Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 mars 2020 5 13 /03 /mars /2020 18:37

La Parole de la France ?

L’Honneur du Soldat

Les Héritages

Guerre d’Indochine (1945-1954)

Guerre d’Algérie (1954- 1962)

III

Guerres d’Indochine et guerre d’Algérie

Guerre d’Indochine

Petit résumé historique

En annexe, des extraits de texte de Stanley Karnow (1984)

En bref

            Beaucoup de décideurs et d’acteurs français de la guerre d’Indochine, au niveau gouvernemental et indochinois, ignoraient tout, ou presque tout de la longue histoire de l’Indochine, de ses trois KY (Cochinchine, Annam, Tonkin), et de son passé impérial qui vit ces trois KY lutter à plusieurs reprises contre l’impérialisme chinois.

            Colonisation française (1855-1954) et guerre d’Indochine ?

Le « moment colonial »

            Dans son livre « Histoire du  Vietnam contemporain » - « La nation résiliente », Pierre Brocheux, pose son analyse historique en parlant du « moment colonial » intervenu dans « un processus de longue durée », celui d’une histoire ancienne et complexe liée à la Chine, bousculée par une ouverture forcée à l’Occident, parallèle à celle de la Chine et du Japon.

            Le lecteur pourra se reporter, en ce qui concerne la France et le Japon,  à l’incident de Sakai, en 1868. (blog du 23/09/2011)  

         L’expression « moment colonial » me parait bien choisie, car l’on oublie souvent que la colonisation française n’a occupé, dans la plupart des cas, qu’un court espace de temps à l’échelle des siècles, de l’ordre de soixante à quatre-vingt années, de l’ordre de cinquante à soixante ans pour Madagascar ou la Côte d’Ivoire.

            Font exception, l’Indochine, si l’on tient compte de la première conquête de la Cochinchine, en 1855, l’Algérie en 1830, ou encore le Sénégal, avec Faidherbe, dans les années 1854 – 1865, sur les côtes, avec les Quatre communes. Il fallut attendre les années 1885 pour que la France mette la main complètement sur les deux autres Ky, l’Annam et le Tonkin           

1939-1945, embrouilles tous azimuts entre métropole, Indochine, Japon, Chine, Etats-Unis 

En 1945, l’Indochine française n’existait déjà plus.

         Avant de rappeler brièvement la période 1945-1954, et pour comprendre le contexte historique des années 1945, il est important en effet de rappeler brièvement les événements qui ont marqué la période très confuse qu’a connue l’Indochine pendant  la Deuxième Guerre Mondiale.

    L’Indochine fut alors complètement coupée de la métropole, laissée à elle-même, alors qu’elle n’avait aucun moyen de défense pour résister au Japon, que la situation internationale était très fluctuante, incertaine et que l’Indochine ne pouvait que tenter de sauver les meubles.

     L’Indochine se trouvait dans une situation des communications avec la métropole qui ressemblait étrangement à celle de la période des conquêtes à la fin du XIXème siècle, à plus de 13 000 kilomètres de distance en face de la  puissance militaire du Japon, nouveau conquérant de l’Asie du Sud-Est.

     Le livre de Paul Rignac «  La désinformation autour de la fin de la l’Indochine française » nous livre beaucoup d’informations à ce sujet, même si le lecteur n’est pas obligé de partager toutes ses analyses.

    La citation d’un propos du général Catroux qui fut gouverneur général de  l’Indochine jusqu’au 21 juin 1940 propose déjà un bon éclairage résumé du sujet :

      « Quand on est battu, que l’on n’a pas d’avions, pas de DCA, pas de sous-marins, on s’efforce de garder son bien et on négocie. » (page 28)

       Il convient de rappeler deux choses, 1) le général Catroux fut le premier général à cinq étoiles à rallier le général de Gaulle, mais il fut déjà le témoin de la lutte ouverte qui  s’engagea en Indochine entre vrais ou faux pétainistes ou vrais ou faux gaullistes, avant que le régime de Vichy ne cède la place complètement au Reich, en 1942.  Nommé à ce poste le 23 août 1939, il fut limogé le 25 juin 1940 pour laisser la place à l’amiral Decoux.

      Le 30 août 1940, le gouvernement Pétain signait un accord avec le Japon qui élargissait les facilités militaires qu’avait déjà négociées le général Catroux.

      « En contrepartie, le Japon reconnait la souveraineté française sur l’Indochine et s’engage à respecter son intégrité territoriale. » (page 37)

    2) Le contexte historique qui fut celle du Corps expéditionnaire en 1945, ressemblait étrangement à celui des années 40 et 41, c’est-à-dire l’absence complète de moyens pour faire la guerre.

        Le récit très détaillé de cette période charnière par Paul Rignac décrit l’ambiance délétère et ambiguë qui agita les milieux politiques et militaires au moment de l’arrivée au pouvoir du Maréchal Pétain le 10 juillet 1940, à la suite de la démission de la Troisième République, et cela jusqu’au moment où l’Allemagne occupa la zone sud, un moment de vérité pour bon nombre de Français.

       Saint Exupéry décrit dans ses souvenirs le même type d’état d’âme qui imprégnait alors une grande partie des milieux dirigeants civils ou militaires, alors que les fractures furent d’autant plus vives qu’elles se  creusaient en métropole même, à Londres, et en Algérie, où le général Giraud conservait beaucoup de partisans.

       Sur le plan international, il convient de signaler les grandes dates qui modifièrent complètement les contextes historiques et stratégiques occidentaux et asiatiques.

       En Europe, avant de l’envahir, le 22 juin 1941, l’Allemagne avait signé un pacte de non-agression avec l’Union Soviétique, le23 août  1939.

       Dans le Pacifique, le Japon entrait en guerre avec les Etats Unis à Pearl Harbour, le 7 décembre 1941, alors qu’il avait signé un pacte de non-agression avec l’Union Soviétique, le 14 avril 1941.

      Cette dernière ne dénonça ce pacte que le 8 août 1945, alors que le Japon, après l’explosion de la bombe atomique d’Hiroshima, le 6 août 1945, était dans l’obligation de capituler

       Cette dénonciation de dernière heure permit à l’URSS de s’asseoir à la table des négociations de capitulation du Japon, avec la complicité du Président  Roosevelt, obsédé par ses convictions sur l’indépendance nécessaire des peuples colonisés, dont l’Indochine.

       Dans sa conquête de l’Asie et du Pacifique, le Japon s’empara de  Singapour, une des grandes bases stratégiques de la puissance coloniale anglaise en Asie, entre le 8 décembre 1941 et le 21 janvier 1942, et des Indes Néerlandaises au cours du même mois.

       Le rapport de forces a commencé à changer après la bataille navale de Midway, le 5 juin 1942, puis la reconquête successive et meurtrière des Iles du Pacifique par les Etats-Unis.

    Les rapports de forces ont également commencé à changer en Méditerranée avec le débarquement des forces alliées en Afrique du Nord, et sur le front soviétique,  avec la bataille de Stalingrad, entre le 23 août 1942 et le 2 février 1943.

     L’Indochine n’était donc partie prenante de ces conflits qu’indirectement, en raison de la place stratégique de plus en plus importante  qu’elle occupait pour le Japon, contraint au rétrécissement de sa défense stratégique.

        Elle restait donc une proie tentante pour une puissance militaire en déclin, sur la défensive, dont un des mots d’ordre avait toujours été « L’Asie aux Asiatiques », et c’est ce que fit la Japon avant sa capitulation.

      Après le coup de force du Japon le 9 mars 1945, celui-ci fit le nécessaire pour renforcer les moyens militaires du Viet Minh.

     Le Japon occupait l’Indochine, mais l’administration de l’amiral Decoux, vichyste, continuait à fonctionner sous le contrôle de l’armée japonaise, jusqu’en mars 1945 : elle laissait alors le pouvoir vacant, après avoir massacré plusieurs centaines de Français, notamment les soldats et officiers de la garnison de Lang Son.

            Concrètement, le Japon laissait le pouvoir au  Vietminh.

            « En quelques jours, la présence administrative et militaire est totalement anéantie…(page 9)

       Quoiqu’il en soit, une évidence s’impose : l’Indochine française n’est pas morte à Dien Bien Phu ou à Genève. Elle a cessé d’exister le 9 mars 1945 après le coup de force du Japon. » «  (page 11)

       Et pendant ce temps-là… le Parti Communiste Indochinois, c’est-à-dire le Viet Minh construisait son nid, renforçait son organisation politique, terroriste, et militaire, en Cochinchine, en Annam, et aux frontières de Chine et du Tonkin, alors qu’il était le seul à savoir où il allait et avec quels alliés, avec le souci d’éliminer la rivalité  de nationalistes indochinois mal organisés, avec la complicité bienveillante du Japon.

            Le Viet Minh avait une organisation communiste qui disposait alors de peu de moyens, mais il était le seul à avoir une doctrine, et des ramifications sur tout le territoire.

 

&

L’héritage du nationalisme vietnamien (p,59) (Vietnam - Stanley Karnow-Presses de la Cité-1984))

            « L’Indochine, comme son nom l’indique, fut le lieu où s’affrontèrent deux grandes civilisations d’Asie : celle de l’Inde et celle de Chine… La Chine laissa son empreinte sur le Vietnam, que la géographie isolait de la sphère d’influence indienne…. Si l’identité nationale est difficile à définir, deux éléments importants ont façonné le Vietnam au cours des siècles. Les Vietnamiens originels apportèrent avec eux de Chine leur économie de base, reposant sur la culture irriguée du riz. Cette forme de culture, qui dépend des aléas météorologiques et nécessite des systèmes d’irrigation complexes, réclame une coopération dans le travail. Les communautés vietnamiennes développèrent donc un puissant esprit collectif et, quoiqu’autonomes, les villages se mobilisaient comme autant de maillons d’une même chaine pour combattre les envahisseurs étrangers. Les guerres fréquentes que connut le pays apprirent aux Vietnamiens à se défendre eux-mêmes et en firent des guerriers. Des siècles plus tard, pendant la guerre d’Indochine, le Français Paul Mus mit en garde contre l’idée « commode » que les paysans vietnamiens n’étaient qu’une « masse passive », ne songeant qu’à son bol de riz quotidien et que des agents entretenaient dans la subversion par la terreur. En fait, leur attachement à  la nation s’était forgé  bien auparavant.

            Comme la plupart des nations, le Vietnam fait remonter sa création à des royaumes mythiques. Les Vietnamiens entretiennent cette mythologie dans le dessein de démontrer que leurs racines nationales sont aussi profondes que celles des Chinois, leurs rivaux ancestraux. » (p,61)

         Le souvenir de la révolte de deux femmes ; Trieu Au, en 248 avant notre ère, et Trung Trac, en 40 après JC, et tout au long des siècles, les rapports sino-vietnamiens furent fréquemment des rapports « tumultueux » (p,62)

            L’auteur en rappelle les épisodes les plus éclatants au cours des siècles en même temps que les guerres civiles entre les Trinh au nord et les Nguyen au sud :

            « La guerre civile entre Trinh et Nguyen se poursuivit pendant deux siècles. Tout comme les accords de Genève de 1954  divisèrent le Vietnam en deux le long du 17ème parallèle, les rivaux finirent par accepter une partition du pays suivant approximativement la même ligne. Ils convinrent également une trêve de circonstance, chacun espérant reprendre le combat dès qu’ils auraient recouvré des forces. » (p,66)

       L’auteur montre bien dans quel contexte historique d’une très longue histoire la France avait imposé sa volonté et rencontré dès le début une résistance multiforme, constante, et grandissante, au fur et à mesure des années et des épisodes que raconte l’auteur.

       « Au milieu du XIXème siècle, quand ils étendirent leur domination sur tout le Vietnam, les Français avaient eu un choix à faire. Ils auraient pu poursuivre une politique d’ « association », comme les Britanniques en Inde, en gouvernant indirectement à travers les institutions indigènes…Les partisans de ces deux thèses s’affrontèrent tant que la France demeura au Vietnam, et ni les uns ni les autres ne virent leurs idées triompher dans la réalité.

    Les Français gouvernèrent directement le Vietnam, comme les chiffres le montrent. En 1925, cinq mille britanniques administraient trois cents millions d’Indiens alors qu’il fallait autant de fonctionnaires aux Français pour gouverner une population dix fois plus petite. Cette même année, les salaires versés à l’administration coloniale engloutirent la moitié du budget des colonies françaises. » (p,71)

       L’Indochine n’est devenue une colonie à part entière qu’après la conquête du Tonkin, en 1885, avec les interférences traditionnelles de la Chine, l’Empereur d’Annam, Fils du Ciel, et Féal de l’Empereur de Chine, Fils du Ciel, continua longtemps à déposer chaque année son « tribut » de féal.

            En résumé, une longue histoire « nationale », avec quelques ingrédients principaux, la loi du « business » et l’ouverture forcée des ports d’Asie (opium et soie), l’impérialisme des nations occidentales, avec le rôle actif des Marines, ici la Marine française, l’expansion des missions chrétiennes qui commençaient à évangéliser l’Asie dans des conditions souvent très difficiles, avec le soutien de la même Marine, et au surplus un acteur trop souvent ignoré, le soutien d’une administration franc-maçonne : la conquête de la Cochinchine est un bon exemple de la collusion Marine- Missions- Affaires qui éclaire aussi certains aspects de la guerre d’Indochine, outre-mer le goupillon faisant bon ménage avec les francs-maçons.

&

Les dates clés de la guerre d’Indochine

« 1945-1954 »

            Trois périodes sont distinguées par le général Gras et par l’historien Tertrais :

Général Gras : « La guerre larvée (1945-1946) (p,41) - « La guerre coloniale (1947-1950) (p,159) – « La guerre  contre le communisme » (1950-1954) (p,305)

            Hugues Tertrais : « Une guerre coloniale aux moindres frais » (1945-1948) (p,25) – « L’inflation des coûts et la redistribution des cartes » (1949 – 1951) (p,69) – «  La guerre d’Indochine ou comment s’en débarrasser »(1952-1954) (p,119)

            Sur la scène internationale :

            2 septembre 1945 : capitulation du Japon

            1947 : la Guerre Froide commence entre les Etats-Unis et l’URSS, et plus largement entre l’Occident et le monde soviétique, avec son « correspondant » sur le plan intérieur, le Parti Communiste : le 4 mai 1947, les ministres communistes sont révoqués, par le Président du Conseil, Paul Ramadier. C’est la fin de la gouvernance politique tripartite, SFIO, MRP, PC, mais la valse des gouvernements continue….

            1949 : Mao Tsé Toung prend le pouvoir en Chine : ébranlement de l’Indochine encore « coloniale »

            1951 : guerre de Corée avec la confrontation Etats-Unis – URSS,  à travers Chine et Corée : ébranlement de l’Asie du Sud Est

            1955 : Conférence de Bandoeng : les pays du Tiers Monde s’organisent : ébranlement des anciens empires coloniaux

            1956 : Nasser prend le pouvoir en Egypte : ébranlement à distance du Maghreb et de l’Algérie

            Sur la scène indochinoise :

            Le 11 mars 1945, le Vietnam indépendant est proclamé par l’Empereur Bao Dai : monté sur le trône en 1925, à l’âge de douze ans, Bao Dai n’avait fait le plus souvent que de la figuration impériale.

      Le 25 août 1945, coup de théâtre, Bao Dai renonce au trône et laisse la place le 2 septembre, à la République démocratique du Vietnam, présidée par Ho Chi Minh ; il devient conseiller suprême de son gouvernement.

     Le 17 août 1945, l’amiral Thierry d’Argenlieu est nommé Haut-Commissaire, et le général Leclerc est désigné comme Commandant du Corps expéditionnaire : de Gaulle leur a confié la mission de rétablir la position de la France en Indochine. Les premiers détachements français débarquent en Indochine en octobre 1945.

       Leclerc atterrit en Cochinchine le 5 octobre 1945. Il en repartira le 18 juillet 1946, moins d’un an après.

      De Gaulle avait tout d’abord porté son choix sur Duy Tân, le 11ème  souverain des Nguyen en Annam (1899-1945), lequel s’était illustré en animant l’opposition nationaliste entre 1906-1916, ce qui lui valut d’être exilé par les autorités coloniales. Il refit surface au cours de la deuxième guerre mondiale en ralliant de Gaulle. Il  mourut dans un accident aérien.

    Le Général avait choisi un des « Fils du Ciel », ancien réfractaire à la colonisation française, pour reprendre le flambeau en Indochine.

     Le général Salan est nommé délégué militaire en Indochine du nord, avec la mission de faire partir du territoire les armées chinoises qui s’y sont installées. Salan a l’expérience de l’Asie.

      Comment ne pas noter que le général fit appel à un des généraux les plus prestigieux de la Deuxième Guerre mondiale, et que d’ores et déjà, Salan, un des fidèles de Leclerc, est de la partie avec un commandement important et sensible ?

      2 septembre 1945, Ho Chi Minh déclare l’indépendance du Vietnam à Hanoi.

       20 janvier 1946, le  général de Gaulle  démissionne de ses fonctions de chef du gouvernement provisoire

            6 mars 1946, signature d’un accord Ho Chi Minh-Sainteny : l’espoir d’une solution pacifique.

            3 avril 1946, signature d’un accord de coopération entre le général Salan, et le  général Giap, deux des acteurs majeurs de la guerre qui commence.

   6 juillet 1946, ouverture de la Conférence de Fontainebleau entre le gouvernement français et le Viet Minh, en présence d’Ho Chi Minh.

            12 septembre 1946 : échec de la conférence, les désaccords portant sur le statut de la Cochinchine et sur les nouvelles institutions à mettre en place, la France cherchant à maintenir, sous une forme ou sous une autre, son contrôle sur l’Indochine, notamment sur la Cochinchine, et sur les protectorats du Cambodge et du Laos.

      Le Corps expéditionnaire part à la reconquête de l’Indochine, contrôle les principales villes du pays et les grands axes, mais en parallèle, au cœur des rizières ou de la jungle, le Viet Minh commence à quadriller les villages, le cœur de ce pays, et contribue à créer un climat général d’insécurité.

       Janvier 1947 : le général Leclerc revient faire une inspection en Indochine et fait le constat que la solution ne peut qu’être politique. Il meurt quelques mois plus tard dans un accident d’avion, le 28/09/1947.

       Lors de son commandement (1945- 1946), les négociations avec Ho Chi Minh partaient du même constat.

            5 mars 1947 : Bollaert est nommé Haut-Commissaire et tente à nouveau de mettre en œuvre une solution de remise du pouvoir à Bao Dai.

            16 mai 1949 : le Président Queuille  envoie le général Revers faire une inspection en Indochine,  lequel préconise la recherche d’une solution politique.

            Le rapport secret en question fait l’objet d’une diffusion sous le manteau aussi bien dans les milieux dits autorisés que chez nos adversaires : le scandale Revers.

      25 mai 1950 : début de violentes attaques du Viet Minh sur la RC4, entre Cao Bang et Lang Son, la route coloniale qui longe la frontière de Chine et traverse une zone géographique et stratégique qui constituera le quadrilatère du commandement Viet Minh.

       Lors de la conquête du Tonkin, à la fin du dix-neuvième siècle, le Colonel Gallieni et le Commandant Lyautey avaient eu mailles à partir avec des bandes de pirates chinois et annamites dans les mêmes Hautes Régions, habitées par des minorités ethniques. Ils avaient réussi à pacifier ces Hautes Régions grâce à la collaboration du maréchal Sou, gouverneur du Kouang-Si.

      10 octobre 1950 : l’évacuation du poste de Cao Bang est un désastre. Les deux colonnes, l’une partie de Cao Bang, l’autre de Dong Khé, sont anéanties par le Viet Minh.

     6 décembre 1950 : le général de Lattre est nommé haut-commissaire et commandant en chef en Indochine.

      La France fait à nouveau appel à un des généraux glorieux de la Deuxième Guerre Mondiale.

      La France change de guerre, ou plutôt est dans l’obligation de changer de guerre dans le nouveau contexte international communiste : elle obtient le soutien des Etats Unis.

      La guerre devient une des guerres de la guerre froide entre les Etats Unis et l’URSS, par puissances interposées, la Chine communiste devenant un des alliés majeurs du Viet Minh.

     Lors d’une Conférence de presse, le 22 juin 1951, de Gaulle avait déclaré qu’il existait quatre solutions militaires :

    « Là-bas, il y a quatre solutions militaires possibles. On peut s’en aller. On peut se limiter à tenir quelques môles. Ce sont là des solutions de défaite. Quant à moi, je ne les accepte pas. Alors il en reste deux autres : ou bien celle qui est actuellement pratiquée, et qui consiste à sauver l’essentiel, non sans grands efforts et lourdes pertes, hélas ! mais qui ne tranche pas décidément la question. Pour que la question soit tranchée, il y a deux choses à faire et qui sont liées entre elles, envoyer des forces nouvelles au point de vue des effectifs et du point de vue matériel. C’est cela qu’a visé le général Koenig (-dans une interview, y envoyer le contingent-.) dans l’hypothèse où on voudrait et où on pourrait coûte que coûte en finir. » (Gérard Fleury- La guerre en Indochine-Le Grand Livre du Mois-2000- p, 461)

      De Lattre mène une guerre  de mouvements à partir de la chaine de postes fortifiés qu’il fait implanter sur tout le pourtour du delta du Tonkin, la zone la plus peuplée.

            18 décembre 1951, de Lattre, gravement malade, quitte l’Indochine, et passe le pouvoir à Salan : à peine un an de commandement, et la perte de son fils Bernard dans un combat du delta.

            Les grandes opérations militaires se  succèdent, le Viet Minh dispose de plus en plus de divisions bien entrainées et bien équipées par les Chinois, en même temps qu’il noyaute systématiquement les villages de l’ensemble de la péninsule.

            A l’instigation de René Mayer, la piastre, vecteur de toutes les spéculations et manipulations dans les deux camps, est dévaluée le            11mai 1953. Le cours de change entre franc et piastre avait été fixé en 1945 à un niveau tel qu’il nourrissait un important trafic de change entre la métropole et l’Indochine, de même que sur certaines places financières.

            La carrière politique et privée de René Mayer méritera d’être évoquée, car le personnage était intelligent et influent : il avait plusieurs cordes à son arc, la finance, le parti radical, ses attaches européennes et algériennes : il fut un des grands élus de l’Algérie française, à Sétif et à Alger.

            Sous les ordres du général Navarre, le commandement français crut pouvoir emporter cette guerre en piégeant les divisions Viet Minh autour de la cuvette de Dien Bien Phu, une vielle idée stratégique des commandements français, celle qui consistait à obliger l’adversaire à accepter le combat dans les conditions d’une guerre moderne.

            La sous-estimation complète des capacités stratégiques de Giap et des renforts chinois, de même que le choix d’une cuvette, conduisirent au désastre de Dien Bien Phu en 1954.

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de eh-tique-media-tique.over-blog.com
  • : Faire partager les réactions de bon sens d'un citoyen et "honnête homme" du vingt et unième siècle, sur l'actualité du jour, face aux dérives des médias, aux discours politiques ou économiques tendancieux, aux images tronquées ou truquées, aux articles ou livres suspects d'idéologie, notamment pour tout ce qui touche à l'histoire coloniale.
  • Contact

Recherche

Liens