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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 16:30

  Le Post-colonial ex ante?

Le Tiers Monde

Avant-propos

De nos jours, certains chercheurs, des deux rives de la Méditerranée ou de l’Atlantique, feignent d’ignorer les leçons historiques du passé, et donnent la préférence à un passé composé, trop souvent « recomposé », jonglant à travers les époques, les concepts, les histoires d’en haut, d’en bas, ou d’à côté.

On ne peut qu’être méfiant, très méfiant, à l’écart du tout médiatique, et des goûts du jour, aujourd’hui plutôt humanitaristes, avant qu’une nouvelle mode historique ne vienne les chambouler.

Le texte qui suit, est consacré à l’analyse du contenu d’une revue intitulée « Le Tiers Monde », publiée en 1956, portant sur la problématique et la thérapeutique tout à fait bien posée du développement de pays qualifiés au choix, et selon les dates, de sous-développés, d’attardés, aujourd’hui d’émergents.

Le lecteur constatera que les analyses de l’équipe Balandier allaient bien au-delà de celles dont fait état, notamment, Fredrick Cooper.

Le blog publiera trois contributions successives sur ce sujet, dont la première ci-dessous.

Le « Tiers Monde »

Sous-développement et développement

Ouvrage réalisé sous la direction de Georges Balandier

Préface d’Alfred Sauvy

INED - Cahier 27 – 1956

Notes de lecture

Notes 1

           

            Le blog a publié une série de notes de lecture consacrées à deux livres, “L’orientalisme” d’Edward Said, (sur le blog du 20 octobre 2010) et « Le colonialisme en question » de Frederick Cooper, ouvrages souvent mis en avant pour démontrer toute la vitalité du « postcolonial ».

Comme nous l’avons vu, ce dernier livre cite les travaux de Georges Balandier, en faisant référence à son concept de « situation coloniale ».

Nous avons proposé une lecture historique et stratégique de ce concept, mais l’analyse des thèses de Frederick Cooper, souvent très abstraite, nous a incité à revenir à certains fondamentaux de la connaissance « coloniale » qui existaient déjà dans les années 1950, dans les travaux de l’INED et de Balandier, et notamment dans le Cahier N°27.

La publication de cette revue venait au terme de la période coloniale française, d’un « colonialisme » en déclin, « le jumeau malfaisant des Lumières » d’après Cooper, et il parait donc intéressant d’examiner les réflexions, analyses, et propositions de l’équipe de chercheurs qu’animait Georges Balandier, dans ce contexte encore « colonialiste »..

La revue comprenait 380 pages, avec une préface Sauvy, une introduction Balandier (13 à 21), une première partie consacrée à la « Reconnaissance du problème » (de 23 à 135), une deuxième partie intitulée « Analyse du problème » (135 à 225) , et une troisième partie intitulée » Recherche d’une solution » (225 à 369).

Certaines de ses contributions avaient un contenu très technique, lié à l’évolution de la démographie et de l’investissement, mais nous nous intéresserons d’abord aux trois textes proposés par Balandier, le premier « La mise en rapport des sociétés « différentes » et le problème du sous-développement » (119 à 135), le deuxième « Le contexte socio-culturel et le coût social du progrès » (289 à 305), et le troisième « Brèves remarques pour conclure » ( 369 à 381).

La préface Sauvy - En démographe compétent et convaincu, Sauvy soulignait les problèmes que soulevaient les grandes divergences d’évolution entre la démographie favorisée par le progrès des soins et de la médecine, et le développement économique.

Il se posait une des bonnes questions de base :

« Devant ces risques (destructions, dislocations social, le coût social décrit par Balandier), certains se demandent s’il y a vraiment lieu de rechercher, à toute force, ce développement meurtrier et s’il ne vaudrait pas mieux les choses évoluer, sans rien précipiter. « Des différences de civilisation n’ont-elles pas existé, depuis des milliers d’année, disent-ils ? Or, les dommages n’ont guère résulté que des interventions qui s’exerçaient sur elles. Laissons donc chacun suivre son chemin. » (page 10)

L’introduction Balandier - Balandier soulignait que le Cahier 27 était le fruit d’un travail de recherche interdisciplinaire sur le sous-développement, d’« une œuvre collective », d’«une approche totale ».

Balandier notait que ce type de recherche était difficile, pour au moins deux raisons, le manque de statistiques fiables disponibles et la notion même du sous-développement, qu’on ne pouvait aborder uniquement sous l’angle économique.

Il recommandait de rester sur ses gardes quant à « deux sortes de sollicitations ».

« On envisage les pays économiquement « attardés » plus en fonction des caractéristiques internes que des types de rapports qu’ils entretiennent avec l’extérieur. C’est méconnaître ce sur quoi leurs peuples révoltés insistent le plus : les « effets de domination » subis, le sentiment d’une dépendance économique qui peut rendre illusoire la liberté politique retrouvée….

La seconde tentation est celle qui consiste à envisager toutes les questions en fonction de notre expérience, de notre passé, de nos préférences. Elle implique un jugement de valeur, qui nous est évidemment favorable, et relève de cette tradition d’ethnocentrisme des Occidentaux que les anthropologues (R.Linton) se sont attachés à dénoncer. » (page 16)

« Nous avons choisi d’analyser les problèmes majeurs qui s’imposent à toute réflexion envisageant l’avenir des pays économiquement « attardés ». Les résultats obtenus sont applicables, de manière concrète, à chacun de ces derniers. » (page 17)

Dans la première partie « Reconnaissance du problème », Jacques Mallet brossait « L’arrière-plan historique » du problème examiné.

Il notait dès le départ :

« Mais le phénomène lui-même, la solidarité de fait entre « civilisation » et « barbarie » (pour employer des termes sommaires, mais commodes) a constamment existé. Une esquisse, même rapide, d’histoire économique et sociale, abordée dans cette perspective, peut nous en convaincre : directement ou non, les pays-sous-développés ont joué un rôle dans l’économie mondiale de leur époque ; l’équilibre du monde, à tout moment de l’Histoire, ne peut être compris si l’on néglige leurs rapports avec les régions plus évoluées. Seule la forme de ces rapports a varié, selon le degré d’évolution des deux facteurs et les conditions générales de l’époque considérée. » (page 23)

« Le système colonial »

« Le système colonial, aujourd’hui stigmatisé sous le nom du « colonialisme » a étendu son emprise pendant plus d’un siècle sur un bon tiers du globe. Il s’est assujetti près de 700 millions d’hommes sur une population mondiale de 2 milliards d’habitants). Il n’est donc pas sans intérêt d’en rappeler les caractéristiques et d’en décrire les formes les plus répandues…

La domination de la métropole se manifeste à la fois sur le plan politique et économique…Il convient aussitôt d’ajouter que la colonisation offre des visages très divers, selon les territoires et leur degré d’évolution, selon les tempéraments, les traditions des colonisateurs… Cartésien, légiste et démocrate, le Français est imbu, non de supériorité raciale, mais d’universalisme culturel. La pente naturelle de son esprit l’incline vers une assimilation de l’indigène, sous l’égide d’une administration directe…(page 36) »

L’historien décrivait l’évolution de l’opinion du « public cultivé », les questions qu’il se pose quant à la valeur de sa propre civilisation :

« Les historiens de la colonisation font connaître au public cultivé tout ce qu’il ignorait ou ne voulait pas savoir : les abus de tous ordres qui l’ont accompagnée. Et si les Britanniques restent à peu près imperméables à de telles considérations, si la majorité des Français conservent sur ce point « bonne conscience », une sorte de « complexe de culpabilité » apparaît chez beaucoup d’intellectuels, socialistes ou chrétiens. De la colonisation, ils ne voient plus que la face d’ombre. Le voyage au Congo d’André Gide reflète assez bien cet état d’esprit, nourri des principes mêmes sur lesquels avait prétendu se fonder l’entreprise coloniale. » (page 41)

« Ainsi les Empires demeurent-ils assez solides pour traverser sans trop de mal – en s’entourant de barrières douanières- la grande crise de 1929. Les marchés coloniaux permettent d’atténuer ses effets sur l’économie britannique et française. A la vielle de la guerre, l’esprit « colonial » semble avoir retrouvé toute sa vigueur. C’est alors que le mot Empire se répand dans l’opinion française. Les colonies se serrent autour de leur métropole. On eût dit que rien ne s’était passé depuis 1913.

Les méthodes nouvelles. Mais ce n’était là qu’illusion : les Empires débordés, de toutes parts, sont investis, battus en brèche. (page 43)

«  Une première conclusion s’impose d’ores et déjà : c’est l’universalité du fait colonial et de sa permanence. Celui-ci n’est pas lié à une époque, pas davantage à un système économique. (Lénine l’avait reconnu).

« En fait, remarque M.G.Le Brun Keris, le problème colonial dépasse largement la situation du même nom, il se pose partout où s’affrontent des populations d’âge économique et culturel différent… Si bien que la forme de leur rencontre –colonisation avouée, colonisation occulte, ou même apparente égalité, a moins d’importance que cette rencontre elle-même. Celle-ci partout où elle se produit crée la situation coloniale, fût-ce au détriment de peuples prétendus indépendants. » La crise actuelle de la colonisation n’annonce donc en rien la disparition des « effets de domination » décrits par F.Perroux. Car « la vraie question coloniale », note encore G. Le Brun Kéris, c’est un monde occidental dont le niveau de vie jusque dans ses classes les plus déshéritées est cinq fois supérieur à celui des autres continents. C’est surtout que les peuples défavorisés ont conscience de ce dénivellement. Fait capital : il domine la période contemporaine. » (page 45)

« Il est singulièrement grave de constater que les rapports entre la race blanche et les peuples de couleur recouvrent pratiquement les relations entre pays modernes et pays arriérés. » (page 46)

L’historien citait les propos de M.Bennabi dans son livre « Vocation de l’Islam » : « on ne colonise que ce qui est colonisable : Rome a conquis la Grèce, mais ne l’a pas colonisée, l’Angleterre a conquis l’Irlande, mais ne l’a  pas colonisée. » Page 48)

Commentaire :

-       L’ensemble des citations ci-dessus montre donc que les chercheurs des années 1950 avaient une vision historique du passé colonial qui n’a pas vraiment changé depuis, parce qu’elle était très lucide.

-       En « banalisant » le colonial historique, en le « réduisant » à ses effets séculaires de domination, l’analyse historique mettait le doigt sur le point sensible, celui des relations existant entre peuples différents, à des âges différents, les uns dominants, les autres « subordonnés » : elle s’interrogeait donc à la fois sur le diagnostic qu’il était possible de faire dans les années 1950 sur ces relations entre pays qualifiés de « modernes » et pays qualifiés d’« arriérés", sur la nature du sous-développement et des solutions proposées pour le réduire, pour autant que l’on choisisse la voie du « progrès ».

« La grande tâche du XX° siècle, disait F.Perroux, sera celle de la combinaison pacifique et féconde des inégalités entre groupes humains. » (page 55)

Commentaire :

            L’histoire récente montre que les choses ont bien avancé depuis, en Asie et en Amérique du Sud, mais pas beaucoup en Afrique.

Dans cette première partie, figuraient également un article intitulé « L’approche actuelle du problème du sous-développement » par F.T., un autre signé H.Deschamps, intitulé « Liquidation du colonialisme et nouvelle politique des puissances », et enfin un dernier article dont le titre était « La valeur de la différenciation raciale » de J.Sutter.

Cette dernière contribution mettait naturellement un point final à la fameuse querelle pseudo-scientifique de la supériorité de telle ou telle race qui avait animé depuis trop longtemps déjà,  le monde intellectuel et politique.

A lire ces analyses et à en comparer le contenu avec celui du livre « Le colonialisme en question » de Fréderick Cooper, il est donc possible, et encore plus, de se poser une fois de plus la question de la valeur ajoutée de ce livre.

Les caractères gras sont de notre responsabilité

Jean Pierre Renaud

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 16:21

Humeur Tique : DSK et les Fées, Libé enrôle les fées pour sa campagne DSK !

 Photo du couple en première page, plus une page 10, et une demi-page 11 dans Libé du 11 février 2011

 

Oyez, chers lecteurs et bonnes gens, le sauveur DSK est de retour, car la bonne fée Sinclair l’a annoncé !

Mais tout repose en fait sur une déclaration de sa fée au stylo d’or, car Libé nous propose, en pleine page, un formidable dessin de M. Blachier, digne des meilleurs dessins de Walt Disney.

 Anne Sinclair est tout simplement superbe dans les traits, maquillage, et coiffure, jusqu’à la couronne avec le cabochon RF, qui lui ont été prêtés par le dessinateur.

Et ce petit drapeau français dans la main gauche, et ce petit (ou gros) lutin de DSK qui se cache derrière son épaule, n’est-ce pas tout simplement magnifique ?

Seul petit problème ! Et si une fée « Clochette » agitait sa clochette et faisait s’envoler ses fans actuels ? Ou encore l’apparition d’une fée Carabosse ?

Est-ce que cela ne s’appelle pas de la propagande électorale ?

 

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 09:50

Edward Saïd et Victor Segalen

Un Orientaliste français, Victor Segalen, sur le « modèle » Edward Saïd ou non ?

 

Victor Segalen

« Regard sur la Chine »

Emission d’Arte du 29 janvier 2011

            En 1914, Victor Segalen a conduit une expédition archéologique en Chine pour faire l’inventaire de nombreux monuments funéraires, sculptures et statues de la grande dynastie des Han (la première, la plus longue, de 202 avant JC à 220), dans la province du Sichuan, au sud-ouest de la Chine.

            Arte a diffusé un documentaire fort intéressant sur la mission Segalen et  a fait découvrir aux téléspectateurs ces trésors de l’art chinois ancien et de la culture bouddhique.

            Segalen a fait partie, comme Loti, et beaucoup d’autres, de cette cohorte d’officiers de marine curieux de tout, à l’occasion de leurs nombreux voyages dans toutes les parties du monde. Et Segalen, après Loti, séjourna aussi en Polynésie et en Chine.

            Victor Segalen fut également poète et écrivain, et à la lecture de ses ouvrages, il est difficile, outre le fait de ces découvertes archéologiques à la gloire de l’ancienne Chine, de le ranger dans la catégorie des orientalistes français qu’Edward Saïd tentait d’épingler dans son livre « L’orientalisme », livre que nous avons commenté sur ce blog, le 20 octobre 2010.

            Les deux livres intitulés « René Leys » et « Le fils du ciel » ne paraissent pas répondre aux critères d’Edward Saïd

            Victor Segalen y décrivait en effet, avec une sorte de regard du dedans, un monde et une culture qui le fascinaient.

            Je rappelle en effet qu’Edward Saïd décrivait l’orientalisme comme un mouvement de pensée, construction pure et simple de l’Occident, très largement artificielle de l’Orient réel, laquelle aurait constitué l’outil idéologique de la domination de l’Occident.

Jean Pierre Renaud

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 14:53

Humeur Tique : en 2011, les ministres de la République Française et le « principe de Peter »

 

            Dans les années 1970, un petit livre intitulé « Le principe de Peter » connut un vrai succès auprès de ceux qui avaient une expérience concrète du management dans les administrations ou les entreprises.

            En résumé et d’après ce principe, tout un chacun atteignait, à un moment donné de sa carrière, son plafond de compétence, et pour simplifier, les incompétents encombraient donc les allées des pouvoirs.

Au jour d’aujourd’hui, comment ne pas penser qu’au moins deux des ministres de la République française ont atteint leur plafond de compétence, la ministre des Affaires Etrangères et le ministre de la Justice, garde des Sceaux, quels sceaux ?

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 12:02

Humeur Tique : Epidémie de « soudanite » à l’UMP ! La nouvelle Françafrique du PS et de l’UMP !

Libé du 8/02/11, page 12

            Sans doute, pour la minorité de nos concitoyens qui ont quelques lumières sur le sujet, il est possible de se demander si certains de nos élus ne sont pas devenus fous, c’est-à-dire atteints d’une maladie mentale qui s’appelait la « soudanite » parce qu’elle frappait de troubles mentaux des coloniaux qui servaient au Soudan (Mali aujourd’hui) à la fin du XIX°siècle. Cette affection due au soleil, à la solitude, et à l’alcool conduisait souvent au suicide.

           Le 4 février dernier, quatre députés UMP, Mme Dumoulin, MM Mancel, Censi, et Fourgous allaient prendre un avion pour aller rendre une petite visite à l’ami Gbagbo, visite annulée au dernier moment par le gouvernement.

Les trois personnages paraissaient donc ignorer la politique de la France à l’égard de M.Gbagbo, et cet épisode en dit long sur le délabrement mental et politique de certains de nos élus.

Rappelons par ailleurs que les visites qu’ont effectuées en Afrique certains députés, MM Balkany et Mancel, donnent une tonalité curieuse à notre politique étrangère, car en Afrique, comme en France, tout le monde n’a pas la mémoire courte, et qu’on connaît là-bas le passé au parfum légèrement sulfureux de ces très honorables parlementaires.

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 11:26

La politique étrangère du Parti Socialiste, ou « l’inconscient postcolonial français » à la manoeuvre !

Journal Les Echos du 7/02/11, page 2

                        Sur le discours que Martine Aubry va prononcer à Dakar, où elle participe au Forum social mondial, le secrétaire national du PS chargé de l’international, Jean-Chritophe Cambadélis a déclaré dans les Echos :

            « A travers ce voyage, elle veut rompre avec cet inconscient postcolonial français qui a conduit à des discours malheureux  comme celui de Dakar. »

Ou à des voyages d’ingérence de la Françafrique socialiste dans les affaires africaines mystérieusement guidés par leur inconscient postcolonial ? Comment ne pas évoquer à ce sujet les voyages de MM Cambadélis, Le Guen et Lang à l’occasion des dernières élections présidentielles de Côte d’Ivoire, avec leur ami « socialiste » Gbagbo,  toujours au pouvoir ?

Les propos Cambadélis marquent effectivement un réel progrès dans l’analyse des relations franco-africaines : on est passé de l’inconscient colonial collectif cher à l’historienne coloniale et postcoloniale Coquery-Vidrovitch, qui s’est rendue elle-même en Côte d’Ivoire pour s’y faire décorer par son grand ami Gbagbo à l’inconscient postcolonial français !

Avec la venue éventuelle du PS au pouvoir, il y a vraiment de quoi être inquiet sur le contenu de la politique étrangère de la France à l’égard de l’Afrique, une rupture avec un inconscient postcolonial qui mériterait  incontestablement d’être scruté par nos meilleurs psychanalystes, afin de déterminer s’il existe.

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 10:31

Bayrou et George VI

Suite et Fin

 

En dépit du tam-tam qui précédait la présentation du film en salle, un très bon film qui nous change des bluettes de la plupart des films du cinéma français.

A retenir quelques « enseignements » :

1 - Sur les origines du centrisme : on explique dans le film que le bégaiement peut trouver son origine dans une éducation familiale qui contrarie l’usage de la main gauche chez les gauchers de naissance, pour les contraindre à utiliser leur main droite.

D’où certainement cette hésitation « fondamentale » du chef des centristes, de certains de ses amis, entre la droite et la gauche !

2 – Et pour les Français, toujours de plus en plus rares sans doute, à vouloir comprendre les différences d’approche coloniale entre la France et la Grande Bretagne, pendant la période coloniale des années 1880-1960, le contenu du serment de George VI, lors de son couronnement, est intéressant, parce qu’il manifeste l’engagement du roi à respecter les « coutumes » des colonies de l’Empire britannique.

La République Française avait, elle, la folle ambition d’assimiler ses sujets d’outre- mer.

Cinquante ans plus tard, et s’agissant cette fois des populations d'origine immigrée en général, vivant dans les deux métropoles, le Premier Ministre anglais vient, après la chancelière, de déclarer l’échec du multiculturalisme dans son pays (le Monde du 8 février 2011) :

« Multiculturalisme : le constat d’échec de David Cameron. Après Angela Merkel en Allemagne, le premier ministre britannique a reconnu les limites du modèle multiculturel  pour lutter contre les extrémismes. »

Récemment, le Président de la République Française, a constaté, de son côté, l’échec de la politique d’intégration, alors qu’elle a obtenu des résultats partiels, et que cet échec est largement dû à l’incapacité démontrée, pendant au moins trente ans, de la gauche et de la droite à faire entrer les quartiers sensibles dans la République.

Mais pour revenir au vrai sujet, celui du cinéma, signalons le titre- jugement du Canard Enchaîné (2/02/11) :

«  Le discours d’un roi

(Reçu sceptre sur sceptre)

On ne peut donc être plus royaliste !

 

 

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 10:21

A Paris, le projet de construction du centre d’art contemporain de la Fondation LVMH, au jardin d’acclimatation, conforme à la légalité ou non ?

JDD Paris du 6 février 2011

« Polémique

Le nuage de verre cloué au sol

Jean Nouvel et Anne Hidalgo volent au secours de la Fondation LVMH, centre d’art contemporain conçu par Frank Gehry, dont les travaux ont été suspendus par la justice »

 

            Il est possible d’aimer l’architecture, d’admirer les créations architecturales d’hommes comme Jean Nouvel ou Frank Gerry, tout en se posant des questions sur la légalité du projet LVMH, sans être obligatoirement accusé « d’individualisme, d’incivisme et d’inculture », propos qu’aurait tenus M.Nouvel.

            Le Préfet de Paris, chargé du contrôle de légalité des actes de la Ville de Paris, devrait être en effet en mesure de renseigner les citoyens sur la légalité de ce  projet dont il a contrôlé la légalité, et de répondre aux questions ci-après :

            1 – Le projet est-il conforme oui ou non au Plan Local d’Urbanisme ?

            2 - Le projet respecte-t-il les charges du titre de propriété de la Ville, s’il y des charges à remplir par le propriétaire, notamment dans le cas où ces terrains auraient été compris ou non dans le champ de la donation avec charge du Bois de Boulogne, sous le Deuxième Empire, ou d’une autre charge éventuelle.

3 – Les délibérations prises par le Conseil de Paris sur le projet, ou d’autres instances de décisions locales, juridiquement compétentes, ont-elles été prises en conformité avec l’article L 2131–11 du Code Général des Collectivités Territoriales sur le favoritisme et les conflits d’intérêt, matériel ou moral, selon les jurisprudences de la Cour de Cassation ?

« Sont jugées comme illégales les délibérations des collectivités locales auxquelles ont pris part un ou plusieurs membres de l’assemblée délibérante intéressés à l’affaire, à titre personnel ou comme mandataires. »

Etant donné que M.Girard est à la fois membre du Comité directeur de LVMH, et adjoint à la Culture du maire de Paris, et M.Jamet, secrétaire général de LVMH et président du Jardin d’Acclimatation.

Les autorités de légalité compétentes auront sûrement les réponses pertinentes et adéquates aux questions de légalité que pose effectivement le permis de construire délivré et qui alimentent peut-être une polémique injustifiée.

Jean Pierre Renaud

 

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 14:38

Humeur Tique : Grenelle de l’Environnement et poids lourds sur nos routes - Karachi, Léotard, Charasse et secret de l’instruction ?

 

Grenelle de l’Environnement et l’invasion des poids lourds en dehors des autoroutes

            Beaucoup de Français se sont sans doute déjà, interrogés sur les raisons d’une circulation de plus en plus importante de gros poids lourds, souvent étrangers d’ailleurs, sur nos belles routes de campagne, à travers villages et bourgs, alors que le plus souvent, ils auraient la possibilité d’emprunter nos autoroutes.

            Réponse dans Envoyé Spécial de France 2, le 3 février 2011 : certaines entreprises de transport programment les déplacements de leurs chauffeurs de telle sorte qu’ils soient obligés d’emprunter les anciennes routes nationales gratuites, lorsque les autoroutes doublent des segments de routes gratuites.

Grenelle de l’Environnement ou pas, n’aurait-il pas été sage de réglementer ce type de circulation afin d’éviter ces détournements de circulation à travers nos villages, bourgs et villes ? Combien de morts ? Personne n’en parle !

Bravo à France 2 et à Envoyé Spécial qui a joué, à cette occasion, sa mission de télévision publique au service des citoyens !

La même émission a évoqué un autre sujet sensible, celui des chauffeurs de poids lourds de nationalité polonaise (ou turque) - vous vous souvenez du fameux plombier polonais de M.Bolkenstein – cornaqués par certaines entreprises de transports, leurs employeurs, vers nos grands ports du sud pour pouvoir bénéficier des coûts salariaux avantageux de leur pays d’origine.

 

Karachi, Léotard, Charasse, et secret de l’instruction

Chronique fort intéressante de Raphaëlle Bacqué dans le Monde du 4 février 2011, intitulée :

« De sa retraite varoise, l’ancien ministre de la défense raconte les outrages et les trahisons. »

Les confidences de Léotard

Sur Charasse, membre du Conseil Constitutionnel, donc chargé du contrôle de la constitutionnalité des lois de la République, de nos droits et libertés :

«  Il y a quelques semaines, l’ancien ministre socialiste Michel Charasse, aujourd’hui membre du Conseil Constitutionnel, lui a déconseillé, assure-t-il, de se rendre à la convocation du juge Trévidic qui enquête sur les ressorts de l’affaire Karachi. »

Les lecteurs curieux auront la possibilité d’en savoir plus sur le rôle plus ou moins méphistophélique de l’ancien ministre socialiste dans le livre « Le dernier mort de Mitterrand » de la même journaliste.

Est-ce que ce personnage fascinant, digne des mœurs de la Renaissance, a vraiment sa place dans la plus haute institution de notre République ?

Deuxième point intéressant dans les propos Léotard, au sujet d’un Charles Millon, qui lui a succédé à la Défense : «  il répète avec gourmandise la formule qu’il a fait inscrire au procès-verbal pour être sûr qu’elle soit connue de tous, « parce que vous aurez dans quelques heures le procès-verbal de mon audition, n’est-ce pas ? » Millon donc ? « Il était d’une laborieuse insignifiance. »

Voilà au moins une déclaration claire sur l’inexistence du secret de l’instruction que toutes les parties à une instruction violent à tour de rôle ou de bras, et c’est vraiment prendre les Français pour des « cons » que de continuer à leur faire croire qu’il existe en France un secret de l’instruction.

Dernier exemple en date, l’année dernière, avec l’affaire Bettencourt : les médias ont tenté de tenir en haleine les Français sur cette affaire grâce au viol quasi quotidien du fameux secret de l’instruction !

Dernière confidence, plus anodine sûrement,  le côté « casque à pointe » de Villepin, qu’il déteste.

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 10:05

Libé Le Mag, « Libération » coloniale ?

Libé Le Mag des 29,30 janvier 2011

Information, désinformation, intoxication coloniale, et enfin de la vraie propagande coloniale !

« Musées, arrière-boutiques et horreurs

Têtes de nègres, anatomies formolées, écorchés… Un capharnaüm morbide, témoin des expéditions coloniales, s’entasse dans les réserves et embarrasse conservateurs et politiques »

            Avant toute chose, j’ai envie de dire à l’auteur de cette chronique : plût au ciel que vous n’ayez pas eu dans votre ascendance de Bretons ou d’Auvergnats !

Car à lire un extrait tiré d’une des œuvres de l’équipe Blanchard  que, vous, ou Libé, appelez en témoignage en fin de chronique, certains de vos ascendants auraient été victimes des Zoos humains :

            Ces exhibitions ethnographiques : « Elles portent en elles le rapport de domination coloniale, même si celui-ci s’applique également, toujours au travers des exhibitions humaines, aux Bretons ou aux Auvergnats, populations considérées par la France centralisée comme des populations « ethniques » encore à civiliser. » (« Culture Coloniale » pages 58 et 59).

            Oui, les Zoos humains ont existé, mais pas dans les proportions et les effets avancés par ces chercheurs, aux dires d’historiens plus sérieux, et la mise en scène souvent anachronique de leurs images a donné la possibilité à cette équipe de chercheurs de mettre leurs travaux en lumière, de surfer dans les médias souvent à l’affût de croustillant, quel qu’il soit ! Je recommanderais donc à l’auteur de prendre connaissance, entre autres sources, du livre « Les villages noirs », pour avoir une appréciation plus mesurée du phénomène des « zoos ».

            Chronique intéressante au demeurant sur les problèmes redoutables et de toute nature que pose aux responsables des musées la gestion de ces témoins de notre passé, à incidence scientifique, historique, ou anthropologique, beaucoup plus d’ailleurs que coloniale, et de témoins communs, sauf erreur, à la plupart des pays occidentaux.

            Les sujets de contestation de cette chronique portent sur plusieurs points :

            1- Incontestablement, l’analyse se situe dans un cadre colonial : dans le titre, le corps du texte, et les illustrations de bonne BD que propose M.Rabena.

            Deux des quatre pages de la chronique proposent en effet une BD simplifiée du « bain colonial », cher à l’équipe Blanchard.

            Le colonial est un des fils rouges ou noirs, au choix, sinon le seul, de cette chronique.

            2-  N’est-ce pas un peu exagéré, compte tenu des propos de M.Blanchard (page XII, et de ceux de Madame Laure Cadot, sur la même page ?

Mais il est vrai que cette fin de page en caractères noirs ne fait pas partie de la chronique de l’auteur.

            « Combien de dépouilles dans les musées français ? Faute d’étude exhaustive, impossible d’établir un chiffre approximatif.

            « Il y a un vrai problème de définition, estime Pascal Blanchard, historien de la colonisation, codirecteur de l’ouvrage Zoos humains. Si l’on inclut les squelettes, il s’agit de quelques millions de pièces en France. Si on parle des têtes et des corps, momifiés ou non, on parle de dizaines de milliers. »

Mais, juste après ces affirmations formelles, fussent-elles approximatives,  le journal a l’honnêteté de donner la parole à Laure Cadot restauratrice d’objets ethnographiques, laquelle déclarait que « les reliques coloniales représenteraient une part « extrêmement limitée » des collections. »

Les chiffres communiqués par le Muséum de Paris (même page) portent sur plus de 20 000 individus et une vingtaine de têtes.

On est donc très loin des estimations Blanchard, lesquelles paraissent tout à fait invraisemblables.

A mes yeux, la contribution Blanchard s’inscrit dans la ligne de la thèse défendue dans ses ouvrages, d’après laquelle la France, pendant la période coloniale, aurait été coloniale sans le savoir, « imprégnée » par le colonial dans son inconscient, plongée dans le « bain colonial » de la propagande coloniale.

Le mérite de ce groupe de chercheurs a été de révéler à une certaine opinion publique la richesse des images coloniales, mais il n’a pas encore démontré avec des méthodes d’évaluation statistiques sérieuses le poids des vecteurs d’une culture coloniale supposée et de leurs effets sur l’opinion publique.

Même la présidente de son jury de thèse, Mme Coquery- Vidrovitch a convenu dans une de ses interventions que l’historien en question représentait un nouveau type d’historien, l’«historien entrepreneur », et aux yeux de certains, avant tout un efficace entrepreneur public et privé  d’images coloniales, et un habile propagandiste d’une nouvelle vulgate de l’histoire coloniale.

Cet historien de la colonisation, comme indiqué en bas de la chronique, a fait une thèse d’histoire coloniale intitulée « Nationalisme et Colonialisme, la droite nationaliste française des années 30 à la Révolution Nationale », essentiellement à partir de la presse de droite et d’extrême droite du sud-est de la France portant sur la période 1931-1945.

Il serait donc juste de mettre au défi Monsieur Blanchard de faire connaître aux lecteurs de Libé la méthode de calcul qu’il a utilisée pour avancer des chiffres mêmes approximatifs des squelettes, des têtes et des corps, car ces chiffres paraissent tout à fait invraisemblables, même approximativement.

La propagande coloniale a paradoxalement beaucoup plus de succès de nos jours qu’à la grande époque coloniale, comme je l’ai démontré dans le livre  « Supercherie coloniale » (chapitre VII - La Propagande Coloniale), étant donné qu’elle a trouvé un terrain de choix avec le fonds de commerce des populations d’origine immigrée, la nouvelle mode d’une histoire humanitariste, comme elle fut dans le passé, nationale ou marxiste, l’ignorance de l’opinion publique, et le tout médiatique des images.

Mieux vaut une belle image qu’une démonstration historique !

Et pour qui a quelques lumières sur la propagande coloniale de la Troisième République, même en payant les journaux, ses animateurs avaient en effet  beaucoup de peine à faire publier leurs messages de propagande.

Je suis sûr que, dans le cas d’espèce, et à la différence de ses lointains prédécesseurs,  Monsieur Blanchard n’a eu aucune peine à faire passer sa propagande et le bon dessinateur de BD à voir ses images rémunérées.

En conclusion, et dans de telles conditions de manipulation de l’information, comment parler vraiment et sereinement des squelettes, têtes, et corps qui seraient les « témoins des expéditions coloniales », et qui encombreraient les réserves de nos musées ?

Jean Pierre Renaud

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