont les illustrations principales, mais quelles en sont les raisons ?

            La Croix du 11 janvier fait sa première page sous le titre « La gauche en quête d’idées » et publie un éditorial sous le titre « En morceaux », il s’agit de la gauche, avec en finale cette réflexion et référence :

      « Cet éclatement d’une famille de pensée qui a longtemps eu la haute main sur « l’imagination de l’avenir » pour reprendre une formule du philosophe Marcel Gauchet, n’est plus une bonne nouvelle pour personne. »

         Je suis loin d’être assuré que cette appréciation soit fondée, car on ne peut pas dire que la gauche ait bien imaginé l’avenir tout au long des années qui ont suivi la Libération, qu’il s’agisse de la décolonisation, de la guerre d’Algérie avec Guy Mollet, ou enfin du Programme commun de Messieurs Mitterrand et Chevènement en 1981, pour ne pas citer la gauche moribonde de Monsieur Hollande, en tout cas du Parti Socialiste dont il a été le Secrétaire pendant plus de dix ans.

           Un mot tout d’abord sur ces primaires qui mettent le pays dans un état de transe politique permanente dans les milieux dirigeants et qui montrent que les partis politiques dont le rôle est reconnu dans l’article 4 du Préambule de  la Constitution de 1958, ont mis eux-mêmes la clé sous la porte en laissant le soin aux citoyens, quels qu’ils soient, de désigner à leur place, les hommes ou les femmes qui sont censées incarner leur « imagination de l’avenir ».

       Débauche de com’, lutte au couteau entre egos, politique du spectacle à gogo ! La France est un pays formidable, car à voir certaines candidatures, on va finir par croire que la Présidence de notre République peut être exercée par n’importe quel citoyen « normal ».

        Les primaires sont à mes yeux la caractéristique de la perversité actuelle de notre démocratie politique, ou en d’autres termes, une médecine à la Molière, un laxatif tellement puissant qu’il est de nature à ruiner la démocratie.

      A voir ce qui se passe dans le Parti socialiste, la médication politique que cette formation a promue va effectivement mettre le malade au tapis.

Je vous propose donc de revenir à une analyse plus terre à terre de notre situation nationale.

       Les élites, qui nous ont gouverné et qui nous gouvernent encore, ont conservé une conception franchouillarde de la politique, ce qui veut dire qu’elles sont obnubilées par leur nombril, leur canton, leur commune, leur département, leur région, sans s’occuper de ce qui se passe dans « l’ailleurs » de l’Europe et du monde : à l’évidence, le destin de notre nation dépend plus de ce qui se passe dans l’Union européenne, aux Etats-Unis, en Chine, en Inde, ou encore en Russie.

        Il est d’ailleurs curieux, pour revenir à l’imagination socialiste, que les partis qui sont censés la représenter ne parlent jamais de cette justice sociale internationale souvent imparfaite, qui est en cours de réalisation avec une nouvelle distribution des richesses du monde, la mondialisation en cours.

      Notre élite politique n’a pas encore pris le vent du large, et elle a d’autant plus de mal à le faire qu’elle est entortillée dans un millefeuille obsolète de structures nationales ou locales, politico-sociales, intermédiaires, qu’elle trouve encore confortable.

       Les deux exemples de Bayrou et de Juppé illustrent bien cette situation, Pau ou Bordeaux, au lieu de Strasbourg et de Bruxelles, avec des discours mais pas d’actes.

      Combien de nos politiques ont acquis une vraie expérience des affaires internationales ?

      Notre élite politique a une longue tradition de franchouillardise en même temps qu’elle s’adonne toujours, comme par le passé, à son goût cocardier de vouloir mettre son grain de sel dans toutes les affaires du monde.

     Les initiatives, postures, et interventions extérieures de la Présidence actuelle en donnent une bonne illustration.    

     J’ai déjà écrit quelque part que les initiatives internationales de la République actuelle, la Cinquième, étaient en définitive très proches de celles de la Troisième République de Jules Ferry.

       Dans une de ses lettres du Sud de Madagascar que le colonel Lyautey adressait de Fianarantsoa à Max Leclerc, le 3 juin 1901 ;

    « Or l’état d’âme mondial, la libération de l’ « otium cum dignitate » que vous rapportiez d’Amérique, je crois m’en être largement imprégné au cours de cette campagne de sept ans à travers le monde et je fais tout ce que je puis, par la fréquentation des étrangers, par ma libération de l’uniforme et du bouton, pour m’y maintenir. Seulement cette conception mondiale des choses me rend certainement plus pessimiste que vous au sujet de nos choses intérieures. Je trouve justement que nous nous soyons dans les systèmes spéculatifs, que la majorité chez nous attache trop d’importance aux « vieilles choses » qui selon vous, barrent la route et dont il faut avant tout se débarrasser, parce qu’il me semble qu’elles ne barrent pas grand ’chose…. Je trouve justement que notre Parlement, nos hommes d’Etat ne sont pas assez « mondiaux », et que notre rôle en Chine, au Siam, en Afrique, le développement de nos débouchés, la prospérité de nos ports, la révision étudiée et sérieuse de notre protectionnisme meurtrier, la résurrection de notre flotte marchande devraient passer au premier plan des préoccupations de nos hommes politiques, enlisés dans leurs soucis électoraux, dans leurs querelles contre tant de choses « si tellement » moins redoutables que la concurrence étrangère et que le commerce allemand.  ….        Ma civilisation « mondiale » me fait chaque jour toucher du doigt l’affaiblissement de notre force économique, la timidité de nos capitaux, la timidité de toute affaire, de toute entreprise dans l’incertitude du lendemain, et c’est pourquoi je nous crois très mal gouvernés. L’Amérique, aussi démocratique que nous, a une suite, un programme, une volonté, un « gouvernement et des institutions » : il me semble que nous n’avons plus ni l’un ni l’autre.

Mais voilà bien trop de politique, je m’étais interdit d’en faire. C’est vous qui m’y avez provoqué. Excusez m’en donc. » (Lettres du Sud de Madagascar, p,90,91,92)

       Je précise que le général Gallieni avait confié le Commandement Supérieur du Sud de Madagascar au colonel Lyautey en vue de sa pacification et de sa modernisation, un commandement que le « colonialiste » exerça dans de très bonnes conditions dans les conditions de vie précaire qui étaient alors celles de cette région. Il l’avait beaucoup apprécié au Tonkin.

      Ces paroles ne sonnent-elles pas toujours aussi juste plus d’un siècle après, quitte à les transposer ?

      En résumé, notre pays ne sortira de ses ornières qu’en se projetant au dehors, dans un ailleurs qui ne peut être, dans les rapports de force internationaux actuels et prévisibles, qu’un ailleurs européen, en rejetant le dedans des conforts franchouillards, des fausses souverainetés, et des cocoricos.

    J’ajouterai qu’en plus des « vieilles choses », beaucoup de « nouvelles choses », en particulier la mode des tweets de toute nature, pervertissent le pays que nous aimons.

      Les chefs d’Etat seraient donc condamnés à se parler par tweet ?

Jean Pierre Renaud

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9 janvier 2017 1 09 /01 /janvier /2017 09:14

Statistiques de lecture 2016 (terminologie overblog)

Total des pages vues : 7 034

Total des visiteurs uniques : 5 053

&

Pages les plus visitées avec l’indication des sujets et les dates de référence concernées sur le blog:

Empire colonial anglais et Empire colonial français au XIXème et au XXème siècles : 1 561 pages

 (15/01/14-21/01/14-10/02/14-03/03/14-24/03/14-24/04/14- 16/05/14)

&

Algérie, SAS, harkis, mémoires, repentance : 435 pages

(5/04/10-14/07/10-24/09/10-26/08/11-28/09/12-8/05/13-28/12/13-20/01/16-20/04/16

&

Edward Saïd « L’orientalisme » et « Culture et Impérialisme : 271 pages

(20/10/10- 7/10/11-19/10/11

&

Colonel Buis, « La grotte » : 159 pages

(17/11/10)

&

Les races : 113 pages

(13/05/12-14/09/12)

&

« Guerres d’Afrique, 130 ans de guerres coloniales, l’expérience française ? » par Vincent Joly » : 73 pages

(11/05/11- 20/05/11)

&

« Supercherie coloniale » : avec quelques extraits de mon livre, dont le chapitre 9 intitulé :

« Le ça colonial ! L’inconscient collectif !

Freud au cœur de l’histoire coloniale !

 Avec l’Algérie, l’Alpha et l’Omega de la même histoire coloniale. »

68 pages

(13/10/10-la censure Delanoë- 15/01/13- 3/07/14-23/09/15-17/06/14-23/09/15-14/01/16)

&

Merci à mes lectrices et à mes lecteurs ! 

                        Jean Pierre Renaud

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3 janvier 2017 2 03 /01 /janvier /2017 11:22

« Communautarisme ou intégration à un modèle commun ? »

La Croix du 26 décembre 2016

Stéphane Madaule Essayiste

S’agit-il de la nouvelle doctrine de l’Agence Française de développement ?

 

            L’auteur signe une tribune, sans faire état de ses fonctions de directeur de l’Agence Française de Développement à Brazzaville, une information qui a au moins le mérite de permettre au lecteur de pouvoir cadrer le sujet.

            Cette agence est en effet l’instrument politique et public des interventions extérieures françaises en faveur du développement des pays les plus défavorisés.

            Au cours des mois passés, le même « essayiste » avait signé une tribune dans le même journal dont la morale était du type : oui, la corruption existe dans ces pays, mais en gros, le mal est inévitable, et il faut faire avec.

            Ici, l’auteur décrit les caractéristiques de deux modèles qui régiraient l’accueil des populations immigrées sur leur territoire, l’anglo-saxon et le français :

       « D’un côté, le communautarisme, l’expression la plus aboutie de la liberté, commandait à la société d’accueil de laisser la place aux différences, aux modes de vie spécifiques, aux croyances particulières des minorités….

       De l’autre, le modèle d’intégration, l’adhésion aux valeurs et aux institutions pour la fondation  d’un socle commun encore plus large pour tous était souhaitable…

       Bien sûr, ces deux modèles fonctionnent toujours ; Ils diffèrent cependant dans leurs résultats en fonction de l’écart culturel existant entre les populations fixées sur place depuis des siècles. Lorsqu’un écart culturel s’accroît, un passage par le communautarisme est plus aisé qu’une politique d’assimilation rapide qui risque de détruire la singularité de certaines identités. En revanche, à l’inverse la politique d’assimilation semble plus facile à opérer dans le cas d’un écart culturel relativement faible. Néanmoins, lorsque les flux migratoires sont massifs, le regroupement communautaire prédomine, quel que soit l’écart culturel…. »

       J’ai souligné les quelques mots et phrases qui tentaient de formuler une nouvelle doctrine du vivre ensemble dans notre pays, une doctrine qui me parait frappée d’innocence toxique.

       L’auteur conclut par un propos tout à fait étrange de la part d’un des représentants de la politique étrangère de la France en Afrique :

       « Il faut peut-être en passer par le communautarisme, pour ensuite envisager l’intégration. La combinaison des deux, dans un espace-temps différent, correspond sans doute aux enjeux de notre époque. »

         « Un espace-temps » ? Un mot bien savant, pédant, à prétention scientifique qui nous ferait accepter le fait accompli, nous empêcherait de continuer de croire à notre idéal républicain, à le défendre, est-ce bien cela que propose notre essayiste ?

         L’espace-temps de Madaule ? Est-ce bien sérieux ? Et que dire aussi de l’expression utilisée plus haut de l’« écart culturel » ? Une lapalissade incontestablement scientifique !

       Tout serait donc égal par ailleurs ? Face à des modèles de vie que nous considérons encore, et à juste titre, comme des modèles de vie arriérés par rapport aux nôtres, et quelquefois encore barbares, comme rappelé plus loin ?

        J’inviterais volontiers les lecteurs à prendre la peine de lire dans le journal Le Monde du 22 décembre 2016 – tout n’est pas mauvais dans ce quotidien – l’enquête consacrée aux femmes excisées qui vivent dans notre pays sous le titre « Les femmes coupées », par Ondine Debré.

      « Plus de 60 000 femmes vivant en France seraient excisées. Si les chirurgies réparatrices existent, le plus dur est souvent de réussir à parler de ce traumatisme comparable à un viol. »

       Comptez mesdames et messieurs ce que cela représente statistiquement dans la population féminine française globale, sans distinguer, pour autant que cela soit possible, les origines, les « identités », ni la pyramide des âges, soit une femme « coupée » recensée pour 550 femmes !

       Pour l’année 2004, l’INED indique : « En 2004, on estimait à 53 000 le nombre de femmes adultes excisées en France. », soit une femme adulte sur 450.

       D’après le Huttingtongpost.fr (5/10/2016), le chiffre cité était de 57 000 pour la France et de 170 000 pour la Grande Bretagne, ce qui représente pour ce deuxième pays « communautariste », une femme adulte (+ 24 ans) sur 133.

      A lire ces chiffres, et à partir de cet exemple de l’excision, on voit clairement ce qui différencie le modèle anglo-saxon vanté par Monsieur Madaule et le modèle français qui se situe, j’imagine dans le même  « espace-temps ».

       Je dis clairement non à cette nouvelle mode du communautarisme, laquelle confine à la sottise, avec le lourd parfum des « fausses sciences » chères à Pascal !

      Jean Pierre Renaud

 

           

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25 décembre 2016 7 25 /12 /décembre /2016 16:51

Paris, le 25 décembre 2016

Le message de paix  exceptionnel de Vera Baboun

« Première femme à devenir maire de Bethléem, cette Palestinienne chrétienne veut être un agent du changement dans le contexte enlisé du conflit »

La Croix des 24 et 25 décembre 2016, Rencontre, page 8 et 9

« Vera Baboun a été élue maire de Bethléem il y a quatre ans. Elle représente le Fatah, le parti de Mahmoud Abbas. »

 

            Quelques lignes d’hommage au témoignage d’une femme courageuse qui porte l’espoir d’une paix encore bien improbable dans cette terre de Palestine.

            Pourquoi ne serait-il pas possible d’admirer un peuple qui s’est relevé aussi vite après le désastre de la Shoah, notamment en construisant le puissant Etat d’Israël, tout en lui disant : peuple d’Israël, ne vas-tu pas trop loin en refusant à tes voisins musulmans de Palestine l’Etat dont ils ont également et très légitimement besoin ?

            Sauf à voir la guerre actuelle se poursuivre au cours des siècles et des siècles !

            Jean Pierre Renaud

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20 décembre 2016 2 20 /12 /décembre /2016 18:00

Propos de journaliste et décryptage citoyen

« Un diktat allemand »

Editorial de Guillaume Goubert dans La Croix du 16 décembre 2016

           

         Les médias ont mis à la mode le mot, pour ne pas dire le concept de décryptage.

           Pourquoi le citoyen s’en priverait-il à l’endroit des médias ?

           Faire appel à une expression qui eut son heure de gloire avec le Traité de Versailles de 1919, une expression riche de non-dits ou de sous-entendus, constituait-il la formulation pertinente d’un des épisodes, et il y en eu beaucoup, des relations entre l’Union Européenne et la Grèce ?

        Rien n’est moins sûr ! Alors que la Grèce a trompé l’Europe sur ses comptes lorsqu’elle est entrée dans la zone euro, que ses gouvernements ont abusé de démagogie internationale tout au long du processus de régularisation de ses relations avec l’Union.

        Diktat ? Alors que le gouvernement grec venait d’annoncer des mesures sociales qui pouvaient se défendre, mais sans concertation précisément avec les pays appelés à se concerter avec la Grèce sur l’allègement de sa dette ?

        Alors, pour parler clair ? Diktat allemand ou diktat grec ?

&

« Ces électeurs de droite pas encore « prêts » pour Fillon »

« En Lorraine, l’électorat populaire de la primaire juge sévèrement le candidat »

Avec pour illustration une photo d’intérieur on ne peut plus bourgeois

Le Monde des 18 et 19 décembre 2016, page 10

 

         Je ne suis sans doute pas le seul à m’interroger souvent, très souvent, sur la représentativité des informations données, des images, du choix des personnes interrogées, hors les sondages qui à eux seuls posent également la question de la représentativité.

       C’est la question capitale que je me pose souvent à la lecture des histoires coloniales ou postcoloniales.

      Dans le cas de cette chronique, je laisse le soin à meilleur informé que moi d’interpréter le contenu et la qualité des personnes interviewées qui sont supposées représentatives de l’électorat populaire.

       Ce texte se fait effectivement l’écho des réactions d’un certain nombre d’électeurs ou électrices de droite à l’endroit du candidat Fillon, vainqueur de la primaire de la droite.

        Je m’attacherai tout simplement à relever la contradiction qui parait exister entre le contenu supposé, le postulat du populaire et la photo choisie pour illustrer le contenu de cette chronique, avec son étalage d’œuvres et d’objets d’art, une sorte  de brocante bourgeoise d’un intérieur loin du « populaire ».

     Jean Pierre Renaud

 

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15 décembre 2016 4 15 /12 /décembre /2016 19:03

Deux photos dérangeantes : Benjamin Stora et Manuel Valls !

&

Stora ou le grand prêtre des mémoires :

 Combattantes ? Pacificatrices ? Flagellantes ? Autoflagellantes?  Repentantes ?

Ou tout bêtement flageolantes ?

La grande photo d’un frère prêcheur ou pécheur ?

La Croix des 12 et 13 novembre dernier

Après la « guerre des mémoires », la « paix des mémoires » ?

       Certains lecteurs du journal La Croix ont sans doute été surpris de voir dans leur journal des 12 et 13 novembre dernier, page 10, de l’ordre de la moitié d’une page, une grande photo de Monsieur Stora, historien et mémorialiste, ouvrant tous grands les bras comme nos prêtres dans nos églises, le dos à un espace d’eau, sur le thème « Rencontre », dans une chronique intitulée « Benjamin Stora, la paix des mémoires », signée Jean-Christophe Ploquin.

            Il ne s’agissait tout de même pas, rassurez-vous, de la photo du Christ rédempteur de Rio, de 38 mètres de haut, mais d’une taille plus réduite, dans un format tout de même confortable.

            Cette photo était sous-titrée : « L’historien Benjamin Stora a toujours cherché à briser les enfermements, à connaître les autres ».

            Pourquoi pas ? Mais alors guerre ou paix ? En préfiguration d’une future retraite dans l’ermitage de Charles de Foucauld à Tamanrasset ?

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            Après Benjamin Stora, Manuel Valls !

      Une grande photo dans le Figaro du 6 décembre 2016 (pages 2 et 3 -495 cm2) avec l’annonce de sa candidature aux Elections présidentielles 2017 à Evry

       Une photo moins grande dans le Monde du 8 décembre 2016 (page 12- 234cm2) avec la même annonce de candidature.

         Précisons que cette ou ces photos ont fait le tour des réseaux sociaux, et c’était leur but !

            Depuis de très nombreuses années, j’ai l’habitude de regarder ce qui se passe à côté du sujet principal.

            J’avais l’habitude de le faire à l’époque de la dictature soviétique, car les photos diffusées par les télévisions étaient souvent plus intéressantes par leurs à-côtés, ou leurs bas-côtés, que par leur sujet principal.

            Manuel Valls annonce en fanfare sa candidature dans son fief d’Evry avec une banderole : « Faire gagner tout ce qui nous rassemble »

            Pourquoi pas ? Mais le septième ou alors encore huitième candidat, ne craint-il pas que ce type de photo dans les deux journaux, soit mal interprété : le tiers des personnes qui l’entouraient affichaient inévitablement leur origine noire, laissant croire qu’au moins à Evry ou dans l’Essonne, le tiers des électeurs du parti socialiste avaient de près ou de loin une telle origine.

            Le Canard Enchaîné du 7 décembre dernier donne le fin mot de l’histoire, en première page, sous le titre :

 « Des coups et des couleurs

            Toutes les couleurs de la diversité sur votre écran. Pour sa candidature à l’Elysée, mise en scène à Evry, Manuel Valls et, surtout son indéscotchable publicitaire Stéphane Fouks ont tout travaillé, même l’arrière-plan. Du symbole black, blanc, jaune et beur, pour bien montrer aux détracteurs que l’ancien renvoyeur de « Roms en Roumanie », le pourfendeur du burkini n’était pas seulement l’ami des « blancos ».

            Fouks, le metteur en scène et le grand manitou de la com !

            Plusieurs remarques sur ce type de manipulation politique :

  1. Cette photo n’est pas représentative de la population française.
  2. Ce type de document est donc de nature à favoriser le développement des crispations que notre pays connait depuis de nombreuses années, en alimentant le discours déjà confus sur les identités, les origines, les racines, et naturellement la vérité des chiffres de l’immigration.

          Pourquoi ne pas noter que ce type de manipulation politique n’est pas un facteur d’apaisement ?

  1. La ficelle est tellement grosse qu’elle n’échappera à personne : un appel clair et net aux électeurs issus des communautés noires d’origine française ou immigrée.

Jean Pierre Renaud

 

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9 décembre 2016 5 09 /12 /décembre /2016 18:57

Pitié ! Pitié ! Les citoyens n’en peuvent plus !

 

            Saturation ! Overdose politique ! Avec les mandats de cinq ans des présidents de la République et l’invention des primaires, la France est en campagne électorale permanente.

            C’est à se demander à quoi nos politiques passent leur temps !

            Comment ne pas être étonné aussi, qu’il y ait dans notre pays autant d’hommes et de femmes, mais surtout d’hommes, qui aient l’ambition d’être élus Présidents de la République ?

            Avec les capacités nécessaires et vérifiées pour presser sur le bouton atomique ? Ou pour annoncer « j’ai décidé » d’envoyer nos forces armées au Mali, ou en Centrafrique ?

            Et les candidats, il en pousse chaque jour, comme crocus en hiver !  Avant les cactus ?

            Jean Pierre Renaud

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8 décembre 2016 4 08 /12 /décembre /2016 11:25

La Mémoire Courte et le Socialisme démocratique parisien ?

 

          La Mémoire Courte pour la dette de la France : il y a quelques mois, le montant de la dette de notre pays a dépassé les 2 170 milliards d’euros.

          A plusieurs reprises, et avec beaucoup d’autres, j’ai signalé le grave danger que notre pays courait en cas de remontée des taux d’intérêt, avec la perspective d’une France réduite à la situation bien connue de la Grèce.

          Or, les taux d’intérêt sont en train de remonter et nos dirigeants font comme s’il ne se passait rien !

 

            Mémoire courte dans notre intelligentsia !

            Deux exemples, Kouchner et Chevènement : qui se souvenait que Kouchner, qui fut ministre des affaires étrangères de Sarkozy avait été communiste et fidéliste à l’époque de la révolution cubaine ?

          Qui se souvient aujourd’hui du rôle d’inspirateur et de rédacteur du fameux programme commun de la gauche que fut Chevènement, programme qui permit à Mitterrand, en 1981,  de revenir au pouvoir ?

        Un programme de type soviétique, alors que huit ans plus tard l’URSS allait s’écrouler !

       Dans un tout autre domaine, le même Chevènement a régné en maître au moins dans le Territoire de Belfort, sans avoir pris les initiatives nécessaires afin d’éviter l’éclosion de nombreux quartiers sensibles, ce qui ne l’empêche pas aujourd’hui de présider une Fondation dont l’ambition est rien de moins que de limiter la casse d’un  Islam prosélyte dans ces quartiers.

      Et Régis Debray, le camarade de Che Guevara ?

       Le socialisme démocratique de la Maire de Paris ?

Ou l’écologie a bon dos !

         Les voies sur berges Comment ne pas être choqué par les initiatives qu’a prises la Maire pour interdire les voies sur berges aux banlieusards, dont chacun sait que leur niveau de vie est encore loin de celui des bobos parisiens qui ont l’air de plaire à la Maire ?

            L’écologie a bon dos ! Oui, il faut lutter contre la pollution, mais avec le souci de la solidarité avec les banlieues, et en étroite concertation avec leurs représentants. Pourquoi ne pas commencer par limiter la vitesse, dans toute la ville, à 30 kilomètres à l’heure, avec une police municipale qui contrôle – elle n’existe pas -, un maillage de radars – qui n’existe pas - , et une signalisation de vitesse bien visible ?

            Qui plus est, il est tout de même difficile d’accepter que la maire de la capitale s’octroie le pouvoir de réglementer la circulation des citoyens le long d’une voie, la Seine, laquelle, historiquement  n’appartient pas uniquement aux habitants d’une ville, également capitale.

                        Jean Pierre Renaud

 

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2 décembre 2016 5 02 /12 /décembre /2016 10:36

« Anthropologues, nous voilà ! »

A nous les tribus parisiennes ! Pourquoi aller chercher votre bonheur en Amazonie ?

 

          Pourquoi ne pas rappeler tout d’abord, l’écho que j’ai donné à une tribune d’un ethnologue-anthropologue, Monsieur Amselle, parue dans Le Monde du 22/02/16, sous le titre « Laissons tomber le principe de nationalité », avec « En marge » : « la conception raciale de la nation continue à dominer le champ intellectuel et politique ».

       Son signataire pensait devoir apporter sa contribution au débat inaudible que le gouvernement Hollande avait engagé sur la déchéance de nationalité

       Sur le blog du 24/02/16, je proposais donc en écho : « Anthropologues, nous voilà ! » en rappelant le titre de l’excellent livre de Nigel Barley : « Un anthropologue en déroute chez les Dowayos » (Payot) : l’auteur nous expliquait qu’à l’occasion de son séjour dans le Nord-Cameroun, « il finira par comprendre que l’objet d’observation en fait, c’est lui. » 

         Au fil de mes lectures écrites ou visuelles, à travers le filtre de ma culture, il m’arrive assez souvent de procéder à des rapprochements historiques dérangeants, compte tenu de certaines théories ou thèses postcoloniales encore à la mode.

          Ainsi en est-il du film très intéressant que je viens de voir avec mon épouse, Tanna, un film australien de Martin Butler et Bentley Dean, film qui nous donne à voir une histoire d’amour encore interdite en 1987 dans une des îles du Vanuatu, entre une fille du village de la tribu de Yahel,  et le petit fils du chef de son clan, un amour interdit par les coutumes et traditions du clan, sur  fond de guerre entre tribus, qui d’après le film continua jusqu’à une réconciliation solennelle en 1987 : belle histoire et belles images !

          Rappellerai-je que l’épisode postcolonial récent de restitution solennelle de la tête du grand chef canaque Ataï célébrait un épisode de la guerre de pacification dans l’Océan Pacifique, il y a plus d’un siècle, en 1878, au cours duquel la France se mit en tête de coloniser la nouvelle Calédonie, alors colonie pénitentiaire.

            Elle fit donc la guerre à une partie des tribus canaques, avec le soutien de certaines d’entre elles, et il convient de rappeler que dans les guerres tribales de l’époque, dans beaucoup de régions du monde, les têtes des ennemis étaient brandies comme des trophées de guerre.

           A l’époque, on coupait donc des têtes chez les Canaques.   

           Pour l’anecdote funèbre, Rivière, homme de lettres et alors commandant  des opérations de pacification de la Nouvelle Calédonie (1), eut à son tour la tête tranchée, au Tonkin, le 19 mai 1883, à l’occasion d’une opération militaire imprudente dont il prit l’initiative, à Hanoï, contre des bandes d’annamites et de pirates chinois. La France eut beaucoup de peine à récupérer sa tête !

         L’épisode historique Rivière est tout à fait intéressant, car à l’exemple de beaucoup d’autres du même genre, il illustre bien la façon dont la plupart des conquêtes coloniales furent assez souvent effectuées.

         L’historien Henri Brunschwig a bien décrit cet épisode dans le livre « La colonisation française », (pages 160, 161, et 162) les initiatives du commandant Rivière, le rôle très ambigu d’un chef pirate, Luu-Vinh-Phuoc entre affiliation à la Cour de Hué, à la Cour de Pékin, en même temps que chef d’une bande de Pavillons noirs, composées à la fois d’annamites et de rebelles Taiping, venus de Chine.

          L’historien rapporte dans ce livre le mot du Commandant et homme de lettres : « J’ai pris Hanoï et la dysenterie, écrivit-il à Alexandre Dumas fils. Je ne sais duquel des deux le ministère me tiendra le plus de compte. »

          Il s’agissait alors du ministère de la Marine et des Colonies.

          Et puisque mon sujet est la tribu, pourquoi ne pas faire une petite comparaison avec ces tribus parisiennes qui n’ont pas l’air jusqu’à présent d’attirer l’attention de nos chercheurs modernes, à la différence de ce que font Ariane Chemin et de Raphaëlle Bacqué, grâce à leurs enquêtes, dont la dernière en date, celle du Monde du 15 novembre 2016, intitulée «  Drôle de guerre contre Macron » :

       « Derrière les sourires crispés adressés à « Emmanuel », les rivaux de l’ancien ministre de l’économie, Manuel Valls en tête, ne pensent qu’à sortir le leader d’En marche ! de la compétition présidentielle. », et la chronique de décrire la « tribu » réunie au rez-de-chaussée de l’hôtel Matignon, venue  célébrer le 25 octobre dernier la remise de la Légion d’Honneur à son « ami de trente ans ». ?

       Est-il besoin de préciser que Monsieur Bauer, l’homme de la réception, est un des animateurs d’une des grandes tribus de l’establishment parisien, car personne n’a oublié son influence dans la franc-maçonnerie ?

       Tribu de Yakel contre tribu de Matignon, pourquoi pas ?

         D’autres chroniques du même journal avec les mêmes auteurs, ont mis en lumière d’autres tribus parisiennes : « Les bergeries de la Sarkozie » Loups et bergeries. », ( blog du 31/08/13), ou la tribu des « bleus rosés et des rosés bleus », les dîners Jouyet, (blog du16/10/14).

        Ce type d’enquête éclaire fort bien le fonctionnement des nombreuses tribus de notre bel « établissement », car les initiés savent que c’est l’ensemble des tribus de cet établissement, qui gouverne la France, sans s’embarrasser outre mesure des frontières politiques pouvant exister entre gauche ou droite.

         La dernière pétition parue dans le dernier JDD signée par soixante personnalités et intitulée « Stop au Hollande Bashing ! » devrait tout autant attirer l’attention des anthropologues ethnologues ou sociologues de France sur cette nouvelle tribu qui manifeste curieusement son soutien dans une langue qui n’est plus celle de Voltaire.

        Pourquoi donc ne pas leur proposer de quitter les terres qu’ils affectionnent, d’Afrique, de l’Amazonie – une terre d’élection -, du Pacifique et de se pencher sur le monde des tribus parisiennes, celles qui gouvernent la France ?

            A lire les journaux, à écouter les médias, à lire articles de revues ou livres publiés, la France compte un nombre incalculable d’experts, de politologues, sociologues, ethnologues, anthropologues, mais il ne semble pas que l’un d’entre eux se soit intéressé à la composition de cette petite élite de plusieurs centaines de membres qui fréquentent les mêmes réceptions, les mêmes conférences ou colloques.

            Pourquoi ne pas rappeler que de nombreux anthropologues ou ethnologues distingués sont partis dans le bassin de l’Amazonie pour étudier les mœurs de tribus indiennes ?

         Clastres, par exemple, parti dans  la petite tribu des Guayaki, aux effectifs plutôt réduits, a mis cette tribu sur un socle intellectuel pour énoncer une théorie générale des sociétés contre l’Etat !

            Jean Pierre Renaud     Tous droits réservés

  1. « Souvenirs de la Nouvelle Calédonie » Henri Rivière- Calmann Lévy 1884
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