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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 16:44

L’Empire Britannique des Indes (année 1937) vu par Lanza del Vasto

 

            Au cours de l’année, j’ai publié une série d’exercices de comparaison entre les deux Empires coloniaux de la Grande Bretagne et de la France.

            La lecture d’un des ouvrages de Lanza del Vasto consacré à l’Inde religieuse nous propose une illustration supplémentaire de l’Empire britannique.

 

            La vie de Lanza del Vasto fut un roman, mais avant tout celle d’un guide spirituel qui s’inscrivit dans la longue lignée des explorateurs, voyageurs, et intellectuels occidentaux qui partirent en quête des mystères de l’Orient, ceux de l’Inde, dans le cas de Lanza del Vasto.

                 Dans le halo de l’orientalisme des siècles passés !

            A la fin de l’année 1936, il partit vers le fleuve sacré du Gange, pour y rencontrer Gandhi, apôtre de la non-violence, et pour s’imprégner, s’immerger dans la culture  religieuse hindoue.

            Dans deux livres « Le pèlerinage aux sources » et «  Vinôbâ ou le nouveau pèlerinage », Lanza del Vasto livra le récit d’une expérience humaine et spirituelle qui le mena jusqu’aux sources du Gange, dans l’Himalaya, tout en lui permettant de bénéficier de l’amitié de Gandhi.

               De retour en France, il y fonda plus tard « L’Arche », une association qui militait pour la non-violence.

              Dans le livre « Vinôbâ ou le nouveau pèlerinage », Lanza del Vasto donnait la parole au sage indien qu’était Vinôbâ, disciple de Gandhi, né en 1895,  lequel décrivait la situation des Indes au moment de l’Empire anglais des Indes :           


            « O Inde ! O oiseau d’or de l’Orient comme on le nommait encore au siècle dernier, ô pauvre oiseau plumé, qui t’a fait ça ?

            L’ombre de nous-mêmes, voilà ce que nous sommes devenus !  Notre malicieuse caricature qui nous dévisage en grimaçant.

            Car nous sommes bien le même peuple qui bâtissait des sanctuaires comme des montagnes. Et ils sont encore debout, mais nous ?

            Le même peuple qui prenait une montagne et qui le transformait en statue, mais nous ?

            Le même qui tant rayonnait par le savoir, et la maitrise de soi que toute l’Asie se rangea librement sous sa loi, mais nous ?

            Le même qui dominant tout et ne trouvant en face de soi que Dieu aperçut ses Abîmes de de gloire et adopta l’humilité. Mais nous avons accepté l’abjection !

            Le même qui qui, par sagesse avait choisi le dépouillement, mais nous sommes tombés dans la misère et la paresse.

            La paresse, la peur et l’ignorance nous expliquent tout entiers…

            Un siècle de servitude nous a fait ça !

         Nous sommes esclaves, c’est un fait, mais notre maître où est-il, que nous lui sautions à la gorge ?

           L’Anglais est là comme s’il n’était pas là. Chaque fois que l’Indien veut l’atteindre, il se trouve devant un autre Indien qui le frappe. Il en faut conclure que nous nous opprimons nous-mêmes au nom d’un autre, comme celui qui saute en rond en se fessant la joue à cause d’un moustique qui s’est envolé.

            Il y a bien de quoi hurler de rage, et plus nous clamons notre malheur plus nous nous rendons ridicules.

            On ne peut pas chanter la Nouvelle Epopée ni le héros qui subjugua l’Empire fu Grand Mogol et quelques centaines de royaumes indiens, parce que l’épopée fut une farce dont les héros n’étaient qu’une poignée de trafiquants étrangers qui avaient imaginé cet expédient pour s’engraisser aux dépens d’autrui.

Nous n’avons pas été vaincus, nous avons été joués.

            Ils ont joué le Musulman contre l’Hindou, puis l’Hindou contre le Musulman, puis le Nabab et le Radja contre le Radja. Ils se sont enracinés dans ces querelles, infiltrés dans les interstices, entre les castes.

            Leur piège nous nous y sommes précipités, nous nous y sommes poussés les uns les autres, et, dedans, nous continuons à nous bousculer comme on, se presse au théâtre pour se faire un place.

            Nous ayant joués, ils continuent à se moquer de nous ; nous ayant gagné a au jeu, ils nous ont vendus : l’Anglais a vendu l’Inde aux anglais et d’est l’Indien qui paye la note et qui continue à la payer.

          L’Anglais lève chez nous la troupe et puis l’impôt qui serte à entretenir la troupe qui sert à le défendre contre nous.

            Nous faisons les frais du Gouvernement vive-royal et de ses pompes destinées à nous éblouir, ce qui est à peine drôle puisque nous en sommes éblouis en effet. Mais nous faisons aussi les frais de l’Ambassade britannique en Chine et de telle réception de la Cour d’Angleterre, ce qui commence à ressembler à une histoire de fous.

            Nous avons en argent et en hommes payés le prix de notre propre conquête, ce qui est d’une logique impeccable ; mais nous avons aussi payé le prix de la conquête de la Birmanie, des expéditions de Perse et d’Afrique et surtout de la guerre d’Europe où de toutes nos forces nous essayons d’empêcher les Allemands de nous débarrasser de l’Anglais,  car nous sommes prêts à tous les sacrifices pour éviter notre délivrance !

         J’ai souvent vu un éléphant conduit par un petit garçon assis sur sa tête, et quand le garçon était d’humeur joyeuse il s’amusait à le faire tourner en rond. Mais lequel était capable et digne d’écraser l’autre, de ce petit chenapan ou du divin Ganesh ?

        Il y bien de quoi hurler de rage et pleurer de rire !

      Et le jeune homme criait, mais dans son cœur, la muette colère qui lui fouettait le sang l forçait à presser le pas et le jetait plus loin de la foule… » (pages 16,17,18)

 

     Comme indiqué plus haut, cet extrait, assez représentatif de la situation de l’Empire des Indes Anglaises, a été tiré du livre  « Vinôbâ ou le Nouveau Pèlerinage »


Jean Pierre Renaud

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