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18 janvier 2021 1 18 /01 /janvier /2021 10:01

« L’archipel français » Jérôme Fourquet

« Naissance d’une nation multiple et divisée »

Notes de lecture et Conclusions

2

Basculement , archipelisation, ou effondrement de la société française ? La vraie question ?

I – Première partie « Le grand basculement » (page 107 à 301)

 1 « Dislocation de la matrice catholique » (p, 35 à 57)

2 « Vers un basculement anthropologique » (p,57 à 107). Ce passage décrit bien les transformations de la société française, mais la question se pose de savoir si l’interprétation proposée sur le premier point est  pertinente, alors que sur le deuxième point, il est évident que la société française a été bouleversée sur beaucoup de plans.

Question : « Dislocation de la matrice catholique » peut-être en  ce qui concerne la matrice « rituelle », mais beaucoup moins nette pour ce qui est de la vitalité du cœur de l’église catholique avec un retour aux sources, une ouverture vers la société vivante, évangélique, proche du protestantisme.

II – L’archipelisation de la société française (pages 107 à 301)

L’auteur appuie sa démonstration sur maints tableaux statistiques illustrant la liste des basculements recensés : « la reconfiguration des structures familiales, l’IVG est entrée dans les mœurs,  une décrispation rapide de la société sur l’homosexualité, incinération, tatouage, sexualité : un nouveau rapport au corps, quand la hiérarchie des espèces est remise en cause, les catholiques : une île désormais minoritaire dans l’archipel français :

« catholicisme zombie et cathos tradis… l’influence matricielle du catholicisme est véritablement en train de disparaître ; le renouvellement des générations en cours annonce, on l’a vu, un basculement anthropologique menant à une sortie définitive du référentiel catholique… » (pages  100, 101,102)

« Fragmentations (p,107)

« L’effondrement de l’église rouge » : est-il possible de comparer les deux chutes, celles d’un catholicisme rituel mais spirituel et d’une église rouge matérialiste ?

Fragmentation de l’information et remise en cause des grands médias (p,112) «  parallèlement à l’effondrement du magistère des deux grandes Eglises, une autre tendance de fond a contribué, au cours des vingt ou trente dernières années, à la fragmentation de la société française et a permis de l’illustrer… »

« La distinction à tout prix : montée en puissance de l’individualisation et dislocation de la matrice culturelle commune « (p,121)

L’auteur fait alors un sort aux statistiques de prénom, et le recours fait à cet outil statistique (source INSEE), utilisé plus loin, est tout à fait symbolique des tabous statistiques qui pèsent en France sur les origines des habitants, alors qu’il existe une très simple contradiction entre les revendications portant sur les discriminations tout en refusant de les voir mesurer à partir des statistiques d’origine nationale.

Prénoms ou non de la matrice catho-républicaine ?

« Cette matrice catho-républicaine est restée valide pendant plus de cent cinquante ans…(p,125)

La sécession des élites (p,131)

 « 1991-2001 : la fin du service militaire sonne le glas du brassage social via les chambrées

Alors que le quartier (voire la ville) de résidence et l’école assuraient de moins en moins leur fonction de brassage social, une autre institution, qui avait permis durant des décennies aux membres des catégories supérieures de côtoyer leurs concitoyens, issus des classes populaires, a disparu à la fin des années 1990. » (p,143)

« Le lent déclin des colonies de vacances » (p,144)

« Le clivage « France d’en haut/France d’en bas » est de plus en plus manifeste au sein des partis » (p,148)

« Autonomisation idéologique et psychologique de l’élite » (p,151)

« L’exil fiscal : stade ultime de la sécession des élites » (p,155)

« L’internationalisation des élites » (p,162)

« L’affranchissement culturel et idéologique des catégories populaires » (p,166)

« Le choix des prénoms : illustration de la pénétration de la culture anglo-saxonne de masse dans les milieux populaires »

« Ce basculement est parfaitement illustré par le fait que le prénom de Kevin, par exemple, aura été le plus donné en France pendant sept années consécutives…le pic sera atteint en 1991, avec 14 087 naissances de Kevin ; cette année-là, le film Danse avec les loups dans lequel jouait le très populaire Kevin Costner, connut un véritable triomphe dans les salles obscures… » (p,167)

Question : ce type de mouvement social et culturel suffit-il à caractériser un « affranchissement » ?

« Persistance et regain de certaines identités régionales : les cas breton et corse » (p,176)

Question : toujours avec la clé d’interprétation des prénoms ?

Est-ce que ces évolutions ne caractérisent pas plutôt un retour en profondeur vers les sources, les origines, plus marqué dans des régions qui ont conservé pour un ensemble de facteurs historiques, culturels, ethniques, ou géographiques ?

« Le poids démographique croissant des populations issues de l’immigration arabo-musulmane » (p,184)

Petite précision de méthode : Le choix des prénoms par les familles peut également  servir d’indicateur ou de révélateur du  poids que représentent, au plan national ou départemental, les populations de culture arabo-musulmane dans une classe d’âge, et cela année par année. A partir du fichier de l’INSEE, nous avons dressé un tableau statistique permettant de quantifier  le nombre de nouveaux nés portant des prénoms d’origine arabo-musulmane depuis 1900. Pour ce faire, nous avons constitué une liste des prénoms la plus complète possible en croisant différentes sources et en prenant en compte, à partir de ce large corpus, le plus de déclinaisons orthographiques possible du même prénom. Nous avons recensé plus de quarante déclinaisons du prénom Mohamed : Mohammed, Mohammet, Mohamet, Mohamad, etc … (p,185)

La méthode onomastique n’est pas seulement utilisée par les historiens. Elle est également employée pour l’étude de la période contemporaine. Elle a par exemple été utilisée par Libération  pour mettre en évidence la faible présence de personnes issues de la diversité parmi les membres des cabinets ministériels du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. »… (p,187)

« Une dynamique démographique très soutenue » (p,188)

J’ai pris la responsabilité de mettre en plus gros caractères le sous-titre des pages qui proposent une démonstration chiffrée de la révolution démographique qui se poursuit dans notre pays avec la montée en puissance de la population d’origine arabo-musulmane.

« La courbe ci-dessous représente le pourcentage de garçons portant un prénom arabo-musulman parmi l’ensemble des nouveau-nés mâles, année après année, depuis 1900.

La trajectoire de cette courbe est des plus impressionnante et montre de manière très nette l’une des principales métamorphoses qu’a connues la société française au cours des dernières décennies : alors que la population issue de l’immigration était quasiment inexistante en métropole jusqu’au milieu du XXème siècle, les enfants portant un prénom les rattachant culturellement et familialement à cette immigration représentant 18,8% des naissances en 2016, soit près d’une naissance sur cinq comme le montre le graphique, cette montée en puissance s’est faite de manière assez progressive dans un premier temps, avant de connaitre une très forte accélération au cours des vingt dernières années. » (p,189)

Il s’agit du graphique 30 de la page 190. 2) « vingt dernières années » : 1995-2015 donc sous les Présidences Chirac, Sarkozy, et Hollande

«  Dans  cette France qui vient, la part de la population issue des mondes arabo-musulmans représentera mécaniquement, du fait du renouvellement des générations, un habitant sur cinq, voire sur quatre, si la tendance haussière observée depuis le début des années 2000 se poursuit. On mesure à la lecture de ces chiffres que la société française est devenue de facto une société multiculturelle, et que notre pays ne connaitra plus jamais la situation d’homogénéité ethnoculturelle qui a prévalu jusqu’à la fin des années 1970. Il s’agit là sans conteste d’un basculement majeur et sans doute  la cause principale de la métamorphose qui se produit sous nos yeux et qui aura (et a déjà) des conséquences profondes. » (p,194)

« L’hétérogénéité des populations issues de l’immigration »

« Si le dénombrement des naissances via l’origine culturelle et géographique des prénoms nous a conduit à raisonner de manière globale, il convient de ne pas perdre de vue que cette population issue de l’immigration arabo-musulmane ne constitue pas un ensemble homogène, loin s’en faut… Pour ne considérer que ce dernier critère, des scrutins relativement récents ont montré la grande diversité des communautés issues de l’immigration vivant en France… » (p,195)

Géographie de l’implantation des populations issues de l’immigration arabo-musulmane (p,198)

« … Les quatre cartes qui suivent représentent ainsi, pour différentes périodes, la proportion  de nouveaux nés portant un prénom arabo-musulman par département. Nous avons retenu comme premier jalon l’année 1968 car, d’une part elle correspond à une époque où la proportion de prénoms n’avait pas encore commencé d’augmenter fortement (on peut ainsi considérer ce moment comme un état initial) et d’autre part, car c’est cette année-là que les anciens départements de la Seine et de la Seine et Oise ont été redécoupés pour donner naissance aux actuels départements franciliens (moins la Seine et Marne qui existait déjà). L’Ile de France abritant la plus forte population issue de l’immigration, il était nécessaire de pouvoir disposer du même découpage administratif aux différentes périodes afin de pouvoir suivre les évolutions dans le temps. » (p,199)

La carte de 1968 présente une très grande homogénéité dans l’écrasante majorité des départements français, la part des naissances débouchant sur le choix d’un prénom arabo-musulman est inférieure à 2 %. La quasi-totalité du territoire n’est, à l’époque, aucunement concernée par l’immigration à quelques exceptions

Quinze ans plus tard, en 1983, se produisent la marche des Beurs et les grandes grèves des OS immigrés dans l’automobile. Cette date marque un tournant dans l’histoire de l’immigration de ces populations. Leur composante la plus jeune acquiert en effet, à cette occasion, une véritable visibilité dans la société française.

Si l’on effectue un second coup de sonde sur ce millésime, on s’aperçoit qu’entre 1968 et 1983 deux phénomènes se sont produits concomitamment : une augmentation de la proportion des nouveau-nés portant un prénom arabo-musulman dans les départements où elle était déjà la plus forte, et un effet de diffusion dans de nouveaux territoires plus ou moins proches…

La troisième carte présente la situation en 2002, toujours caractérisée par une forte hétérogénéité sur l’ensemble du territoire français, dans  certains départements précocement concernés par une implantation d’immigrés, la proportion de nouveau-nés portant un prénom arabo-musulman atteint désormais un niveau très conséquent. 

Elle dépasse ainsi le seuil des 30% en Seine Saint Denis. Les Bouches du Rhône, le Rhône, le Val de Marne et le Val d’Oise ont franchi la barre des 15%...

En 2015, en cohérence avec la courbe qui indiquait une très forte augmentation de la proportion de nouveau-nés portant un prénom arabo-musulman au plan national à partir des années 2000, la carte fait ressortir une hausse significative dans la plupart des départements…

Le taux dépasse désormais les 40%de naissances en Seine Saint Denis, les 35% dans le Val d’Oise et les 25% dans le Val de Marne et dans le Rhône ; le bloc Gard Bouches du Rhône Vaucluse, d’une part, et l’ouest francilien (Yvelines, Hauts de Seine, Essonne) d’autre part, suivent de près en affichant des taux compris entre 20 et 25% ...

Alimentée par une immigration légale et clandestine qui demeure relativement soutenue et par une moyenne d’âge  de la population de culture arabo-musulmane moins élevée que celle de la population « de souche », la dynamique qui s’est enclenchée depuis une vingtaine d’années pourrait se poursuivre pendant un certain temps et transformer en profondeur la physionomie ethnoculturelle de la France… » (p,204)

Diagnostic sur le processus d’intégration de la population issue de l’immigration… » (p,204)

« Une intégration à bas bruit de toute une partie des populations issues de l’immigration.

En appliquant l’analyse onomastique au corpus de l’ensemble des candidats s’étant présentés aux élections législatives de juin 2017 , il apparait que 6,5 % des candidats portaient des prénoms arabo-musulmans. Ce taux est identique, on s’en souvient, au pourcentage de la population déclarant avoir au moins un de ses parents musulmans (6,1%)

D’autres chiffres, symboliquement très marquants, confirment qu’un processus d’intégration à bas bruit d’une partie des populations issues de l’immigration est à l’œuvre, et ils attestent aussi de l’attachement de très nombreux jeunes français issus de l’immigration au modèle républicain – et plus encore à l’idéal patriotique c’est ainsi que 7 de nos soldats tombés en Afghanistan entre 2001 et 2015 en combattant les talibans étaient issus de l’immigration, soit une proportion de 10% des pertes françaises. (idem sur le Charles de Gaulle), 30% des candidats aux concours de l’éducation nationale dans l’Académie de Créteil en 2007… d’autres secteurs constituent autant de voies d’intégration (Sncf)… »

« … Mais une endogamie persistante, voire en progression, dans certains milieux et territoires (p,210)

Parallèlement à ces mouvements attestant l’existence d’un processus d’intégration et d’ascension sociale affectant toute une partie de cette population, d’autres indicateurs font apparaitre une pause – voire un recul – du processus de soudure des populations issues de l’immigration arabo-musulmane au bloc démographique majoritaire. L’enquête de l’IFOP réalisée pour l’Institut Montaigne enregistre ainsi des signes de fermeture d’une partie de la population musulmane en matière matrimoniale. » (p,210)

« …la propension à l’endogamie est logiquement plus fréquente dans  les quartiers où la densité de population issue de l’immigration arabo-musulmane est la plus forte… » (p,212)

« De l’endogamie familiale à l’endogamie communautaire et religieuse (p,219)

A travers la forte asymétrie entre le statut des garçons et des filles en matière d’endogamie, on décèle l’action persistante d’un système familial que les anthropologues définissent comme patrilinéaire au sens strict dans un tel système, seul le père et non les deux parents compte dans la définition du statut social d’un individu. Les héritiers mâles sont porteurs de l’identité de la lignée et peuvent se marier hors du groupe ; en revanche les filles n’étant pas intrinsèquement dépositaires de cette identité lignagère, seul avec un membre de la parentèle plus ou moins élargie – ou à défaut avec un homme présentant les mêmes origines – peut assurer leur maintien dans  le groupe. Ce modèle endogame patrilinéaire, hégémonique dans les pays du Maghreb, a été soumis à de fortes tensions dans la population  issue de l’immigration vivant en France, mais il manifeste une capacité de résilience assez impressionnante. » (p,220)

« …Dans les pays du Maghreb, ce  système patrilinéaire combiné à une endogamie familiale (privilégiant le mariage entre cousins) est extrêmement structurant quel que soit le groupe démographique ainsi, chez les kabyles qui ont été plus tardivement et moins profondément islamisés que la population arabe et qui relevaient davantage d’un modèle clanique, ce système familial est tout aussi présent que parmi les Arabes. » (p,220)

Question : un héritage qui s’est prolongé jusqu’à nous, l’héritage tribal ?

«  Les musulmans s’engagent-ils à leur tour dans un processus de sortie de la religion ? «  (p,226)

« Un regain de religiosité des plus visibles

 Les études et sondages dont on dispose convergent tous dans le sens d’une plus grande fréquence et observance des signes de religiosité dans la population de confession ou d’origine musulmane. Le point de bascule semble se situer au début des années 2000. » (p,226)

Le choix du prénom et l’exogamie comme marqueurs d’un degré d’assimilation : le cas des communautés turque, africaine, asiatique, polonaise et portugaise … » (p,234)

« A l’aune de ces chiffres, le processus d’arrimage au bloc majoritaire semble plus avancé pour la population asiatique que pour les populations magrébine sahélienne, et a fortiori turque, groupe demeurant très endogame.

« L’isolat turc

Le très faible degré d’ouverture démographique interroge, tant l’endogamie y demeure puissante. Un faisceau d’éléments contribue à expliquer cette situation particulière. La relative récence de l’arrivée de cette population et le fait qu’une grande partie des immigrants turcs soient arrivés en étant déjà de jeunes adultes sont deux facteurs à prendre en compte, comme le soulignait l’enquête TeO de l’INED. Pour autant, il s’agit  de conditions nécessaires mais pas suffisantes pour expliquer le phénomène. La population du Sud-est asiatique est également arrivée plus récemment que d’autres, et pour autant le taux d’exogamie observé y est élevé. D’autres facteurs doivent donc entrer en ligne de compte …

Au travers du prisme linguistique, on touche une autre dimension, qui est celle de l’entretien d’un fort sentiment national et identitaire dans  la diaspora turque. Si les islamologues ont pointé l’existence d’un « islam consulaire », c’est-à-dire d’un islam dans l’organisation duquel les pays continuent de jouer un rôle, cette logique atteint des proportions inégalées dans  la communauté turque bien qu’historiquement laïque, la Turquie a intégré de longue date son clergé dans l’appareil d’état, les imams étant des fonctionnaires rémunérés par l’état turc. Cette règle qui s’applique également en France, a contribué au fait que les communautés turques disséminées sur le territoire national se dotent quasi-systématiquement de leur propre mosquée, alors que les musulmans issus d’autres origines partagent souvent le même lieu de culte. Des mosquées turques sont ainsi implantées dans des petites villes comme Mer  dans le Loir et Cher, Flers dans l’Orne, Lons-le Saunier dans le Jura, ou encore Cluses en Haute Savoie…

La communauté turque vivant en  France est également encadrée politiquement par des organisations dépendant du pouvoir d’Ankara ainsi aux dernières élections législatives de juin 2017, le parti Egalité et Justice , émanation de l’ AKP, le parti d’Erdogan, présenta pas moins de 68 candidats en France. Les circonscriptions où ils étaient candidats dessinant avec une grande précision la carte de l’implantation de la communauté turque dans notre pays… »

 Focus sur le chinatown français (p,241)…

Les Polonais du Pas de Calais : l’assimilation par le charbon » (p,245)

 

 

 

 

 

 

 

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