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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 10:08

Guerres et guerres ? Guerres coloniales ?

« Guerres d’Afrique

130 ans de guerres coloniales

L'expérience française »

Vincent Joly 

Lecture critique

Volet 1

 

            Avant toute analyse, je serais tenté de dire, sans nécessairement user d’un paradoxe, ni vouloir déstabiliser le lecteur, qu’au cours de ces cent trente années, la France, c’est-à-dire, son peuple, n’a jamais fait de « guerre coloniale » en Afrique, sauf pendant la guerre d’Algérie, et beaucoup de citoyens de France savent comment elle s’est finie, c’est-à-dire grâce précisément à l’intervention de son peuple, c’est-à-dire le contingent.

            Car, en l’absence d’une armée professionnelle, il en aurait été peut-être, et sûrement, autrement !

            Nous reviendrons sur cette réflexion liminaire paradoxale, car le lecteur aura la possibilité, au terme de notre analyse, notamment celle des troupes coloniales, de mieux en comprendre le sens.

            Mon analyse sera longue, car avant même la lecture de ce livre, le sujet a occupé une partie importante de mon temps, en lectures, recherches de sources, consultations d’archives, et réflexions.

            Nous reviendrons tout d’abord sur le contenu général de ce livre, puis nous aborderons les questions de fond que pose l’ouvrage, et enfin les ambiguïtés, peut-être inévitables, que recèle un tel travail.

Un éclairage historique récapitulatif et comparatif utile, mais ambitieux

            L’auteur avait l’ambition de brosser les caractéristiques de l’évolution historique des guerres coloniales en Afrique entre 1830 et 1960, et son pari est en gros réussi, même si ce travail important d’historiographie soulève encore beaucoup de questions, dont les deux premières portent sans doute, d’une part, sur la nature de son fil conducteur, et d’autre part, sur son articulation historique.

            Une des particularités de cet ouvrage est sans doute liée en effet au traitement de l’information historique beaucoup plus par le biais de concepts, guerres et violences, expériences, pratique de la guerre coloniale, l’outil, la paix française, les résistances africaines, l’usage métropolitain de la guerre coloniale avant 1914, la pacification, le maintien de l’ordre, la guerre psychologique, que par celui de la chronologie historique des guerres coloniales dont les caractéristiques furent très différentes tout au long de cette période de cent trente années.

            Quoi de commun entre Bugeaud et Leclerc, ou entre Abd el Khader et Ho Chi Minh ?

            Comment procéder à cette analyse de la longue durée, sans minimiser deux ruptures historiques sont souvent ignorées, ou au mieux, minorées, par beaucoup de chercheurs, la première guerre mondiale de 1914-1918 qui a vidé la France du sang de son peuple pour de longues années, et la deuxième guerre mondiale, fruit amer de la première, qui a bouleversé les enjeux de la planète, avec notamment l’arrivée de la guerre froide ?

            Les guerres d’Indochine ou d’Algérie seraient à classer dans la catégorie des guerres coloniales ?

            Cet ouvrage a le mérite d’ouvrir le champ de la connaissance par une analyse comparative des guerres coloniales menées précisément dans la première période des conquêtes par les autres puissances européennes, la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, le Portugal et l’Espagne.

            Un oubli sans doute, celui de la Belgique, car la comparaison avec la France coloniale serait au moins aussi pertinente que celle de la Grande Bretagne !

            Nous reviendrons sur le sujet, car l’auteur ne semble pas avoir tiré tout le parti qu’il était possible de tirer de la comparaison des autres expériences de guerre, car il aurait été intéressant de comparer les types de conquête coloniale des différentes puissances, entre par exemple la guerre anglaise contre les Ashantis, en 1874, et celle des Français contre le roi Béhanzin en 1894, la conquête française du Congo comparée à la belge, ou encore les grandes différences qui existaient dans les configurations militaires du véritable outil de la conquête coloniale que fut la « colonne », entre la méthode française, le plus souvent artisanale, et la méthode anglaise beaucoup plus lourde, industrielle.

 Comme l’auteur l’a d’ailleurs indiqué, le colonel Péroz a écrit des choses intéressantes sur le sujet, lourdeur des colonnes, côté anglais, et légèreté, côté français, pour ne pas dire économie « forcée » des moyens.

            N’aurait-il pas été intéressant de comparer des guerres comparables, notamment celles menées sous la forme de grandes expéditions militaires à la fin du 19ème siècle et

au début du suivant, de type industriel, telles que celles citées dans l’ouvrage, les italiennes, les anglaises de l’Afrique du Sud, et les françaises de la même époque, au Tonkin et à Madagascar, très différentes des petites expéditions, le plus souvent à court de moyens, qui partirent à la conquête de l’Afrique occidentale ou centrale, en ce qui concerne la France ?

            Car le découpage conceptuel qui est retenu par l’ouvrage tend à juxtaposer, plus qu’à comparer expériences ou guerres coloniales.

            Observations intéressantes sur la position de l’Islam dans les conflits décrits, mais surtout sur les « résistances » au conquérant.

Pour avoir beaucoup analysé les opérations de conquête française de l’Afrique occidentale (1), je partage l’opinion de l’auteur sur la nature des résistances africaines de l’époque :

« Les nécessités de l’unification nationale ont poussé les dirigeants des pays nouvellement indépendants, y compris ceux qui n’avaient pas connu la lutte armée pour se libérer, à forger des mythologies résistancialistes souvent autour de grands personnages comme Samori en Afrique de l’Ouest. » ( page 134)

Plus novatrices,  pour certains lecteurs, sont sans doute les pages consacrées aux révoltes importantes qui ont eu lieu pendant la première guerre mondiale dans l’Afrique de l’Ouest, notamment  dans le Bélédougou, le pays Mossi, dans le nord du Dahomey, en pays Touareg, révoltes motivées principalement par le refus du recrutement.

Ces révoltes montraient bien les limites de la fameuse pacification, ou de la nouvelle « paix française ».

Au Tonkin, la révolte de Yen Bay, en 1931, en fut un autre signal significatif. 

Dérangeantes par ailleurs pour certains chercheurs, les pages consacrées aux réactions de l’opinion publique sur les conquêtes coloniales !

L’auteur écrit :

«  Fabriquer des héros ?

L’histoire coloniale de la France recèle un étonnant paradoxe. Alors qu’avant 1914, tout le monde s’accorde à dénoncer l’indifférence de l’opinion publique à l’égard de l’expansion d’outre-mer, les événements et les acteurs de cette dernière occupent une place considérable dans la presse, la littérature ou encore les programmes scolaires. Ainsi, ils contribuent à populariser non pas une culture coloniale mais plutôt un impérialisme populaire dont l’armée constitue l’élément central et dont on mesure la vigueur à l’occasion de crises comme celle de Fachoda. » (page 163)

Comment ne pas regretter que l’auteur n’ait pas cru pouvoir citer, dans sa riche historiographie, des travaux qui auraient permis de sortir de la formule banale du « tout le monde » ?

Et pour la suite, mon opinion est plutôt réservée sur le concept « impérialisme populaire », car je maintiens qu’à l’heure actuelle, aucune démonstration statistique sérieuse ne vient accréditer à la fois l’importance des vecteurs de « culture coloniale », ou ici, comme proposé par l’auteur, d’«impérialisme populaire », et encore moins de leurs effets sur l’opinion publique.

La première appréciation historique aurait été d’autant plus intéressante qu’à la page 168, l’auteur cite une source d’évaluation du « fait colonial », plutôt significative, celle d’une enquête faite par le capitaine Roland, entre 1903 et 1907, sur les conscrits : 8% d’entre eux ignoraient ce que fut la mission Marchand, et 15 % seulement d’entre eux avaient entendu parler de l’amiral Courbet.

Pour avoir effectué un certain nombre de recherches sur la presse de ces époques, et pour avoir évalué, à partir de leurs sources, le discours que tient un petit groupe de chercheurs sur une culture coloniale ou impériale qui aurait imprégné les Français et laissé des traces dans leur « inconscient collectif », je confirmerais volontiers qu’ils n’ont jamais été vraiment concernés par la fameuse expansion coloniale, que ce soit avant 1914, ou après 1918.

J’ai en effet analysé (2), vecteur par vecteur, ceux cités par ce petit groupe de chercheurs, la presse, les livres scolaires, les affiches, le cinéma, les expositions, et la propagande coloniale elle-même, en concluant à une démonstration statistique et historique notoirement insuffisante.

Volet 2 de la lecture la semaine prochaine

(1)          Le vent des mots, le vent des maux, le vent du large  - Le rôle de la communication et des communications dans les conquêtes coloniales (AOF-Tonkin- Madagascar-Fachoda- 1870-1900)

2006–Editions JPR

(2)          Supercherie coloniale- 2008- Mémoires d’Hommes

 

 

 

 

 

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 14:12

Nouvelles magistratures et nouvelle fonction publique ? Pour faire de la « com », on peut dire aujourd’hui n’importe quoi ?

L’obligation de réserve des magistrats ? Il en serait de même que du secret de l’instruction, une supercherie judiciaire ?

            A lire ou à entendre les déclarations et opinions de certains « magistrats », il semble bien qu’il en soit ici de l’obligation de réserve comme du fameux secret de l’instruction invoqué seulement lorsqu’on en a besoin !

Que penser en effet des déclarations fréquentes du Président du Conseil Constitutionnel, ancien magistrat, Conseil Constitutionnel, ultime gardien des droits et libertés de nos institutions républicaines, prenant position, à tout bout de champ, sur tous les sujets, et dans tous les canaux médiatiques ( citation ci-dessous tirée d’une intervention sur Radio J) ?

Ces jours derniers, par exemple, sur l’immigration légale, Les Echos du 2 mai 2011, page 2 « Il faut accepter l’immigration légale » : qu’est-ce à dire vraiment ? Avis politique ou constitutionnel ?

. Le citoyen a en effet le droit de s’interroger sur ce type de communication politique, et donc sur le mode de désignation des membres de ce Conseil, un mode de nomination qu’il faudra bien changer pour lui rendre son autorité de juge suprême indépendant !

Conseil constitutionnel français et conseil constitutionnel ivoirien, même combat ? A s’y méprendre peut-être pour de mauvais esprits comme Gbagbo !

Que penser, autre exemple, des déclarations d’un juge d’instruction, spécialisé dans les dossiers de terrorisme donner son opinion sur l’affaire Ben Laden ? (Libération du 3 mai 2011, page 15)

Gage d’impartialité, de neutralité de la justice sur de tels sujets ? Instruction à charge et à décharge ?

Alors il est vrai que le ministère de la Justice fait une lecture plutôt tolérante, pour ne pas dire laxiste, de l’obligation de réserve des magistrats (voir réponse du garde des Sceaux à ce sujet du 9/04/2009), mais il ne faut pas être alors étonné que de plus en plus de fonctionnaires enfreignent l’obligation de réserve que leur statut leur impose.

Jean Pierre Renaud

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 08:53

Humeur Tique : les nouveaux « tabous » de la République Française, voile et burqa, laïcité, et aujourd’hui binationalité !

Un débat mal engagé sur le foot, mais un débat utile !

Est-ce qu’il va être encore possible dans notre belle République, d’aborder sérieusement et démocratiquement, des sujets sensibles, pour ne pas dire dans la nation française devenue quasiment un gros mot pour certains, profondément transformée par l’immigration des dix ou vingt dernières années ?

Les Français seraient racistes ou populistes dès qu’ils oseraient aborder ces sujets ? Comme si le même type de réaction ne se poserait pas dans la plupart des pays du monde, en Afrique y compris.

Dans Mediapart, M.Patrick Weil souligne sans doute à juste titre, mais pour le condamner, que ce sont les Franco-Africains qui sont visés par le débat sur la binationalité dans le football.

D’après une réponse faite, en 2007, sur le sujet, par le ministre des affaires étrangères (JO du 20/09/07, page 1659) à une question d’un sénateur en 2007 (JO 5/07/07, page 1152), il n’existait alors aucun dénombrement des binationaux résidant en France.

La seule statistique disponible était alors celle du registre des Français établis hors des frontières : il y avait alors 614 914 binationaux sur 1 373 988 Français résidant à l’étranger, donc aucune statistique des binationaux en France.

Les belles âmes croient que la France vivra encore longtemps dans la paix internationale qu’elle connait de nos jours, il faut le souhaiter vivement et sans renoncement, mais comment deviner l’avenir ?

Beaucoup de familles françaises ont encore la mémoire d’au moins trois générations marquées par la guerre, 14-18, 39-45, et guerre d’Algérie.

 Et en cas de nouveau conflit sur le pourtour méditerranéen, comment notre nation, déjà très divisée, pourra faire face à l’épreuve avec une partie non négligeable de sa population binationale ?

Notre belle armée de métier y suffira ?

Un peu de lucidité donc dans un débat une fois de plus mal engagé, mais utile !

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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 10:35

Le film « Coup d’éclat » avec Catherine Frot

et « cas d’école » pour de bonnes écoles de police !

           

            Le journal Libération du 27 avril 2011 a fait une critique positive de ce film, intitulée

« Certains l’aiment Frot »,

Sans-papiers La comédienne transcende « Coup d’éclat »

 et pour une fois je partagerais cet avis, mais pour des raisons un peu différentes, que celles autant politiques et sociales qu’artistiques du journal

C’est l’histoire d’une capitaine de police, Catherine Frot dont le « métier » est de traquer les immigrés clandestins et les sans-papiers dans une cité des bords de la Méditerranée. La mort d’une prostituée liée à un réseau mafieux, la découverte qu’elle a un enfant, la recherche de ce dernier, la détournent de sa mission de police.

Un film au rythme haletant, servi par une policière têtue, humaine en diable, et en professionnelle telle qu’on l’imagine, mais avec un scénario qui se perd un peu dans le dédale d’une proximité mafieuse obscure.

Remarquable exercice de cinéma de Catherine Frot ! Film intéressant en tant qu’il fait toucher du doigt les difficultés et les limites du travail d’une police qui est tout de même au service de la République Française !

C’est la raison pour laquelle ce film pourrait être retenu dans  les bonnes écoles de police dans le cadre d’exercices déontologiques sur le métier de policier.

Admirateur de Catherine Frot, j’avais proposé, dans le passé, à quelques producteurs de cinéma, un synopsis de film sur le thème de la corruption à la mairie de Paris, avec une Catherine Frot incarnant un personnage de femme fonctionnaire et détective administratif, qui s’était mise dans la tête la folle idée de mettre à jour la corruption du système chiraquien.

Un de ses derniers films, sinon le dernier avec Dussolier, « le crime est notre affaire » est un petit régal.

Jean Pierre Renaud

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 14:04

« La jurisprudence Gbagbo, fragile espoir pour la démocratie africaine »

Analyse Philippe Bernard

Service international

Le Monde du 28/04/11, Décryptages Analyses

Une « jurisprudence » ? Avec le seul cas de la Côte d’Ivoire ?

Comment pourrait-il y avoir, en 2011, dans la même année, une jurisprudence Gbagbo en Côte d’Ivoire différente d’une jurisprudence Rajoelina à Madagascar ?

Déjà deux poids et deux mesures !

            Un article dont le contenu est au demeurant intéressant, mais qui soulève beaucoup de questions sur la politique étrangère de la France en Afrique :

Un article Intéressant :

-       Qui note les contradictions de la politique étrangère de la France en Afrique, universaliste au coup par coup, alors qu’elle a joué le premier rôle dans le retour à une certaine démocratie ivoirienne

-       Qui relève que la solution de la crise ivoirienne ouvre « probablement une troisième phase de leur développement démocratique »

-       Qui propose un challenge aux Africains : «  Aux Africains de se l’approprier (la démocratie). Aux Occidentaux et en particulier à la France de mettre sa politique en accord avec son discours universaliste. »

Un article à questionnement :

-       Est-ce que très précisément le cas de la Côte d’Ivoire est représentatif des problèmes rencontrés par les pays africains pour accéder à la démocratie ?

Alors qu’il y avait la présence incontestable d’une certaine « Françafrique », beaucoup plus forte et prégnante à Abidjan qu’ailleurs, et alors que la solution récente de la crise n’aurait pas été possible, sans la présence de troupes françaises, avec ou sans le parapluie de l’ONU.

-       Est-ce qu’il n’est pas intéressant de comparer, outre le cas des pays évoqués dans cet article, avec lesquels la France est plutôt accommodante, les positions de la France à Abidjan et à Antananarivo, où notre pays, sans trop de casse, a le moyen d’imposer un retour à la démocratie, avec le concours de certains pays du sud, ce qu’il ne fait pas, et avec le rôle ambigu de notre ambassadeur ?

 Cohérence de notre politique étrangère ? Universalisme ?

-       Est-ce que nos interventions en Afrique ou ailleurs ne soulèvent pas le problème majeur du contrôle démocratique des actes du Président de la République ? Avec l’article 35 actuel, le président peut nous entraîner dans n’importe quelle guerre extérieure, fusse avec les meilleurs motifs, comme c’est le cas pour la Libye, sans que la représentation nationale puisse donner son accord ou mettre son veto !

Et demain à Doha ?

-       L’Europe est de plus en plus présente dans l’ancien « pré carré africain », à la fois dans ses multiples représentations et l’importance de ses concours financiers : est-ce que le temps n’est pas venu de replacer notre action sous l’ombrelle de l’Union européenne, de mettre notre politique étrangère, et éventuellement l’intervention de nos forces militaires en cohérence avec ce nouveau cadre institutionnel ?

La révision nécessaire de notre politique étrangère en Afrique

Révisons entièrement notre politique étrangère en Afrique et donnons la préférence à l’action indirecte, plutôt qu’à l’action directe qui nous empêche de rendre crédible notre discours universaliste.

Indirecte, à la manière asiatique, et tout autant à la manière traditionnelle des Britanniques, car nous n’avons pas les moyens d’imposer la démocratie à tous les pays d’Afrique, tant ils sont nombreux et différents.

Chaque fois qu’une élection sera contestée, la France enverra son armée « professionnelle » pour rétablir l’ordre, la démocratie, les droits de l’homme et la démocratie, telle que nous la concevons, venant se substituer aux slogans humanitaires et coloniaux de la Troisième République ? Est-ce vraiment sérieux ? Non !

Soutenons culturellement, politiquement, et financièrement les mouvements politiques d’Afrique qui prônent le démocratie dans leur pays, mais écartons l’idée d’une intervention militaire dans l’un de ces pays, sauf à venir, à titre tout à fait exceptionnel, et en appoint de forces mobilisées par l’ONU ou une instance internationale africaine, et à la condition sine qua non, que le Parlement l’ait autorisée.

Jean Pierre Renaud

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 10:26

Humeur Tique : le « revenant » Chevènement, les primaires « bidon » du Parti Socialiste, les tremblements de terre en rose, rouge, gris ou noir, Hulot descendu de sa canopée

 

            Chevènement le « revenant » du Dessoubres : les habitants du Doubs savent qu’il s’agit de la superbe et pittoresque vallée qui arrose la petite ville de Saint Hyppolite, proche du lieu des racines géographiques de la famille du revenant.

Revenant, car il a été l’auteur principal  du fameux Programme Commun de la Gauche de 1981, qui a connu, comme chacun sait, un franc succès, et qu’il plaide toujours pour un souverainisme de la France complètement obsolète.

            Alors, sa candidature aux présidentielles 2012, serait « de plus en plus inéluctable » ? On croit rêver !

            Mais où trouvera-t-il tout l’argent ?

 

            Les primaires « bidon » du Parti Socialiste !

            Extrait de la déclaration de M.Moscovici dans le Monde du 2 mai 2011 :

            L’interview tourne autour d’une candidature DSK, et à la question :

            « Allez-vous jusqu’à souhaiter que les autres candidats se retirent ? »

            Le député du Doubs répond :

            « Ne soyons pas dogmatiques à ce stade. Si fin juin, une candidature apparaît comme celle qui s’impose comme la plus efficace et la plus évidente, alors ne nous interdisons pas le rassemblement dès ce moment-là. Si ce n’est pas le cas, nous devrons travailler collectivement à maîtriser le processus pour qu’il ne tourne pas au « petit règlement de comptes entre amis »

            Après un petit arrangement entre deux amis ? Truquage démocratique ? Nouveau jésuitisme politique ? Pas de dogme ?

            Tremblements de terre de toutes les couleurs

            Car de toutes les couleurs, selon les journaux : les Français ont pu découvrir que la plupart d’entre eux couraient un risque sismique qu’ils ignoraient totalement. De quoi inquiéter ceux qui habitent dans les zones à risque moyen ou modéré, car il y en a beaucoup !

            Est-ce qu’il n’aurait pas été bon, dans une société complètement bouffée par la « com » privée ou publique que le gouvernement de la République Française ait lancé une campagne préalable citoyenne d’information ?

            CO2, effet de serre, développement durable, énergie nucléaire, et aujourd’hui tremblements de terre ?

            Le leurre Hulot ?

            Et le candidat Hulot descendit de sa canopée du grand capital sur notre vieille et belle terre alsacienne ! L’air risque vite de lui manquer!

 

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 08:22

Immigration, vérités, et cartes sur table !

 

Réflexions d’un citoyen sur l’immigration en France

 

            Le dossier de l’immigration est un dossier français politiquement sensible, mais il est très difficile, pour un citoyen curieux du sujet, désireux d’en comprendre les éléments fournis par la presse écrite, d’interpréter les statistiques produites, tant elles sont changeantes, diverses, pour ne pas dire contradictoires.

A dire vrai, et après deux années de lecture de ce type d’informations, mon opinion est encore incertaine sur les chiffres et leur interprétation.

Le Monde -

En ce qui concerne les chiffres, Le Monde du 4 décembre 2010, notait dans sa page « Décryptages Focus » la stabilité des chiffres de l’immigration entre 1986 et 2006 : « Si l’immigration s’est stabilisée, son visage en revanche s’est tranformé… », soit entre 7,4% et 8% d’étrangers en France.

Mais le même journal, dans sa page Contre-enquête du 12 avril 2011, propose une représentation graphique intitulée « Immigration en France : pas de baisse depuis 2001 », et on lit effectivement que le flux d’entrée à caractère permanent est passé de 137 903, en 2001, à 199 467, en 2004, le maximum, et 181 316, en 2009.

Comment ne pas noter par ailleurs que le titre des graphiques est manipulateur ? « Pas de baisse », alors qu’il y a augmentation ?

Sur ces flux, le nombre d’immigrés entrés par la voie d’une migration familiale représente sur l’ensemble des années de l’ordre de 800 000 immigrés, lesquels ont naturellement vocation à entrer dans la communauté française

Et sur ces tableaux, les chiffres de migration des travailleurs ne constituent pas un vrai sujet, compte tenu de leur faible pourcentage, et montrent que les déclarations récentes, et du ministre de l’Intérieur, et de la présidente du Medef, à ce sujet, n’ont pas de réel fondement.

Alors qui croire et à quoi croire ?

Incompétence des journalistes, manipulation des chiffres, complexité technique du sujet, laquelle est incontestablement la plus forte en ce qui concerne l’évaluation des immigrés sans papiers, ou de ceux venus avec des faux papiers ?

 Les Echos-

Un autre journal, Les Echos vient de présenter, le 26 avril, son analyse du sujet, et le contenu de cette analyse découpée en quatre thèmes soulève également quelques questions :

La proportion d’immigrés augmente-t-elle sur le territoire français ? Le journal fait référence au chiffre des années 1920, mais est-il bien sérieux de la part d’un journal économique et financier de partir d’une telle référence, dénuée de tout crédit, ne serait-ce qu’en raison de sa date et des millions de morts de la guerre 1914-1918 ?

Dans le même paragraphe, l’auteur écrit «  Par ailleurs, 100 000 individus quittent chaque année l’Hexagone… Autour de 100 000 personnes par an, en moyenne, restent donc à accueillir. Un chiffre bien modeste comparé aux autres pays développés. »

100 000 personnes seulement ? Vraiment ? Par quel processus, et sur le fondement de quelles statistiques ? Le quotidien aurait pu à la fois l’expliquer et le justifier, car c’est un aspect ignoré de ce dossier.

Les immigrés pèsent-ils sur les comptes sociaux ?  Le journal propose une analyse dont les résultats sont d’ailleurs nuancés, fondée sur l’hypothèse, sauf erreur,  que la population d’origine immigrée et intégrée dans la communauté française ne vieillira pas dans notre pays. Difficile à croire tout de même !

Une diminution de l’immigration suffirait-elle à faire baisser le chômage ? Conclusion évidemment négative, et bien connue des spécialistes, le facteur majeur du débat n’étant pas l’immigration officielle, mais clandestine, celle dont personne ne connait le chiffre exact, 300 000 ? 400 000 ? Un flux de travailleurs sans papiers qui alimente le recrutement de beaucoup d’entreprises, grandes ou petites dans certains secteurs économiques.

L’immigration peut-elle pallier le vieillissement de la population ? Conclusion négative du journal, mais qu’il serait bienvenu de relier à la conclusion précédente sur les comptes sociaux.

Dans le même numéro, un des éditorialistes du journal écrit sous le titre « Penser l’immigration » : … Dans l’enquête que nous publions aujourd’hui, trois contrevérités sont démontrées. »

Est-ce bien sûr ?

Impossible donc pour un citoyen curieux de saisir les véritables données de ce dossier et d’en interpréter les éléments !

Dans cette sorte de désordre des chiffres et des interprétations, quelques informations paraissent établies aujourd’hui, ou en tout cas communiquées :

La concentration anormale des flux migratoires sur certains territoires, ceux que Luc Bronner a fort bien décrit dans son livre « La loi des ghettos ».

Le Haut Conseil de l’Intégration vient du reste de le souligner.

L’importance des flux liés à l’immigration familiale, et les questions légitimes qu’il est possible de se poser, afin de comprendre le fonctionnement dont l’image de pelote de laine multiforme rendrait assez bien compte :

 1- Quant à l’interprétation du concept de parenté dans la culture africaine et dans notre propre culture, à l’évidence, très extensible dans la première. A titre d’exemple, dans certaines régions de l’Afrique de l’ouest, un oncle est encore réputé « père » de son neveu ! Comment voulez-vous qu’un employé municipal ou préfectoral comprenne ce type de relation ?

Cette immigration familiale, qui peut être chez nous source de problème, atteste de la solidarité puissante et toujours vivante de beaucoup de communautés africaines, une solidarité qui est incontestablement positive sur le plan humain.

2- Quant aux facilités d’intégration de personnes issues de certaines cultures africaines d’émigration, pour ne pas évoquer le redoutable problème de l’alphabétisation et acculturation  de beaucoup d’entre elles.

Le sociologue Lagrange a publié les résultats d’une enquête sérieuse qui montre les difficultés réelles que peuvent rencontrer certains jeunes issus de cette immigration dans leur processus d’acculturation à la française ?

Un grand intellectuel africain, Moussa Konaté, dans son livre « L’Afrique noire est-elle maudite » propose à cet égard un certain nombre de clés de compréhension de la culture africaine.

Vrais et faux papiers 

Quant au contrôle de l’authenticité de papiers soi-disant officiels présentés par nos immigrés, dans son livre « Madame Bâ », l’académicien Orsenna, bon connaisseur de l’Afrique, et ancien collaborateur de M. Mitterrand, propose à ses lecteurs quelques ouvertures de réflexion à ce sujet (voir pages 386 à 388).

Mais me direz-vous, ce n’est qu’un roman !

Les mariages mixtes

L’importance des mariages mixtes, de l’ordre de 50 000 par an (Les Echos numéro 20913), sur un total de 250 000 en France : dans quelle rubrique sont- ils comptés ? Et l’interprétation d’un certain nombre de ces unions pose aussi des questions.

En conclusion, le débat avance effectivement, et aussi, une meilleure connaissance du sujet, mais la presse serait bien avisée de proposer à ses lecteurs une vue complète, précise et rigoureuse des flux d’immigration, des problèmes qu’elle soulève effectivement, même si une des conclusions d’une étude récente sur les résultats, est en partie positive sur l’intégration à la française.

Dans ce domaine aujourd’hui sensible de l’immigration, il faut jouer carte sur tables, sauf à continuer à empoisonner le débat politique, économique, et social, et la France n’a vraiment pas besoin de cela.

Jean Pierre Renaud

 

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 20:35

Humeur Tique : 850 euros, le revenu minimum de Villepin ? – William et Kate, le mariage princier « british » de la télévision française ?

 

Villepin, « casque à pointe », selon le gentil diminutif décerné par l’ancien ministre Léotard, et son revenu de 850 euros :

            Comment est-il possible de se poser comme un héritier du général de Gaulle et du gaullisme, en lançant à l’opinion publique une proposition aussi démagogique et irréalisable que celle d’un revenu citoyen « minimum » de 850 euros assuré à tout citoyen de plus de 18 ans pour vivre dans la dignité ?

            En sa qualité d’héritier avatar du gaullisme radical de la chiraquie, et aujourd’hui promoteur d’un nouveau gaullisme du trapèze volant ?

 

Du Mariage Princier « British » de William et de Kate et de notre belle télévision publique et républicaine ?

Il est tout de même paradoxal de lire dans un éditorial du Monde du 26 avril 2011, intitulé « La monarchie britannique doit se réinventer », (diable, tout un programme déjà ! avec un doigt d’ingérence ?) que « 70% des Britanniques se déclarent indifférents à ces noces », alors que, depuis des semaines, notre télévision nationale nous bassine les yeux et les oreilles avec ce mariage !

Il est vrai que cela nous change un peu du matraquage quotidien des présidentielles 2012, lequel a commencé il y a des mois et des mois ! Chaque jour, un candidat défile, et il y en a à la pelle !

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 09:40

Retour historique sur un épisode tragique de la conquête de Madagascar (1895-1896)

A Madagascar, le 15 octobre 1896, le général Gallieni, nouveau proconsul de la France, fait fusiller le ministre de l’Intérieur de Madagascar

Deuxième partie du commentaire

Première partie sur le blog du   15 avril 2011

 

Le portrait du Prince de la Paix

« Il s’appelait Rainandriamampandry. On pourrait écrire avec traits d’union. Rain – Andria - Mampandry : parce que conformément à l’usage de la langue malgache, qui est, comme disent les philologues, agglutinante, ce nom propre est un conglomérat de mots empruntés à la langue usuelle. Il a donc un sens ;  Rain est un préfixe honorifique de courtoisie ; Andriamampandry signifie Prince de la Paix. Celui qui le portait était en effet un grand seigneur, tout à fait au sommet de la hiérarchie politique et administrative, « seizième honneur », pour adopter la tradition courante, non sans quelque regret… »

L’auteur a donc retenu, par commodité, la traduction de ce nom pour évoquer le personnage, et expliquait :

« Cette liberté qu’on se trouve amené à prendre avec un nom propre doit se concilier avec le plus grand respect pour l’homme qui l’a porté honorablement toute sa vie et dans sa mort violente. Prince de la paix a certainement laissé à Tananarivo des descendants qui ne peuvent pas manquer d’être légitimement fiers de lui, et dont on serait désolé de froisser la piété filiale. 

Si l’un d’eux fait jamais à ces quelques pages, l’honneur de les lire, il ne méconnaîtra pas, j’espère, qu’elles sont imprégnées au fond de sympathie déférente.» (page 69)

L’auteur proposait donc de tenter de comprendre ce haut personnage à partir de ses mémoires qu’il a eu la chance de pouvoir consulter.

Il introduisait donc le sujet en écrivant : « C’est Prince de la Paix qu’il s’agit de comprendre et il a été fusillé en 1896. »

L’auteur notait que le Prince de la Paix fut un écrivain en même temps qu’un homme politique, car il noircit donc beaucoup de livres, « le produit de ses veilles » :

« Quand on a parcouru ces gros livres, ils ouvrent un jour curieux sur l’âme d’un Malgache, élève des missionnaires, à la fin du XIX° siècle. »

« Son père était un haut fonctionnaire, à l’enterrement duquel on a tué un nombre incalculable de bœufs ; le corps était enveloppé de 60 suaires de soie, et 5.000 Francs en piastres ont été déposés dans le tombeau. »

L’auteur racontait donc :

« Moi aussi j’ai touché aux « grandes affaires », comme on disait au XVIIème siècle…J’ai été témoin de ce drame ; j’ai même appartenu, par la situation administrative que j’occupais alors, à cette catégorie de témoins que l’illusion d’une responsabilité oblige à nommer acteurs.

Chez un homme qui a passé le reste de sa vie sur la tour d’ivoire, dans une mémoire encombrée d’érudition livresque, cet épisode a laissé un lot de souvenirs incongrus qui font un contraste ridicule avec le reste…

Avouer que je fus, dans des circonstances graves, un administrateur d’une ineptie amusante, c’est risquer, il est vrai, d’atteindre indirectement celui qui m’a désigné pour ces hautes fonctions, mais celui-là, bien entendu et comme d’habitude j’imagine, c’est le hasard qui est au-dessus de tout discrédit….

Cela se passait dans le courant de 1896, si je ne me trompe, pendant l’insurrection qui suivit la conquête. Elle amena un changement de gouverneur, à M.Laroche succéda le général Gallieni, et le proconsulat militaire fut inauguré par la condamnation à mort et l’exécution du ministre malgache de l’intérieur et d’un prince de la famille royale. Cette exécution fit quelque bruit à l’époque et alimenta des polémiques de presse, aux uns elle parut un crime militaire monstrueux et inutile ; aux autres un geste énergique, équitable et bienfaisant. Naturellement tout fut oublié en quinze jours, on ne peut pas imaginer que ce détail d’histoire coloniale ait retenu plus longtemps l’attention publique.

Le prince malgache exécuté, qui se nommait Ratsimamanga, et qui n’était rien moins qu’oncle de la reine, m’était à peine connu, il avait chez les Malgaches une très mauvaise réputation, justifiée par ses mangeries, il n’avait pas beaucoup de tête et pas beaucoup de cœur…

La victime de premier plan fut certainement le ministre de l’intérieur, Prince de la Paix.

J’étais moi-même directeur des affaires indigènes par intérim, le ministre de l’intérieur malgache de l’intérieur était mon collaborateur ; dans les six mois qui ont précédé sa mort, je l’ai vu au bureau tous les jours matin et soir, je lui ai serré la main très régulièrement quatre fois par jour, et j’ai eu souvent avec lui de longues conversations amicales. La veille de son exécution, je faisais fonction d’interprète au conseil de guerre. En cette qualité, j’ai dû lui traduire la sentence de mort ; la salle du conseil était toute petite, on se touchait, je lui communiquai son arrêt comme on cause, les yeux dans les yeux, à trente centimètres de sa figure extrêmement connue. Je n’y ai vu aucune trace d’émotion, sauf trois petites gouttes de sueur qui perlèrent brusquement sur son front, et il répondit simplement « oui, oui » avec sa petite voix douce habituelle…

Je n’ai pas la prétention d’avoir compris Prince de la Paix au moment même de nos relations quotidiennes… Ainsi est-il advenu que je n’ai pas vu l’homme véritable au moment où je l’avais sous les yeux…

Dans cette période dangereuse  de troubles et de réorganisation qui suit immédiatement une conquête coloniale, que ç’ait été précisément moi qui fus chargé, en collaboration avec Prince de la Paix, de diriger la politique intérieure à Madagascar, je crois me souvenir que, dans ce temps-là, ça me paraissait après tout assez naturel. Aujourd’hui, quand je me reporte à ce passé lointain, j’ai bien le sentiment vif d’une disproportion considérable jusqu’au comique ente la tâche et la préparation professionnelle de l’ouvrier…

Le ministère malgache de l’Intérieur, au contrôle duquel j’étais préposé, fut installé dans le Palais « Au-dessus des désirs » (Tsy-azom-paniry). Ce n’était pas un édifice somptueux, mais il se dressait dans l’enceinte sacrée des palais, tout au sommet du roc de Tananarivo. On y avait à ses pieds presque toute l’Emyrne, l’immense plaine des rizières, et le cercle lointain des montagnes…

Vers le temps où j’eus le devoir très pénible de traduire à Prince de la Paix, mon collaborateur indigène, sa condamnation à mort, je fus moi-même mis à pied. Je m’imaginais alors que ces deux sentences, d’une sévérité inégale, étaient la punition du même crime, l’impéritie. Je sais aujourd’hui que je me trompais.. »

L’ancien directeur des affaires indigènes par intérim n’apprit la vérité que beaucoup d’années plus tard ! Innocence de sa part ou impéritie, allez savoir !

« Il appert que le palais « Au-dessus des désirs » n’a pas seulement favorisé inconsciemment l’insurrection par sa passivité officielle ; il a consacré beaucoup d’activités officieuses à l’organiser consciemment.

Prince de la Paix, mon collaborateur et ami, signait sa correspondance clandestine du pseudonyme « le Patriote ». Cela se dit en malgache Ra-tia-tanin-drazana, et ce substantif est à lui tout seul une petite phrase compliquée : cela signifie « le monsieur qui aime le pays et ses ancêtres »…

Pour Prince de la Paix, mon collaborateur et ami, l’usage d’un pseudonyme était une mesure de prudence bien naturelle. Mais ce pseudonyme était transparent, car les lettres étaient accompagnées de promotions et de brevets, expédiés en bonne et due forme, d’après les traditions de la chancellerie ; et le caractère officiel de toute la correspondance était donc patent…

J’essaie bien de me défendre contre la précision de ces révélations tardives. Le ministre de l’Intérieur fut exécuté pour connivence avec l’insurrection…

J’admets donc que feu mon collaborateur et ami s’est bien décidément moqué de moi outrageusement, et je lui pardonne de tout cœur…

De tout cela se dégage maintenant une figure toute nouvelle de Prince de la Paix, des détails biographiques épars s’harmonisent pour dresser l’image d’un homme extrêmement respectable…

Pendant la guerre de 1884, il commandait les forces malgaches à la côte Est, et il maintint ses positions de Farafate contre les attaques indécises de l’Amiral Miot…

Parmi tant de fonctionnaires peu estimables, Prince de la Paix avait tout de même la réputation d’avoir été, à tout prendre, probablement le plus honnête. C’est à ce titre qu’il fut nommé par le gouvernement français ministre de l’Intérieur, et au même titre exactement, il était naturel qu’il trahît l’étranger pour son pays…

Dans cet effondrement de l’indépendance malgache, où les dévouements et les énergies ont fait défaut, Prince de la Paix est le seul homme qui ait risqué sa vie délibérément.

Ç’aurait été une raison peut-être pour la lui laisser. »

Deux hauts fonctionnaires intervinrent auprès de Gallieni pour lui conseiller la clémence :;

« Messieurs, leur aurait répondu le Général, je vous remercie de votre conseil, mais je n’ai pas l’intention de le suivre »,

 mais, «  Plus tard, lorsqu’il connut le pays, il lui serait arrivé de dire à son Directeur des Finances et à son Directeur des Domaines :

« C’est vous qui aviez raison, Messieurs, j’ai regretté de ne pas vous avoir écoutés. »

« Avec un peu plus de chance le vieux Prince de la Paix aurait donc pu sortir vivant de l’épreuve redoutable. Il eût passé quelques années qui lui restaient à vivre dans l’apparat de ses dignités. On peut se demander si ces quelques années en valaient la peine. Il est permis de préférer pour lui la mort violente du héros, dans un moment de la vie de son peuple où l’héroïsme était rare. »

Deux simples commentaires :

Un jugement terrible sur le comportement de l’élite malgache de l’époque de la conquête.

Une décision du général Gallieni qu’il faut analyser et interpréter, alors qu’il ignorait tout de ce pays, qu’il avait été nommé à son nouveau poste dans un contexte d’insurrection, et enfin qu’il a toujours témoigné au cours de sa vie coloniale d’un amour sans doute trop exclusif de la nouvelle République française.

Et à observer le comportement des élites actuelles de ce beau et attachant pays – toujours dans un régime de transition, deux ans après un coup d’Etat -, il est possible de se demander si le premier commentaire n’a pas conservé toute sa valeur.

La France serait d’ailleurs bien inspirée de rappeler son ambassadeur à Madagascar, sauf pour l’auteur ou les auteurs du Coup d’Etat de février 2009, à cesser leurs palinodies et à accepter des élections libres et démocratiques sous le contrôle d’institutions internationales, et cela, dans un délai de quelques  mois !

Jean Pierre Renaud

Les caractères gras sont de ma responsabilité

PS : Le livre « Le vent des mots, le vent des maux, le vent du large » (Jean Pierre Renaud, Editions JPR) propose, entre autres (Soudan, Tonkin, et Fachoda), une analyse du déroulement de l’expédition de Madagascar sous l’angle de la communication technique, politique et militaire entre gouvernement et  chef militaire de l’expédition. En clair, quels ordres étaient donnés ? Comment ? Par qui étaient-ils exécutés ? Question : les généraux n’en faisaient-ils qu’à leur tête, en pratiquant la politique du « fait accompli » ?

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 09:39

Eclats de vie coloniale : Madagascar

 

Retour historique sur un épisode tragique de la conquête de Madagascar (1895- 1896)

A Madagascar, le 15 octobre 1896, le général Gallieni, nouveau proconsul de la France fait fusiller le ministre de l’Intérieur de Madagascar.

Première partie du commentaire

Pourquoi ?

 La source historique:

« Trois Héros

Le Général Laperrine – Le Père de Foucauld – Prince de la Paix »

Par E.F.Gautier Professeur à l’Université d’Alger »

Le sacrilège colonial ?

La singularité « colonialiste » du professeur Gautier

            Ce petit livre de 139 pages a été publié par les Editions Payot, en 1931, date de la grande Exposition coloniale de 1931, laquelle aurait, d’après certains chercheurs, marqué en profondeur la mentalité des Français, en confirmant la culture coloniale qui, grâce au « matraquage » de la propagande coloniale, aurait imprégné la mentalité des Français, à un degré tel, qu’ils seraient encore porteurs, « sans le savoir », de « stéréotypes coloniaux », portés par « l’inconscient collectif » cher  à l’historienne Coquery-Vidrovitch. 

            Le petit livre en question a été écrit par un universitaire français, Emile-Félix Gautier, qui s’est illustré par ses recherches sur Madagascar et le Sahara.

            Sorti de l’Ecole Normale, en 1884, il réussit à se faire donner, en 1892, une mission d’exploration géographique à Madagascar. Il y passa trois ans à parcourir à pied  les régions encore inconnues de l’ouest de la grande île.

            En 1895, la conquête de Madagascar mit fin à sa mission, et il se retrouva directeur intérimaire des Affaires indigènes, avant de devenir directeur de l’enseignement entre 1896 et 1899.

            C’est dans ce poste d’intérimaire qu’il côtoya le ministre de l’Intérieur malgache, dont il raconte la destinée tragique.

Son ouvrage est tout à fait singulier, pour sa date de publication déjà évoquée, mais pour deux autres raisons majeures :

-       Il est tout à fait étrange de voir ce ministre fusillé par Gallieni, dont il retient le nom traditionnel « Prince de la Paix », rangé dans la catégorie des Trois héros (pour la moitié de ses pages), alors que les deux autres sont le général Laperrine, mort dans un accident d’avion, en 1917, le conquérant militaire du Sahara, et Charles de Foucauld, ermite à Tamanrasset, assassiné en 1916, quatre-vingt ans avant l’assassinat en Algérie, des moines de Tibihérine. Gallieni fit fusiller le même jour un oncle de la reine, le prince Ratsimamanga.

-       Seul point commun apparent : les trois héros sont morts de mort violente !

-       Le portrait du Prince de la Paix qu’il propose n’est pas du tout négatif, bien au contraire, et c’est sans doute en reconnaissant le courage national de ce haut dignitaire malgache, dans les circonstances difficiles de la conquête de son pays, qu’il ose le ranger aux côtés des deux autres héros. Il lui reconnait l’honneur de son double jeu en présence de l’occupant.

Donc, un  ouvrage tout à fait singulier à plusieurs titres !

Le théâtre historique de la conquête

            Revenons un instant sur l’histoire des relations entre la France et Madagascar avant la conquête coloniale de 1895.

Jusqu’à la révolution technologique du dix-neuvième siècle (vapeur, électricité, télégraphe et câbles, armement, industries, canal de Suez, etc…) les puissances occidentales s’étaient depuis longtemps intéressé aux richesses de l’Orient et de l’Asie, et de grandes compagnies de commerce avaient rivalisé pour y implanter des comptoirs, notamment anglaises et hollandaises.

Mais la révolution technologique en question produisit une révolution dans les relations entre nations, l’Occident disposant alors des moyens nécessaires pour  assurer une domination coloniale sur les pays dits « arriérés ».

Après un bref épisode « heureux », la France avait été éliminée des Indes, mais elle avait continué à entretenir des relations politiques et commerciales sur la route des Indes, notamment dans l’Océan Indien, avec la persistance de la rivalité coloniale historique franco-anglaise.

Les navires français avaient fréquenté les côtes malgaches, tout au long du dix-huitième et du dix-neuvième siècle, et la France s’était implantée définitivement dans l’île de la Réunion, une île de colons, souvent très entreprenants, pour ne pas dire « colonialistes » à l’égard de leur grand voisin malgache.

C’est d’ailleurs à l’occasion d’un passage éclair, quinze jours en tout, d’un colon réunionnais au ministère de la Marine et des Colonies, M.de Mahy, que la France se lança dans les premières opérations de conquête de la grande île, en 1885.

Cette campagne ne fut pas un succès et se solda par un traité boiteux et ambigu entre la monarchie Hova et la République française, traité qui posa en fait les bases du contentieux qui allait servir de prétexte à la France pour intervenir à Madagascar, en 1895.

Le lecteur notera au passage qu’au cours de cette campagne un des rares nobles de la monarchie malgache à s’être brillamment illustré en résistant vaillamment aux troupes françaises, à Farafate,  sur la côte orientale de Tamatave, fut le fameux ministre de l’Intérieur fusillé en 1896, M. Rainandriamampandry, dont l’histoire tragique est ici racontée succinctement.

En 1895, la France s’était donc lancée dans la folle aventure coloniale de la conquête de Madagascar, sous la conduite du général Duchesne, une conquête de plus, une expédition coûteuse pour les épargnants français, mais surtout coûteuse en vies humaines.

L’historien Brunschwig notait que « l’expédition Duchesne fut criminelle », car les pertes, principalement pour cause de maladies, furent considérables, un soldat sur trois, et surtout dans les unités recrutées en métropole : le 200ème de ligne et le 40ème Chasseurs avaient perdu la moitié de leur effectif.

Il était d’ailleurs tout à fait exceptionnel que les gouvernements de la Troisième République fassent appel, pour ces conquêtes, et même partiellement, à des contingents de troupes métropolitaines.

Toujours est-il que Tananarive tomba aux mains des Français le 30 septembre 1895, et que le gouvernement français fit rapidement voter par la Chambre des Députés l’annexion de Madagascar : la monarchie était donc devenue une fiction.

Pour expliquer, mais surtout justifier ce processus, le ministre Hanotaux avait utilisé une formule surprenante « les événements ont marché », formule qui illustrait parfaitement les pratiques coloniales du fait accompli, lesquelles n’étaient pas toujours celles des généraux, comme je l’ai démontré dans le livre « Le vent des mots, le vent des maux, le vent du large ». (1)

Problème pour le nouvel occupant des lieux, la population malgache résistait et l’île s’embrasait. Le général Gallieni remplaça donc l’ancien résident Laroche et reçut la mission de pacifier la nouvelle colonie. Il débarqua à Tananarive le 28 septembre 1896, un peu plus d’un an après la conquête.

C’est dans ce contexte historique que M.Gautier, directeur des affaires indigènes par intérim, travailla aux côtés de celui qu’il baptisa du nom de Prince de la Paix, le ministre de l’Intérieur très éphémère du proconsul Gallieni ou de la reine Ranavalonana III, car il y avait bien une fiction institutionnelle.

La juxtaposition des trois noms, Laperrine, de Foucauld et prince de la Paix est d’autant plus surprenante que le livre a été publié en 1931.

Jean Pierre Renaud

(1)  « Le vent des mots, le vent des maux, le vent du large » Editions JPR 2006

Le rôle de la communication et des communications dans les conquêtes coloniales (1870-1900) »

Le blog  publiera la deuxième partie de cette chronique dans  la semaine du 25 avril 2011

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