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13 novembre 2010 6 13 /11 /novembre /2010 15:24

« Le colonialisme en question »

FredrickCooper

 

« Première Partie »

«  Etudes coloniales et interdisciplinaires (page 9 à 81) »

Lecture 2

Le discours

L’auteur brosse un tableau général de l’évolution conceptuelle et historique des études coloniales (ou postcoloniales ?) mondiales et en analyse les tendances et les défauts, en négligeant quasiment, comme déjà indiqué,  l’historiographie française, alors que les analyses portent principalement sur les empires coloniaux  de l’époque moderne.

Dans ce tableau, l’auteur relève : «Pourtant, une part significative de ces travaux a isolé les études coloniales de l’histoire, dont l’importance vient juste d’être affirmée, et traite le colonialisme de manière abstraite, générique, comme une chose à juxtaposer à une vision pareillement plate de la « modernité » européenne. ».

Et plus loin : « Refuser de considérer le « colonial » comme une dimension nettement délimitée, dissociable, de l’histoire européenne constitue un défi important pour l’analyse historique. » (page 10)

Plus loin encore, il relève que les travaux de chercheurs non européens ont facilité la discussion sur « la centralité de l’expérience coloniale dans l’histoire mondiale. » (page 51)

« La critique des Lumières et de la modernité est devenue l’une des activités favorites des études coloniales et postcoloniales ; » (page 13)

Les concepts d’analyse les plus fréquentés du colonialisme portent d’abord sur l’identité, la modernité, et la globalisation, et les analyses interdisciplinaires ont ouvert d’autres horizons :

« Or, si elles ont fait connaître à un large public transcontinental la place du colonialisme dans l’histoire mondiale, la majorité de ces études attribuent cependant à un colonialisme générique – situé quelque part entre 1492 et les années 1970 – le rôle décisif dans la construction du moment postcolonial, dans lequel on peut condamner des distinctions et une exploitation injustes et célébrer la prolifération des hybridations culturelles et la rupture des frontières culturelles. » (page 22)

Questions :

1492 – 1970, ce spectre chronologique n’est-il pas à la fois trop vaste et trop vague ?

Pour le lecteur, précisons que le terme les Lumières vise le siècle du même nom et l’Occident, avec l’énonciation de valeurs telles que la liberté et les droits naturels, mais l’historien anglais Headricks, dans son livre « The tools of Empire » a développé, en ce qui concerne l’impérialisme colonial des deux derniers siècles, une analyse qui parait plus convaincante, celle d’une supériorité occidentale assurée par les grandes découvertes technologiques du XIXème siècle.

Quant à la prolifération des « hybridations culturelles » et à l’affirmation d’après laquelle, le postcolonial correspondrait à « la rupture des frontières culturelles », le propos parait trop flou : l’histoire mondiale a été le fruit permanent d’une hybridation culturelle, sans d’ailleurs que les frontières culturelles aient le plus souvent disparu.

L’auteur soulève la question de la distinction qu’il conviendrait de faire ou de ne pas faire entre les empires coloniaux et les autres empires :

«  Les efforts des nouveaux empires se heurtèrent aux mêmes problèmes que ceux rencontrés par les anciens : la dispersion géographique, les chaînes de commandement étendues, le recours indispensable aux circuits économiques régionaux et aux systèmes locaux d’autorité et de patronage. » (page 36)

Et « Comment peut-on distinguer clairement les empires coloniaux des autres types d’empires ? ». (page 41)

Pour un esprit habitué à délimiter un objet de recherche, à le situer dans son contexte interdisciplinaire, et naturellement chronologique, ce discours flottant peut surprendre. Alors s’agit-il du colonialisme ou des empires ? Ou le colonialisme est-il un concept qui contient celui d’empire ? Et que dire de l’ambiguïté que recèle le mot même de colonialisme, selon le sens qu’on lui attribue !

            L’auteur intitule un de ses paragraphes « La fin des empires et la marginalisation des études coloniales » (page 52), et ce discours est tenu par un certain nombre de chercheurs français, lesquels feignent d’ignorer, dans le cas de la France, la place effectivement marginale que l’empire a occupée dans l’économie et l’opinion publique françaises, sauf au cours des deux guerres mondiales, après 1945, avec la guerre d’Algérie, et à l’époque postcoloniale avec l’immigration africaine. Donc, rien de surprenant à ce que ce créneau de recherche historique n’ait pas obligatoirement attiré nos chercheurs ! J’ajouterais même qu’il aurait été par ailleurs, et aux yeux d’excellents esprits, un des domaines de recherche de prédilection des chercheurs à culture marxiste.

Dans la conclusion de cette première partie, l’auteur écrit :

 «  L’histoire coloniale à l’époque de la décolonisation a souffert d’une double occultation des années 1950 aux années 1970, l’idée de modernisation a occulté le colonial. Dans les années 1980 à 1990, l’idée de modernité a occulté l’histoire. La spécificité du projet formulé par Balandier en 1951 a pendant un temps disparu derrière les espoirs de construction d’un avenir nouveau. » (page76)

Et plus loin : « Aujourd’hui, une fois que le colonialisme est identifié au jumeau malfaisant de la rationalité héritée des Lumières, on ne voit plus très bien ce que l’on doit faire ensuite. » (page77)

Jumeau malfaisant ? Ne s’agit-il pas d’un jugement moral ? Sommes-nous encore dans l’histoire coloniale ou postcoloniale ?

Ce chapitre d’introduction aborde la relation entre l’histoire et le colonial ou le postcolonial, dimension historique ou non, et c’est une des questions, mais son contenu laisse un peu sur la faim.

A ma décharge, n’étant ni chercheur universitaire, ni historien professionnel, je vous avouerai que le cheminement intellectuel de l’auteur, désarçonne plus qu’il ne convainc.

Si le colonial est partout, s’il a baigné tous les siècles de l’histoire européenne du quinzième au vingtième siècle, s’il s’agit de la domination des Lumières, alors il est à la fois un accessoire et un principal, mais je ne sache pas que l’histoire coloniale française n’ait pu être autre chose qu’un domaine mineur, sans qu’elle ait, à ma connaissance, négligé le contexte historique mondial.

En tout cas, et pour un chercheur « postcolonial », ce premier chapitre constitue un excellent répertoire, au plan international, des études les plus récentes sur ces vastes sujets. Les sujets qui peuvent « interpeller », ou « fâcher », c’est selon, seront abordés dans les chapitres suivants que nous tenterons d’analyser et de commenter au cours des prochaines semaines.

Alors le Colonial ou le Postcolonial ? Everywhere or anywhere ?

Jean Pierre Renaud

 

 

 

 

 

 

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 14:56

Elections en Côte d’Ivoire : La  Françafrique du Parti Socialiste, « Papamadit » est de retour !

            Le Monde du 10 novembre titre en page 6 :

«  En pleine campagne présidentielle ivoirienne, le PS renoue avec M.Gbagbo »

            « Laurent Gbagbo est le candidat du cœur. Laurent Gbagbo est le candidat de l’amitié. Laurent Gbagbo est le candidat de la fidélité », s’est exclamé Jack Lang, député PS, lors d’un meeting du président sortant, le 17 octobre à Bouaflé (centre du pays), où il avait été transporté dans l’avion privé du candidat. »

            Et plus loin, le journaliste du Monde, M. Philippe Bernard fait état du déplacement en Côte d’Ivoire de MM Cambadélis et Le Guen (courant Strauss-Kahn) et du propos Cambadélis, secrétaire national chargé des relations internationales, d’après lequel le candidat en question est une « personnalité estimable »

            Est-ce qu’on n’est pas devenu fou au Parti Socialiste ?

            La belle et corrompue Françafrique de « Papamadit », le fils monsieur Afrique de Mitterrand, serait-elle donc de retour ?

Vous avez lu ?  Lang s’est rendu à un meeting électoral du candidat dans son avion privé.

 Cambadélis s’est-il déplacé, en cours de campagne, pour « soutenir le processus électoral », ou pour soutenir le président sortant, seul candidat qui aurait accepté de le recevoir ?

 C’est véritablement prendre les citoyens de Côte d’Ivoire et les citoyens de France pour des fèves de cacao !

Ingérence donc de la France socialiste dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire, néocolonialisme d’un ancien et nouveau genre, de la part d’élus qui n’ont pas de mots assez durs pour condamner tout ce qui a une odeur de néocolonialisme, au risque, une fois de plus, et à juste titre, de laisser croire que la France reste fidèle à des vieux démons colonialistes ou néocolonialistes, qui n’ont jamais vraiment inquiété l’inconscient collectif des Français, cher à certains chercheurs ou historiens.

Mais ce qui est beaucoup plus grave, au risque de mettre en péril le renouveau démocratique de la Côte d’Ivoire, et de ne pas inciter d’autres pays d’Afrique à y goûter, ou à y revenir !

Jean Pierre Renaud

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 14:45

Humeur Tique : rétropédalage.com de Boorlo

 

            Sur le blog du 26 octobre, un petit billet  a été consacré à la danse de Saint Guy des candidats premiers ministrables, et à leur « com », dans la nouvelle « République .com. »

Boorlo s’y voyait déjà, le costume, la coupe de cheveux… et pschitt, tout est fini ?

Sans doute fini, étant donné qu’on assiste déjà à un rétropédalage.com de Boorlo and Co !

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 18:06

Années 1990- 1995 : mélange des genres au journal Le Monde ? Déjà ?  Et aussi connivence politique ?

Mémoire vive

            Martin  Hirsch vient de signer un livre intéressant sur le mélange des genres, un sujet ambitieux sur lequel il n’est pas toujours facile de proposer des solutions, d’autant plus qu’il s’agit d’une tradition culturelle qui parait bien ancrée dans notre pays.

            En disant quelques bonnes et saines vérités sur l’ancienne gestion du journal,  M.Fottorino, dans un éditorial du 4 novembre dernier, vient de mettre le feu aux poudres dans le « microcosme » des médias parisiens, et l’ancien patron de ce grand journal de pousser des cris d’orfraie au sujet du contenu de l’éditorial en question.

Rappellerai-je à ce sujet que, dans les années 80-90, ce quotidien a adopté une position plutôt bienveillante, « respectueuse », comme je l’avais indiqué à un des correspondants du journal, à l’égard de la gestion du maire de Paris, alors que l’ancien patron du journal avait exercé des responsabilités importantes dans l’information politique de l’époque. A sa décharge, il serait possible de dire que l’opposition socialiste d’alors, au sein du Conseil de Paris, qui comprenait quelques-uns des grands éléphants socialistes de la même époque, n’a pas vraiment fait preuve, non plus, d’une grande « combativité » ou « agressivité » à l’égard de la gestion Chirac, plus tard épinglée dans quelques domaines.

Mélange des genres ou connivence, lorsqu‘un journaliste du Monde est également appointé, dans les années 1990-1995, par « Paris Le Journal », le journal du maire, que beaucoup dénonçaient à juste titre comme l’organe de propagande politique du maire ? Vous vous rappelez peut-être sa pseudo-signature dans le grand quotidien, alors que la vraie demeurait cachée dans le petit journal du maire ?

Alors, souhaitons que la nouvelle troïka, dont les penchants politiques vont notoirement vers la gauche, respecte l’indépendance du journal, mais ça n’est pas gagné !

Jean Pierre Renaud

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 17:57

Humeur Tique :  Editorial du Monde (4/11/10) « Ecrire une nouvelle page » Eric Fottorino

 

            Ecrire une nouvelle page ? Tout à fait d’accord avec cet éditorial qui a attiré les imprécations de l’ancien patron du journal : « allégations scandaleuses…tout cela est scandaleusement inouï » : Voire !

            « Echec économique et financier… écarts éditoriaux… péchés d’orgueil… » toutes expressions et appréciations qui sonnent juste aux oreilles de beaucoup de fidèles lecteurs du journal !

            Beaucoup plus de réserve et d’hésitation pour adhérer pleinement à la nouvelle structure capitalistique de la nouvelle troïka, ou nouveau triumvirat au choix !

N’a-t-on pas toutes bonnes raisons de craindre que les trois nouveaux compères capitalistes ne réincarnent  un triumvirat ancien, à l’image des trois  généraux de la Rome antique, les Pompée, Crassus, et César. (années 60 à 53) ?

Et dernière observation, est-ce que le journal ne souffre pas, tout comme la politique française, d’avoir les yeux plus gros que le ventre ? Vouloir être le quotidien d’une grande puissance, alors que nous ne sommes plus qu’une puissance moyenne ?

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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 18:03

Le Postcolonial ? Nouveau mythe historique ?

 

Le colonialisme en question

Théorie, connaissance, histoire

Frederick Cooper

(2005)

&

Notes de lecture d’un « colonialiste »

&

Un nouveau mythe de l’histoire coloniale ?

Pour transposer un des termes de l’historien colonial Henri Brunschwig

&

Un colonialisme ambigu, flottant ?

&

Comme je l’ai indiqué sur le blog du 13 octobre 2010, j’ai fait appel aux lumières d’un vieil ami d’études qui a effectué toute sa carrière en Afrique et en Asie. Il apportera donc sa contribution à ce travail de lecture.

Le colonialisme

Lecture 1 : le thème lui-même

            Une première impression générale de vertige intellectuel, en présence d’une accumulation de réflexions et de sources historiographiques qui couvrent tout le spectre de l’histoire de la colonisation, ou plutôt des colonisations qui se sont déployées à travers les siècles et les continents.

            Et donc une première ambiguïté pour un esprit français plus familier avec le sens moderne du terme colonialisme (mot apparu dans les années 1910) au sens du Larousse de l’année 1936 « nom sous lequel les socialistes désignent, en le condamnant, l’expansion coloniale, qu’ils considèrent comme une forme d’impérialisme issu du mécanisme capitaliste », donc la source marxiste en filigrane, que celui de colonisation au sens le plus large de son histoire séculaire.

            Car, ainsi que le relevait déjà, en 1956, le sociologue et anthropologue Balandier dans son introduction de la Revue « Le Tiers Monde » (n°27), les relations inégales sont anciennes, « les centres de domination ont changé, mais non le phénomène ».

Et de décrire la colonisation comme « la manifestation historique la plus ancienne et la plus répandue des relations entre sociétés inégales quant aux forces matérielles dont elles disposent ». (page 21 de la Revue)

Et l’historien Mallet de noter que « Le système colonial aujourd’hui stigmatisé sous le nom de « colonialisme » a étendu son emprise pendant plus d’un siècle sur un bon tiers du globe ». (page 35)

Donc, de quoi parle-t-on ?

 A la lecture du livre, il semble bien que cela soit plus du colonialisme à la « sauce » anglaise, c’est-à-dire la colonisation, que du colonialisme à la « sauce » française, mais nous constaterons que ce type d’ambiguïté conceptuelle marque fortement les analyses de l’historien..

Par ailleurs, la lecture de la revue citée plus haut, fait bien apparaître que ce domaine de recherche a été, plus qu’exploré, par les équipes de chercheurs français de cette époque, alors que l’historiographie très abondante de l’auteur passe quasiment sous silence celle d’origine française..

Une trentaine de sources, sauf erreur, sur près de six cents citées !

Et peut-être les historiens et chercheurs qui écrivent volontiers sur le « déni » de l’histoire coloniale française seraient surpris de constater que l’historiographie coloniale souffrait de la même marginalité dans l’historiographie française.

Il convient toutefois de signaler que l’auteur attache une attention toute particulière à Balandier, et nous consacrerons ultérieurement une chronique à ce numéro de la fameuse Revue « Le Tiers Monde ». Le lecteur constatera alors que cette revue a abordé beaucoup des thèmes qui nourrissent la réflexion de l’historien américain.

Nous évoquerons également la thèse du polémologue Bouthoul qui dit des choses plutôt sensées sur les mêmes sujets.

Dans son analyse, l’auteur fait un sort particulier à deux territoires, Haïti avec son histoire révolutionnaire de début du XIXème siècle, et l’AOF, avec ses mouvements de grève postérieurs à la deuxième guerre mondiale : je ne suis pas sûr que ces exemples historiques aient la valeur explicative que l’historien leur attribue, comme nous l’indiquerons plus loin.

Rappelons le cheminement de l’historien :

1ère Partie : Etudes coloniales et interdisciplinaires

Questions coloniales, trajectoires historiques

Essor, déclin et renouveau des études coloniales, 1951-2001

2ème Partie : Trois concepts en question : l’identité, la globalisation, la modernisation

3ème Partie : Les possibilités de l’histoire

Etats, empires et imaginaires politiques

Syndicats, politique et fin de l’empire en Afrique française

&

L’objet de ce livre est très ambitieux :

Il est difficile à définir, tant les questions qu’il soulève dans le temps, l’’espace, et l’objet lui-même des recherches, sont innombrables.

Si j’ai bien compris l’ambition de l’auteur, il s’agirait de faire la récapitulation des thèses postcoloniales qui ont été effectuées sur le sujet, des problèmes d’interprétation intellectuelle, au sens large, qu’elles soulèvent, et donc de proposer un certain nombre d’éclairages, d’outils d’analyse (les trois concepts cités), destinés à mieux cerner et saisir le « colonialisme ».

L’auteur note en préalable : « Refuser de considérer le colonial comme une dimension nettement délimitée, dissociable de l’histoire européenne constitue un défi important pour l’analyse historique «  (page 10)

Et plus loin : « Ce serait toutefois aujourd’hui au tour des domaines interdisciplinaires des études coloniales et postcoloniales de prendre un nouveau départ, et notamment d’adopter une pratique plus rigoureuse. Or, si elles ont fait connaître à un large public transcontinental la place du colonialisme dans l’histoire mondiale, la majorité de ces études attribuent cependant à un colonialisme générique – situé quelque part entre 1492 et les années 1970 – le rôle décisif dans la construction du moment postcolonial, dans lequel on peut condamner des distinctions et une exploitation injustes et célébrer la prolifération des hybridations culturelles. » (page 22)

Le contenu d’un tel ouvrage ne facilite, ni la lecture, ni son résumé, éventuellement critique.

Notre méthode de présentation des notes de lecture :

Nous nous proposons de publier successivement, sur les différents sujets traités par l’auteur, des notes de lecture composées de trois éléments : un résumé rapide du discours de l’historien, les questions posées, et l’éclairage (si possible) d’un témoin « colonialiste » de cette histoire postcoloniale.

Premier éclairage du témoin « colonialiste »

« Le colonialisme a d’abord été le mauvais visage de la colonisation. Puis, il s’est substitué totalement au mot « colonisation ». Braudel le reconnaît en qualifiant du terme « colonialisme » l’expansion européenne depuis le XVIème siècle.

C’est peut-être une période de temps un peu longue, puisque le mot date du début du XXème siècle (1902). Il serait sans doute préférable de ne l’utiliser que pour la période de 1880 à 1960, période qui va de l’ « impérialisme colonial » à la « décolonisation ».

Le projecteur n’est mis que sur le cas français et britannique, et dans une moindre mesure, et de façon anecdotique sur le cas belge. Le mot est relativement neutre, quand il est utilisé par les historiens britanniques. En France, il donne automatiquement une couleur négative à ce qu’il recouvre.

Si l’on tient à ces observations, on fera l’impasse sur les acteurs autres qu’’Européens (Russie, Etats Unis, Japon…voire Chine, Egypte, Ethiopie… ) et sur les continents autres que l’Afrique et l’Asie.

Il faut enfin garder à l’esprit que le mot « colonialisme » sert à condamner à la fois des événements dans une période donnée (le moment colonial) et un type de relations, celui entre colonisés et colonisateurs (la « situation coloniale »). »

                                                                                                         M.A

                Et pourquoi ne pas citer, à titre de conclusion déjà provisoire, et sûrement provocatrice, le stratège Sun Tzu, en le paraphrasant légèrement, et si

« Le fin du fin, lorsqu’on dispose ses troupes, était de ne pas présenter une forme susceptible d’être définie clairement… » ? (Points faibles et points forts)

Jean Pierre Renaud

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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 17:53

Humeur Tique : Côte d’Ivoire, les élections ; immigration, reconduites à la frontière ; la retraite à 60 ans et le Conseil Economique et Social

 

Côte d’Ivoire, les élections :

            Bravo pour ces élections ! Un tour de force après cinq années de tergiversations du gouvernement !

            Indépendante en 1960, il y a donc 50 ans, la Côte d’Ivoire était une des colonies les plus prospères de l’Afrique occidentale. Elle avait été une création pure et simple du pouvoir colonial (ou colonialiste, c’est selon) de l’époque (décret du 10 mars 1893), aucune route, aucun port, aucune école, une cinquantaine de peuples, de tribus, ou d’ethnies, (selon vos affinités idéologiques), dont un royaume Baoulé prospère et bien organisé. Chacune de ces entités avait sa propre langue que ne comprenait pas l’entité voisine.

            La prospérité passée n’est pas encore de retour : le Monde du 5 novembre titre en dernière page : « Dans la tente des résultats », car comme l’indique cette lettre d’Afrique signée Jean-Philippe Rémy « 3 600 villages de Côte d’Ivoire ne disposent d’aucune structure, pas même une école, pour organiser le scrutin. »

 

Immigration, les chiffres de reconduite à la frontière

(le Monde du 5/11/10, page 2)

            21 384 reconduites à la frontière depuis janvier, chiffre publié par le ministère de l’immigration et de l’identité nationale, dont plus de 13 000 ont concerné des ressortissants roumains ou bulgares.

            A quel usage ? Interne ? A destination de l’opinion publique française ?

            Des chiffres fiables ? Pas sûr ! Car une partie des reconduits d’origine roumaine ou bulgare sont déjà de retour dans notre pays, ou le seront bientôt !

             Autant dire que ces statistiques sont à la fois inexactes et obsolètes.

           

La retraite à 60 ans et le rôle du Conseil Economique et Social.

            Le lecteur voudra sûrement  connaître le rôle qu’a joué notre troisième chambre économique et sociale dans la gestion du dossier de la retraite à 60 ans : nous lui ferons connaître la réponse à cette question que nous avons posée au Conseil.

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 09:42

Humeur Tique : adhésion de la Serbie à l’Union européenne ?

Le Monde du 27 octobre page 9

Transparence et effets institutionnels et financiers du processus ?

            Trois journalistes du journal apportent leur contribution à la rédaction de l’article.

            Ils nous expliquent :

 « la Serbie a accompli un pas en avant crucial sur la longue route vers l’Union européenne (UE), lundi… La Serbie espère une adhésion en 2015 ou 2016. »

            Est-ce que ce serait trop demander à un grand journal d’information de nous expliquer comment cette adhésion va être « entérinée » par les citoyens d’Europe, et comment notre belle Europe va fonctionner concrètement avec cette nouvelle adhésion, en plus d’autres déjà annoncées ?

            A trois belles plumes, il ne devrait pas être trop difficile d’éclairer notre lanterne citoyenne !

Incidence institutionnelle (un commissaire de plus ?, un service linguistique supplémentaire ?), et financière du processus d’adhésion ?

            Je n’ai pas souvenir que le Monde ait jamais, jusqu’à présent, abordé ce sujet, chaque fois qu’il nous annonce une nouvelle adhésion à venir, alors que le bon fonctionnement de la démocratie européenne le recommanderait vivement.

           

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 09:27

Le film « Un homme qui crie » de Mahamat-Salah-Haroun

            Un bon film, à voir par tous ceux qui s’intéressent à l’histoire et au destin de l’Afrique d’aujourd’hui.

            L’histoire d’un père, maître-nageur dans un hôtel de luxe de N’Djamena (Tchad) et de son fils, pris dans les mailles du filet de la guerre, de la corruption qui touche la conscription militaire, et qui voit son fils partir vers le front.

            Et ce merveilleux side-car qui nous fait découvrir les rues de la capitale, puis le désert, avec la course folle de l’urgence vitale, lorsque le père décide de se rendre sur le front pour rapatrier son fils gravement blessé, lequel meurt dans ses bras, le long du fleuve Chari sans doute.

            Une course de side-car digne de l’anthologie du cinéma !

            Un film qui ressemble au versant africain du film de Claire Denis et d’Isabelle Huppert, intitulé « White Metal » et qui se passait au Cameroun, que nous avons brièvement commenté, il y a quelques mois.

Le versant africain, car le défaut de ce type de film est qu’on ne nous explique  jamais de quelle guerre il s’agit, qui est contre qui, et pourquoi ? La guerre comme nouveau décor africain ! Avec des guerres toujours anonymes, qui ne veulent pas dire leur nom ?

Avec le risque de laisser penser aux spectateurs que chaque pays d’Afrique se voit confronté avec sa ou ses guerres, ce qui est le cas du Tchad.

J’ai vu ce beau film un dimanche après-midi dans un cinéma d’art et d’essai, et vous avouerai-je que j’ai été très surpris de constater que le public ne semblait compter aucune personne venue, semble-t-il, de ce qu’on a coutume d’appeler aujourd’hui la diversité française. Jean Pierre Renaud

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 09:21

« Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle

Acte III : 1965-1989, le règne des partis uniques »

France 5 du 24 octobre 2010

            Une rétrospective et un balayage historiques de bonne qualité sur cette période cruciale de l’Afrique qui vit effectivement la prise de pouvoir par des partis uniques et des dictateurs. Mais quid du Maghreb ?

            Avec toutes les horreurs de toutes les guerres, et pourquoi ne pas le dire, à l’exemple de beaucoup d’autres pays du monde, de tous les continents, y compris d’Europe, pour ne citer que l’exemple le plus récent du Kosovo !

            Comme je l’ai déjà noté dans une chronique précédente, et comme cela a été répété par différents interlocuteurs, il est impossible d’examiner cette période africaine, en oubliant la guerre froide entre l’Est et l’Ouest.

            Au cœur de ce dossier, la capacité ou l’incapacité des nouveaux Etats, issus d’un découpage territorial colonial, souvent artificiel, à assurer la continuité de l’Etat colonial: pouvait-il en être autrement ?

Et si oui, pourquoi le documentaire n’a pas abordé le sujet ? Ou peut-être n’ai-je pas été assez attentif ? Ou peut-être s’agissait-il d’un sujet tabou ? Celui des ethnies naturelles ou suscitées par le pouvoir colonial, des (fausses) fractures ethniques et des (vraies) fractures coloniales ?

            Une seule mention à ce sujet, le reportage  du Monde intitulé « De l’autre côté du fleuve » (page 3, le 27 octobre 2010), et le texte intitulé « L’unité nationale à l’épreuve des tensions ethniques », je précise entre maures, peuls, wolofs,soninké, et plus précisément entre populations qui étaient, à l’origine, soit nomades, soit sédentaires.

Tous les historiens de bonne foi pourront témoigner de l’existence très ancienne de ce problème et de ces tensions, comparables à toutes celles qui ont traditionnellement opposé les nomades du désert ou du Sahel (plus à l’Est, souvent des Touaregs) et les paysans sédentaires

            Le parti unique a incontestablement constitué une réponse institutionnelle à la situation née des indépendances, et à ce type de situation, et en cas de carence vraie ou fausse, l’armée, seul corps institutionnel capable d’assurer l’ordre public.

            En ce qui concerne le Sénégal, je ne crois pas avoir entendu évoquer non plus la rébellion de Casamance.

            Les extraits de discours de plusieurs « chefs » des Etats d’alors, qui ont été diffusés étaient très intéressants, car ils en disaient long sur leur talent oratoire de leaders politiques ou militaires, qu’ils aient été de vrais ou de faux révolutionnaires !

Heureusement, le documentaire s’est achevé sur une note optimiste, avec l’intervention d’une femme, responsable politique du Kenya, laquelle témoignait de son action en faveur d’un passage à la démocratie, action qui fut couronnée de succès.

Dernière question : est-ce que l’Afrique de cette époque troublée a compté des territoires qui ont échappé à la solution du parti unique ?

Jean Pierre Renaud

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