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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 15:57

Un nouveau film de Jacques Perrin

 «  L’Empire du Milieu du Sud »

Ombres chinoises, françaises, ou américaines?

 

       Nous nous faisions une joie, ma « première concubine préférée » et moi, d’aller voir la nouvelle œuvre cinématographique de Jacques Perrin, une grande joie, car au moins deux de ses films avaient réjoui à la fois notre regard et notre "intellect", « Le peuple migrateur » et « Océans », et d’autant plus, que nous semblions partager, avant spectacle, la même attirance pour ce peuple  de la péninsule indochinoise, son histoire tourmentée, sa grande culture, et ses paysages.

            Nous avions beaucoup regretté l’absence de mots, de désignation des superbes volatiles du « peuple migrateur » si superbement filmés, mais à l’occasion de son nouveau film, le réalisateur a pris sa revanche, sans avoir peur des mots, une avalanche de mots.

Il n’est pas sûr du tout que sa nouvelle cinématographie y ait vraiment gagné.

            Gare aux mots exprimés, et au moins autant, gare aux mots cachés !

            Un flux incessant de mots, et d’images, c’est vrai, souvent d’images très belles, mais noyées dans un déluge verbal qui submerge tout, une vague de mots digne d’un cyclone des mers de Chine.

            Est-ce une fiction, un documentaire géographique, un film à ambition historique ? Difficile à dire, car la seule image intellectuelle qui domine dans ce film est celle de la grandeur de l’ancienne civilisation de l’Empire d’Annam, aux prises séculaires avec des envahisseurs, chinois ou « barbares », les Français puis les Américains. Alors, me direz-vous ? Ce n’est déjà pas si mal !

            Sur ce constat, aucune objection, mais l’histoire des relations entre les « barbares » et les vietnamiens est plutôt caricaturale, avec une grande pauvreté de repères historiques rigoureux, une sorte de magma ou de méli-mélo historique, avec la guerre, toujours la guerre, et l’émergence du véritable héros de la tragédie indochinoise, le grand Hô Chi Minh, pourquoi pas ? Mais il aurait fallu peut être dire aussi qu’à partir de la guerre froide, c’est-à-dire 1949, la donne avait complètement changé.

            Des Blancs montrés en figuration ! Des ombres ! Aucun n’a été dénommé à ma connaissance, à l’exception de l’amiral Thierry d’Argenlieu, et sauf erreur, je n’ai entendu, ni les noms de de Gaulle, ni ceux de Leclerc, ou de de Lattre, lesquels initièrent la dernière phase des combats entre les « barbares » et les sujets de l’Empire du Milieu du Sud.

            Dans le flot des images et des mots, les ombres chinoises m’ont particulièrement séduit, peut-être parce qu’elles exprimaient cette fois le silence et la beauté des gens, peut-être aussi, parce qu’à mes yeux, ce film ressemble à un théâtre d’ombres chinoises, pour ne pas revenir sur l’ombre des mots.

            Et pourquoi vous cacher que cette fois, j’aurais préféré plus de silence et moins d’ombres historiques !

            Jean Pierre Renaud

Avec un premier petit codicille de ma « première concubine préférée » :

            « Un film aux commentaires pédants où la grandiloquence le dispute à la misère des mots.

            Un film qui déroule le drame de la population vietnamienne meurtrie par la colonisation française, la guerre, la scission du nord et du sud, les violences des combats contre les américains avec un enrobage d’images dignes d’un show hollywodien.

Un film à ne pas voir si l’on aime le Vietnam et ses habitants et si on a un minimum de pudeur à l’égard de ce peuple. »

Précisons que pour avoir aimé ce pays au cours d’un voyage de découverte touristique, ma « première concubine préférée » ne s’est jamais plongée dans l’histoire de ce pays.

            Et un deuxième petit codicille qui éclaire incontestablement le premier, étant donné qu’il est tiré du Canard Enchaîné (un extrait), dans la rubrique :

 Les films qu’on peut voir cette semaine (journal du 29 novembre):

            « Etrange film que cette lente méditation… Mais ce documentaire d’allure poétique peut vous perdre dans ses méandres, dignes du Mékong, car le commentaire tisse des textes littéraires, vietnamiens et occidentaux, sans citer ses sources. On ne sait pas qui parle, ni exactement ce qu’on voit, ni de quand ça date. C’est solennel et assez frustrant. »

            Donc effectivement, d’autres ombres, celles des voix !

 

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