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15 mai 2021 6 15 /05 /mai /2021 14:47

« Supercherie coloniale »

(2008)

Avec Jean Pierre Renaud

 Ou

« Culture coloniale », culture impériale … » » avec Pascal Blanchard et l’Achac ?

Il y a presque quatorze ans déjà !

Réponse d’un grand éditeur en date du 5 juillet 2007 : une pièce à conviction sur les choix d’édition entre éditeurs !

Comme je l’ai déjà écrit à maintes reprises sur le blog, le livre en question mettait en pièces, pièce par pièce, le discours idéologique et littéraire de l’équipe Blanchard, un discours pseudo-historique frappé d’une carence notoire de démonstration statistique et quantitative.

« Lettre du 5 juillet 2007

« Concerne : Supercherie coloniale,

Cher Monsieur,

Je vous remercie vivement de vos deux textes.

Je les ai appréciés à leur juste valeur et me sens bien entendu, sur la même longueur d’onde que vous. Mais pour vous dire la vérité, je n’ai aucune envie de me lancer ou de laisser…. se lancer dans une polémique directe avec des auteurs nommés (et dont un a même été publié dans la Maison !).

Votre « avant-scène post-coloniale m’a par ailleurs bien amusé.

J’espère que vous trouverez un autre éditeur et vous assure, cher Monsieur, de tous mes sentiments les meilleurs. »

&

Concrètement, je n’ai pas trouvé d’éditeur de la place courageux, alors que d’autres éditeurs surfaient sur ces courants d’histoire repentante, idéologique, ou marketing, comme vient de le relever Pierre-André Taguieff, dans un livre que j’ai cité sur le blog.

J’ai fait appel à un petit éditeur amateur et grand défenseur d’une histoire coloniale non frelatée.

Ce type d’histoire marketing marche tellement bien que Pascal Blanchard, par son entremise, vient de se voir propulser dans un des nombreux conseils du Président actuel.

Dernière anecdote tout à fait symbolique : le livre que j’avais envoyé en deux exemplaires à la Mairie de Paris (Maire Delanoë) pour la Bibliothèque Municipale s’est retrouvé en vente dans une solderie…

Je publie donc à nouveau ci-après le passage du livre cité ci-dessus par mon correspondant.

« Supercherie  Coloniale »

Jean Pierre Renaud

Mémoires d’Hommes 2008

Pages 13 à 16

« En avant-scène postcoloniale
Et, sur les pas du célèbre Montesquieu,
Comment peut-on être Malgache
à Paris au XXIe siècle ?

     De Jérôme Harivel, Cité Universitaire Internationale, à Paris, à sa chère et tendre Vola, restée à Faravohitra, à Antatananarivo,

     Octobre 2001 – Comme tu le sais, à l’occasion du match. Algérie-France, dans ce magnifique stade de France, (quand en aurons-nous un aussi beau dans notre belle capitale ?) une partie du public a sifflé l’hymne national des Français. Tu vois le scandale ! Je n’y étais pas, car tu connais l’amour très modéré que je porte au sport. Cela m’a beaucoup étonné, moi qui croyais que l’Algérie était indépendante depuis 1962. La France était-elle devenue, à son tour, la colonie de l’Algérie ?

    Septembre 2003 –- Des amis français m’avaient convié à une soirée à la campagne, une campagne toute verte comme tu l’aimerais, près du Mans. A un moment donné, un des convives se mit à évoquer des livres récents qui traitaient de l’histoire coloniale de la France. Tu sais que les Français ne s’y intéressent pas beaucoup, mis à part la guerre d’Algérie, qui a laissé des traces profondes dans beaucoup de familles françaises.

      Je ne m’estimais pas vraiment concerné, lorsque j’entendis ce convive parler de bain colonial, et aussitôt je fis une association d’idées avec notre grande fête du bain de la Reine, notre fandroana mais il ne s’agissait pas de cela. C’était bien dommage, car la cérémonie du bain revêtait une grande importance dans notre monarchie. Beaucoup de faste, une grande foule, le bain de Ranavalona III derrière le rideau rouge, la couleur sacrée, avec ce petit grain de folie religieuse qui mettait du sel dans le rituel sacré du bain, l’aspersion de la foule venue entendre le kabary de la reine et assister à son bain caché, avec l’eau qui avait servie au bain de la reine, une eau naturellement sacrée. Une lointaine parenté sans doute avec l’eau bénite, sans vouloir blasphémer le rite catholique !

     Février 2005 – Un de mes bons amis malgaches m’a entraîné au Forum des Images de la Ville de Paris pour assister à une des séances du festival des films coloniaux qui y avait lieu.

    Deux personnes commentaient ces documents, un belge, je crois, et un universitaire africain dont j’ignorais le nom. Pour nous mettre sans doute dans l’ambiance idéologique de cette séance, le présentateur belge avait distribué une note de présentation dans laquelle il énonçait quelques fortes vérités, je cite :

      « C’est au nom de la légitimité coloniale que l’on filme les femmes au torse nu... c’est la relation d’assujettissement du colonisé au colon. C’est la violence légale. naturelle de l’ordre colonial qui apparaît lorsque l’on regarde ces images... on perçoit régulièrement les signes d’un déni d’humanité accordé à l’indigène dont le filmeur (sic) d’alors n’avait pas conscience ».

      On nous a projeté plusieurs films d’amateurs de qualité tout à fait inégale. L’un d’entre eux a attiré mon attention, parce qu’il avait été tourné chez nous, par un Vazaha (un Blanc) sans doute riche, car il le fallait pour disposer d’une caméra. A un moment donné, on voyait une femme blanche assise dans un filanzana, notre fameuse chaise à porteurs. portée donc par quatre bourjanes, et le commentateur de souligner doctement, et une fois de plus, que cette image était un autre symbole du colonialisme en action.

     A la fin de la projection, un Vazaha s’est levé et a pris la parole pour expliquer à la salle que tous les gens riches de Madagascar, nobles, hauts fonctionnaires militaires ou civils, marchands fortunés recouraient habituellement à ce mode de transport à une époque où il n’y avait aucune route dans l’île, et donc aucun véhicule à roues. Je me suis bien gardé d’intervenir, mais l’échange m’a bien amusé.

     Que dire encore à ce sujet sur les pousse-pousse qui existent encore en Asie et sur notre belle île !

    Mai 2005 – Un grand débat agite les médias et le microcosme politique, sur l’esclavage et le rôle positif de la colonisation française. Des députés, toutes tendances confondues, de droite et de gauche, ont eu la foutue bonne idée de faire reconnaître par la loi le rôle positif de la colonisation. Grand chahut chez les historiens et au sein des associations qui ont l’ambition de défendre la cause des populations immigrées. notamment de celles qui ont publié un appel d’après lequel, leurs ressortissants seraient les Indigènes de la république.

     Prudence de notre côté étant donné le passé de notre grande île et de l’abolition relativement récente de notre esclavage. Certains de nos lettrés ne disent-ils pas que les descendants des andevos, nos anciens esclaves, portent encore dans leur tête leur passé d’esclave, avec la complicité des descendants de leurs anciens propriétaires d’esclaves. Nous sommes d’ailleurs bien placés à Madagascar pour savoir que la traite des esclaves s’est prolongée longtemps en Afrique de l’Est, dans l’Océan Indien, et dans le Golfe Persique, avec les traditionnels trafics arabes d’esclaves.

     Je te signale d’ailleurs qu’une historienne de La Réunion prend des positions hardies dans ce difficile débat.

     Je recommanderais volontiers la même prudence aux descendants des grands royaumes négriers de l’Afrique du Centre et de l’Ouest.

     Novembre 2005 – En France, la mode est aujourd’hui à la repentance. Les Français adorent ça et se complaisent dans leurs défaites militaires qu’ils célèbrent avec une joie masochiste. Le président Bouteflika somme la France de se repentir, alors que la guerre d’Algérie a été un affrontement de violences des deux côtés, et que l’Algérie indépendante sort à peine d’une guerre civile cruelle.

      Dans toute cette affaire, plus personne ne comprend plus rien à rien, entre ce qui relève de la mémoire et ce qui relève de l’histoire ! Je me demande si certains historiens ne s’intéressent pas plus à la mémoire qu’à l’histoire.

     Octobre 2006 – Tu vois, l’Algérie est toujours au cœur du problème français, et certains historiens ont du mal à travailler sur l’histoire coloniale sans être obsédés par l’Algérie, toujours l’Algérie, qui parait d’ailleurs de plus en plus présente en France, plus de quarante ans après son indépendance. Un politologue, d’une espèce difficile à définir, a commis un livre, ou plutôt un crime contre la raison, en énonçant le postulat qui voudrait que coloniser, c’est exterminer, et bien sûr en raisonnant sur l’Algérie. Ce politologue s’est fait ramasser dans les grandes largeurs par deux éminents historiens de l’Algérie.

     Ce mois-ci, Blois a accueilli le 9ème Rendez-vous de l’Histoire. A l’occasion d’un Café Littéraire, tu te souviens du rôle des cafés dans l’histoire littéraire parisienne, un dialogue musclé s’est engagé entre le principal prosélyte d’une nouvelle histoire coloniale et l’auteur d’un livre intitulé Pour en finir avec la repentance coloniale, précisément dans le cas de l’Algérie. Le prosélyte de lui lancer : « Vous êtes un historien révisionniste, ça vous fait fliper » (sic)(1). Je me serais bien gardé d’intervenir dans ce débat : il n’y a pas si longtemps, notre grand Amiral marxiste. Dictateur et chef de l’état, aurait brandi aussi facilement ce type d’accusation. »

  1. Il s’agissait de Pascal Blanchard

Jean Pierre Renaud     Tous droits réservés

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12 avril 2021 1 12 /04 /avril /2021 14:47

La propagande postcoloniale subversive de Pascal Blanchard

Le Figaro du 9 avril 2021, pleine page 15 – Portrait

Alexandre Devecchio

« Pascal Blanchard, l’indigéniste version « cool » de Macron »

« L’entrepreneur a su séduire les élites politiques et médiatiques. Au point que le gouvernement lui a confié la mission de célébrer les personnalités de la « diversité ». Mais celui qui se présente comme historien est qualifié d’imposteur par une partie de ces derniers. »

            Dès l’année de sa création, en 2010, les lecteurs et lectrices du blog ont pu avoir l’occasion de découvrir mes appréciations sur les œuvres de ce groupe de pression idéologique et marchand animé par Pascal Blanchard, au travers d’une association ACHAC, dont il est possible de se demander quel est son statut juridique et financier.

            En 2018 (avril et mai), j’ai publié plusieurs chroniques critiques sur la propagande postcoloniale diffusée par le groupe d’études Blanchard and Co tel que je l’ai dénommé.

            J’y dénonçais ce que je qualifiais de propagande subversive telle qu’elle a été développée par la plupart des mouvements révolutionnaires de l’époque moderne.

            Je ne me suis pas contenté de survoler les écritures de ce groupe, mais j’ai été à la source du discours Blanchard, sa thèse à la Sorbonne, son rôle au cours et après le Colloque Savant de 1993 sur le thème « Images et Colonies », et naturellement la succession des livres publiés sur la Culture coloniale, puis impériale, puis sur la Fracture coloniale, des écrits que j’ai passés au peigne fin.

            Dans le livre « Supercherie coloniale » j’ai résumé en 2008 l’ensemble des critiques de fond qu’appelaient ces écrits : anachronisme, carence notoire de l’histoire quantitative, absence de mesure des vecteurs de propagande et de leurs effets - absence criante de la presse alors que la télévision n’existait pas - , analyses truffées d’enflures d’écriture et d’affirmations non fondées, ignorance de l’histoire coloniale, etc…

            Les lecteurs peuvent consulter quelques dizaines de pages de ce livre, soit sur internet, soit sur mon blog.

            Puis-je signaler qu’un grand éditeur de la place n’avait pas cru devoir donner suite à ma proposition de publication du manuscrit, du fait des interférences pouvant exister avec certaines branches de son groupe,   parties prenantes possibles  des écrits critiqués ? J’ai conservé cette lettre.

            La France se réveillerait-elle enfin pour dénoncer tous ces « bateleurs d’estrade » ( le mot de Pierre-André Taguieff ), ces faussaires, ces amateurs de fric qui sèment les graines d’une désagrégation nationale ?

            Notre devoir de citoyen est de dénoncer une Présidence de la République qui donne son label républicain à ce type d’entreprise de démolition nationale !

        Jean Pierre Renaud

 

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2 mars 2021 2 02 /03 /mars /2021 11:17

La Grande Peur des Enseignants

 

            Les médias paraissent découvrir la situation de nos écoles depuis l’assassinat de Serge Paty le 16 octobre 2020, et depuis, les enquêtes se succèdent pour identifier les problèmes, et éventuellement les solutions.

Les problèmes sont très nombreux, mais les actualités nous ont fait mettre le doigt sur les enjeux de laïcité, de neutralité de l’enseignement, à partir du moment où une partie de la population conteste, enfants et parents y compris, les missions de l’école publique républicaine.

Menaces, pressions, messages sur les réseaux sociaux, refus d’engagement des syndicats, frilosité de notre administration, pour ne pas dire abandon ou refus de mission, aveuglement des pouvoirs publics, trop de facteurs ébranlent les fondations de cet édifice républicain de formation aux libertés.

On peut comprendre la peur de beaucoup d’enseignants d’assumer les risques et de faire face, mais ne faut-il pas attirer l’attention sur une face trop méconnue du problème, celle d’une intoxication intellectuelle, historique, idéologique dont souffre une partie du corps enseignant, notamment d’histoire géographie, une adhésion souvent militante aux courants du décolonial, du postcolonial, à la victimisation des peuples colonisés et à leurs descendants…

Dans les années 1880-1890, l’esclavage existait encore en Afrique noire et à Madagascar, et des roitelets esclavagistes approvisionnaient encore l’esclavage du Moyen Orient.

Au Dahomey, aujourd’hui Bénin, le roi Béhanzin que Monsieur TIn, professeur et chef des Indigènes de la République, a comparé à nos rois de France, la cité royale d’Abomey valant celle de Saint Denis, était non seulement un esclavagiste patenté mais un roi sacrificateur d’esclaves.

Les roitelets du voisinage furent bien contents qu’on les en débarrasse.

Afin d’éclairer les débats actuels de « la faute à qui », à propos du malaise et du métier difficile de nos professeurs, le témoignage d’un géo politologue connu pour ses positions tiers-mondistes, Yves Lacoste.

Dans un gros livre intitulé « La Question post-coloniale » ( 2010) il déroule une longue analyse critique de notre passé colonial, tout en épinglant quelques-uns des excès d’une partie des intellectuels post-coloniaux à la mode :

Dans le chapitre deuxième, l’auteur souligne « L’importance des représentations géopolitiques dans la question post-coloniale » (p,63 à 123)

A la page, revenant  aux « jeunes » des « grands ensembles », un sujet dont il fut un des spécialistes, il évoque à nouveau une lutte de pouvoirs avec la police, en distinguant le positif et le négatif… :

« Mais ils expriment leurs insatisfactions et leurs inquiétudes par une hostilité croissante à l’encontre du pays et de la société où l’immigration de leurs grands-parents, il y a plusieurs décennies, les a fait naître. La justification de cette hostilité se fonde sur des représentations historiques qui, dans les milieux intellectuels, font de nos jours consensus dans la mesure où celles-ci réprouvent la colonisation depuis que les empires coloniaux ont disparu. Or, pour bien marquer leur différence, les jeunes intellectuels « issus de l’immigration » proclament que le colonialisme continue d’exister en France. » (page 65)

L’auteur analyse alors :

            « La diffusion de représentations accusatrices du colonialisme (page 66)

            « … Pour schématiser, on peut dire que, malgré les effets de « l’absentéisme scolaire », un certain nombre de ces jeunes vont au collège et qu’ils s’intéressent particulièrement, même de façon brouillonne et agressive, à ce que disent les professeurs d’histoire-géographie sur la colonisation et la traite des esclaves en effet, depuis une dizaine d’années, les programmes scolaires prescrivent qu’un certain nombre d’heures d’enseignement soient consacrées à ces problèmes qui sont aussi de plus en plus présents dans les manuels. Les enseignants en font d’autant plus état que cela les intéresse personnellement et passionne les élèves il n’en reste pas moins que, dans ces quartiers ou à proximité, la tâche des professeurs – qui sont de plus en plus des femmes – est encore plus difficile qu’ailleurs. » (page 66)

            Commentaire : cette analyse concerne les « grands ensembles », mais elle montre le rôle important des professeurs d’histoire géographie très souvent séduits par une culture multiculturelle de gauche très influente dans l’ensemble de notre système scolaire. Il fut un temps où il s’agissait de la culture marxiste, mais faute de marxisme, on s’est rabattu sur une autre thématique à la mode, d’autant plus facilement que l’ouverture des frontières a fait sauter beaucoup de frontières culturelles, et misé sur la générosité et l’idéalisme de la jeunesse, comme de tout temps.

Il serait sans doute possible de mettre au défi scientifique les animateurs et propagandistes de cette lecture de notre histoire de mesurer le même type de « représentations » dans les livres des 3ème et 4ème Républiques, images, nombre de pages, et lignes de texte, en tenant compte évidemment des contextes historiques correspondants, en l’absence notamment des images télévisées et de celles des réseaux sociaux.

            «  Un consensus de rejet de la colonisation depuis qu’elle a disparu.

            « Tout cela est la conséquence du développement relativement récent du vaste courant d’idées qui stigmatise la colonisation. Les quelques tentatives maladroites pour faire admettre qu’il n’y eut pas que des atrocités dans les colonies et que tout n’y fut pas constamment aussi épouvantable, suscitent de la part de certains (nouveaux venus en la matière) un surcroit d’accusations indignées et de publications vengeresses. » (page 67)

            Questions : sur un sujet aussi sensible et polémique, le lecteur aurait aimé avoir plus de précisions sur les constats soulignés.

            « Consensus » : quelle évaluation ? « Vaste courant d’idées » : quelle évaluation ? « Publications vengeresses » ? Lesquelles ? Fusse en renvoi !

            Quel intellectuel aura le courage de contester les témoignages d’Hampâté Bâ dans ses nombreux livres, dont l’un de grande sagesse –« Kaidara », avec sa vision capitale des deux versants de la colonisation, la diurne et la nocturne ?

Comme le contenu du gros livre d’histoire VII de l’UNESCO sur « L’Afrique sous domination coloniale » ?

            L’histoire de l’impérialisme n’a jamais eu, ni frontière, ni époque : il s’est inscrit dans ce que la philosophie chinoise, a dénommé « le cours des choses ».

De nos jours, comme par le passé, les « spécialistes », dénomment un certain de type de domination par l’expression gentillette de « soft power », mais le « hard power » n’est jamais loin, le totalitarisme, comme c’est le cas en Chine, en Corée du Nord, en Turquie, en Algérie …

            Jean Pierre Renaud   Tous droits réservés

 

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2 mars 2021 2 02 /03 /mars /2021 10:17

« L’imposture décoloniale » (2020)

Pierre-André Taguieff

Une analyse du « cadre institutionnel public et privé » de la production du discours postcolonial !

&

« Supercherie coloniale » (2008)

Jean Pierre Renaud

Une analyse d’un « produit » postcolonial » !

 

            Comment ne pas saluer au départ le courage d’un universitaire qui ose dire la vérité, alors que son milieu préfère le plus souvent le silence, le botté en touche, la servilité, pour ne pas dire la peur, la grande peur des enseignants ?

           Cet état d’esprit ne me surprend pas,car tout au long de ma carrière de haut fonctionnaire,  j’ai été frappé par un des traits dominants du service public, la servilité, c’est-à-dire surtout, pas de vagues !

            Cette attitude d’extrême prudence, pour user d’un terme modéré, s’explique en partie par le contexte de violence actuelle, un climat de fausses revendications mémorielles portées par des groupes de pression idéologiques, et souvent par l’attitude de nombreux parents.

       Tout au long des dix dernières années, j’ai proposé sur mon blog une lecture critique du discours de propagande postcoloniale développé par l’historien Blanchard et par ses deux collègues Bancel et Lemaire.

J’ai démonté pièce par pièce un discours pseudo-historique caractérisé par une carence d’analyse quantitative des vecteurs de culture coloniale supposés et de leurs effets sur l’opinion publique et la mémoire collective des Français sous la Troisième République.

L’historien avait soutenu, en 1994, une thèse de doctorat intitulée « Nationalisme et Colonialisme Idéologie coloniale Discours sur l’Afrique et les Africains de la droite nationaliste française des années 30 à la Révolution Nationale »

Je notais dans mon livre que la recherche historique en question était très limitée dans le temps et dans le champ idéologique choisi, et qu’elle ne s’était pas intéressée au dossier des images coloniales.

Qui plus est l’analyse de la presse dans son champ chronologique et géographique ne proposait pas plus de matériau historique solide et convaincant !

La source historique était en réalité à rechercher dans les Actes du Colloque savant de 1993 sur le thème « Images et Colonies » dont il fut un de ses secrétaires, et dont il s’appropria purement et simplement le matériau, sans trop d’opposition universitaire, pourquoi ne pas le dire ?

Mme Coquery-Vidrovitch faisait simplement remarquer que Monsieur Blanchard incarnait sans doute une catégorie nouvelle d’historien, « l’historien entrepreneur ».

L’intéressé a rapidement démontré en effet son savoir-faire tous azimuts avec l’association ACHAC, quasiment son enfant et avec l’agence privée de communication « Les bâtisseurs de mémoire », une appellation fort bien choisie compte tenu des talents démontrés pour habiller les mémoires coloniales et postcoloniales.

Pierre-André Taguieff vient de livrer son analyse sur le cadre institutionnel public- privé, et universitaire qui a laissé libre cours à des discours pseudo-historiques ayant contribué à semer le trouble, pour ne pas dire plus dans l’opinion publique, sans contestation du monde scientifique et universitaire. Ces discours ont donc prospéré, avec liaisons sulfureuses entre institutions, mélange des genres entre sciences et fausses sciences, entre public et privé, entre sciences et politique….

Dans la deuxième partie de l’ouvrage intitulée « France : postcolonial business et endoctrinement décolonial » (page 135 à 263), l’auteur propose une lecture critique sans fard du sujet :

Page 142 : « Instrument d’autopromotion de ses membres, l’ACHAC est aussi adossée à une entreprise dont Pascal Blanchard est le codirecteur, l’agence de communication «  Les Bâtisseurs de mémoire » (« Conseil, communication, histoire ») qui se propose de « promouvoir le passé historique, publicitaire et patrimonial des grande marques », dont les productions et les finalités posent effectivement question au milieu académique. Ces usages commerciaux devraient être totalement étrangers au monde de la recherche. »

Jean Pierre Renaud         Tous droits réservés

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25 janvier 2021 1 25 /01 /janvier /2021 10:24

HISTOIRE ou MÉMOIRE ?

Le Figaro du 21 janvier 2021, pages 10 et 11, avec grande photo de Macron et de Stora dans les ors de la République, sous le titre:

"Macron veut réconcilier sans céder à la repentance"

FRANCE – ALGÉRIE (1962 - 2021)

&

Question : est-ce que les Français ne s’en « foutent » pas ?

Témoignage d’un ancien officier SAS du contingent en Algérie avec quelques extraits de texte

       Le Président s’est lancé dans une opération politique de caractère dérisoire en confiant à  Benjamin Stora une mission impossible.

Qui est Monsieur Stora, un universitaire, un historien de l’Algérie, un mémorialiste, ou plutôt l’exemple bien connu des universitaires qui défendent des positions politiques ? Un historien qui passe de l’histoire à la mémoire, et qul se l’approprie ?

Aujourd’hui, « la mémoire juste », après « la guerre des mémoires » et les « mémoires qui saignent », alors qu’il n’a jamais eu le courage avec ses nombreux amis politiques de faire procéder à une enquête sérieuse sur la mémoire collective de la colonisation et de la guerre d’Algérie !

Macron aurait dit : « regarder l’histoire en face » et en même temps « construire une mémoire inclusive ». Est-il bien sérieux de mettre dans le même sac de raisonnement mémoire et histoire ? Il conviendra de demander aux philosophes ce que signifie l’adjectif à la mode « inclusive » et de l’expliquer aux citoyens.

Une commission, des propositions, un calendrier de commémorations bien calé pour les prochaines présidentielles !

Ne prend-t-on pas les Français pour des cons ?

Pour avoir toujours respecté le peuple algérien et avoir servi la France et l’Algérie, la solution ne consiste pas à continuer à enfiler des perles politiciennes et dérisoires,

  1. Ayez le courage de proposer aux citoyens le tableau statistique de la mémoire coloniale et algérienne des Français et des Françaises, tout en espérant que le même exercice d’honnêteté puisse être effectué en Algérie, avec les mêmes exigences de méthode statistique.

Les agitateurs patentés de notre histoire ont sans doute peur de constater que les citoyens ne sont pas concernés par le sujet.

  1. d'ouvrir toutes grandes les portes de l’information sur les relations fixées par de multiples accords diplomatiques, dont certains, me semble-t-il, datent encore des Accords d’Evian.

Dernière observation : la comparaison qui a été faite entre la Corée et l’Algérie manque de pertinence historique.

J’ai fait la critique de l’analyse que Lionel Babisz proposait dans le numéro 19 Année 2012 de la revue Cipango sous le titre « Japon- Corée, France-Algérie » : voir article du blog du 20/04/2016.

La critique de fond portait sur la pertinence d’une comparaison historique entre deux cas de contextes historiques très différents.

Pourquoi pas une petite chansonnette à la mode ancienne ?

« Tout le monde s’en foutait !

Tout le monde s’en foutait !

Tout le monde s’en fout !

Tout le monde s’en fout ! »

&

Quelques extraits de mon témoignage

« Morts ou vivants, ils l’auraient dit ou ils diraient »

 « Guerre d’Algérie Années 1958-1959-1960 »

« Vallée de la Soummam » (p, 60)

« Le sourire hygiénique »

Année 1959

« …Guerre aseptisée, apprivoisée, empaquetée, niée et s’il n’y avait pas eu de temps en temps un cercueil revêtu du drapeau tricolore pour revenir sur la bonne terre de France, personne n’aurait cru, non personne, qu’on jouait avec la mort et la vie en Algérie.

Beaucoup de monde, beaucoup trop de monde en Algérie pour qu’il n’y en ait pas qui refusent d’aller au paradis, sans comprendre ce qui s’y passait, en dehors de ce que racontaient les gazettes

D’autant qu’avec le temps, il se trouvait de plus en plus de jeunes soldats aux yeux ouverts et aux oreilles propres.

D’autant plus que les bons petits français disposaient de l’antidote naturel à leur désir congénital de vanité et de gloire : ils s’adonnaient avec la même ferveur au plaisir masochiste de la mauvaise conscience.

D’autant plus que les intellectuels français en remettaient chaque jour une louche dans les gazettes.
       Belle et magnifique intelligentsia, abordant le problème algérien comme la peinture moderne : elle avait peur de manquer le train de l’histoire.

Les Algériens commettaient des crimes abominables et le cœur des vierges chantait la louange des terroristes angéliques. L’Armée commettait des crimes non moins abominables mais elle n’avait aucune excuse atténuante. Gorge et plumes déployées pour accuser toujours et toujours la France et encenser les rebelles, croisés des temps modernes.

Intellectuels croque-morts : l’évènement d’Algérie sorti tout armé de leur plume pour plaire à l’Histoire.

La France n’a pas perdu l’Algérie, mais notre jeunesse y a perdu son âme, ses rêves, dans un cul de sac.

La guerre d’Algérie nous a tous collé à la peau et nous colle encore à la peau : il y avait des salauds des deux côtés et des gens honnêtes dans les deux camps, mais pourquoi toujours condamner la France par avance ?

Etait-il vraiment insensé  d’imaginer amener les trois couleurs autrement qu’en laissant nos harkis et moghaznis se faire empaler et embrocher sur les places des villages ?

Ils étaient de plus en plus nombreux à goûter à la drogue du doute et à contaminer famille et amis.
       Mais avant que la grande noria tant souhaitée du retour vers la terre natale n’emporte leur contingent d’élus, que de fantasias, de nuits blanches, d’estropiés et de morts laissés sur le carreau, des deux côtés !

Ce jour-là, à l’aube d’un beau matin de Pâques, avec une mer d’huile bleutée et verte, un gros vaisseau pansu et blanc déversa sur les quais d’Alger la blanche sa cargaison habituelle de chair humaine.

Pendant toute la traversée, les petits gars du contingent s’en étaient donné à cœur- joie : les carafons de mascara n’avaient pas beaucoup de peine à chasser nausée et mal de mer, derviches tourneurs, danseuses du ventre, prémonition de gloire ou de mort, avec Sartre en prime.
      En avant toute, pour la fantasia, les nuits câlines et voluptueuses, les parfums d’oranger les plus délicats, et la mort à l’aube tout droit sortie du Petit Illustré. »

Jean Pierre Renaud     Tous droits réservés

Année 1960

« Morts ou vivants, ils l’auraient dit ou ils diraient » (page 94)

« …Le douar reprenait une vie normale, un café maure avait rouvert, même un cinéma, les écoles avaient rouvert leurs portes. Tout semblait dire : la pacification a réussi, on pouvait la toucher du doigt….

     Juste une illusion, car le mal était fait. L’histoire avait effectivement franchi ici un pas. Elle ne reviendrait pas en arrière.
     Notre merveilleuse intelligentsia avait vu juste, mais elle avait beaucoup contribué à ce qu’il en soit ainsi.

      Le sourire hygiénique de la pacification, des hommes et femmes pacifiés, avait remplacé le sourire hygiénique du lieutenant de la SAS.

       En dépit d’une certaine paix revenue, les généraux et les colonels n’étaient pas encore rassasiés : les grandes opérations étaient toujours un pur régal. Ils rêvaient toujours des campagnes des grands chefs de guerre, les Bonaparte, Rommel, ou Mac Arthur.
        Ils rêvaient   toujours de grand-messes militaires et de pompe liturgique et ne pouvaient plus se passer du bruissement des radios, boîtes à merveilles ou boîtes à malices. Le chant des radios, de rose à noir, de rouge à bleu, de Pélican à Colombe, de Thérèse à Monique, ou de tango vert à Balto jaune, flattait toujours leurs oreilles  Sans radio, le chef était mort.

        Grandes opérations utiles ou inutiles, là n’était pas la question. Que serait devenu l’art militaire, le seul, sans ces exercices de pure esthétique ? 

        Avec un peu de chances, le colonel aurait bien quelques morts ou prisonniers du camp d’en face à faire  valoir aux journalistes et à son commandement avant la fin de la journée, de quoi organiser plus tard une belle prise d’armes.

          Le colonel espérait rentrer tôt, car il avait un dîner chez le sous-préfet. La glace tintait déjà dans les verres, la table était fleurie, les femmes jolies. Les joues de la sous-préfète rosiraient lorsque le colonel raconterait les faits d’arme de la journée.

         Les petits gars du contingent avaient une obsession plus prosaïque, la quille, le calendrier et le blanc des jours que l’on voulait voir mangé le plus vite possible par le noir du stylo. Il fallait décidemment une bonne petite guerre pour que des hommes de vingt ans veuillent biffer d’un coup deux années de leur vie.

          Et des quilles, il y en avait de toutes les sortes, la petite maigrichonne ou la   malicieuse, la quille bijou portée en collier, celle qu’on accrochait en sautoir, celle qui pendait à la ceinture… On ne pensait plus qu’à ça. Elle envahissait tout…

          Manquaient à la parade les quilles revêtues de noir de ceux qui ne reviendraient jamais d’Algérie… »

          Dernier commentaire : jusque dans les années 1939-1945, la grande majorité des Français n’était pas concernée par les colonies. Depuis les années 1980-1990, les Français ont souvent découvert ce passé colonial, du fait de deux facteurs majeurs, les flux d’immigration et l’activité débordante d’une multitude d’ONG.

          Jean Pierre Renaud        Tous droits réservés  Nihil obstat- Marie Christine

 

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4 janvier 2021 1 04 /01 /janvier /2021 15:26

Les Défis de la France de 2021 ?

 

            Au cours des vingt et trente dernières années, la France a changé en profondeur parce qu’elle a ouvert ses frontières à tous les vents sur le plan économique, mais tout autant sur les plans démographique et culturel.

            Chaque jour, les faux savants, les demi-savants, mais avant tout les ignorants, et très souvent les demi-habiles ou les cupides d’argent ou de notoriété, nous rabattent les oreilles de dé ou de post colonial, du dernier woke de service venu des Etats Unis, ou encore de diversité, reine de la terre et des cieux…Leur ambition à tous est de clouer notre pays au pilori pour mieux asseoir leurs fausses puissances.

            Trop, c’est trop, et cela suffit ! Arrêtez vos conneries ! Revenez sur le terrain, le terrain de la France et du bon sens !

            Je fais partie des Français qui ont incarné la diversité dans les années 60, ce qui était plutôt rare en France, dans une France qui ignorait quartiers sensibles, manifs pseudo-religieuses, propagande musulmane s’insinuant dans toutes les fentes de la culture, de la politique, et de la société.

            Je puis témoigner du bon accueil que ma famille fit à une jeune femme venue de la Grande Ile, alors qu’il n’en fut pas de même pour moi sur ses plateaux d’origine. J’eus l’occasion de recueillir le même type de témoignage au cours des années suivantes auprès de parents ou d’amis.

            On ne peut pas dire que dans ce pays, les relations humaines étaient radieuses entre ses communautés, notamment entre celles des plateaux et celles des côtes, sans évoquer les andevo, les anciens esclaves, pas plus qu’elles ne l’étaient au Togo, entre le Nord et le Sud, ou encore entre douars, et même entre clans en Algérie…

Deux documents récents doivent aider les Français à comprendre et  à situer les enjeux actuels et futurs de notre pays, le livre de Jérôme Fourquet « L’archipel » avec la montée en puissance incontestable de la population d’origine arabo-musulmane, et le livre de Pierre-André Taguieff « L’imposture décoloniale » avec le « postcolonial business » … plus austère.

En 2008, j’avais moi-même publié un livre sous le titre « Supercherie coloniale »

Pourquoi ne pas assaisonner enfin cette lecture avec celle de la chronique intitulée « L’Opéra de Paris rattrapé par la bataille sur la diversité » par Ariane Bavelier (Le Figaro du 31/12/2020) ?

Je publierai quelques réflexions sur cette « bataille » des ignorants et des manipulateurs, pour au moins une raison, un vrai goût pour le ballet que je découvris tardivement en raison de ma « diversité provinciale ».

Jean Pierre Renaud                     Tous droits réservés

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19 novembre 2020 4 19 /11 /novembre /2020 10:45

Les Relations entre la France et l’Algérie (1962-2020)

Mon message aux jeunes     

Vive l’Indépendance de la France !

3

A la suite de mon analyse critique du livre « La Question post-coloniale » d’Yves Lacoste (19/04/20, 21/09/20), et compte tenu de la place que l’auteur accordait à la Question Algérienne, je me proposais de publier le message ci-après.

Un message aux jeunes Français originaires d’Algérie… une bouteille à la mer Méditerranée …

Sous le sceau du Livre d’Ezéchiel Chapitre 18, versets 1 à 9 :

« Pourquoi dites-vous ce proverbe dans le pays d’Isaïe : Les pères ont mangé les raisins verts et les dents des enfants en ont été agacées ? »

 

         Il est difficile de ne pas lire le livre « La Question Post-coloniale » d’Yves Lacoste sans entendre le message permanent, le leitmotiv, que l’auteur adresse aux jeunes français d’origine algérienne : vous allez mieux comprendre pourquoi vous êtes venus chez nous, peuple colonialiste.

            Pourquoi cette parabole des Raisins Verts que j’ai déjà citée dans mes chroniques sur l’histoire post-coloniale ? Parce que l’histoire post-coloniale qu’on nous sert depuis des années, sur les deux rives, est fabriquée par des parents ou grands-parents qui ont le plus souvent mangé des Raisins Verts ?

            Sur notre rive, nous sommes encore sous les ordres du groupe de pression intellectuelle et politique d’une matrice maghrébine repentante, bien qu’elle s’en défende, ou partie prenante « intéressée ».

            Pour avoir servi la France et l’Algérie pendant la guerre 1954-1962, mon expérience n’est pas celle qui est le plus racontée : j’ai eu pour  garde du corps un type formidable, un ancien fel ; nous respections les fels que nous combattions, et l’armée que nous servions n’était pas « colonialiste », car nous étions tous engagés, armée du contingent et armée de métier, dans la transformation démocratique du pays.

            Nous avions engagé à nos côtés des Algériens et des Algériennes qui partageaient notre vision républicaine de l’Algérie. Elle n’était plus celle de l’Algérie colonialiste de papa : en 1962, le FLN a exterminé beaucoup d’entre eux, et continue de nos jours – presque 60 ans après - à les traiter comme des ennemis de la patrie, comme si certains membres du FLN et le mouvement lui-même avaient toujours été des modèles de cette guerre insurrectionnelle.

            Le livre d’Yves Lacoste a été publié en 2010, et le message qu’il veut délivrer n’est-il pas obsolète, compte tenu du soulèvement démocratique de la jeunesse algérienne, depuis le 22 février 2019 ?

Je puis témoigner que le message que nous portions dans les années 1958-1960 était celui de l’espoir, de la démocratie, des libertés, identique à celui qui vous anime aujourd’hui.

Est-ce qu’il vous arrive aussi de comparer vos espoirs à ceux qui furent les nôtres ? A ceux des jeunes d’une Algérie française défunte qui quittèrent une terre qu’ils considéraient comme natale ?

Aux jeunes Français d’origine métropolitaine qui, aujourd’hui, ont du mal à comprendre ce qui empêche d’avoir des relations normales avec votre pays d’origine, en levant tous les tabous démocratiques qui pèsent sur ces relations.

Je n’ai jamais aimé le propos de ceux qui cultivent la victimisation, la repentance, ou la réconciliation, avec qui et en quoi ? Je préfèrerais franchement que la jeunesse parle le langage de la vérité et de la bienveillance.

            Jean Pierre Renaud     Tous droits réservés

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19 novembre 2020 4 19 /11 /novembre /2020 10:28

2

Les Relations entre la France et l’Algérie (1962-2020)

            Vive l’Indépendance de la France !

 

Avant tout commentaire, et avant de se forger une opinion, il est difficile de parler de mémoire collective,  sans faire référence à l’ouvrage « fondateur » un qualificatif goûté par certains chercheurs, « La Mémoire collective » de Maurice Halbwachs, mort en déportation, publié après sa mort.

J’en ai proposé un résumé sommaire sur le blog du 15 avril 2010.

&

 

« La guerre des mémoires

La France face à son passé colonial »

par Benjamin Stora

 

            « Pourquoi ne pas avouer que j’ai éprouvé un malaise intellectuel à la lecture de beaucoup des pages de ce livre, crayon en mains, alors que j’ai  aimé l’article du même auteur à la mémoire de Camus (Etudes coloniales du 30 septembre 2007). Albert Camus a été un de mes maîtres à penser,  à agir, et à réagir,  avant, pendant la guerre d’Algérie, et après. J’y ai servi la France et l’Algérie, en qualité d’officier SAS, en 1959 et 1960, dans la vallée de la Soummam, entre Soummam et forêt d’Akfadou.

              Un historien sur le terrain mouvant des mémoires chaudes, pourquoi pas ? Mais est-ce bien son rôle ? Dès l’avant-propos, le journaliste cadre le sujet de l’interview de M.Stora : « La France est malade de son passé colonial », mais sur quel fondement scientifique, le journaliste se croit-il permis d’énoncer un tel jugement ?

            Il est vrai que tout au long de l’interview l’historien accrédite cette thèse et s’attache à démontrer l’exactitude de ce postulat : les personnes issues des anciennes colonies, première, deuxième, troisième génération (il faudrait les quantifier, et surtout les flux , les dates, et les origines) «  se heurtent inévitablement à l’histoire coloniale » (p.12), « la guerre des mémoires n’a jamais cessé » (p.18), la « fracture coloniale », « c’est une réalité » (p.33), « l’objectif est d’intégrer, dans l’histoire nationale, ces mémoires bafouées » (p.81), « saisir comment s’élaborent en permanence les retrouvailles avec un passé national impérial » (p.90)

            Et l’auteur de ces propos, qui se veut « un passeur entre les deux rives », incontestablement celles de la Méditerranée, accrédite le sérieux des écrits d’un collectif de chercheurs qui n’ont pas réussi, jusqu’à présent, par le sérieux et la rigueur de leurs travaux historiques, à démontrer la justesse de la thèse qu’ils défendent, fusse avec le concours bienveillant de certains médias, quant à l’existence d’une culture coloniale, puis impériale, qui expliquerait aujourd’hui la fameuse fracture coloniale. (1)

            Et le même auteur de reprendre le discours surprenant, de la part d’historiens de métier, sur la dimension psychanalytique du sujet : « la perte de l’empire colonial a été une grande blessure narcissique du nationalisme français » (p.31), pourquoi pas ? Mais à partir de quelles preuves ? « Refoulement de la question coloniale » (p.32). « Pourtant la France a conservé dans sa mémoire collective, jusqu’à aujourd’hui, une culture d’empire qu’elle ne veut pas assumer » » (p.32). « Les enfants d’immigrés sont porteurs de la mémoire anticoloniale très puissante de leurs pères » (p.40).

            « Pourquoi cette sensation diffuse d’une condition postcoloniale qui perdure dans une république où les populations issues des anciens empires n’arrivent pas à se faire entendre ? » (p.90).

            Comment ne pas souligner le manque de clarté des propos de l’auteur, lequel écrit page 11 que la population issue des anciennes colonies a doublé entre les années 1980 et 2007, et les propos qu’il tient parallèlement sur les « mémoires bafouées » : mais les colonies sont indépendantes depuis le début des années 60, et l’Algérie depuis 1962 ? (2)

            De quelles générations s’agit-il ? Des enfants d’immigrés du travail venus en France avant 1962 ? Ou pour l’Algérie, importante source d’immigration, des enfants de pieds noirs, de harkis, ou d’enfants de citoyens algériens venus en France après l’indépendance de leur pays, notamment en raison de ses échecs économiques, puis de sa guerre, à nouveau civile ? Pour ne citer que l’exemple de l’Algérie qui est le postulat de la plupart de ces réflexions.

            L’auteur cite le cas de Boudiaf, un des principaux fondateurs du FLN, lequel revenu d’exil dans son pays en 1992, était inconnu des jeunes Algériens : « Les jeunes Algériens ne connaissaient même pas son nom » (p.60). (3)

            Quant au propos tenu sur Madagascar, pays avec lequel j’entretiens des relations particulières, « Dans cette ancienne colonie française, les milliers de morts des massacres de 1947 restent dans toutes les mémoires ». (4)

            Je ne suis pas le seul  à dire que la repentance de Chirac, lors de son voyage de   2005,  est tombée à plat, parce que ce passé est méconnu des jeunes générations.

            L’auteur de ces lignes est-il en mesure de justifier son propos ?

            Les Malgaches ne connaissent pas mieux leur passé colonial que les Français, car pour ces derniers, ce n’est pas l’enquête de Toulouse, faite en 2003, par le collectif de chercheurs évoqué plus haut, qui peut le démontrer. Cette enquête va clairement dans un tout autre sens, celui de la plus grande confusion qui règne actuellement sur tout ce qui touche le passé colonial, la mémoire, et l’histoire coloniale elle-même, et la réduction de cette histoire à celle de l’Algérie. Cette enquête révélait en effet l’importance capitale de la guerre d’Algérie dans la mémoire urbaine de Toulouse et de son agglomération.

            Et ce constat avait au moins le mérite de corroborer deux des observations de l’auteur, celle relative à « l’immigration maghrébine » qui « renvoie à l’histoire coloniale », et l’autre quant à l’importance de la guerre d’Algérie dans cette « guerre des mémoires » : « Mais, c’est la guerre d’Algérie, qui est le nœud gordien de tous les retours forts de mémoire de ces dernières années. » (p.50)

            L’obsession de l’Algérie

            Et c’est sur ce point que le malaise est le plus grand, car comment ne pas voir, que pour des raisons par ailleurs très estimables, l’auteur de ces lignes a l’obsession de l’histoire de l’Algérie, et qu’il a tendance à analyser les phénomènes décrits avec le filtre de l’Algérie, pour ne pas dire la loupe, avec toujours en arrière-plan, le Maghreb.

            Le tiers des pages de ce livre se rapporte à l’Algérie, et beaucoup plus encore dans l’orientation des réflexions qui y sont contenues. Les autres situations coloniales ne sont évoquées qu’incidemment, alors que l’histoire coloniale n’est pas seulement celle de l’Algérie, quelle que soit aujourd’hui l’importance capitale de ce dossier.

            Un mot sur la mémoire ou les mémoires de l’Algérie et de la guerre d’Algérie. Pour en avoir été un des acteurs de terrain, je puis témoigner qu’il est très difficile d’avoir une image cohérente et représentative de la guerre d’Algérie vécue par le contingent. Chaque soldat, chaque sous-officier, et chaque officier, a fait une guerre différente selon les périodes, les secteurs, les postes militaires occupés, et les commandements effectifs à leurs différents niveaux (sous quartiers, quartiers, secteurs, et régions). Si beaucoup d’anciens soldats du contingent ont écrit leurs souvenirs, peu par rapport à leur nombre, mon appartenance à ce milieu me conduit à penser que beaucoup d’entre eux se réfugient toujours dans le silence, mais pas obligatoirement pour la raison qu’ils auraient commis des saloperies, ou assisté à des saloperies. Un silence qui pourrait s’expliquer par un fossé immense d’incompréhension entre leur vécu, l’attitude des autorités d’hier ou d’aujourd’hui, et celle du peuple français

            M.Rotman a parlé de guerre sans nom. Je dirais plus volontiers, guerre de l’absence, absence d’ennemi connu, absence du peuple dans cette guerre, sauf par le biais du contingent qui, à la fin de ce conflit, s’est trouvé tout naturellement en pleine communauté de pensée avec le cessez le feu du 19 mars 1962. Et c’est sans doute le sens profond de sa revendication mémorielle.

            Pour la grande majorité des appelés, l’Algérie n’était pas la France.

            Les appelés ne savent toujours pas quelle guerre on leur a fait faire : guerre de l’absence et du silence (5), et le remue-ménage qui agite en permanence, à ce sujet, certains milieux politiques ou intellectuels leur est étranger.

            Il convient de noter que pour un acteur de ce conflit, ou pour un chercheur marqué dans sa chair et dans son âme par celui-ci, c’est un immense défi à relever que de vouloir en faire l’histoire.

            Et sur au moins un des points évoqués dans le livre, je partage le constat qu’il fait sur l’effet des lois d’amnistie « personne ne se retrouvera devant un tribunal » (p.18), et personnellement je regrette qu’il en soit ainsi, parce qu’il s’agit là d’une des causes du silence du contingent, et de cette conscience d’une guerre de l’absence. A quoi servirait-il de dénoncer des exactions injustifiables si leurs responsables, c'est-à-dire les salauds inexcusables n’encourent  aucune poursuite judiciaire ? Cette amnistie n’a pas rendu service à la France que j’aime et à son histoire.

            Le métier d’historien

            Ma position de lecteur, amateur d’histoire, assez bon connaisseur de notre histoire coloniale, me donne au moins la liberté de dire et d’écrire ce que je pense des livres qui ont l’ambition de relater ce pan de notre histoire.

            Ce passage permanent de la mémoire à l’histoire  et inversement, est très troublant, sans que l’intelligence critique y trouve souvent son compte! Et beaucoup d’affirmations ne convainquent pas !

            Est-il possible d’affirmer, en ce qui concerne l’Assemblée Nationale et sa composition : « C’est d’ailleurs une photographie assez fidèle de cette génération qui a fait la guerre d’Algérie ou qui a été confrontée à elle. »

            Une analyse existe-t-elle à ce sujet ? Et si oui, serait-elle représentative de l’opinion du peuple français à date déterminée ?

            Tout est dans la deuxième partie de la phrase et le participe passé « confrontée » qui permet de tout dire, sans en apporter la preuve.

            La mise en doute du résultat des recherches qui ont été effectuées sur l’enrichissement de la métropole par les colonies : mais de quelle période parle l’auteur et de quelle colonie ? (p.20)

            L’affirmation d’après laquelle la fin de l’apartheid aurait été le  « coup d’envoi » mémoriel mondial (p.41) : à partir de quelles analyses sérieuses ?

            L’assimilation de l’histoire coloniale à celle de Vichy, longtemps frappée du même oubli. (p.21,50,96).  Non, les situations ne sont pas du tout les mêmes !

            Et ce flottement verbal et intellectuel entre mémoire et histoire, une mémoire partagée ou une histoire partagée ? (p.61,62, 63). Outre la question de savoir si une histoire peut être partagée.

             Et pour mettre fin à la guerre des mémoires, un appel à la reconnaissance et à la réparation (p.93), ou en d’autres termes, à la repentance, que l’historien récuse dans des termes peu clairs dans les pages précédentes (p.34), une récusation partielle répétée plus loin (p.95).

            Et d’affirmer qu’il est un historien engagé (p.88) et d’appeler en témoignage la tradition dans laquelle il inscrit ses travaux, celle des grands anciens que sont Michelet, Vidal-Naquet et Vernant. Pourquoi pas ? Mais il semble difficile de mettre sur le même plan, périodes de recherche et histoires professionnelles et personnelles des personnes citées.

            Le lecteur aura donc compris, en tout cas je l’espère, pourquoi le petit livre en question pose en définitive autant de questions sur l’historien et sur l’histoire coloniale que sur les mémoires blessées ou bafouées qui auraient été transmises par je ne sais quelle génération spontanée aux populations immigrées, issues des anciennes colonies.

            Pourquoi refuser de tester la validité « scientifique », et en tout cas statistique, de ce type de théorie historique ?

            Nous formons le vœu qu’une enquête complète et sérieuse soit menée par la puissance publique sur ces questions de mémoire et d’histoire, afin d’examiner, cas par cas, l’existence ou l’absence de clichés, des fameux stéréotypes qui ont la faveur de certains chercheurs qui s’adonnent volontiers à Freud ou à Jung, la connaissance ou l’ignorance de l’histoire des colonies, et donc de mesurer le bien fondé, ou non, des thèses mémorielles et historiques auxquelles l’historien a fait largement écho.

            Alors, histoire ou mémoire ?

            La nouvelle ère des « historiens entrepreneurs ».

             L’histoire est-elle entrée dans un nouvel âge, celui de l’Historien entrepreneur selon l’expression déconcertante de Mme Coquery-Vidrovitch (Etudes coloniales du 27/04/07), ou celui de l’histoire devenue bien culturel selon l’expression de l’auteur ? Mais en fin de compte, sommes-nous toujours dans l’histoire ?

            Et à ce propos, nous conclurons par deux citations de Marc Bloch, évoquant dans un cas Michelet et ses  hallucinatoires résurrections, et dans un autre cas,  le piège des sciences humaines :

            «  Le grand piège des sciences humaines, ce qui longtemps les a empêchées d’être des sciences, c’est précisément que l’objet de leurs études nous touche de si près, que nous avons peine à imposer silence au frémissement de nos fibres. » (Fustel de Coulanges-1930)

Jean Pierre Renaud                          Tous droits réservés

Références

  1. Les œuvres  de l’équipe Blanchard-Lemaire-Bancel
  2. A la page 90, l’auteur écrit sur le travail des historiens : «  On peut se demander effectivement, si ces saignements de mémoire, ces désirs mémoriels exprimés par une partie de plus en plus importante de notre société, ne freinent pas le travail de l’historien. »
  3. Boudiaf a été assassiné par le FLN en
  4. Le discours de Chirac s’inscrivait dans ce climat généralisé d’ignorance d’une mémoire coloniale enfin mesurée.
  5. La plupart des soldats du contingent savaient ce qu’étaient les fels et les terroristes sur le terrain, mais ignoraient presque tout du contenu de la guerre contre-révolutionnaire qu’on leur faisait faire.

Quelques références de lecture sur le blog :

      Jeux de mémoire coloniale ou le Sexe des Anges coloniaux (15/04/2010-25/04/2010- 7/05/2010)

      Histoire ou mémoire ou subversion : Benjamin Stora (3/04/2017)

      Subversion et pouvoir (20/09/2017)

      Une subversion postcoloniale ordinaire (4/04/2018)

      Mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie : de quoi s’agit-il ? (16/08/2020)

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19 novembre 2020 4 19 /11 /novembre /2020 09:58

Les Relations entre la France et l’Algérie (1962-2020)

            Vive l’Indépendance de la France !

1

Avant tout commentaire, et avant de se forger une opinion, il est difficile de parler de mémoire collective,  sans faire référence à l’ouvrage « fondateur », un qualificatif goûté par certains chercheurs, « La Mémoire collective » de Maurice Halbwachs, mort en déportation, publié après sa mort.

J’en ai proposé un résumé sommaire sur le blog du 15 avril 2010.

&

« Initiatives mémorielles… organisationnelles… politiques…cet impensé… »

« Ventre Saint Gris » ! Comme aurait juré Henri IV !

 Presque 60 ans plus tard !

Vive enfin l’Indépendance de la France !

 

Les Confidences du Président à Arthur Berdah, journal du Figaro du 6 novembre 2020, page 8, sous le titre « Islamisme : ce que Macron a en tête »

 

 Le Président a chargé Monsieur Stora, historien et mémorialiste de la Guerre d’Algérie  de lui faire un rapport sur le sujet en décembre prochain :

« Cette étape ouvrira ensuite la voie à des initiatives mémorielles, des initiatives organisationnelles pour la jeunesse et une série d’initiatives politiques »… « sur le sujet, toutes prévues entre 2021 et 2022. » (Comme par hasard !) « On n’a pas réglé le problème de la guerre d’Algérie parce qu’on n’a pas réglé cet impensé de l’histoire contemporaine française… »

            Pourquoi cette mission confiée à un historien-mémorialiste qui fait partie de la mouvance maghrébine des enfants dont les dents sont encore ou ont été « agacées » par Les Raisins Verts qu’ont mangé leurs parents en Algérie est une fois de plus incongrue ? Une mouvance intellectuelle qui ne pouvait qu’être placée sous le signe biblique des « Raisins Verts » : on récolte ce qu’on sème…

            Pour continuer à agiter un monde qui a très largement disparu et que des groupes de pression ont intérêt à manipuler pour des raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’histoire ?

L’historien indien Sanjay Subrahmanyam introduit le chapitre IV « Nationalisme, identité et histoire universelle »,  dans le livre « Faut-il universaliser l’histoire ? (2020) »:

« La question de savoir pourquoi l’on choisit d’étudier l’histoire est bien trop souvent liée à celles concernant la personne qui a fait ce choix et son champ d’étude. » (page 89)

Propos d’un historien un brin dérangeant ! Son livre « Leçons indiennes » a fait l’objet d’une analyse critique le 3 juin 2016.

            L’historien Pierre Goubert confiait qu’il avait choisi d’étudier le Moyen Age afin d’éviter précisément ce mélange des genres entre histoire, mémoire et vécu.

            Il est évident que le Président a fait le choix d’un homme dont le parcours n’est pas de nature à faire naître la confiance dans l’ ensemble des initiatives qu’il lui recommandera : un historien qui depuis de longues années a ses petites et grandes entrées dans le microcosme politique parisien des princes, de préférence à gauche, qui nous gouvernent.

            Pour avoir été officier SAS du contingent pendant la guerre d’Algérie, sans que ma famille n’ait eu d’intérêt à défendre au Maghreb,  je ne suis pas du tout prêt à adhérer à ce type de manipulation politique : pourquoi me réconcilier et avec qui ? Avec la jeunesse algérienne qui manifeste depuis quelques années pour plus de liberté dans son pays, plus de 50 ans après l’indépendance de l’Algérie ?

Revenons au cœur de notre sujet : comment adhérer à la défense d’une thèse mémorielle, et non historique, ou même idéologique, à partir du moment où cette thèse n’a pas été fondée jusqu’à présent par une ou plusieurs enquêtes statistiques, comme il en pleut chaque jour dans les médias depuis plusieurs dizaines d’années ?

            Monsieur Stora a longuement exposé cette thèse mémorielle dans un petit livre intitulé « La Guerre des Mémoires », publié en 2007.

            J’ai analysé longuement les constats et raisonnements de son auteur, et publié à l’époque une critique de l’ouvrage sur le blog « Etudes coloniales » le 11/11/2007. Je l’ai publiée à nouveau sur ce blog le 20 janvier 2016 dans le cadre d’une synthèse sur le modèle de la propagande postcoloniale, celle développée notamment par les historiens Blanchard, Lemaire, et Bancel, laquelle souffre de la même carence  quantitative d’analyse des sources historiques et de leurs effets.

            Tout à fait curieusement, et sauf erreur, dans un livre truffé de chiffres et d’enquêtes sur « L’archipel français » de Jérôme Fourquet, le post-colonial est quasiment absent : la fameuse « Fracture coloniale » des trois historiens Blanchard-Bancel-Lemaire s’est évanouie, de même que les « saignements de mémoire ». de Monsieur Stora, page 90.

                        Je publie à nouveau cette analyse comme un des éléments de réponse à la décision tout à fait étrange et inacceptable de la désignation de l’historien mémorialiste à la tête d’une mission de réconciliation mémorielle entre la France et l’Algérie.

Je précise que cette analyse critique ne porte pas sur les travaux d’un historien en cette qualité, mais sur le rôle, pour ne pas dire la « mission » idéologique et politique qu’il s’est donnée sur le sujet.

Le lecteur est bien obligé de constater que l’auteur se répand en propos sur la ou les mémoires, sans avancer aucun chiffre les accréditant.

Le lecteur trouvera en postface un certain nombre de références de chroniques que j’ai publiées sur le sujet et sur ce blog.

L’Observatoire B2V des Mémoires a publié en 2019 un livre intitulé « La mémoire, entre sciences et sociétés », sous la direction de Francis Eustache, un ouvrage savant, volumineux, qui ne s’inscrit pas vraiment dans l’héritage scientifique de Maurice Halbwachs : ces travaux ne font pas beaucoup avancer, à mes yeux en tout cas, la méthodologie statistique et scientifique d’analyse de la mémoire collective dans le domaine de l’histoire.

Jean Pierre Renaud   Tous droits réservés

 

 

 

 

 

 

 

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6 novembre 2020 5 06 /11 /novembre /2020 16:18

« Mourir pour le Mali ? »

Sous le titre « Mourir pour le Mali ? », Le Figaro du 5 novembre 2020 Opinions, page 21, vient de publier  une tribune cosignée par Michel Roussin,  ancien ministre et animateur  d’une certaine France-Afrique et Stephen Smith spécialiste reconnu des questions africaines.

Le  lecteur aura constaté que les deux auteurs font preuve de la même prudence, sinon de réserve, que celles que j’ai manifestées dans le courrier des lecteurs dont vous trouverez ci-après copie, en ce qui concerne l’intervention de la France au Mali :

« Pourquoi est-il urgent de « pivoter » d’une action militaire au grand jour vers une action dans l’ombre ? ».

Dès la date de notre intervention, j’ai publié à plusieurs reprises sur ce blog des articles la concernant, notamment celui concernant la décision de l’Assemblée Nationale sous le titre « L’insoutenable légèreté de l’être » à la date du 27 avril 2013, dont vous trouverez copie plus loin.

&

Copie Courrier des Lecteurs Ouest France avec parution le 13 septembre 2020

« Bonjour, pour avoir beaucoup analysé les processus décisionnels des conquêtes coloniales et leurs résultats, notamment en Afrique noire, je suis toujours plutôt surpris de voir les experts de tout poil, disserter savamment sur les géopolitiques du jour, en ignorant le plus souvent les contextes historiques sur tous les plans religieux, culturels, politiques, économiques, locaux ou non…

Je n’étais pas partisan de l’intervention de Hollande, sans en avoir au préalable mis les autres pays du Conseil exécutif européen devant leurs propres responsabilités, une des caractéristiques de la plupart des Présidents qui dans ce domaine ont quasiment les pleins pouvoirs, qu’il se soit agi de VGE, de Mitterrand, de Chirac, de Sarkozy, de Hollande ou de Macron.

Sarkozy nous a emmenés en Libye et on voit le résultat ! Hollande avec Fabius voulait nous emmener en Syrie ! Avec Macron, nous battons tous les records, comme si la France (affaiblie) avait encore les moyens de faire sonner ses trompettes, comme sous la Troisième République qui entérinait le plus souvent   ex post, comme l’on dit de nos jours, les initiatives coloniales de ses ministres, amiraux ,ou généraux, car il s’agissait souvent d’initiatives dont ils ignoraient l’existence et qu’ils ne pouvaient de toute façon pas contrôler, compte tenu notamment de la défaillance des moyens de communication…

Pour terminer quelques données géopolitiques pour comprendre notre dossier : pas de solution sans celle du Sahara, sans soutien des confréries religieuses et des grandes tribus ( toujours) et de nos jours , des syndicats et de l’Armée, car le Mali n’a toujours pas d’Etat : avant et après l’indépendance, ce pays a toujours eu une vie agitée, c’est le moins que l’on puisse dire.

La France aurait dû limiter son intervention, dans le cadre européen, à la protection de ses ressortissants et à celle des services spéciaux, avec l’accord des pays concernés, sans oublier l’Algérie, qui, dans les apparences, est aux abonnés absents. »

Blog du 27 avril 2013 :

« Le Mali et « l’insoutenable légèreté de l’être » des députés !

22 avril 2013 : l’Assemblée Nationale autorise le gouvernement à poursuivre la guerre au Mali, par 342 voix pour sur 352 votants, sur un total de 577 députés !

Soit 6 sur 10 !

« Mais où est donc passée la 7ème compagnie, ou plutôt les autres compagnies du bataillon, puisque le nombre des votants aurait dû être de 577 députés, et non pas 352 !

A noter :  les 215 députés socialistes votants et favorables sur un effectif de 292, en gros 2 sur 3, et les 87 députés UMP votants et favorables sur un effectif de 196 députés, soit moins de un sur deux !

Sur le total de l’effectif, 225 députés étaient donc absents !

Le sujet n’était donc pas assez sérieux pour tous ces députés absents ?

Les interventions qui ont été faites dans l’hémicycle ont recensé la plupart des éléments de cette problématique de guerre, en omettant de citer l’Algérie, qui aurait dû être le principal acteur de la confrontation.

Pour protéger son gaz et son pétrole ?

Curieux oubli, non ?

Curieux aussi que l’Assemblée Nationale se soit abstenue également de fixer le cadre de la prolongation autorisée, délai, financement, et si relais par l’ONU, à quelle date ?  etc…

Une fois de plus, je conclurai que dans cette nouvelle guerre, les forces françaises sont les « nouveaux Suisses » de l’Europe, alors que l’Algérie, comme l’Europe d’ailleurs, se sont bien gardées de mettre le doigt dans le même engrenage, et que le gouvernement d’une France, endettée jusqu’au coup, en pleine crise intérieure, … fait une guerre dont le pays n’a plus les moyens !

Plus de deux cents millions d’euros déjà volatilisés, pour ne pas rappeler à notre mémoire le sacrifice de plusieurs de nos soldats !

Toujours le même « esprit de gloire »  que Montesquieu a identifié comme une des caractéristiques de la mentalité des Français !

Seulement, nous ne sommes plus au siècle de Montesquieu, et c’est à se demander si nous ne sommes pas dirigés par des « illuminés » !

Et pour terminer, le silence assourdissant de la plupart des médias sur cette décision de l’Assemblée nationale, c’est-à-dire leur complicité avec cette guerre ! »

Jean Pierre Renaud   Tous droits réservés

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