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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 09:33

Primaires socialistes et démocratie virtuelle

 

            Mon interrogation personnelle porte sur un des aspects les plus étranges de ce type de consultation, dite citoyenne : est-ce qu’elle n’exalte pas une démocratie virtuelle ? Comme si nous y étions ?

A voir la débauche de com. qui a entouré cette consultation, des bureaux de vote publics, comme à une élection « légale », une campagne longue, active, et coûteuse, des candidats, et cerise sur le gâteau, une Haute Autorité !

Dans quel type de démocratie politique nous trouvions-nous ?

Et comment ne pas faire le rapprochement avec ce monde virtuel dans lequel les médias modernes nous plongent en permanence ?

 Il est loin d’être assuré que ce type de démocratie « adolescente » ne court pas les mêmes dangers de confusion psychologique que les jeux numériques de nos enfants «adolescents »

Alors donc, notre beau pays, la France, revenue dans une démocratie « adolescente » ?

Jean Pierre Renaud

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 09:27

« Les roses noires », un documentaire émouvant et formidable sur LCP Sénat(15/10/11)

 

            Dans la soirée du 15 octobre dernier, nous sommes tombés tout à fait par hasard, avec ma « concubine préférée », sur le  documentaire « Les roses noires » de Public Sénat, consacré à la problématique quotidienne des jeunes filles des cités.

            Un documentaire émouvant, car les jeunes filles interviewées situaient leurs propos, à la fois dans le concret de leur vie, et en dehors de beaucoup de clichés qui entourent la vie dans les quartiers dits « sensibles » : beaucoup de spontanéité, de fraicheur, de sincérité, et d’envie de vivre de la part de toutes ces jeunes filles.

            Des portraits tout à fait réussis qui respirent l’authenticité.

            On voit bien combien il est difficile pour une jeune fille des cités de se situer, et de trouver équilibre et épanouissement, entre le monde des « français-français » et un milieu familial situé trop souvent à ses antipodes.

            « Français-français »en concurrence avec « langage des cités » ?

            Nous avons découvert l’expression « français-français », et en elle-même, elle représente déjà une vraie problématique !

            Point n’était besoin de nous convaincre, une fois de plus, que l’avenir des cités passe par celui de ces jeunes filles et femmes qui sont obligées en permanence de se libérer ou d’alléger le poids des traditions culturelles et familiales, déchirées entre leur milieu familial et religieux et leur vie quotidienne, avec le rôle très ambigu des frères et des garçons.

            Avec, souvent, trop souvent, l’impérieuse nécessité de se « transformer en mecs » pour survivre, conserver leur identité dans un monde de mecs, et tout simplement vivre comme une jeune fille en France !

Jean Pierre Renaud et sa « concubine préférée »

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 09:21

Humeur Tique : honneur à la politique à la française : de la clarté, toujours de la clarté, et aussi quel courage !

 

       Après son très bon score aux primaires dites citoyennes du PS, Montebourg, très courageusement, n’a donné aucune consigne de vote à ses supporteurs, mais il s’est affiché aux côtés d’Hollande et fait savoir qu’il le soutenait à titre personnel. C’est-i pas beau, ce distinguo ?

            Les verts se sont échinés à élire une candidate pour les futures présidentielles, mais on a vu Voynet s’afficher aux côtés d’Aubry, ainsi qu’un sénateur récemment élu en Ile de France, faire de même. Eva est donc leur candidate ?

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 08:38

Humeur Tique : après le gazage de Boorlo, l’encensement de Morin !

      

            Après les « gazages » successifs du candidat Borloo, et sa dernière dérobade qui en a surpris quelques-uns, ou quelques-unes, le jour est peut-être venu de nous voir « encensé » par Morin, comme sur la pelouse des champs de course !

            Prenez vos paris !

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 08:36

« Pure », le film suédois de Lisa Langseth

 

            Incontestablement, une belle histoire sur fond de grande musique classique, mais avec un chef d’orchestre macho et une jeune femme, papillon déluré mais fragile, attirée par la beauté « pure » de cette musique, et tout autant par la fausse lumière de cet homme soi-disant cultivé. Elle s’y brûle les ailes et le reste !

            Quelques vulgarités de langage, passe encore, cela fait plus vrai, mais le film s’adonne à un moment donné à une vulgarité de situation qui passe un peu les bornes, et c’’est bien dommage !

Un film intéressant et bien fait, mais une fin trop longue. Mais ne s’agit-il pas d’un défaut fréquent de beaucoup de réalisateurs qui ne peuvent s’empêcher de vouloir garder trop longtemps leur caméra ? La peur du vide ?

            En tout cas, ce film nous donne une image détestable des mecs qui se croient tout permis, suffisants, même s’ils disent fréquenter de grands auteurs de la poésie, de la littérature, ou de la philosophie.

Question : la réalisatrice a-t-elle eu l’ambition de nous proposer cette vision désespérante des relations suédoises entre les sexes ?

Jean Pierre Renaud

 

Post scriptum : le blog du 13 juillet dernier a publié un commentaire élogieux du film iranien « Une séparation », en notant toutefois que ce film ignorait purement et simplement la dictature qui régnait dans ce pays, et qu’une véritable conspiration du silence avait entouré la sortie de ce film, à ce sujet.

La Croix du 11 octobre 2011 remet les pendules à l’heure :

« Cinéma Une actrice iranienne condamnée au fouet et à la prison

La comédienne iranienne Marzieh Vafamehr a été condamnée à un an de prison et quatre- vingt dix coups de fouet pour avoir joué dans un film évoquant la situation des artistes de son pays. »

Tiens, donc !

Alors, pourquoi ce silence des médias à l’occasion de la sortie du film « Une séparation » ?

 

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 08:32

Présidentielles 2012 : le grand remue-ménage des Français

 

            Après les bons scores du Front National dans les sondages, et avec le succès réel, mais relatif, de Montebourg, les primaires socialistes ont fait apparaître, une fois de plus, les signes d’un grand remue-ménage politique, social, économique, et culturel, chez les Français.

            En 2012, tout est incertain, et tout est possible !

            Montebourg  a eu le mérite de mettre le doigt où cela fait mal, la mondialisation, l’Europe, et le rôle des banques,

            Il est vrai qu’on peut se poser beaucoup de questions sur la mondialisation, et un protectionnisme étranger qui serait, a priori, de bon aloi, et un autre, l’européen et le français, qui serait, a priori, de très mauvais aloi, des exportations qui vont mal et des importations qui vont également mal, à la fois parce qu’elles sont mal régulées par l’Europe, et parce que la compétitivité française est défaillante.

            Et que dire des délocalisations, en Europe même, où l’on assiste en permanence à des déménagements de machines et d’usines de France vers l’Europe de l’est !

            Les institutions européennes ne garantissent  absolument pas le bien commun de l’Europe. Elles se mêlent de tout, et pas assez de l’essentiel, du vital.

            Une zone euro en pleine déconfiture avec des institutions et des gouvernements incapables d’apporter la réponse d’une autre gouvernance, une gouvernance effective.

Alors, nous dit-on, le temps politique est un temps court, celui de l’émotion, alors que le temps économique est un temps long, celui de l’action, sauf qu’en 2008, avec la crise, la France était déjà sérieusement endettée, et que le Premier Ministre  avait déjà confié, l’année précédente, que la France était « en faillite ».

Cela fait plus de trois ans déjà ! Et la France paie à crédit son dernier trimestre de l’année, et la dette dépasse les 1 700 milliards, sans parler des autres déficits sociaux.

Et quant aux banques, il est tout de même curieux de constater que de grandes banques françaises se sont engagées en Grèce, fort imprudemment pour des banques, alors qu’elles devaient savoir, j’imagine, que les comptes grecs étaient truqués lors de son entrée dans la zone euro. La Société Générale a repris Geniki en 2004, et le Crédit Agricole, Emporiki, en 2006. Rappelons que la Grèce est entrée dans la zone euro en 2001.

Et qu’en amont, les institutions françaises de contrôle des banques, La Banque de France, au premier chef, n’y aient vu que du feu !

Alors, c’est vrai, les Français ont beaucoup de raisons de critiquer des gouvernements qui ne leur disent jamais la vérité, c’est-à-dire faire une politique de rigueur au moment où il fallait de toute façon la faire, qui continuent à pratiquer une politique extérieure de grandeur que le pays n’a plus les moyens de soutenir, et enfin de réaliser des arbitrages politiques qui ne tiennent pas assez compte d’une solidarité nationale, en faveur des moins bien lotis, encore plus nécessaire en temps de crise.

Que de défis à relever ! Les éléments de la problématique posée par Montebourg sont pertinents, avec la question de l’immigration toutefois escamotée, mais pour agir efficacement, il ne faut jamais oublier la distinction que proposait Epictète :

« Parmi les choses, les unes dépendent de nous, les autres n’en dépendent pas. »

C’est donc là que la difficulté commence, car il n’est plus beaucoup d’affaire nationale qui ne dépende que de nous.

Et pour finir, deux notes plus optimistes :

Une proposition : réunir dans toute la France, des Etats Généraux des Terroirs et des Savoirs, en partant de la base, c’est-à-dire, nos communes.

On peut sûrement faire beaucoup mieux pour valoriser le potentiel et les atouts de la France au niveau local, national et international !

Et une note de satisfaction, un triple AAA : l’Assemblée Nationale aurait voté une proposition de loi tendant à obliger les restaurants français à afficher la couleur de leur cuisine, du Brake ou du « cuisiné maison ».

Sans doute la piste à suivre pour réveiller le bon sens et la créativité des Français !

Jean Pierre Renaud

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 11:06

Humeur Tique : Libé, l’organe officiel de presse du Parti Socialiste ? « Décryptage »

Libé, l’organe officiel de presse du Parti Socialiste ?

 

Avec la campagne des primaires socialistes, Libé a manifesté, une fois de plus, qu’il était devenu l’organe officiel du Parti Socialiste.

            Au-delà de tous les numéros de propagande antérieurs, notamment ceux qui faisaient de DSK, le nouvel « Enfant Jésus » de la politique française, et à la veille de ce scrutin, national et capital, le numéro spécial du 8 octobre 2011, consacre à cette primaire, 18 pages sur un total de pages, pour ce numéro de 32 pages, hors Mag.

            Pas mal ? Non !

            Martine Aubry est incontestablement la préférée, avec trois pages, deux dans le numéro, et une de plus dans le Mag, les titres et sous-titres tentant de gommer son trop plein de sérieux, de la décoincer.

            Des cinq candidats socialistes, Libé allume Valls avec un titre « Marx à l’ombre », comme si le journal croyait encore sérieusement au grand Marx ! Attention ! On n’est plus très loin de la Pravda !

            Et Baylet, n’a droit qu’à une page de pub, sans doute parce que ce candidat étant déjà dans la profession, Libé pense que cela est largement suffisant. Ou peut-être aussi, parce que le journal estime que Baylet n’est pas un homme de gauche !

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 17:46

« Culture et impérialisme »

Edward W.Said

Ou

«  Comment peut-on être un impérialiste ? »

« Sans le savoir ? »

Lecture critique

1

                        Incontestablement un livre d’analyse et de de réflexion riche et fécond,  encyclopédique aussi, sur les relations qu’ont entretenues la culture et l’impérialisme occidental moderne, mais d’abord sur le rôle majeur que la culture aurait eu dans les origines de l’impérialisme, son fonctionnement lui-même, son épanouissement, et sa longévité.

            Il s’agit de l’impérialisme occidental, et notamment celui des XIXème et XXème siècles, l’anglais et le français, et  accessoirement, l’américain.

            Le livre est difficile à résumer, mais nous tenterons de comprendre, à travers la lecture de l’ouvrage, pourquoi un lecteur français pourrait être, ou avoir été, à travers sa culture, un impérialiste sans le savoir, à la condition sine qua non, naturellement, qu’il ait eu une « culture ».

            Indiquons tout de suite au lecteur que cet exercice de lecture d’une œuvre luxuriante est redoutable pour un esprit qui n’a pas été nourri au lait de la discipline des lettres comparées.

            Notre seule ambition est celle d’une lecture critique, que je qualifierais volontiers de parallèle, plus versée dans l’étude et la réflexion sur l’impérialisme colonial que sur toutes les œuvres littéraires de la culture qui ont pu nourrir et entretenir les mythes coloniaux.

            Notre analyse portera successivement, pour chacun des chapitres, sur la thèse elle-même de M.Edward W. Said, telle qu’elle ressort de sa lecture,  les questions que cette thèse pose,  très nombreuses, notamment en ce qui concerne la France, et enfin sur la relecture de quelques - unes des œuvres que le professeur de littérature propose pour fonder la démonstration qu’il propose, ou sur la découverte de Jane Austen, et d’une de ses œuvres, Mansfield Park, qu’il appelle en témoignage de sa démonstration.

            Avec l’objectif de tenter de répondre à la question de fond : s’agit-il  d’une interprétation ou d’une démonstration ?

            Notre méthode de lecture critique tend à rester, le plus près possible de la pensée de l’auteur, en collant au texte lui-même, une méthode qui nous conduit donc le plus souvent à proposer, par agrégation, un ensemble successif d’extraits, c’est-à-dire une sorte de résumé.

            Il est évident que cette méthode a un avantage, celui du respect de la pensée de l’auteur, mais qu’elle présente en même temps l’inconvénient de proposer une lecture plus aride.

.           464 pages de texte au total, et après une introduction d’une trentaine de pages, les quatre chapitres ci-après :

Chapitre 1 - Territoires superposés, histoires enchevêtrées (page 37 à 110)

Chapitre 2 - Pensée unique (page 110 à 273)

Chapitre 3 - Résistance et opposition (page 277 à 391)

Chapitre 4 - Avenir affranchi de la domination (page 395 à 464)

            Cette lecture critique sera assez longue, étant donné que nous avons choisi de proposer beaucoup de citations du texte même de l’auteur, nécessaires à la bonne compréhension de cette thèse.

            Et la publication de ces notes de lecture s’effectuera par chapitre.

&

Avertissement : les caractères gras sont de ma responsabilité.

 

Chapitre 1

« Territoires superposés et histoires enchevêtrées »

I – Lecture (p,35 à 111)

 

            Le premier chapitre pose le principe du primat de la culture dans les origines, le fonctionnement, et le rayonnement de l’impérialisme, le concept d’impérialisme, étant aux yeux de l’auteur, plus large que celui de colonialisme. (p,44)

            L’auteur relève tout d’abord les limites contestables de certaines analyses sur le rôle de l’empire dans la culture :

« Ces habitudes semblent dictées par l’idée vague mais puissante de l’ « autonomie » des œuvres littéraires, alors que la littérature elle-même (je vais tenter de le montrer tout au long du livre) multiplie les allusions  qui la font apparaître comme partie prenante, à sa façon, de l’expansion de l’Europe outre-mer, et créée ainsi ce que Raymond Williams appelle des « structures de sentiment » qui soutiennent, enrichissent et consolident la pratique de l’empire. » (p,50)

L’auteur met ensuite en avant, pour la démonstration de ce type de « structure » le livre de Conrad « Au cœur des ténèbres » : « Cette mentalité impériale me semble merveilleusement saisie dans la forme narrative riche et complexe d’un grand texte de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres,  court roman rédigé entre 1898 et 1899. » (p,61)

Marlow, le narrateur, et aussi aventurier, va au cœur de l’Afrique, sur le fleuve Congo, à la recherche d’un autre héros, Kurtz,  pour y piloter un des premiers vapeurs belges du fleuve. Il y fait la découverte des horreurs de l’impérialisme, mais aussi de la forêt tropicale :

« Récit lui-même directement lié à la force rédemptrice comme au gâchis et à l’horreur de la mission de l’Europe dans le monde noir. » (p,61)

Et en vue de remédier à l’ignorance des « structures d’attitudes et de références » qui plombent la culture, M.Edward W. Said propose dans la partie V de ce chapitre premier d’« Intégrer l’impérialisme aux études littéraires modernes » (p,87)

« Nous poserons d’abord qu’historiquement des disciplines comme la littérature comparée, les lettres anglaises, la théorie culturelle, l’anthropologie sont filles de l’empire. Nous dirons même qu’elles ont contribué aux méthodes dont a usé l’occident pour maintenir son ascendant sur les indigènes, notamment si nous sommes sensibles à l’analyse géographique à l’œuvre dans la Question méridionale de Gramsci. » (p,96)

« D’où la question clef -  très gramscienne : comment les cultures nationales britannique, française et américaine ont-elles maintenu leur hégémonie sur  les périphéries ? » (p,97)

Et l’auteur de souligner à nouveau l’importance d’un concept, son rôle clé, celui de  la « structure d’attitudes et de référence », une structure qui aurait irrigué la culture des trois puissances impérialistes, britannique, française et américaine.

« Cette méthode amène à lire les chefs d’œuvre de l’Occident comme  une sorte d’accompagnement polyphonique des progrès de sa domination. Elle donne un autre sens, une autre « valence », à des auteurs comme Joseph Conrad et Rudyard Kipling : on a toujours vu en eux de grands originaux, jamais des écrivains dont les thèmes, ouvertement impérialistes, ont une longue vie antérieure souterraine et implicite dans l’œuvre de prédécesseurs comme Jane Austen et Chateaubriand.

Deuxièmement, le travail théorique doit commencer à formuler la relation entre l’empire et la culture… Nous n’en sommes, sur le plan théorique, qu’à tenter d’inventorier l’interpellation de la culture par l’empire…

Troisièmement, il nous faut garder à l’esprit les prérogatives du présent : il sert de boussole et de paradigme pour étudier le passé… l’impérialisme est à la fois si vaste et si détaillé, en sa qualité d’expérience où les dimensions culturelles sont cruciales, que nous sommes bien obligés de parler de territoires superposés, d’histoires enchevêtrées, communes aux hommes et aux femmes, aux Blancs et aux Non-Blancs, aux habitants des métropoles et à ceux des périphéries, au passé, au présent et à l’avenir. On ne peut apercevoir ces territoires et ces histoires que globalement : du point de vue de l’ensemble de l’histoire humaine conçues dans l’esprit des Lumières. » (p,110)

A la page 107, l’auteur appelle en garantie de sa thèse un des romans de Jane Austen, Mansfield Park :

Après avoir rappelé que les historiens de la culture ont omis un élément commun aux œuvres de fiction, les textes historiques et discours philosophiques de l’époque, les références géographiques, l’autorité de l’observateur européen, la hiérarchisation des espaces, avec un système de contrôle territorial et d’exploitation économique outre-mer, corrélé à l’univers socioculturel qui l’accompagne d’exploitation, l’auteur écrit :

« Sans eux, la stabilité et la prospérité au pays natal  (l’expression anglaise at home, est extrêmement forte) serait impossible. On en trouvera donc l’exemple parfait dans Mansfield Park de Jane Austen : la plantation esclavagiste de Thomas Bertram à Antigua est mystérieusement nécessaire à la beauté majestueuse de ce lieu décrit en termes esthétiques et moraux – et cela bien avant le partage de l’Afrique et l’ouverture officielle de l’« âge de l’empire ».

Et de citer Stuart Mill, le grand économiste, qui ne voyait que commodité dans les îles :

« Il faut, dit-il, ne voir dans ces colonies qu’une commodité. »

« Ce que confirme Jane Austen qui, dans Mansfield Park, évacue les horribles épreuves de la vie aux Caraïbes en une demi-douzaine d’allusions incidentes à Antigua. Il en va de même chez les autres auteurs « canoniques » français et britanniques. »

 

II- Questions

Le premier chapitre soulève une question de fond, à savoir si oui ou non, la culture occidentale, dans toutes ses formes, et en tout cas, celle des XIX° et XX° siècles, pour ne pas parler du siècle présent, a été intrinsèquement liée à l’impérialisme, à la fois dans son fondement et dans son expression, l’Occident se résumant avant tout aux deux puissances coloniales que furent la Grande Bretagne et la France.

L’auteur pose les éléments d’une théorie qu’il va tenter de démontrer tout au long de son livre en décortiquant une série d’œuvres littéraires anglaises ou françaises, dont certaines connurent leur heure de gloire, au moment où elles ont été publiées, ou longtemps après.

L’auteur cite le livre « Au cœur des ténèbres », à la fois une excellente illustration de la thèse qu’il défend,  et de la limite aussi de ce type de discours. Car  Conrad fut autant un grand aventurier qu’un grand romancier, et son séjour sur le fleuve Congo se résuma à l’expédition éclair de quelques mois qui fut la sienne.

Car d’autres lecteurs ont lu cette œuvre avec un regard différent de celui du professeur, à titre d’exemple, celui d’un universitaire américain de Stanford University, Albert J.Guerard, dans son introduction au livre publié par The New America Library, en 1950.

Cette introduction insistait surtout sur le tragique des héros de Conrad, plus que sur le décor tropical du Congo, et des tragédies qui pouvaient s’y dérouler, en citant les propres mots de Conrad :

« The mind of a man is capable of everything – because everything is in it, all the past as well as all the future. »

Albert J.Guerard écrivait:  “Conrad believes, with the greatest moralists, that we must know evil – out own capacities for evil – before we can capable of good.”

“And Heart of Darkness is the most intense expression of the mature pessimism.”

Et nous verrons qu’il est effectivement possible d’avoir deux positions de lecture, l’une tournée vers un ou plusieurs héros qui exaltent, en bien ou en mal, leur ego, sur une scène exotique, pleine de couleurs, ou la deuxième tournée vers la scène exotique avec son humanité ignorée ou niée.

Narcissisme, contemplation de son moi par l’auteur, ou ethnocentrisme, celui que l’auteur, et beaucoup d’autres reprochent aux sciences « savantes » européennes et blanches ?

Ou encore ethnocentrisme inverse ?

Ceci dit, à relire ce roman, on retrouve effectivement quelques vérités historiques depuis longtemps connues, notamment avec le rapport d’enquête de Brazza, et d’autres enquêtes postérieures.

Cette analyse va donc tenter de prouver qu’il existe dans la culture occidentale une « structure d’attitudes et de références », ou une structure de sentiments » qui imprègne toute la culture occidentale.

Etant précisé que cette structure d’attitudes et références, de supériorité raciale, de domination des indigènes, aurait donné son souffle à toutes les créations de la culture occidentale, « une sorte d’accompagnement polyphonique des progrès de sa domination ».

Il s’agit donc d’une vaste ambition sur un vaste sujet, et qui appelle donc une démonstration rigoureuse, même si l’auteur prend soin, à la fin de ce chapitre, de souligner les limites de cette ambition.

Est-ce qu’au cours des âges, telle ou telle puissance, à la fois sûre de sa force et de sa mission, grecque, romaine, mongole, arabe ou chinoise, n’a pas exalté de la même façon les éléments de sa puissance, l’impérialisme étant de tous les temps et de tous les continents ? Et donc leur culture n’a pu manquer d’entretenir des relations ambigües avec leur politique impériale.

Ne  convient-il pas se demander par ailleurs si, en ce qui concerne l’Occident en tout cas, les technologies dont il a disposé, n’expliquent pas mieux l’impérialisme qu’une culture parée de ses plus beaux atours ? Nous reviendrons sur cet élément d’explication capital.

Il s’agit donc d’une théorie à la fois littéraire et politique, mais comment la valider dans son contenu, sa méthode, ses effets, et pour dire vrai, dans les faits ?

Et si le concept de structure est susceptible d’ouvrir l’appétit intellectuel d’un chercheur plutôt familier du concept, le concept d’analyse choisi est ambitieux, car il exige d’apporter la démonstration que culture et impérialisme constituaient bien un ensemble d’éléments cohérents, d’unités organisées dans le but de promouvoir cette doctrine, qui les imprégnait.

Sans aller jusqu’à une transposition en chiffres de la définition du grand économiste François Perroux, « un ensemble de proportions et de relations qui caractérisent une unité économique », on voit bien que l’exercice risque d’être rude.

Est-ce que l’auteur arrive à décrire les éléments d’un ensemble, d’une organisation solidaire, d’un système, ou se contente-t-il de décrire une manière, une disposition au sens que lui donne la stratégie ?

Nous reviendrons sur le sujet, car sa compréhension détermine assez largement l’adhésion qu’il est possible de donner ou non à la thèse de l’auteur, et la lecture des chapitres suivants nous dira donc si ce discours littéraire et politique séduisant est susceptible d’emporter notre conviction dans ce duel des lettres contre les chiffres ?

Autre remarque relative au risque permanent de télescopage chronologique que prend une telle analyse, à partir du moment, comme c’est le cas à la page 108, où celle-ci appelle en garantie de démonstration théorique et pratique des auteurs comme Césaire, Fanon, ou Memmi, qui se sont illustrés par leur combat anticolonialiste après la deuxième guerre mondiale. L’avenir des impérialismes anglais et français était d’ores et déjà scellé, et quasiment, dès les origines, dans le cas français, alors que l’impérialisme américain dominait le monde.

Et que tout à fait curieusement, les Etats Unis d’Amérique prônaient la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes, alors qu’ils maintenaient dans leur pays la ségrégation entre noirs et blancs.

Historicité du discours à laquelle l’auteur affirmait être attaché ?

Et pour la fin, quelques premiers  mots sur l’analyse que l’auteur fait de Mansfield Park :

L’auteur soulève, dès la page 107, la question de la représentativité et de la pertinence de cette œuvre pour valoir démonstration du théorème : « le parfait exemple » de la relation culture et impérialisme, en même temps que seulement « une demi-douzaine d’allusions incidentes à Antigua », c’est-à-dire aux réalités de l’impérialisme de son époque ?

Il y a là de quoi hésiter et nous verrons, dans les questions relatives au chapitre 2, lequel consacre de nombreuses pages à la même œuvre, qu’il est difficile d’adhérer à la démonstration.

Jean Pierre Renaud Tous droits réservés

 

 

 

 

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 09:39

L’élection présidentielle 2012

Une chance historique pour le Centre !

A situation politique de congruence, des solutions politiques congruentes !

Expliquons-nous, car le concept de congruence n’est pas le monopole des mathématiciens !

 

            Le concept de congruence peut être défini de façon simple, à savoir une solution qui convient exactement à une situation donnée.

            Le philosophe sinologue Julien a longuement commenté ce concept dans la philosophie chinoise, notamment dans le livre « Un sage est sans idées ».

            Je cite :

« Non pas un milieu qui serait à équidistance des opposés, car ce serait encore une position particulière, et comme telle aussi limitée que les autres, mais comme on l‘a vu, un milieu qui permette de correspondre également à l’un ou l’autre de ces opposés (et c’est dans cette égale possibilité qu’est le juste milieu). »…

« Le milieu véritable, celui de la sagesse, est le milieu variable qui, en pouvant osciller de l’un à l’autre opposé, ne cesse de coïncider avec le cas rencontré (selon que la « balance » penche de l’un ou l’autre côté) : juste milieu de la congruence qui, comme tel, n’est jamais arrêté, stabilisé, défini (pas plus que le réel n’est arrêté), et qui, d’une certaine façon, est toujours inédit : il ne peut être la vérité. »… (p112,113)

«Ce qui fait la « voie », aux yeux de la sagesse, est son caractère viable ; »  …(p,115)

Elle est la voie par où « ça va », par où c’est « possible » - par où c’est viable. »…(p,119)

Le centrisme est congruence :

Il est évident que beaucoup de centristes militants sont en congruence avec une telle analyse conceptuelle et stratégique, mais le plus souvent, sans le savoir.

Toute la difficulté d’un mouvement centriste consiste à convaincre les électeurs, plus familiers des discours tranchés de gauche ou de droite, et souvent en quête de bons affrontements, que leur combat est celui de la voie de la sagesse par où c’est possible.

D’où les qualificatifs fréquents de « marais », de « ni-ni », de « girouettes » dont on affuble fréquemment un mouvement centriste, très souvent du reste, et à juste titre, car nombreux sont les hommes ou les femmes politiques  qui n’ont épousé que l’étiquette du centrisme.

C’est l’une des conséquences du processus simplificateur de l’élection présidentielle instituée par la Cinquième République, un centrisme plastron d’un autre grand parti politique.

Comment en effet mobiliser un électeur sur la durée, en lui expliquant qu’en fonction de telle ou telle situation de la France, il convient d’apporter telle ou telle solution, qui peut être de gauche ou de droite, c’est selon ?

Une situation politique française de congruence :

La mondialisation et l’élargissement trop rapide de l’Europe bousculent les frontières idéologiques, économiques et culturelles. La tout puissance des médias et la mondialisation de l’information et de la culture font que les opinions publiques perdent leurs repères traditionnels et provoquent des réactions d’incompréhension et de peur.

La France est une sorte de bateau qui affronte la haute mer, alors qu’elle ne s’est pas dotée des outils et de la méthode nécessaires pour le faire dans de bonnes conditions.

La France est un pays flottant, dans une Europe flottante et dans un monde flottant, mais cela n’a rien à voir avec la tradition japonaise du monde flottant.

Gauche, droite, que penser de ce clivage ? Alors qu’on voit bien que leur signification n’a pas le même sens en Europe, et que la crise actuelle impose d’ouvrir des voies nouvelles de consensus, de congruence, pour ne pas dire d’union nationale, sur les grands sujets du moment et de l’avenir.

La France est en crise, et dans la situation actuelle, avec les enjeux et les problèmes liés à la sécurité, aux déficits et à la dette, à la compétitivité de ses forces productives, au retour des quartiers sensibles dans la République, à la refondation des institutions européennes de la zone euro et des 27, à la régulation mondiale, à la poussée démographique des pays du sud… il n’est d’autre solution politique sérieuse que congruente.

Les caractères gras sont de ma responsabilité.

Jean Pierre Renaud

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 08:13

Humeur Tique : JC Trichet, ministre de l’Economie et des Finances, un professionnel remplace un amateur !

 

            Le scoop que les citoyens sérieux attendent : la nomination de M.Trichet comme ministre de l’Economie et des Finances de la France.

            Il va être disponible dans quelques semaines et le pays a besoin d’un vrai professionnel pour redresser nos finances publiques.

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