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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 17:01

Propagande coloniale, vous avez dit propagande coloniale ?

Un coup de périscope historique sur la propagande coloniale en 1906

Le Petit Journal Militaire, Maritime, et Colonial

Supplément illustré du Petit Journal paraissant toutes les semaines – 3ème année

Abonnement (un an, 6 francs, soit 21 euros#) ou vente au numéro (10 centimes, soit 36 c d’euro #)

            Un groupe de chercheurs, bien introduit dans les médias, diffuse un discours d’après lequel la propagande coloniale aurait inondé la France, « matraqué » le cerveau des Français, entre 1871 et 1962.

Quoi de mieux que d’analyser un des outils de la propagande coloniale supposée, celle du supplément d’un journal, le Petit Journal, dont le tirage frisait alors avec le million de numéros ? 

 A cette époque, la presse provinciale faisait d’ailleurs jeu égal avec la presse parisienne.

Le titre du supplément est assez clair sur son contenu, trois thèmes, le militaire, le maritime et le colonial.

Chaque supplément  hebdomadaire comprenait 15 pages, dont une de publicité, et une ou deux consacrées aux mouvements de personnel militaire ou maritime parus au Journal Officiel, donc une douzaine de pages utiles à d’autres informations.

Les suppléments étaient abondamment illustrés de croquis, de photos et de cartes.

            En ce qui concerne l’année 1906, les thèmes d’information dominants portent sur l’actualité des armées française et étrangères, avec un accent sur l’armée allemande, les nouveaux armements, les marines et leurs navires, les plans de défense français, et accessoirement sur les colonies.

Les 52 numéros du supplément ont consacré de l’ordre de 13% de leurs colonnes aux colonies, avec quelques numéros exceptionnels, notamment le numéro 110, celui concernant la Conférence d’Algésiras au Maroc.

Les informations coloniales traitées sont très variées : officiers tués, agitation en AOF, en Mauritanie, ou à Madagascar, folie de l’Empereur d’Annam, assistance médicale en AOF, Exposition coloniale de Marseille et musique malgache, Tchad et portage, budget général de l’AOF, mission de Brazza au Congo, avec aussi des informations sur les colonies étrangères, notamment une histoire de corruption étrange dans les colonies allemandes.

Une citation intéressante sur la relation entre exposition coloniale de Marseille et convictions coloniales du personnel gouvernemental, à l’occasion de la visite à Marseille et de son exposition, ville coloniale par excellence, du Président de la République :

« Une réception d’autant plus enthousiaste… qu’elle marque la fin d’une sorte de défaveur dont leur magnifique Exposition coloniale a semblé être l’objet jusqu’à présent de la part du personnel gouvernemental. » (numéro 146)

A la lecture des suppléments, il parait difficile de dire que le Petit Journal bourrait le crâne de ses lecteurs. Il ne leur cachait pas la vérité sur l’actualité coloniale, aussi bien les troubles, les réalisations, que les problèmes rencontrés.

Citons à cet égard les informations sur les abus du système de « portage » au Tchad, ou l’enquête de Brazza sur les exactions coloniales au Congo.

Le contenu lui-même des articles était d’une grande neutralité sur les différents sujets. Rien de triomphant ou de dithyrambique en faveur de la cause coloniale !

Nous aurons l’occasion de revenir sur certains des sujets abordés dans le courant de l’année.

Jean Pierre Renaud

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 16:34

Humeur Tique : des juges « petits pois » à l’engrais ?

 

Justice et République : les « petits pois » à l’engrais !

Les juges  « petits pois » (d’après l’aimable appellation de petits légumes du Président) sont grassement rémunérés en contrepartie des astreintes professionnelles que la République leur impose  le samedi ou le dimanche..

Les magistrats (e) reçoivent la modeste somme de 46 euros par journée d’astreinte (samedi ou dimanche), pour des journées d’au minimum 10 heures de travail.

Donc de l’ordre d’un peu plus de 4 euros de l’heure de travail !

A quand la délocalisation de nos magistrats dans la République Populaire de Chine ?

Ou celle de beaucoup de conseillers de nos princes qui n’ont pas toujours les mêmes exigences de service public !

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 15:01

Humeur Tique : Retraites et Parti Socialiste - Le Parti socialiste est-il un parti de gouvernement : la réponse est non !

 

            Qui, aujourd’hui,  aurait l’audace d’affirmer que le Parti Socialiste est un parti de gouvernement ?

            Le dossier des retraites est ouvert depuis des années et des années, et cette année, depuis de longs mois : est-ce que le Parti Socialiste avait dans ses tiroirs son projet de réforme des retraites, alors que tout le monde sait qu’il n’était pas possible de maintenir ce dossier en l’état ? Non !

            Etant donné qu’il n’a pas déposé son propre projet (mesures et financement) à l’Assemblée Nationale en le faisant connaître aux Français ! Au lieu de cela, une position ambigüe, flottante, qui, au fur et à mesure des journées de grève et des mois, ne sert aucunement le bien commun du pays.

            Même constat sur la sécurité des Français, sur l’école, et plus généralement sur le projet socialiste proposé aux Français dans 18 mois, en 2012 !

            A croire que le Parti Socialiste a passé plus de temps à organiser des arbitrages entre ambitions personnelles, qu’à définir son programme politique !

Un processus de choix de son candidat à l’élection présidentielle très étrange,  de la part d’un grand parti politique qui confierait à un corps électoral national flottant, également, la responsabilité de ce choix.

            Mais alors un grand parti politique n’assumerait plus la responsabilité du choix du candidat chargé de défendre son programme devant les électeurs ?

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 10:00

Humeur Tique : Grève des lycéens pour la retraite à 60 ans : une démocratie lycéenne ?

 « Une France qui se lève tôt »

Libé du 20 octobre (page 6)

La journaliste nous raconte ce qui se passe au lycée Hélène Boucher, dans le vingtième arrondissement de Paris :

« Les lycéens sont mobilisés depuis une semaine…Hier, c’était la troisième journée de blocus de leur établissement, voté à la majorité. »

Vous avez bien lu, un blocus voté à la majorité.

La journaliste continue à raconter : «  Des élèves installent des boites en carton. Un vote « à bulletins secrets » pour savoir si le blocus sera reconduit le lendemain… C’est important que ce soit très démocratique, qu’on ne puisse pas nous reprocher d’imposer le blocus ».*

A 10 h 30, le vote est dépouillé. Sur 478 votants (pour 1 318 lycéens), 78% se sont prononcés en faveur de la reconduite du blocus. Cris de joie »

Si je comprends bien, le blocus d'un lycée est un acte démocratique ?

Un vote organisé dans un climat de grande violence est également un acte démocratique ? Alors qu’un tiers seulement des élèves est présent ?

 

« Lycées, raffineries, c’est la même galère »

Victor Colombani 16 ans, Président de l’Union Nationale Lycéenne (UNL)

Libé du 20 octobre (page 4)

 

La journaliste écrit : « Le patron de l’UNL est bien placé pour comprendre l’importance des médias. Son père, aujourd’hui retraité – « lui au moins est passé à travers la réforme"  a fait carrière au Monde, sa mère y travaille toujours et son frère est journaliste à France 3. »

Formons le vœu qu'un Colombani ne mette pas le monde par terre comme un autre Colombani l’a fait pour le journal !

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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 09:03

Occident contre Orient ? Un discours vrai d’Edward W.Said?

"L’Orientalisme"

L’Orient créé par l’Occident

Edward W. Said

Notes de lecture – rapide éclairage

            Un livre bien  écrit, austère sûrement, quelquefois hermétique, brillant aussi, compte tenu de la culture encyclopédique de l’auteur sur le sujet, professeur de littérature. Mais dont le cheminement intellectuel à travers le livre n’est pas toujours facile à suivre, c’est le moins que l’on puisse dire.

            Mon ambition était de comprendre pourquoi, de nombreux chercheurs, historiens ou sociologues, classaient le livre en question comme un livre « fondateur », terme à la mode utilisé volontiers par des chercheurs  qui se veulent à la pointe du progrès de la recherche historique.

            L’auteur brasse un ensemble considérable d’informations de toute nature, de sources intellectuelles et littéraires, recueillies sur plusieurs siècles, relatives à la connaissance que l’Occident a eu, ou a encore, de l’Orient.

            La thèse qu’il entend démontrer est que l’orientalisme, en tant que mouvement de pensée, est une construction pure et simple de l’Occident, très largement artificielle, du monde de l’Orient réel, laquelle a constitué l’outil idéologique de la domination de l’Occident sur l’Orient

            Il s’agit donc d’un acte d’accusation, à la fois intellectuel et politique, porté à l’encontre des orientalistes européens, puis américains, hommes de science ou de littérature, puis politiques, et colonialistes, étant donné la projection coloniale qu’elle aurait encouragée et facilitée au cours des 19ème et 20ème siècles.

            Une représentation construite à partir d’un « textuel » artificiel, « ethnocentrique » dirions-nous de nos jours, car le mot est récent : les Occidentaux auraient été dans l’incapacité de se mettre à la place de l’Autre, oriental, dans le cas d’espèce.

            L’ouvrage soulève beaucoup de questions, notamment celle préalable du domaine dans lequel la démonstration entend se situer, histoire des idées, histoire réelle, factuelle, ou histoire d’un imaginaire, de type « textuel » ?

            Et s’il ne s’agissait, après tout, que de réflexions personnelles d’un professeur de littérature ?

            Avant d’articuler des commentaires qui n’ont pas l’ambition d’être exhaustifs, mais de proposer un rapide éclairage sur une œuvre qui comprend tout de même près de 400 pages, rappelons le cheminement « textuel » de la réflexion de l’auteur :

-       Première partie : Le domaine de l’orientalisme : 1) connaître l’Oriental, 2) la géographie imaginaire et ses représentations : orientaliser l’Oriental, 3) projets, 4) crise.

-       Deuxième partie : L’orientalisme structuré et restructuré : 1) redessiner les frontières, redéfinir les problèmes, séculariser la religion, 2) A.I.Silvestre de Sacy, Ernest Renan, Karl Marx : l’anthropologie rationnelle, le laboratoire de philologie et leurs répercussions, 3) Pèlerins et pèlerinages, anglais et français.

-       Troisième partie : L’orientalisme aujourd’hui : 1) Orientalisme latent et orientalisme manifeste, 2) le style, la compétence, la vision de l’expert : l’orientalisme dans-le-monde, 3) L’orientalisme franco-anglais moderne en plein épanouissement, 4) la phase récente.

-       Postface

Très vastes sujets donc, mais avec toutefois une réflexion centrée sur les 19ème et 20ème siècles, grande ambition aussi, étant donné que l’auteur tente de balayer et d’analyser les multiples facettes de l’orientalisme supposé, et d’après lui construit par l’Occident, lequel serait toujours vivant.

A la page 351, M.Said défend sa thèse : «  Mon projet était de décrire un certain système d’idées, il n’était pas du tout de le remplacer par un autre. En outre, j’ai essayé de soulever un ensemble de questions qui se posent  à bon droit quand on parle de l’expérience humaine : comment représente-t-on d’autres cultures ? Qu’est-ce qu’une autre culture ?... »

            Après avoir lu et annoté l’ouvrage, la première question qu’il est possible de se poser est celle de savoir si l’auteur n’a pas commis le même péché intellectuel que les nombreux témoins qu’il cite à la barre de l’orientalisme, c’est-à-dire une forme d’ethnocentrisme ? Nous y reviendrons plus loin.

            Car, est-il chose plus difficile que de se mettre à la place d’un « Autre » ?

            Au titre de la « connaissance de l’Orient », l’auteur fait un sort à deux personnages anglais, les lords Balfour et Cromer, qui ont imprimé leur marque au cours de l’expansion de l’Empire britannique à la fin du 19ème siècle, mais étaient-ils représentatifs de l’orientalisme européen de la fin du 19ème siècle ? Lequel ? Intellectuel ? Universitaire ? Politique ? Elitiste ou populaire ?

On peut se poser la question, au même titre qu’on pourrait se la poser à la même époque, pour Jules Ferry, Gallieni, ou Lyautey.

            Et d’appeler en renfort l’expédition de Bonaparte en Egypte, en 1798, et son cortège de connaissances sur l’Egypte ancienne, une référence qui parait plus convaincante de l’orientalisme, mais égyptien, dans le cas d’espèce, « modèle d’appropriation vraiment scientifique d’une culture par une autre apparemment plus forte. En effet, l’occupation de l’Egypte a mis en train entre l’Est et l’Ouest des processus qui dominent encore aujourd’hui nos perspectives culturelles et politiques. » (p,58)

            Est-ce donc si sûr ?

            « L’idée de l’Orient dans son ensemble oscille donc, dans l’esprit de l’Occident, entre le mépris pour ce qui est familier et les frissons de délice – ou de peur - pour la nouveauté. Pour l’Islam, il était cependant dans l’ordre que l’Europe le redoutât, si elle ne le respectait pas toujours » (p,76)

            C’est à partir de la lecture et de l’analyse des écrits des savants ou hommes de lettres, essentiellement des 19ème et 20ème siècles, une analyse « textuelle », « canonique » aussi, selon ses termes, que l’auteur forge la thèse intellectuelle qu’il défend : une thèse intellectuelle, sûrement, historique et scientifique, voire !

            Il écrit : « Considérons maintenant, à la lumière de tout ceci, Bonaparte et Ferdinand de Lesseps leur information sur l’Orient venait de livres écrits dans la tradition de l’orientalisme, placés dans la bibliothèque des « idées reçues » ; l’Orient, pour eux, était quelque chose à rencontrer et à traiter, dans une certaine mesure, parce que les textes rendaient cet Orient possible c’était un Orient muet, à la disposition de l’Europe pour qu’elle y réalise des projets impliquant les indigènes, sans être directement responsables vis-à-vis d’eux, un Orient incapable de résister aux projets, aux images, ou aux simples descriptions inventées pour lui. » (p,113)

            Première observation : l’auteur a-t-il vérifié que Bonaparte et de Lesseps ont effectivement fréquenté les bons orientalistes de leur époque ?

            Deuxième observation, et j’ai envie de dire : mais à qui la faute ?

Est-ce qu’on peut reprocher aux savants, et notamment aux linguistes (de Sacy est souvent cité), qui les premiers, au 19ème siècle, sont partis en chasse de connaissances sur l’Orient, sur ses langues et ses civilisations ?

            « Si l’on voulait faire la généalogie intellectuelle officielle de l’orientalisme, elle comprendrait Gobineau, Renan, Humblot, Steinhal, Burnouf, Remusat, Palmer,Weil, Dozy, Muir, pour ne citer presque au hasard que quelques- uns des noms célèbres. Il faudrait aussi y faire entrer le pouvoir de diffusion de sociétés savantes… cette littérature est particulièrement riche et contribue de manière significative à la construction du discours orientaliste. Elle comprend des œuvres de Goethe, Hugo, Lamartine, Chateaubriand, Kinglake, Nerval, Flaubert, Lane, Burton, Walter Scott, Byron, Vigny, Disraeli, George Eliot, Gautier. »  (p,119)

            La liste est donc longue de noms encore connus, ou parfaitement inconnus. Il appartient aux spécialistes de se prononcer sur les caractéristiques de leur orientalisme, mais la véritable question posée, à supposer que leur orientalisme ait été celui dénoncé par Said, est celle de l’influence réelle qu’ils ont pu avoir sur la manière de pensée de l’élite de l’époque considérée, et sur l’opinion publique en général.  

            Généalogie ? Le mot est-il bien choisi ?

            Influence « orientaliste » de Chateaubriand ou de Flaubert sur l’opinion publique de l’époque, ou tout simplement de la dose d’exotisme que contiennent certaines de leurs œuvres ?

            Quelle évaluation est-il possible d’en faire aujourd’hui ? Très difficile, sauf à décortiquer toute une œuvre, et pas seulement une ou quelques-unes d’entre elles, à en extraire le discours dominant, s’il l’a été, sur l’orientalisme. Et à ajouter une évaluation des effets de l’œuvre sur la pensée et l’opinion publique de l’époque.

            L’exercice intellectuel et scientifique auquel se livre l’auteur est singulièrement difficile, étant donné la difficulté qu’il rencontre à analyser l’orientalisme à chacune des époques, et dans toutes ses facettes.

            A titre d’exemple, et pour mieux comprendre son analyse, revenons sur le chapitre 4, qu’il dénomme « crise » (pages 112 à 131).

            A la fin de ce chapitre, l’auteur écrit : « La crise actuelle met en scène, de manière dramatique, la disparité entre les textes et la réalité » (p,130)

            La crise à laquelle il fait allusion est celle qui aurait été provoquée au 20ème siècle par le révolte des peuples de l’Orient contre l’Occident, les orientalistes, et donc l’Occident, découvrant alors l’écart qui existait entre leur construction des « idées reçues » et la réalité « l’Orient réel et terre à terre » (p,120)

            Après la première guerre mondiale, « Le domaine de l’orientalisme coïncidait exactement avec celui de l’empire » (p,124), colonial, faut-il le préciser.

            L’auteur n’épargne pas les orientalistes modernes :

« Ces attitudes des orientalistes d’aujourd’hui inondent la presse et l’esprit public. On imagine les Arabes, par exemple, comme montés sur des chameaux, terroristes, comme des débauchés au nez crochu et vénaux dont la richesse imméritée est un affront pour la vraie civilisation. « (p,129)

            Un texte un peu trop caricatural, vous ne trouvez pas ?

            Qui montrerait le bout de l’oreille de cette démonstration ? Car derrière le « texte », l’auteur défend une vision « essentialiste » de l’orientaliste qui aurait existé dans les siècles et les siècles, et existerait encore, préjugé intellectuel qu’il reproche précisément aux scientifiques de l’Occident de continuer à avoir à l’égard de l’oriental.

            Et derrière encore le fil rouge, ou plutôt vert, de l’Islam qui éclairerait les postions « canoniques », c’est le cas de le dire, de l’orientalisme de l’Occident.

            La deuxième partie, intitulée « L’orientalisme structuré et restructuré » est destinée sans doute à apporter la démonstration de cette thèse, étant donné la place qui est accordée à l’examen du rôle d’une série d’hommes de sciences qui ont proposé, sinon imposé, leur image de l’Orient, de Sacy, Renan, et Marx, et de pèlerins qui ont fréquenté l’Orient au 19ème siècle.

Ces derniers, les pèlerins, auraient naturellement rapporté une image complètement artificielle de l’Orient, « un simulacre de l’Orient » (Lane- p,192)

            « Chateaubriand cherche à consommer l’Orient » (p,201)

            En ce qui concerne le rôle et l’importance du philologue de Sacy dans la naissance d’un mouvement de curiosité et de connaissance de l’Orient, mais dans le milieu de l’université, soit ! Mais le rôle des autres grands témoins cités parait plus discutable !

Est-ce que Nerval ou Flaubert ont contribué véritablement à former un mouvement orientaliste, on peut légitimement se poser la question ? Même si l’auteur relève ;

« L’importance exceptionnelle de Nerval et de Flaubert, pour une étude de l’esprit orientaliste du dix-neuvième siècle comme la nôtre, vient de ce qu’ils ont produit une œuvre qui est fonction de la forme d’orientalisme dont nous avons parlé jusqu’ici, sans en faire partie. » (p,208)

 Précisons pour le lecteur que M.Said fait référence à cette image « textuelle », « canonique » qu’il reproche aux orientalistes, image fausse et dépréciative de l’Orient réel.

Marx est appelé aussi à la barre, et son propos sonnera étrangement aux oreilles des bons marxistes : » L’Angleterre a une double  mission à remplir en Inde : l’une destructrice, l’autre régénératrice – l’annihilation de la vieille société asiatique et la pose des fondations matérielles de la société occidentale » (p,179)

            Marx, parangon de l’orientalisme de l’Occident ?

Troisième partie, « L’orientalisme aujourd’hui », sans doute et à mon avis, la partie la plus discutable.

            Dès la première page, l’auteur marque un territoire ambigu, le Proche-Orient, l’islam, les  Arabes, plus loin l’Europe ou l’Occident et l’Orient, l’Est et l’Ouest, c’est-à-dire ? Alors que l’auteur a concentré son analyse sur la relation quasi-exclusive Grande Bretagne - France et Moyen Orient aux 19ème et 20ème siècles ?

            « Il est donc exact que tout Européen, dans ce qu’il pouvait dire sur l’Orient, était, pour cette raison, raciste, impérialiste, et presque totalement ethnocentriste » (p,234)

« Ce que je prétends, c’est que l’orientalisme est fondamentalement une doctrine politique imposée à l’Orient parce que celui-ci était plus faible que l’Occident, qui supprimait la différence de l’Orient en la fondant dans sa faiblesse ; » (p,234)

.Doctrine politique seulement, voire ! Car les relations historiques entre l’Europe et le Moyen Orient, juif, chrétien, musulman, ont couvert bien autre chose !

Lecture politique de l’auteur sûrement !

            L’auteur relève plus loin l’inégalité de la connaissance entre le nombre important  de scientifiques ou pèlerins européens qui se sont intéressés à l’Orient, et des œuvres publiées et celui des scientifiques ou pèlerins orientaux.

            A qui la faute ?

            M.Said rappelle à juste titre que : «  Durant son apogée politique et militaire, qui va du huitième au seizième siècle, l’islam a dominé et l’est et l’ouest. » (p,235)

Il ne semble donc pas anormal que cette domination ait laissé certaines traces, mais pas uniquement négatives.

            Le tableau que l’auteur fait de la « ferveur expansionniste de la France » (p,249 et 250) et du rôle que le Journal Officiel aurait joué dans ce contexte laisse un peu rêveur.

Il est toujours difficile de juger un système de pensée qui aurait existé à une certaine époque, ici, l’orientalisme supposé, sans procéder à un examen minutieux d’une époque déterminée, de ses productions scientifiques et littéraires, de leur effet supposé ou réel sur les élites et l’opinion publique, et le livre de M.Said ne convainc pas vraiment à cet égard.

Que les scientifiques « orientalistes » aient influencé élites et gouvernements à l’époque de leurs œuvres, sans doute, l’opinion publique en aval, la chose est moins sûre !

L’œuvre de M.Said soulève beaucoup de questions :

-       Tout d’abord,  quant au grand flou qui règne sur le champ géographique choisi pour proposer sa démonstration : le Moyen Orient ou l’Orient de l’Inde et de l’Asie ? A la lecture, c’est bien le Moyen Orient qui est la cible.

-       Quant au regard sur « l’Autre » ? C’est effectivement un problème difficile à résoudre dans la plupart des disciplines humaines, mais comme le note l’auteur, personne, ou quasiment, n’a proposé « en face », semble-t-il,  son regard sur l’Occident, sauf à la période moderne. La relation Occident Orient manquait donc de la saine dialectique qui fait progresser la connaissance.

-       Quant aux lignes de force historiques qui ont structuré les relations entre Occident et Orient, l’existence au Moyen Orient d’un foyer très ancien de civilisations, mais surtout des grandes religions, et en parallèle, le va-et-vient des conquêtes au cours des âges, et tout autant la curiosité de l’Occident à l’égard des grandes civilisations orientales disparues, celles du Tigre ou de l’Euphrate, ou celle des pharaons d’Egypte, pour ne citer que celles du Moyen Orient..

-       Quant au rôle de « pont » humain, culturel, et économique du Moyen Orient entre Occident et Asie, avec la précoce prédominance des Anglais et leur volonté de contrôle de ces territoires, leur route des Indes, et la révolution du canal de Suez..

-       Et à partir du début du 20ème siècle, quant à l’existence du pétrole qui a nourri toutes les ambitions et les rivalités occidentales, les relations entre l’Orient et l’Occident basculant dans le domaine économique et stratégique.

-       Et aussi, pourquoi ne pas dire que les témoignages des pèlerins n’étaient pas toujours partiaux et négatifs ?

Dans les années 1830, Joseph Méry, en séjour à Rome, décrivait les Italiens, dans les mêmes termes que Pierre Loti décrivait les Hindous (en 1899-1900), les Bédouins du désert du Sinaï (1894), les Egyptiens (1907), avec à la fois l’émerveillement du témoin des civilisations anciennes rencontrées et le réalisme en face de la misère également rencontrée. Leur regard n’était pas obligatoirement partial.

            La lecture de ce livre est utile, car il s’agit d’un témoignage sur les réactions qu’éprouvait, à tort ou à raison, un grand intellectuel d’origine orientale sur le regard « textuel », « canonique », et aussi « réel » en ce qui concerne les relations entre Occident et Orient, mais s’agit-il de littérature ou d’histoire ?

L’auteur lui-même écrivait : »L’Orientalisme est un livre partisan et non une machine théorique. » (p,367) – Dont acte !

                   Jean Pierre Renaud

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 17:52

Humeur Tique - Les chiffres des manifestants ? Vraies et fausses évaluations, la démocratie française de l’information ?

« Polémique sur le comptage des manifestants »

Le Monde page11 des 17 et 18/10/10

 

            Dans son article, le Monde nous explique que trois médias, Mediapart, le Provençal, et le Progrès ont pris l’initiative de procéder à des comptages de manifestants, et que les dits comptages ont montré que les comptages faits par la police nationale n’étaient pas aussi faux ou truqués qu’on le disait jusques là.

Les chiffres de la police étaient donc sérieux ? Est-ce que c’est la première fois que la Police met sa méthode de comptage sur la table ?

            La démocratie de l’information vient donc de faire un bond en avant !

            Il a donc fallu qu’un ancien dirigeant du Monde se saisisse du dossier pour le faire avancer ?

Ce qui devrait nous faire dire qu’en France notre démocratie n’a pas encore atteint l’âge adulte, étant donné qu’on préfère encore se balancer des chiffres à la figure, des chiffres manipulateurs (tract CGT à Paris, le 18 octobre : « A Paris, plus de 330.000 manifestants ont fait entendre… alors que les autres comptages annonçaient moins de 100.000, ce qui n’est déjà pas mal), plutôt que de s’accorder sur une bonne méthode de comptage.

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 14:21

Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle

Acte II : 1945-1964, l’ouragan africain

France 5 du 17 octobre 2010

Une première remarque qui a son importance, pourquoi une programmation aussi tardive ?

Ceci dit, tout comme le premier documentaire, une émission intéressante sur la période en question, avec quelques questions de fond.

Il est très difficile de comparer l’évolution passée des différentes composantes de l’Afrique « coloniale » : il y avait de grandes différences entre les territoires qui comptaient une importante population européenne, avec appropriation des richesses, et les autres, entre l’Afrique du Sud, l’Algérie, la Rhodésie,… et les autres, ceux notamment de l’Afrique de l’Ouest, d’où sans doute l’explosion armée fort bien décrite.

Comme cela été bien dit par certains commentateurs, cette histoire doit toujours être examinée à la lumière de la guerre froide entre l’Est et l’Ouest, et des initiatives diplomatiques des deux camps, et d’un troisième, le Tiers Monde de l’époque. Beaucoup des révolutionnaires africains étaient marxistes par conviction ou intérêt national. A Paris, le discours des étudiants africains était très majoritairement marxiste.

L’histoire du Congo Belge n’est pas comparable à celle de l’Afrique encore française. Dans les années 1950, les Belges s’y voyaient encore installés pour longtemps. Les futurs administrateurs coloniaux n’avaient absolument pas conscience des évolutions révolutionnaires à venir.

La question du maintien possible d’une structure fédérale ou confédérale, qui aurait succédé aux AOF et AEF est effectivement importante. Machiavélisme ou non de la France à ce sujet ? Le dossier mériterait d’être creusé.

Curieusement, aucun responsable politique blanc de l’époque n’a été interviewé dans le sujet –sont-ils tous morts ? -, et c’est un peu dommage.

Il serait sans doute intéressant de traiter dans un documentaire à venir le dossier de la querelle des mémoires coloniales, et de nous éclairer sur l’état de la question en Grande Bretagne, en Belgique, ou au Portugal.

Jean Pierre Renaud

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 10:06

A quoi sert encore le politique ?

 

            S’il a jamais servi !

            A voir la Belgique privée de gouvernement depuis plus de six mois, vivre comme si de rien n’était !

            A voir le politique français vivre aujourd’hui, quasiment, ,comme s’il n’y avait, ni Europe, ni monde ! .

 Il y a effectivement de quoi se demander à quoi sert encore le politique, et s’il a jamais servi à quelque chose ?

Certains analystes n’ont-ils pas raison en constatant que, de toute façon, le politique ne sert pas à grand-chose, sinon à entériner, à mettre en scène, à amortir le choc du changement, plus ou moins rapide et brutal, provoqué par les changements techniques et économiques, une sorte de psy.

Illustration actuelle : informatique, internet, ou téléphone mobile continuent à exploser, et les pouvoirs publics courent toujours après l’évènement.

Est-ce qu’un député français s’est déjà posé la question de savoir de quelle liberté de décision il pouvait disposer par rapport aux institutions européennes ? Quel est le pourcentage de sa compétence juridique dans nos affaires nationales ? 30%, 40%, ou 50%, au mieux ?

Les citoyens seraient heureux d’avoir cette évaluation pour mieux comprendre le qui fait quoi en Europe et en France, et  savoir exactement à quoi sert aujourd’hui un député français..

Les grands « ténors » de la politique française sont tous confinés dans leurs terres, Copé à Melun, Aubry à Lille, Royal à Poitiers, Fabius à Rouen, et Bayrou « l’européen » à Pau, alors que c’est à Bruxelles ou à Strasbourg, et dans les grandes instances internationales que sont prises les décisions qui fixent le destin du pays.

En France, on continue à faire du débat franco-français, alors que notre sort se décide ailleurs.

Les socialistes ont-ils quelquefois pensé que les délocalisations correspondaient aussi à une nouvelle répartition des richesses dans le monde, et qu’il convenait donc de définir une nouvelle approche de la délocalisation  socialiste ?

A la différence de certains de nos chefs d’entreprise, nos politiques continuent à raisonner selon la caricature déjà ancienne du Français « avec son béret sur la tête et sa baguette de pain sous le bras », alors que les décisions nationales se prennent dans les institutions européennes et internationales, et que l’économie française est entrée dans un combat mondial !

.Nos politiques seraient d’ailleurs bien inspirés de remettre rapidement en chantier les institutions européennes : une Europe à 27 n’est pas viable, telle qu’elle est, mais la Commission continue à pratiquer, de façon quasi-clandestine, le fait accompli de nouvelles adhésions.

La Chine et les Etats Unis parlent d’une seule voix et ont tout loisir pour manœuvrer, sur le plan stratégique, les pays qui composent actuellement l’Union, une Europe d’ores et déjà à géométrie variable, les uns dans l’euro et les autres pas !

L’Europe est « l’homme malade » du vingt et unième siècle !

Jean Pierre Renaud

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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 10:40

Les Postcolonial Studies : un nouveau mythe ?

 

Ma fréquentation de la littérature et de l’histoire coloniales m’a évidemment conduit à m’interroger sur la signification de cette expression anglo-saxonne qui parait très en faveur dans certains milieux intellectuels français comme étrangers.

Je me suis donc décidé à lire et à annoter deux ouvrages qui sont considérés comme ceux de deux maîtres à penser des études postcoloniales, souvent cités dans ces milieux, le premier déjà ancien, « L’Orientalisme » de M.Said (1978) et le deuxième, plus récent « Le Colonialisme en question »  de M.Cooper (2005).

Et j’ai fait appel aux lumières d’un vieil ami d’études qui a effectué toute sa carrière outre-mer, en Asie et en Afrique.

            Dans son livre, M.Cooper écrit :

« La complaisance des historiens vis-à-vis des frontières européennes de leur discipline s’est trouvée ébranlée par l’Orientalisme, d’Edward Said (1978). Said a montré que certaines visions des sociétés asiatiques sont profondément ancrées dans la littérature européenne canonique. La colonisation ne se déroulait plus là-bas, dans des contrées exotiques, mais au cœur de la culture européenne. (page 24) »

            Deux observations sur ce texte : 1) M.Said a concentré toute son analyse sur le  Moyen Orient, avec une faible attention sur l’Asie. 2) « Complaisance des historiens » : est-ce si sûr ?

            Dans le courant du quatrième trimestre de l’année 2010, nous proposerons aux lecteurs intéressés une lecture critique de ces deux ouvrages, mais esquissons un premier cadrage.

Est-ce que l’expression utilisée, ambigüe, ne recèle pas déjà un sens idéologique, le colonial produisant toujours ses effets ? Mais de quel colonial parle-t-on ?

Le petit livre intitulé  « Les mots de la Colonisation » parait donner une bonne définition de ce type de recherche.

Il situe l’émergence de ces études aux Etats Unis, dans les années 1970, avec l’objectif de « briser les cadres occidentaux de représentation du monde, hérités de la période coloniale » (page 93). Le même livre évoque ensuite l’apparition des subaltern studies indiennes, pour travailler sur les représentations des catégories dominées.

En France, des historiens sérieux ont justement reproché à ces analyses, d’être effectuées « au détriment de l’ancrage des travaux dans une réalité historique ou sociologique concrète… page 94)».

Nous verrons qu’effectivement ces travaux, qui sont difficiles à classer dans une catégorie précise de pensée, manquent singulièrement d’« ancrage » géographique et chronologique, outre le fait que leurs discours se développent dans un univers qualitatif, et absolument pas quantitatif.

En France, ce type de recherche a été aussitôt exploité par des groupes d’intellectuels comme un thème politique d’explication d’une partie des problèmes que le pays rencontre avec ses populations d’origine immigrée, avec l’intervention des « stéréotypes », de la « mémoire collective », et pour faire bonne mesure de « l’inconscient collectif ».

Jean Pierre Renaud

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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 10:29

Culture coloniale ou Supercherie coloniale : la censure Delanoë ?

Culture coloniale, culture impériale, ou supercherie coloniale ?

 

Pourquoi le livre « Supercherie coloniale » a-t-il été écrit ?

Un livre censuré par Delanoë ? (1)

       Afin de démontrer que la thèse développée , en termes le plus souvent boursouflés, d’après laquelle la France aurait, à l’époque des colonies, baigné dans le colonial, est une thèse idéologique, et non historique, affectée de la plus grande indigence en matière d’évaluation et de mesure statistique des supports d’une culture coloniale supposée et de leurs effets.

            Les livres qui soutiennent cette thèse ont exploité, sans vergogne, les travaux d’un Colloque scientifique organisé en 1993, sans tenir compte des questions et des réserves, nombreuses, qui se sont alors posées, quant à l’interprétation des images examinées, car il s’agissait d’abord d’images coloniales.

L’objet de ce colloque était : « Nature, discours et influence de l’iconographie coloniale liée à la propagande coloniale et à la représentation de l’Afrique en France, de 1920 aux Indépendances »

            Les études universitaires de l’auteur et sa carrière professionnelle ne l’avaient pas habitué à une telle dérive intellectuelle, et c’est en découvrant le contenu de ces livres, qu’il s’est senti obligé de revenir à des sources de culture coloniale qu’il avait abandonnées, presque définitivement après son retour de la guerre d’Algérie.

§

            Avant d’esquisser rapidement les critiques essentielles qui doivent être faites à ce discours du bain colonial, évoquons en deux majeures :

-       La parabole du riz colonial : « Du riz dans les assiettes, de l’Empire dans les esprits » (Culture impériale, page 82), écrit l’historienne Lemaire, alors que 95% du riz importé allait dans les poulaillers et les étables !

-        L’inconscient collectif  entre en scène: faute de pouvoir démontrer la réalité des faits de propagande des images coloniales et de leurs effets, ces historiens invoquent l’inconscient collectif, le ça colonial. Diable ! C’est le cas de le dire !

Passons en revue, comme dans le livre cité plus haut, les différents supports d’une culture coloniale supposée, à l’époque coloniale, c’est-à-dire entre 1871 et 1945, car après la deuxième guerre mondiale, tout a changé.

Les manuels scolaires et les livres de la jeunesse : les livres scolaires, le Petit Lavisse, trop souvent cité, avec ses quelques pages, consacraient de l’ordre de 1 à 4% de leurs pages aux colonies. Il n’y avait sans doute pas de quoi matraquer le cerveau des jeunes français, indépendamment de la question des contenus, non examinés par ces chercheurs, et du fait que ces pages figuraient en fin de livre, donc en fin d’année scolaire.

            Quant aux BD, elles virent le jour, en France, après 1930.

            La presse : ces historiens ne procèdent à aucune  évaluation sérieuse de la presse à l’époque considérée, à la fois de la place (pages et colonnes) que la presse nationale et provinciale, ainsi que la presse spécialisée, réservaient au thème colonial, et naturellement du contenu, favorable, neutre, ou défavorable des articles publiés. La seule source  citée porte sur la presse de droite du sud-est pendant la période 1931-1945.

A leur décharge, il serait possible de noter que le livre « L’idée coloniale en France de 1871 à 1962 » de l’historien Girardet ne fait pas, non plus,  grand cas d’une analyse sérieuse de la presse.           

            Nous verrons plus loin ce qu’il faut penser des analyses de l’historienne Lemaire au sujet du rôle de la presse en matière de propagande.

            Les Expositions coloniales, les fameuses expositions coloniales, et leurs zoos humains : les expositions coloniales ont eu effectivement beaucoup de succès, notamment celle de 1931, mais Lyautey lui-même, commissaire général de cette exposition, constatait que l’opinion publique à l’égard des colonies n’avait pas beaucoup changé après cette exposition

            Des historiens coloniaux sérieux, notamment Brunschwig, ont fait le même constat général du désintérêt des Français pour leurs colonies.

Quant au zoos humains, renvoyons les lecteurs aux analyses qui ont été faites à ce sujet, en relevant qu’il ne s’agissait pas toujours des exhibitions humaines qui ont été légitimement épinglées, qu’elles furent d’abord le résultat d’initiatives privées, et enfin qu’il ne faut pas confondre zoos et villages africains tels qu’ils ont été présentés dans beaucoup de villes françaises.

            Les cartes postales : juste une mention, étant donné que ce type de support a fait l’objet des évaluations les plus fantaisistes.

            Le cinéma colonial : notons tout d’abord qu’il est difficile de faire état de ce type de culture coloniale supposée avant 1914, et qu’en ce qui concerne la période postérieure, les auteurs de la thèse critiquée n’ont pas avancé de chiffres sérieux sur le cinéma colonial.

M.Boulanger, spécialiste du sujet, faisait état d’un très petit nombre de films coloniaux, quelques pour cents de la production cinématographique, le plus souvent des films tournés au Maghreb, et d’ailleurs par des étrangers.

Les affiches : la source principale de l’analyse de ces chercheurs est constituée par l’exposition Négripub, faite à Paris, en 1987.

Un mot simplement sur l’indigence de cette source, étant donné la disproportion énorme qui existait entre le matériel présenté et celui enregistré à la Bibliothèque Nationale. Pour trois des années exposées par Négripub, 1930,1931, et 1938, 8 affiches ont été présentées, alors que pour ces trois mêmes années, le matériel enregistré était de 2.536 pièces.

            Les lecteurs intéressés pourront se reporter à l’ouvrage publié sur cette exposition pour savourer certains des commentaires « étranges » de certaines affiches.

            La propagande : la parabole du grain de riz qui a été une des introductions de notre critique caractérise parfaitement  la méthode intellectuelle, pour ne pas dire historique, qui a été utilisée pour apprécier le volume et les effets de la propagande initiée par l’Etat.

L’historienne Lemaire fait un sort tout particulier à l’Agence centrale des colonies qui aurait été la grande instigatrice de cette fameuse propagande. Elle aurait inondé la France, aurait joué le rôle d’une machine à informer qui aurait imprégné l’état d’esprit des Français, en leur inculquant, sans qu’ils en aient même conscience, les fameux stéréotypes coloniaux qui tapisseraient notre inconscient collectif :

-       Sauf qu’elle n’a pas existé longtemps, que son budget était modique, et qu’il était d’abord alimenté par les colonies elles-mêmes, et que les responsables de la dite propagande se plaignaient, à juste titre, de la faiblesse de leurs moyens.

-       Sauf que les subventions accordées aux journaux pour soutenir la cause coloniale n’ont jamais été à la hauteur des enjeux supposés : l’historienne Lemaire cite, parmi d’autres, la subvention accordée au Petit Parisien, en 1937, laquelle représentait la distribution gratuite de 75 000 journaux, alors que le tirage quotidien du journal était de l’ordre du million ! Pas de quoi vraiment à soulever les foules !

Le ça colonial, ou l’inconscient collectif : enfin, et pour convaincre le lecteur de l’inanité de la démonstration de cette nouvelle école idéologique, une soi-disant nouvelle école historique qui a besoin de faire appel à l’inconscient collectif ( CC, p,143), à l’impensé colonial (RC, p,150) !

Fiat lux !

            A la décharge de ces jeunes chercheurs, nouveaux entrepreneurs de l’histoire, d’après leur «  marraine d’histoire », quelques historiens ou historiennes de bonne réputation avaient ouvert la boite de Pandore au fameux Colloque de 1993.

            Il faudrait donc déconstruire notre imaginaire colonial, et ça marche !

Un colloque a été organisé en 2009, à la Mairie de Paris, avec le patronage du Monde, intitulé « Décolonisons les imaginaires !

            Défaut de démonstration historique, absence d’évaluation des supports d’une culture coloniale supposée, de leur volume, de leur place par rapport aux autres,  de leur diffusion, et de leurs effets, absence de représentativité des analyses proposées, outrance des mots et des conclusions, boursouflures d’écriture et de réflexion, tout cela ne serait pas grave si un tel discours n’avait pas reçu la faveur de certains médias, et ne contribuait pas à colporter une lecture idéologique de notre histoire.

            Il en faudra donc un peu plus pour que leur démonstration historique soit sérieuse !

            Mais d’ores et déjà, ils distribuent un matériau de propagande politique qui n’est pas de nature à faciliter le bien vivre en paix et le bon accueil dans la communauté française d’un certain nombre de jeunes citoyens français, dont les parents ou les grands-parents étaient originaires d’Afrique.

            Ces chercheurs doivent toutefois être félicités pour avoir exhumé de très belles images coloniales, et quelquefois monnayées contre espèces sonnantes et trébuchantes.

(1)    Un exemplaire de ce livre a été déposé, par mes soins, en 2008, dans le service compétent de la Direction des Bibliothèques de la Ville de Paris.

Ni accusé de réception, ni refus d’acquisition de l’ouvrage ! L’exemplaire a été retrouvé, quelques mois plus tard, dans une solderie du 5ème arrondissement, avec la  lettre d’envoi qui lui était jointe.

Censure clandestine d’un ouvrage qui conteste la thèse d’un colloque patronné par la ville, sous le titre racoleur « Décolonisons les imaginaires » ?

Jean Pierre Renaud - Supercherie coloniale- Mémoires d’hommes 2008

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