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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 10:24

Les tabous de l’outre-mer français, en métropole et en outre-mer

 

            Il est tout de même surprenant de voir des groupes de pression puissants aux intérêts antagonistes faire alliance pour faire silence sur les tabous qui empoisonnent les relations entre la métropole et l’outre-mer français.

Sur un versant, les groupes de pression  qui surfent sur une mauvaise conscience française qui existerait effectivement quant au rôle passé de la France dans l’esclavage par exemple, en omettant de dire que c’est la France qui a aboli l’esclavage en Afrique ou à Madagascar, ou en reprochant à la métropole de ne pas faire une place démocratique légitime à une communauté visible, en quête tout autant d’invisibilité, de groupes de pression toujours en verve de dénonciation d’abus et de revendication d’assistance toujours plus grande de la métropole.

Sur l’autre versant, les groupes de pression politiques ou économiques qui n’ont pas l’intention  d’abandonner leurs rentes politiques et économiques outre-mer, une complicité publique ou cachée entre grands élus d’outre-mer et de métropole, la défense active de privilèges économiques d’un certain capitalisme de type « colonial », des privilèges qui profitent tout autant à beaucoup d’habitants d’outre-mer, anciens ou récents, notamment les fonctionnaires (indexation de traitements et des retraites et congés bonifiés).

Pour ne pas citer le dossier des niches fiscales encore récemment dénoncé dans un rapport d’inspection générale, un véritable scandale à plusieurs milliards d’euros.

Pourquoi ce silence complice, ces tabous qui empoisonnent les relations entre l’outre-mer et la métropole ? Favorisé incontestablement par le désintérêt de l’opinion publique pour ce type de dossier.

Si vous analysez les chiffres de la représentation politique de l’outre-mer, vous constaterez qu’au nombre d’habitants, l’outre-mer est surreprésenté : en métropole, il faut plus du double d’électeurs pour être élu sénateur ou député, et quelques îles ne comptant que quelques milliers d’électeurs ont réussi à obtenir tel ou tel poste de sénateur ou de député.

En outre-mer, il faut de l’ordre de 67.000 voix pour être élu député, alors qu’en métropole, il en faut de l’ordre de 112.000.

La population d’outre-mer représente 2,84% de celle de la France (y compris outre-mer), alors que sa représentation est respectivement, à la Chambre, de 4,8%, et au Sénat de 6%.

Le gouvernement actuel compte 2 ministres de l’outre-mer sur 38, soit un pourcentage de l’ordre de 5%, alors que sa population représente moins de 3% de sa population, et si l’on parle diversité, cette dernière compterait 7 ministres.

Il parait donc difficile d’affirmer que l’outre-mer souffre d’un défaut de représentation, et qu’au niveau national la diversité n’y ait pas sa place, dans un système politique de discrimination positive qui ne dit pas son nom.

Que de milliards à la clé ! Des milliards qui auraient pu être mis à la disposition d’un fonds de développement social et économique de l’outre-mer, et qui auraient changé la donne dans la vie de ces territoires, à la condition aussi que les élus des deux rives aient le courage de prendre leurs responsabilités, c’est-à-dire de considérer que leur avenir n’est pas obligatoirement lié exclusivement à la métropole.

Les chiffres de la représentation politique de l’outre-mer au Parlement et au gouvernement montrent clairement qu’il revient à ses représentants d’assumer leurs responsabilités, c’est-à-dire, faire tomber tous les tabous qui empoisonnent les relations entre la métropole et l’outre-mer.

L’outre-mer peut devenir un chaudron si le gouvernement et le parlement ne prennent pas leurs responsabilités, et le fait que l’outre-mer y soit plutôt bien représenté, pour ne pas dire surreprésenté, donne l’occasion de donner une nouvelle orientation aux relations entre outre-mer et métropole.

Un chaudron potentiel dans au moins deux départements (Guyane et Mayotte) où les flux d’immigration clandestine mettront en cause, et de façon inévitable, les conditions d’accès à la nationalité française, ce qui veut dire en clair le droit du sol.

Cartes sur tables pour l’ensemble de ce dossier sensible, ce qui veut dire la création d’une commission parlementaire chargée de faire l’inventaire de ces relations et de proposer les réformes nécessaires.

A la condition que cette commission n’enterre pas les résultats de ses travaux comme cela a été le cas pour le dossier de la bi-nationalité.

Jean Pierre Renaud

 

 

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