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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 10:19

Que valent les docteurs d’Université pour les entreprises ?

Pourquoi cette défiance des entreprises à l’endroit des doctorats des Universités ?

Le doctorat, objet universitaire non identifié ?

Ou encore doctorats entre amis ?


 

            Au cours des derniers mois, certains médias se sont fait l’écho des problèmes que rencontraient les titulaires des diplômes de doctorat pour trouver des emplois dans le monde de l’entreprise.

            Toutes sortes de causes ont été avancées :  ignorance des procédures qui sont suivies par les universités pour délivrer ce type de diplôme, et donc existence et nature des garanties d’objectivité données par rapport aux concours universitaires classiques, trop grande variété des doctorats, inadéquation de beaucoup de doctorats aux besoins des entreprises, notamment ceux des sciences humaines au sens large, manque d’information de la part des universités qui sont à la fois très nombreuses et dont les moyens sont très inégaux, etc…

            Pour avoir testé quelques-unes des procédures suivies en matière de doctorat d’histoire, et après avoir vérifié que le diagnostic que je proposais valait pour beaucoup d’autres doctorats au contenu « non scientifique », dans l’acception des sciences dites exactes, lettres ou droit par exemple, il est possible de résumer la problématique de la  crédibilité des doctorats de la manière suivante :

            Les procédures actuellement suivies pour la reconnaissance d’un tel titre ne donnent pas des garanties suffisantes d’objectivité, notamment parce que les jurys disposent de tous les pouvoirs pour valider ces titres, et que les conditions d’attribution de ce diplôme sont frappées du sceau du secret.

            Il existe un fort soupçon de piston dans la façon dont les jurys sont constitués, et l’absence de réels contre-pouvoirs, tels que la publication du rapport de synthèse fait au jury pour chacune des thèses, ainsi que la publication du résultat des votes et de l’avis circonstancié  du jury.

            Les révélations récentes sur le développement des plagiats ne contribuent pas à assainir le débat engagé sur la valeur des doctorats

            Il y a quelques années, j’avais proposé au blog Etudes Coloniales une analyse du cadre juridique du même sujet, que ce blog a publiée, et qui est repris ci-après.

 

Pertinence scientifique et transparence publique des thèses : les deux questions de fond, liées la première au concept de science, et la deuxième, au concept de public.

 

            Il parait tout de même difficile d’examiner les textes de base, le code et l’arrêté de 2006, c’est-à-dire la formation doctorale et la délivrance des diplômes, sans se poser la question de savoir si la procédure actuelle répond aux deux exigences centrales de « scientifique » et de « public »


            Est scientifique ce qui est « conforme aux exigences d’objectivité, de précision, de méthode des sciences. » (Petit Robert)


           « Scientifique » : le Code (L612-7) stipule « la réalisation individuelle ou collective de travaux scientifiques originaux », mais qu’un jury aurait seul le droit de considérer comme tels, sans même en apporter la justification, même sommaire, et sauf à dire que le titre accordé lui-même attesterait de ce caractère scientifique original. ? Et sauf à dire également,  que la qualité seule des membres de ce jury suffirait à apporter cette caution scientifique originale reconnue ?

              Est public, ce qui est « accessible, ouvert à tous,… qui a lieu en présence de témoins, n’est pas secret » (Petit Robert)

                Est-ce qu’il est sérieusement possible d’affirmer que la soutenance publique actuelle, dans beaucoup de cas, a le caractère public affirmé dans l’article 2O « La soutenance est publique » ?


       Qui aura le courage de soutenir publiquement cette thèse ? Un Recteur ? Des Présidents de jurys tirés au sort ? Les responsables des syndicats de l’enseignement supérieur ?

         Tout est souvent fait en catimini, et le minimum qui pourrait, et devrait être exigé, des jurys, est la consignation sur procès-verbal public, c’est-à-dire communicable, et affiché, des conclusions verbales de la synthèse critique du jury.


          Et que penser enfin du secret du vote ? Les jurys évitent le plus souvent de rendre publics le résultat de leurs votes : unanimité ? majorité ? laquelle ?, et les confidences de membres des jurys font état de cette loi du silence de type corporatiste.


        Ne serait-il pas souhaitable de faire en sorte que, forme et procédure, respectent les principes de fond, l’esprit des textes, c’est-à-dire, garantir le caractère scientifique original d’une thèse, et à cette fin,  rendre public l’avis circonstancié donné par le jury, c’est-à-dire sur procès-verbal, ainsi que le résultat du vote ?

      En qualité d’autorité responsable, à l’égal des autres hauts fonctionnaires de la République, nommés par le gouvernement, un recteur serait privé du pouvoir de préciser par instruction les conditions d’application des textes, dans le domaine de sa compétence, et dans l’esprit d’une saine et bonne application des textes ?

      Mais il est vrai que le corps professoral opposera sans doute une forte résistance à un changement de ses habitudes et pratiques qui datent, de l’avis de beaucoup, d’un autre âge de l’Université et de la société en général.


Jean Pierre Renaud

 

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