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8 janvier 2024 1 08 /01 /janvier /2024 16:00

La Subversion Postcoloniale à l’œuvre

Pascal Blanchard and Co

Ci-joints deux textes déjà publiés en 2014 et 2017

Le nouveau livre dont je viens de découvrir l’existence : « Colonisation Propagande » (Cherche Midi 2022)

L’historien Pascal Blanchard vient à nouveau de s’illustrer au rayon des fausses sciences postcoloniales en publiant un ouvrage dont le contenu soulève tout un ensemble de critiques sur les sources citées et leur représentativité historique.

Au choix, fausses déconstructions à l’œuvre, pénitents politiques au travail, matière première d’un business qui a su surfer sur ce trésor d’images, car certaines sont très belles.

 L’histoire postcoloniale n’a pas démontré jusqu’à présent que, grâce à ce trésor d’images, les Français et les Françaises ont eu la chance de baigner dans l’univers colonial.

La quatrième de couverture de ce livre répertorie quelques-unes des fausses clés de notre histoire coloniale et illustre à nouveau la subversion idéologique et historique qui anime cette équipe.

En 2008, j’ai publié le livre « Supercherie coloniale » qui critique, point  par point, cette manipulation des sources publiques que constituent les images dites coloniales.

Tout au long des années, depuis 2010, j’ai publié sur ce blog des analyses critiques des ouvrages de cette équipe, alors que et sauf erreur, jusqu’à présent les historiens de métier ne se sont pas manifestés.

Les Faux de la Quatrième de Couverture du livre

Vous lirez les analyses jointes pour mieux mesurer et apprécier les affabulations de cette équipe

            1 - « Pendant plus d’un siècle, de la IIIème République naissante (1870) à la dernière décolonisation (1980), les Nouvelles Hébrides, la propagande coloniale a fait partie du quotidien des Français… » 

            2 « Au cœur de l’Etat, une Agence des colonies a été le fer de lance de cette propagande »

            3 - « Génération après génération l’idée coloniale a fait son chemin, pour devenir consensuelle durant l’entre-deux- guerres. »

            4 - « L’image a été un vecteur essentiel du message colonial, portant un regard paternaliste et raciste sur ceux que l’on appelait les « indigènes »

            5 – « … ce travail nous montre comment a été construit l’univers symbolique structurant l’imaginaire sur la colonisation. »

            6 – « Ce livre écrit à cinq voix, permet de comprendre comment le discours sur la « mission civilisatrice » s’est imposé et comment se sont bâties les grandes mythologies de la « République coloniale » dont certaines représentations perdurent. Cette approche inédite sur notre culture visuelle, politique et historique participe au travail de déconstruction en cours sur l’héritage de la colonisation, nous permettant de regarder autrement ce passé et ses résonances dans le présent. »

Je me suis souvent demandé comment il était honnêtement et intellectuellement possible d’énoncer de telles fausses vérités historiques, une telle méconnaissance de l’histoire coloniale, une telle ignorance de l’histoire quantitative, sauf à l’expliquer par le fait que cette histoire n’a jamais intéressé personne, à l’époque coloniale elle-même et de nos jours, à voir la liberté qu’elle donne pour raconter n’importe quoi.

En 1994, Pascal Blanchard a défendu à la Sorbonne une thèse de doctorat pilotée par Mme Coquery-Vidrovitch dont le sujet était « Nationalisme et Colonialisme » Années 1930 -1940 – Sud-Est de la France métropolitaine, un sujet plutôt éloigné de l’histoire coloniale elle-même : il s’est arrogé l’héritage d’un Colloque savant de l’année 1993, formé d’historiens de métier et spécialisés portant sur les Images coloniales.       

Les Deux Questions capitales posées par le contenu de l’ouvrage

La Méthode

Il s’agit d’une question d’autant plus sensible que la thèse de l’intéressé, son orientation, son contenu, son langage, soumettent l’analyse critique à un exercice difficile, alors que l’ensemble des ouvrages publiés par l’équipe Blanchard ne se caractérise pas par une écriture de type scientifique fidèle à l’héritage historique de Marc Bloch.

Compte tenu de la période choisie et de l’étendue des sujets traités, la thèse Blanchard souffre d’au moins deux défauts majeurs, son anachronisme et sa carence quantitative. 

  • L’exemple de l’Agence des colonies est caricatural.

La Magie des Images

Les images, quelles que soient leurs dates et leurs origines, ont toujours intrigué et fasciné le public qui les recevait. Avec la photo, le cinéma, la télévision, internet, les réseaux sociaux, le monde actuel « baigne » dans un univers d’images, ce qui n’était pas le cas au cours de la période coloniale étudiée par l’équipe Blanchard.

Au début du XXème siècle, la France, une certaine France a commencé à découvrir les images coloniales dont la signification n’était pas toujours facile à interpréter et à comprendre, en dehors de leur contexte historique ou ethnique.

L’équipe Blanchard a fait litière de cet impératif scientifique mis en évidence par la sémiologie. Les savants du Colloque de janvier 1993 avaient largement évoqué cette difficulté de l’interprétation historique.

La thèse Blanchard souffre donc d’au moins deux carences scientifiques, l’absence de mesure quantitative à la fois des vecteurs et de leurs effets, d’une part, une carence d’analyse sémiologique de la source « Images coloniales » d’autre part.

                     Jean Pierre Renaud

  • Voir ci-après : - 1 – le texte critique intitulé  Agit - Prop - Contre Propagande coloniale publié le 4/05/2018      
  • Sur le blog                                                                                                                                                                                                

« - 2 –                                                                                                

       Agit-prop postcoloniale contre propagande coloniale ?

Quatrième et dernier mouvement du chemin d’analyse et de réflexion, comme  annoncé sur ce thème

 Résumé et plein phare sur le cœur de cible historique, la « propagande coloniale »

Source, le livre  « Supercherie coloniale »

&

En prologue

De quelle histoire postcoloniale est-il question ? Celle racontée par le modèle de propagande Blanchard and Co !

Il n’est évidemment pas dans mes intentions d’affirmer que cette catégorie d’histoire est représentative de l’histoire postcoloniale dans son ensemble.

Il est superflu d’indiquer que je ne suis pas un historien de formation, mais que j’ai toujours été passionné par l’histoire. Je suis revenu vers l’histoire coloniale et postcoloniale, en grande partie par curiosité intellectuelle, pour compléter ma culture générale, mais tout autant, afin de mieux comprendre et juger les discours que tiennent certains historiens à la mode qui surfent sur une histoire postcoloniale qui dénature l’histoire coloniale.

Mes études universitaires, puis les fonctions que j’ai exercées dans la fonction publique, m’ont inculqué une rigueur intellectuelle que je n’ai pas trouvée dans les ouvrages que j’ai analysés.

L’histoire postcoloniale du modèle de propagande Blanchard and Co soulève maintes questions sur l’écriture de l’histoire postcoloniale, comparables à celles énoncées et analysées dans le livre de Sophie Dulucq « Ecrire l’histoire à l’époque coloniale », un ouvrage qui a fait l’objet de ma lecture critique sur ce blog.

J’y relevais notamment que la question de « servilité » de cette catégorie d’histoire se posait effectivement, mais par rapport à quel pouvoir ?

Dirais-je en passant, qu’après avoir lu, et souvent annoté de nombreux récits publiés à l’époque coloniale, le plus souvent par des explorateurs, des officiers, des administrateurs, et par des spécialistes, j’en ai conservé le souvenir de récits d’histoire que je qualifierais de « brut de décoffrage », souvent bien rédigés, qui se contentaient de nous faire part des faits et observations de toute nature qu’ils effectuaient alors dans leurs pérégrinations civiles ou militaires ?

Elles étaient loin d’être « fabriquées » et représentent encore de nos jours une sorte d’encyclopédie coloniale incomparable, fut-elle quelquefois ou souvent entachée d’un certain regard de supériorité blanche !

Une encyclopédie écrite et en images, à consulter la multitude de croquis, de dessins, de cartes, et de photographies, un potentiel de récits et d’images qui ne paraissent pas avoir trouvé leur place historique dans les livres critiqués !

La richesse de ces sources a été complètement mise de côté par ce collectif de chercheurs, qui ont choisi comme source historique un échantillon d’images de type métropolitain, supposé représentatif, ce qui n’est pas le cas.

Est-ce que ces travaux d’histoire postcoloniale ne sont pas à ranger, comme tous les autres, dans la catégorie des histoires qui correspondent aux situations successives de l’histoire de France ? Avec toujours le cordon ombilical du pouvoir ou d’un pouvoir qui tient les manettes, l’Eglise et la monarchie, puis la République laïque et ses hussards, puis le pouvoir idéologique du marxisme, du tiers-mondisme, et de nos jours le multiculturalisme.

 La « servilité » est toujours omniprésente, et sert d’une façon ou d’une autre les pouvoirs régnant dans chacune des situations historiques décrites !

De nos jours, il s’agit du marché médiatique auquel les éditeurs sont évidemment sensibles, tant ils ont de peine à rentabiliser les ouvrages en sciences humaines, en concurrence sur les réseaux sociaux, à tel point que la « mémoire »  remplace souvent l’« histoire » avec un grand H.

La véritable question posée n’est-elle pas celle du pouvoir ou des pouvoirs de l’Université face à ces nouvelles concurrences ?

En ce qui concerne les thèses d’histoire postcoloniale, et compte tenu de leur impact idéologique, pourquoi n’exigerait-on pas qu’elles ne soient pas frappées d’un secret de la confession qui enveloppe le travail et les conclusions des jurys, c’est-à-dire le manque de transparence sur la scientificité supposée de ces  thèses d’histoire ?

Une suggestion pour finir ce prologue ! Pourquoi ne pas disposer d’un deuxième volet de l‘écriture de l’histoire à l’époque postcoloniale sous le titre « Ecrire l’histoire à l’époque postcoloniale » 

 

Le lecteur trouvera ci-après un résumé récapitulatif des critiques qu’ont appelées de ma part les discours du « modèle de propagande  ACHAC-BDM », en mettant naturellement l’accent sur le dossier de la propagande coloniale.

Ce type de récapitulation n’évitera évidemment pas quelques redites des analyses déjà publiées sur ce blog.

Jean Pierre Renaud    Tous droits réservés

 

 

 

1

IVRESSE DES MOTS ET MOTS-CHOCS

 

Avant d’aborder le cœur du sujet, pourquoi ne pas citer quelques-uns des  éléments du langage historique auquel il est fait appel ?

Je rappelle que ces derniers ont été publiés dans les livres suivants : Culture coloniale (2003) (CC), La République coloniale (2003) (RC), Culture impériale (2004) (CI), La Fracture coloniale (2005 (FC), L’illusion coloniale (2006) (IC), avec pour références du « Colloque » de 1993 (C) et du livre « Images et Colonies (IC).

            Sommes-nous ici dans l’histoire coloniale ou dans la médecine de Molière ?

            Introduisons ce petit inventaire à la Prévert, en citant une phrase de La République Coloniale (p,144) : « long serait le florilège de ce qui, dans les discours, poursuit de façon souterraine des régimes d’énonciation structurés pendant la période coloniale. »

            A la lecture des ouvrages cités, il est difficile de résister à l’avalanche de leurs mots ou d’expressions, vous invitant rarement au rêve, souvent en coups de feu, un florilège de mots et d’expressions franchement abstrus, pour ajouter à ce mot un qualificatif du grand Hugo, qualificatif aujourd’hui un peu pédant.

            Prenons le risque, non historique, de proposer cette esquisse, en laissant le soin aux spécialistes, aux lexicologues, d’effectuer un travail complet sur le registre de ces mots et expressions.

            Des mots en mal d’évasion ! « Le bain colonial » (C,p,14, Introduction Blanchard-Chatelier (p,14/C) (179/CC), une expression souvent utilisée, alors que dans son acception commune, un bain ne dure jamais très longtemps, sauf dans certaines industries. La profusion des métaphores, des paraboles, des allégories, et le fantôme permanent de l’Autre, toujours l’Autre, la figure indéfinie.

Le lecteur se rappelle sans doute mon évocation du fandroana, le bain royal des Reines de Madagascar : s’agit-il d’asperger les lecteurs d’une eau lustrale postcoloniale ?

            Une autre formule se veut heureuse : « la colonie est propre, parce que lavée plus blanc ». (IC,p,255)

            Une formulation poétique, mais combien subversive ! « Evanescence idéale des femmes aux seins toujours nus, à l’épiderme foncé (IC,p,255). Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet, sur la manipulation des cartes postales mauresques, sur la méconnaissance du nu africain, tout autant que de l’habillé que l’on trouvait aux mêmes époques en Indochine, à Madagascar, ou en Afrique.

            Il ne faut pas avoir lu beaucoup de récits d’explorateurs, d’officiers, ou d’administrateurs qui n’étaient pas obligatoirement « colonialistes », pour l’avoir constaté à maintes reprises. Je le constatais ces dernières semaines et à nouveau dans le récit de la Croisière Noire Citroën en 1924-1925.

            « Nudité, érotisme,… animalité… restent une constante de l’impensé blanc » (IC, p,255). Les blancs étaient donc tous des obsédés sexuels, en tout cas tous ceux qui se trouvaient aux colonies, même les missionnaires ? Pour assouvir leurs fantasmes sexuels ! Les bordels de métropole leur manquaient tant ?

            Si l’anthropologue Gilles Boëtsch feuilletait le livre consacré au dessinateur et peintre, en même temps que bon petit Français, Patrick Jouanneau « Maroc, Algérie, Tunisie - Dessins-Aquarelles- Peintures » (Editions Baconnier/Copagic) », il trouverait sans doute ce livre très frustrant, faute de « Mauresques aux seins nus »

            Des mots et expressions en coups de feu !

L’Agence des colonies (sa propagande) « inondait » (CC,p,139) – « stakhanoviste » (IC,p,230) – « marteler » (IC,p,230) – « pour déconstruire le récit de la République Coloniale » (RC, V) – « le révisionnisme colonial actuel » (RC,p,36) -  « l’impensé colonial » (RC,p,150) – « ce qui signifie que la pensée républicaine n’est pas ontologiquement coloniale » (RC,p,104) – « une société de l’antimémoire coloniale » (RC,p,147) - « la déconstruction des impensés » (FC,p,182) – « érotisation et prédation sexuelle » (FC,p,200) – « à la mémoire du sang qui a abreuvé les villages algériens » (FC,p,236).

            Quelques autres mots savants ou pédants, et décidément abstrus !

 Quelques perles tout d’abord ! « richesses (Chrématistique) », «  formes excessives de jouissance (pléonexia) » (FC,p,143) « les aspects les plus galliques » (FC,p,148) « le vacillement sémantique du mot jeune » (FC,p,280).

Il y a de quoi effectivement vaciller !

            Dans la description historique supposée de l’époque coloniale : « un espace désormais quadrillé, contrôlé, normé (CC,p,179)- « l’idéal type de l’anthropophage (CC,p,149) – « la majorité des Français ont connu… à travers le prisme déformant de cette iconographie – il semble que ces images soient devenues des réalités… pour une majorité de Français qui ne doutent pas de leur véracité » (C,p,15, Introduction Blanchard Chatelier) – « la torture : elle fut consubstantielle de la colonisation dès ses origines » (RC,p,155) – « sur des dispositifs d’animalisation et de bestialisation de l’autre (FC,p,141) – « la perception de l’autre résulte d’un bricolage identitaire où la mémoire fonctionne comme  filtre » (FC,p,233)

Comprenne qui pourra un langage aussi obscur ! Mais s’agit-il encore d’histoire ?

L’ambition du trio d’historiens : « il est temps de décoloniser les images » (IC,p,8) – « et de déconstruire » (RC,p,9)

            Le résultat de la colonisation : « elle a fait rêver cinq générations de Français » (RC,p,11) – « il faut sortir de l’idée prégnante forgée par l’iconographie (IC,p,227) – « comment construire une mémoire ? » (RC,p,140) – « une réécriture de cette  histoire tronquée pour rendre compatible l’incorporation de la mémoire à l’imaginaire social » (RC,p,153) « la persistance d’une figure de l’indigène logée dans leur corps » (FC,p,200)

 Ou Satan es-tu là ?

« –Dans la partition sexuée de l’indigénisation contemporaine. » (FC,p,204).

Tentons à présent d’entrer dans le corps du sujet, c’est-à-dire de plonger dans le « bain colonial » critique.

Jean Pierre Renaud   (JPR)  Tous droits réservés (TDR)

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