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19 février 2024 1 19 /02 /février /2024 15:52

3ème Partie

Ruptures technologiques et ruptures coloniales

 

 

            Au XIXème siècle, le partage de l’Afrique et la course au clocher « colonial » par les grands pays européens, n’auraient pas été possibles, sans une succession de découvertes technologiques majeures.

            Henri Brunschwig écrivait fort justement dans son livre « Noirs et Blancs  dans l’Afrique Noire Française :

            «  Sans télégraphe, en effet, pas de colonisation. » (p,169-Noirs et Blancs en Afrique noire française)

 

Chapitre 11

Les ruptures technologiques

Les « tools » des Blancs

 

            Les « Tools » des Blancs           

            L’historien anglais Headricks a parfaitement analysé dans son livre « The  Tools of Empire », l’impact des nouveaux outils technologiques, inventés tout au long du dix-neuvième siècle, sur les capacités impériales des puissances européennes, notamment anglaise.

            « Technology is power »,  écrivait-il !

            A partir de la moitié du dix-neuvième siècle, l’Occident a enregistré toute une série d’inventions techniques qui ont révolutionné la vie de la planète :

            - dans la vie sociale et économique de tous les jours, grâce à l’électricité

            - dans la transmission de la parole, grâce au télégraphe électrique et au câble,          - dans les transports, grâce à l’introduction de la force motrice de la vapeur, au lieu de la voile, pour les bateaux et le rail, avec la locomotion à vapeur,

            - dans l’invention et la production de l’automobile,

            - dans l’invention des armes à tir rapide,

            - dans la découverte de la quinine, médicament contre le paludisme.

        Et en ce qui concerne, la relation Europe Asie, en 1869, l’ouverture du canal de Suez, qui évitait aux bateaux le long détour du Cap : il ne fallait plus que quelques semaines pour rejoindre l’Asie, au lieu de plusieurs mois.

            L’ouverture de ce canal fut une des grandes révolutions du siècle.

            Les puissances européennes disposaient donc bien d’une supériorité technique, la modernité de l’époque, qui leur donnait la possibilité de tenter, souvent aux moindres frais, toutes les aventures coloniales.

Et cela, d’autant plus, qu’elles étaient convaincues de détenir la vérité avec un grand V, celle de la civilisation supposée, avec un grand C.

 Le « tao » colonial

            Il existait bien, pour reprendre la formulation des analyses stratégiques asiatiques de type taoïste, une propension des choses  (les outils) et des hommes (esprit de conquête, de supériorité, et d’organisation)  à la conquête coloniale, une disposition favorable, et un potentiel d’action important.

            La France fut un des acteurs importants de ce mouvement colonial européen, et elle y participa d’autant plus volontiers que la défaite de la guerre de 1870-1871, la perte de l’Alsace Lorraine, l’avait poussé à trouver des satisfactions ailleurs que sur le théâtre européen. L’historien Brunschwig a analysé en profondeur ce processus national.

    Or, il se trouvait précisément que les révolutions technologiques du siècle offraient à la France les instruments d’une nouvelle puissance, ultramarine. Rappelons que la France était alors un pays riche qui avait remboursé dans un délai record la lourde indemnité de guerre, en francs or, que lui avait imposée l’Allemagne victorieuse.

             Grâce aux nouvelles technologies, il était maintenant possible de conquérir l’Afrique occidentale

            Faidherbe avait beaucoup fait pour installer la France à l’embouchure du fleuve Sénégal, pour pacifier en partie les rives du fleuve, et pour créer un avant-poste de la conquête du Haut Sénégal, à Kayes, anciennement Médine.  Le gouverneur avait déjà fait poser quelques lignes télégraphiques sur le littoral, et sa conception militaire novatrice de la combinaison de forces maritimes, ses avisos à vapeur, et des troupes terrestres embarquées, avait beaucoup contribué à la réussite de sa politique de pacification des plaines côtières et de pénétration vers l’hinterland soudanais, un des rêves de Faidherbe.

            De nos jours, certains se demanderaient si Faidherbe avait raison ! Et beaucoup d’autres de ses successeurs sur le continent africain, ou sur d’autres continents.

            Je serais sans doute de ceux-là, en tout cas, compte tenu des choix ou des non - choix qui furent faits en matière de politique coloniale. Nous reviendrons plus loin sur cet important sujet de discussion.

        La communication des mots, donc des instructions des gouvernements et des comptes rendus des exécutants

            Quelques années seulement après la montée des troupes de marine vers le fleuve Niger, le 27 décembre 1885, Paris eut la possibilité, grâce au télégraphe et au câble, de communiquer avec Bamako, alors que les troupes coloniales avaient atteint le Niger en 1883, trois ans après leur point de départ de Kayes, en limite du fleuve Sénégal, seulement navigable, sauf pour des bateaux à fond plat, en période de hautes eaux.

            Il faut se représenter la situation antérieure, au moment où cette communication s’effectuait tout d’abord par paquebots de ligne ou avisos de la marine chargés d’aller poster les messages à Ténériffe, avant que le câble ne vienne toucher Saint Louis. Il fallait alors plusieurs semaines pour échanger des messages avec le gouvernement, moins à Saint Louis, le siège du gouvernement local d’alors, quand le gouverneur décidait de faire partir un aviso vers Ténériffe pour y faire poster un message urgent, et y faire attendre éventuellement la réponse. (1)

            Au fur et à mesure de la conquête du bassin du Niger, les lignes télégraphiques se développèrent vers l’ouest, en direction de Kankan, et vers l’est, en direction de Ségou et Tombouctou. Elles ont incontestablement contribué à faciliter la conquête, en donnant la possibilité aux nouveaux postes, constitués en réseau,  de s’entraider mutuellement, beaucoup plus facilement.

            Sur les côtes du golfe de Guinée, en Guinée, en Côte d’Ivoire, et au Dahomey, cette installation fut plus facile, sur des distances plus courtes, mais paradoxalement en utilisant, en tout cas dans un premier temps, les câbles de « l’ennemi héréditaire » anglais.

(1) voir le livre « Le vent des mots, le vent des maux, le vent du large »

            Pour la petite et grande histoire, il faut savoir en effet que pendant la première période de conquête, au Tonkin, à Madagascar, ou sur les côtes du Golfe de Guinée, la France ne disposait pas d’un réseau national de câbles, et qu’elle était dans l’obligation d’utiliser les lignes du câble anglais.

         La communication des hommes et des marchandises

            Une autre révolution également dans les transports !

            Sur les voies maritimes, l’introduction de la machine à vapeur, d’abord jumelée à la voile, sur les bateaux, transforma complètement les conditions du trafic passager et marchandise,  et leur durée.

            En 1852, depuis Bordeaux, Faidherbe avait rejoint Saint Louis en 60 jours, alors qu’en 1889, le lieutenant Mangin effectuait le même parcours en 15 jours.

            La fin du siècle vit la construction de ports en eau profonde, à Dakar et à Konakry, et de deux ports avec wharf, à Grand Bassam et à Cotonou. Rappelons que le wharf permettait d’accoster au-delà de la barre qui interdisait, jusque- là, tout appontage direct sur cette côte. La barre constituait en effet un obstacle redoutable pour tout développement local.

            Sur le fleuve Sénégal, la colonie mit en place un service de vapeurs fluviaux, et de chalands tirés par ces derniers, mais le service trouvait chaque année ses limites climatiques, étant donné qu’il ne pouvait fonctionner que pendant la période d’hivernage, c'est-à-dire de hautes eaux.  Il existait en parallèle des liaisons assurées par des entrepreneurs privés.

            Or, en l’absence de routes le long du même fleuve, les communications des hommes et des marchandises, pour ne pas dire des armes et munitions, demeuraient très fragiles, et furent à l’origine de nombreux mécomptes dans le processus de la conquête du Soudan.

            Et à partir des années 1885-1890, tout d’abord sous le commandement supérieur de Gallieni, une canonnière, puis plusieurs, naviguèrent sur le Niger. Le lieutenant Boiteux débarqua à Tombouctou en décembre 1894, mais son aventure indisciplinée se termina par le fameux massacre de Tacoubao, par une tribu Touareg, le 14 janvier 1895. (77 morts, dont 11 officiers)

            L’une des causes de ce désastre fut d’ailleurs l’absence de communications.

            Les troupes coloniales eurent donc d’abord recours à la solution africaine du porteur, avec toutes les difficultés, les abus, que cette solution rencontrait pour trouver suffisamment de porteurs, dans chaque village où leur colonne passait.

            Le commandement réussit à ouvrir, en 1883, une première route entre Kayes et Bamako, et à lui faire emprunter les fameuses voitures Lefèbvre, polyvalentes et bien utiles en Afrique, alors que leur usage fut une catastrophe à Madagascar en 1895, étant donné la « folie » qui avait présidé au choix de la construction d’une route en terrain et climat très hostiles.

            Dans les années 1885-1886, cette route fut aménagée de telle sorte qu’elle épargne la santé des soldats européens, avec une cinquantaine d’étapes, jalonnée par des gîtes d’étape, des infirmeries, et même des boulangeries.

    Et le rail aussi !

            La France fit construire une première ligne de chemin de fer au Sénégal, entre Saint Louis et Dakar, et elle commença à construire la ligne Kayes Bamako, une réalisation qui constitua à la fois un tour de force et un roman d’aventures. Elle n’atteignit Koulikouro, sur le Niger, qu’en 1904.

            Le lecteur notera qu’un de ses chefs de station fut Nébout dont nous retrouverons le témoignage plus loin, en ce qui concerne la première phase de mise en place du système colonial français en Côte d’Ivoire.

            Des lignes de chemin de fer furent également construites en Côte d’Ivoire et au Dahomey, en direction du Soudan.

             L’armement

            En 1885, les fusils Gras (11mm à cartouches métalliques) furent remplacés par des fusils à répétition, les Gras-Kropatchek (7 coups), et en 1892, leur succédèrent les Lebel (10 coups à la minute).

            Ces fusils donnèrent incontestablement un avantage décisif aux troupes coloniales, alors que leurs adversaires disposaient encore de fusils à pierre que les combattants devaient charger par le canon, et avec de la poudre fragile en temps de pluie. 

            Tout au long de son long combat contre les troupes françaises, l’Almamy Samory n’eut de cesse d’acheter des fusils à répétition en Sierra Léone, ce qu’il réussit à faire assez massivement, notamment au cours des dernières années de son règne. Parallèlement, il fit fabriquer des Kropatcheks par les forgerons exceptionnels de son arsenal, notamment dans celui de la citadelle de Toukourou, dans le Haut Niger, près de sa capitale Bissandougou.

            Les canons : quelqu’un a dit que les canons ont été les rois de la conquête de l’Afrique occidentale, et c’est en grande partie vrai. Les troupes de marine utilisèrent abondamment les canons de montagne de 40, 65, 85 millimètres, ces derniers pouvant tirer à 4 000 mètres l

            Aucune « colonne » ne partait sans son ou ses canons !

            La plupart des villages étaient fortifiés,  entouré de tatas, de murailles souvent très solides, où il fallait ouvrir des brèches pour y pénétrer. L’existence de ces tatas était un signe de l’état de sécurité, souvent très instable, qui existait dans le bassin du Niger, lorsque les troupes coloniales y firent leur intrusion.

             Ahmadou, Samory, et Tiéba, avaient construit de redoutables murailles pour protéger leurs forteresses principales. Celle de Tiéba, à Sikasso, avec ses murailles de six mètres de largeur et  de haut, avait des proportions exceptionnelles.

De plus, la conception sophistiquée qu’ils avaient de la défense les conduisait à construire au centre de l’enceinte fortifiée, un donjon, le dianfoutou, à la fois palais du souverain et  suprême élément de la défense de la place. Celui de Sikasso était également remarquable.

            Le canon était tellement indispensable qu’Archinard, commandant alors les forces françaises, attendit de pouvoir faire venir des canons de 95, pour attaquer les défenses de Ségou, prendre la ville, le 6 avril 1890, et chasser l’Almamy Ahmadou de sa capitale.

                        Les hommes

            Tout d’abord les officiers, la plupart du temps, de remarquables meneurs d’hommes, férus de gloire militaire et d’aventures, sans aucun doute, mais tout autant, patriotes, souvent imbus de la supériorité de la civilisation dont ils étaient les représentants et porteurs avancés, mais au moins autant, et aussi souvent, les témoins d’une époque et des sociétés rencontrées : ils rapportèrent une moisson considérable d’informations sur l’Afrique de cette époque.

            Ne me faites pas dire, bien sûr, qu’ils étaient tous de « petits saints » !

            Au cours de la première phase de conquête, dans les années 1880-1885, beaucoup d’entre eux moururent de maladie, un sur cinq, et beaucoup d’autres au combat. Les soldats d’origine européenne payèrent, de leur côté,  un tribut beaucoup plus lourd à la mort pour cause de maladie, 40% de leur effectif pendant la même période.

            Et pourtant les troupes de marine étaient généralement accompagnées par des médecins de marine, lesquels jouèrent un rôle capital dans la préservation de la santé des hommes de troupe et des officiers.

            La situation sanitaire changea du tout au tout avec la découverte de la quinine et un nouveau management militaire qui tenait compte des conditions extrêmes de l’utilisation de la troupe européenne.

             Dans les années 1885-1886, les commandants supérieurs du Haut Sénégal, Gallieni et Frey, veillèrent à ce que les soldats européens disposent d’une monture.

       Les tirailleurs : pour les raisons qui viennent en partie d’être évoquées, la France n’aurait jamais pu conquérir ces immenses territoires, sans le concours des tirailleurs recrutés localement. Leur recrutement ne fut pas trop difficile, étant donné les traditions guerrières de beaucoup de populations africaines.

            A titre d’exemple, en 1888, alors que le Soudan n’était pas entièrement conquis, l’effectif militaire réparti dans les nouveaux postes était de 742 hommes, dont 103 français, comptant 31 officiers parmi eux.

            Précisons toutefois que le « travail militaire » était effectué par les fameuses « colonnes » dont il convient de dire un mot.

     Le management du commandement et les « colonnes »

            La  «colonne » fut incontestablement « l’outil » militaire favori des troupes de marine. Cette faveur trouve peut- être une explication dans la famille des troupes de marine, issues naturellement de la marine, infanterie et artillerie de marine étant des parties constituantes des forces de marine.

            A l’usage, on pouvait observer qu’une « colonne » fonctionnait un peu comme un bâtiment de marine, autonome grâce à son organisation et aux moyens dont elle disposait, et quelquefois plus qu’autonome, lorsque ses officiers, loin de toute communication, prenaient plus de liberté qu’il ne fallait dans leur conception de la liberté de commandement.

      Archinard fut incontestablement un de ces officiers qui franchirent, à plusieurs reprises, les limites raisonnables de leur liberté de commandement, dans les années 1890, à Kankan,  à Ségou, et à Djenné, notamment.

            Les gouvernements étaient d’ailleurs ses complices, puisqu’il ne fut pas sanctionné pour sa succession de « faits accomplis ».

       Chaque année, on faisait « colonne » dans le Haut Sénégal, et cette colonne était minutieusement préparée depuis Paris, à la fois dans ses objectifs et ses moyens. Souvent les commandants supérieurs eux-mêmes, en congé à Paris ou à Vichy, pendant la période des basses eaux du fleuve Sénégal, inspiraient, ou même rédigeaient en partie les instructions des ministres de la Marine, ou des secrétaires d’Etat aux Colonies.

              Ces « colonnes » étaient évidemment composées d’une forte majorité de tirailleurs, généralement suivis par leurs épouses, avec un important cortège de porteurs, hommes ou animaux de bât,  ce qui pouvait les faire ressembler aux formations militaires de l’Antiquité.

            Précisons toutefois que dans un contexte de combat, seuls les combattants constituaient la « colonne », avec en tête, les spahis en éclaireurs, des tirailleurs sur les flancs, et les pièces d’artillerie au centre du dispositif.

            Ces « colonnes » eurent effectivement une grande efficacité, mais elles rencontrèrent en permanence de grandes difficultés de ravitaillement et de portage.

            Nous verrons que le lieutenant- gouverneur de Côte d’Ivoire Angoulvant fut un grand adepte de la « colonne », censée pacifier définitivement la nouvelle colonie.

            La manœuvre

            Un mot à ce sujet : les officiers s’adaptèrent rapidement aux conditions des opérations, soit en pays hostile, soit en pays hospitalier, sachant utiliser les innombrables tensions et divisions du pays où ils pénétraient.

            Ils eurent à combattre à maintes reprises des adversaires redoutables,  en 1886, Frey contre Mahmadou  Lamine autour de Kayes, et tout au long des années 1885-1898, les commandants successifs des colonnes eurent maille à partir avec l’Almamy Samory, avec des périodes de trêve et de guerre.

            Samory fut un chef de guerre remarquable. Il donna beaucoup de fil à retordre aux officiers français, souvent dans l’obligation, pour contrer le génie manœuvrier de Samory, de recourir à des manœuvres sophistiquées, de style européen, toujours difficiles, compte tenu de problèmes toujours insolubles de ravitaillement.

            En Côte d’Ivoire, et en forêt, les troupes de marine furent obligées d’adopter des techniques de combat différentes, compte tenu du rideau de protection permanent qu’elle assurait aux rebelles.

     Une conquête de type artisanal           

            L’ensemble de ces technologies nouvelles, de ces « outils » de l’Empire, a donné la possibilité à la France de conquérir l’ensemble de l’Afrique occidentale en une vingtaine d’années.

            Cette conquête fut une conquête à « petit prix », artisanale, avec quelques bataillons, comparée aux grandes expéditions coloniales, de type industriel, celles du Tonkin en 1885, de Madagascar en 1895.

            En Afrique occidentale, seule l’expédition du Dahomey, en 1893, peut leur être comparée, mais à une moindre échelle.

         A la fin du siècle, la France est donc installée dans cette région d’Afrique. Elle y a déjà construit un ensemble de postes militaires et civils qui lui permettent de contrôler à moindres frais cet immense territoire, et d’y faire régner la paix civile, en dépit de quelques rébellions locales, quelquefois très vives, notamment en Côte d’Ivoire, tout au long de la première période de colonisation.

             La France y est donc à pied d’œuvre, mais pour y faire quoi ? Telle est la question !

            Quels sont les objectifs de cette politique coloniale, s’il en est une ? Quel est son contenu, face à cet immense territoire, à ces peuples innombrables, à l’inconnu de son organisation profonde et de ses croyances ?

            Nous nous proposons donc d’examiner dans le chapitre suivant un processus concret de la prise de pouvoir colonial dans une des colonies, celle de la Côte d’Ivoire.

            Est-ce que les ruptures technologiques externes y ont eu de l’effet, et si oui, lequel ? Dans cette Afrique de l’Ouest truffée d’une mosaïque de royaumes, de villages, de cultures, de croyances, composée de populations dont les écarts de niveau de modernité relative au pays étaient considérables, entre les Etats du bassin du Niger et la poussière de villages de la forêt tropicale.

            Alors que cette région d’Afrique était encore coupée, à peu près complètement, des flux de circulation du monde extérieur, le trafic intérieur s’effectuant sur de pauvres pistes, entre le désert et la savane, ou la savane et la côte, par l’intermédiaire des commerçants dioulas.

            La France a pris pied en Afrique Occidentale, alors qu’elle était encore riche. Après la défaite de la guerre de 1870-1871, le pays remboursa en effet la dette de guerre que la Prusse lui avait imposée, soit de l’ordre de 7,2 milliards d’euros 2010 en deux ans.

            Après une longue période de crise économique, la France avait connu une ère de grande prospérité entre 1900 et 1913, avant donc la grande déflagration mondiale de 1914-1918.

            Le pays avait alors les moyens de sa nouvelle puissance coloniale, alors que les dépenses de conquête furent relativement modestes en Afrique occidentale.

            Tout changea avec la première guerre mondiale : créancière du monde avant la guerre, la France était devenue débitrice.

            Il est donc difficile de faire le bilan de la colonisation après 1918, sans conserver à l’esprit ce constat de base.

            Et comme chacun sait, il n’y avait alors  pas de plan Marshall pour alimenter en partie le FIDES, postérieur à la deuxième guerre mondiale.

            Les conceptions coloniales des dirigeants de l’époque, pour autant qu’elles existèrent au plan politique, n’allaient, de toute façon, pas dans le sens d’une politique de subvention publique coloniale.

                                 Jean Pierre Renaud                          Tous droits réservés

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