Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 09:23

Humour d’un orientaliste français, Pierre Loti

« La mort de Philae)

 (FBFrançois Bourin Editeur, page 102)

« Le petit âne blanc et la vieille « cookesse » anglaise »

 

            Avant-propos

Je n’ai aucune idée des livres de Loti que lisent, encore, et peut-être, les jeunes générations, mais dans ma jeunesse l’auteur des « Pêcheurs d’Islande » nous était familier, plus que ses récits de voyage que j’ai découvert beaucoup plus tard.

Or Pierre Loti fut un grand voyageur, un voyageur infatigable, dans sa qualité d’officier de marine, à l’époque des conquêtes coloniales, mais aussi et tout autant, comme explorateur, pèlerin en quête des civilisations anciennes d’Asie ou du Moyen orient.

Un écrivain voyageur, car ses récits de voyage en Inde, dans la désert du Sinaï, et en Egypte, sont d’une très grande qualité littéraire, et ses reportages mêlent en permanence précisions géographiques, humaines, archéologiques, religieuses, souvent avec une belle écriture poétique.

Ce qui n’empêchait pas Loti de déplorer l’invasion touristique des Cook Limited, déjà, notamment dans la vallée du Nil !  

Et de manifester la même constance d’opinion anti-anglaise, alors partagée par beaucoup des officiers de la marine française.

Le lecteur trouvera ci-après un échantillon de l’humour de l’orientaliste Pierre Loti à l’occasion de son voyage en Egypte, en 1907, dont le titre pourrait être

 Le petit âne blanc et la vieille « cookesse » anglaise :

« Nous pensions en avoir fini avec les cooks et les cookesses du luncheon. Mais hélas ! nos chevaux, plus rapides que leurs ânes, les rattrapent au retour, parmi les blés verts d’Abydos (un temple), et un embarras dans le chemin étroit, une rencontre de chameaux chargés de luzerne, nous immobilise un instant, tous pêle-mêle. A me toucher, il y a un amour de petit âne blanc qui me regarde, et d’emblée nous nous comprenons, la sympathie jaillit réciproque. Une cookesse à lunettes le surmonte, oh ! la plus effroyable de toutes, osseuse et sévère ; par-dessus son complet de voyage, déjà rébarbatif, elle a mis un jersey pour tennis, qui accentue les angles, et sa personne semble incarner la responsability même du Royaume Uni. On trouverait d’ailleurs plus équitable, tant sont longues ses jambes dénudées de tout intérêt pour le touriste - que ce fût elle qui portât l’âne.

Il me regarde avec mélancolie, le pauvre petit blanc, dont les oreilles sans cesse remuent, et ses jolis yeux si fins, si observateurs de toutes choses, me disent à n’en pas douter :

-       Elle est bien vilaine, n’est-ce-pas ?

-       Mon Dieu, oui, mon pauvre petit bourricot. Mais songe un peu, fixée à ton dos comme elle est là, tu as au moins l’avantage de ne plus la voir.

Pourtant ma réflexion, bien que judicieuse, ne le console pas, et son regard me répond qu’il se sentirait plus fier de porter, comme ses camarades, un simple paquet de cannes à sucre. »

            Dans ce passage, comme dans beaucoup de ses récits de voyage, et après avoir visité le temple d’Abydos, Loti épingle les ravages que font déjà dans ces pays à civilisations anciennes, le déferlement des touristes de la Cook Limited anglaise, et les ravages de l’expansion occidentale.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de eh-tique-media-tique.over-blog.com
  • : Faire partager les réactions de bon sens d'un citoyen et "honnête homme" du vingt et unième siècle, sur l'actualité du jour, face aux dérives des médias, aux discours politiques ou économiques tendancieux, aux images tronquées ou truquées, aux articles ou livres suspects d'idéologie, notamment pour tout ce qui touche à l'histoire coloniale.
  • Contact

Recherche

Liens