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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 10:13

11 novembre 2020

Humeur patriotique

Maurice Genevois « Ceux de 14-18 » au Panthéon !

Le Conseil Constitutionnel dans sa Bulle au Palais Royal !

Face aux djihadistes, notre intelligentsia politique continue à enfiler des perles et à disserter sur le sexe des anges judiciaires…

Toutes les familles de notre pays commémorent aujourd’hui les millions de morts de cette boucherie.

Maurice Genevois n’était pas dans une Bulle !

                          Jean Pierre Renaud

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6 novembre 2020 5 06 /11 /novembre /2020 16:18

« Mourir pour le Mali ? »

Sous le titre « Mourir pour le Mali ? », Le Figaro du 5 novembre 2020 Opinions, page 21, vient de publier  une tribune cosignée par Michel Roussin,  ancien ministre et animateur  d’une certaine France-Afrique et Stephen Smith spécialiste reconnu des questions africaines.

Le  lecteur aura constaté que les deux auteurs font preuve de la même prudence, sinon de réserve, que celles que j’ai manifestées dans le courrier des lecteurs dont vous trouverez ci-après copie, en ce qui concerne l’intervention de la France au Mali :

« Pourquoi est-il urgent de « pivoter » d’une action militaire au grand jour vers une action dans l’ombre ? ».

Dès la date de notre intervention, j’ai publié à plusieurs reprises sur ce blog des articles la concernant, notamment celui concernant la décision de l’Assemblée Nationale sous le titre « L’insoutenable légèreté de l’être » à la date du 27 avril 2013, dont vous trouverez copie plus loin.

&

Copie Courrier des Lecteurs Ouest France avec parution le 13 septembre 2020

« Bonjour, pour avoir beaucoup analysé les processus décisionnels des conquêtes coloniales et leurs résultats, notamment en Afrique noire, je suis toujours plutôt surpris de voir les experts de tout poil, disserter savamment sur les géopolitiques du jour, en ignorant le plus souvent les contextes historiques sur tous les plans religieux, culturels, politiques, économiques, locaux ou non…

Je n’étais pas partisan de l’intervention de Hollande, sans en avoir au préalable mis les autres pays du Conseil exécutif européen devant leurs propres responsabilités, une des caractéristiques de la plupart des Présidents qui dans ce domaine ont quasiment les pleins pouvoirs, qu’il se soit agi de VGE, de Mitterrand, de Chirac, de Sarkozy, de Hollande ou de Macron.

Sarkozy nous a emmenés en Libye et on voit le résultat ! Hollande avec Fabius voulait nous emmener en Syrie ! Avec Macron, nous battons tous les records, comme si la France (affaiblie) avait encore les moyens de faire sonner ses trompettes, comme sous la Troisième République qui entérinait le plus souvent   ex post, comme l’on dit de nos jours, les initiatives coloniales de ses ministres, amiraux ,ou généraux, car il s’agissait souvent d’initiatives dont ils ignoraient l’existence et qu’ils ne pouvaient de toute façon pas contrôler, compte tenu notamment de la défaillance des moyens de communication…

Pour terminer quelques données géopolitiques pour comprendre notre dossier : pas de solution sans celle du Sahara, sans soutien des confréries religieuses et des grandes tribus ( toujours) et de nos jours , des syndicats et de l’Armée, car le Mali n’a toujours pas d’Etat : avant et après l’indépendance, ce pays a toujours eu une vie agitée, c’est le moins que l’on puisse dire.

La France aurait dû limiter son intervention, dans le cadre européen, à la protection de ses ressortissants et à celle des services spéciaux, avec l’accord des pays concernés, sans oublier l’Algérie, qui, dans les apparences, est aux abonnés absents. »

Blog du 27 avril 2013 :

« Le Mali et « l’insoutenable légèreté de l’être » des députés !

22 avril 2013 : l’Assemblée Nationale autorise le gouvernement à poursuivre la guerre au Mali, par 342 voix pour sur 352 votants, sur un total de 577 députés !

Soit 6 sur 10 !

« Mais où est donc passée la 7ème compagnie, ou plutôt les autres compagnies du bataillon, puisque le nombre des votants aurait dû être de 577 députés, et non pas 352 !

A noter :  les 215 députés socialistes votants et favorables sur un effectif de 292, en gros 2 sur 3, et les 87 députés UMP votants et favorables sur un effectif de 196 députés, soit moins de un sur deux !

Sur le total de l’effectif, 225 députés étaient donc absents !

Le sujet n’était donc pas assez sérieux pour tous ces députés absents ?

Les interventions qui ont été faites dans l’hémicycle ont recensé la plupart des éléments de cette problématique de guerre, en omettant de citer l’Algérie, qui aurait dû être le principal acteur de la confrontation.

Pour protéger son gaz et son pétrole ?

Curieux oubli, non ?

Curieux aussi que l’Assemblée Nationale se soit abstenue également de fixer le cadre de la prolongation autorisée, délai, financement, et si relais par l’ONU, à quelle date ?  etc…

Une fois de plus, je conclurai que dans cette nouvelle guerre, les forces françaises sont les « nouveaux Suisses » de l’Europe, alors que l’Algérie, comme l’Europe d’ailleurs, se sont bien gardées de mettre le doigt dans le même engrenage, et que le gouvernement d’une France, endettée jusqu’au coup, en pleine crise intérieure, … fait une guerre dont le pays n’a plus les moyens !

Plus de deux cents millions d’euros déjà volatilisés, pour ne pas rappeler à notre mémoire le sacrifice de plusieurs de nos soldats !

Toujours le même « esprit de gloire »  que Montesquieu a identifié comme une des caractéristiques de la mentalité des Français !

Seulement, nous ne sommes plus au siècle de Montesquieu, et c’est à se demander si nous ne sommes pas dirigés par des « illuminés » !

Et pour terminer, le silence assourdissant de la plupart des médias sur cette décision de l’Assemblée nationale, c’est-à-dire leur complicité avec cette guerre ! »

Jean Pierre Renaud   Tous droits réservés

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2 novembre 2020 1 02 /11 /novembre /2020 18:47

La télévision publique française est formidable !

En souvenir de nos morts !

 

         Le 1er Novembre 2020, Jour de la Toussaint, sur France 2 :

         « Affaire conclue » à 16 heures 35 et 17 heures 45 !!!

         Le 2 novembre 2020, Jour des Morts, au journal de 13 heures, sur France 2, un petit documentaire en souvenir de la mort du criminel Mesrine !!!

Jean Pierre Renaud

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19 octobre 2020 1 19 /10 /octobre /2020 09:31

Avant-propos

Le texte ci-dessous a été publié il y a moins d’un an : n’est-il pas encore plus d’actualité ?

&

Questionnaire Citoyen N°3

 Les pouvoirs de la République Française ? Qui les exerce vraiment ?

Révolution des réseaux sociaux et pandémie révolutionnaire de type planétaire ?

 

Les trois pouvoirs constitutionnels légaux

            Il existe en  France une grande confusion dans la compréhension et l’exercice du pouvoir politique, entre les pouvoirs publics, répertoriés d’après la Constitution en trois pouvoirs classiques, l’Exécutif, le Législatif, et le Judiciaire, et d’autres pouvoirs, récents ou non, pouvoirs qui ne figurent pas dans cette Constitution, les médias, les associations, ou les réseaux sociaux.

            Récemment, Président  des Etats Unis et Président de France se sont mis à « tweeter », c’est-à-dire à alimenter les réseaux sociaux.

            Il n’a pas toujours été facile historiquement de faire régner une bonne harmonie entre les trois pouvoirs constitutionnels, régis par le grand principe de la séparation des pouvoirs.

Tout au long des dernières années, l’Exécutif a toujours eu la plus grande peine à faire admettre qu’il en respectait le principe, alors même que les magistrats du Parquet relevaient toujours de cet Exécutif, en dépit des  déclarations, plutôt récentes, sur  le distinguo subtil qui serait fait entre instructions générales et instruction individuelle, au cas par cas.

En 2017, la violation du secret de l’instruction dans l’affaire Fillon, quelques jours seulement après le lancement d’une information judiciaire, en a fourni un  exemple récent.

La Cour de Cassation, élément important du pouvoir judiciaire, a manifesté par ailleurs son ambition d’être « créatrice de droit », et donc en concurrence avec le pouvoir législatif.

Enfin, l’imbrication actuelle entre le système juridique de l’Union européenne et celui de la France, sème un peu plus le trouble, sur le qui fait quoi, en matière de pouvoir et de décision juridique et politique.

A partir des années 2000, la représentativité de la démocratie républicaine a été fragilisée par deux facteurs :

Premier facteur, la présence d’une extrême droite relativement forte fausse les résultats des élections, en donnant l’avantage « artificiel » au candidat le mieux placé face à l’extrême droite, le cas de Chirac ou de Macron.

Deuxième facteur, le fossé qui s’est creusé entre élus et opinion publique, étant donné l’incapacité des partis politiques, reconnus par la Constitution, de proposer des doctrines, des solutions ou projets répondant aux inquiétudes nées d’une mondialisation sans borne.

Il existe enfin un mélange des genres souvent clandestin dans certains couples entre élus, juges, journalistes, ou grands chefs d’entreprises, un mélange des genres qui fragilise la mise en application du principe constitutionnel de séparation des pouvoirs.

Autres pouvoirs : quatrième, cinquième, et sixième pouvoirs, médias, associations et réseaux sociaux

Médias, le quatrième pouvoir :

Traditionnellement, et avant que les réseaux internet ne submergent ceux de la presse écrite, verbale, ou télévisuelle, il s’agissait de la presse écrite, qui joua encore un rôle d’influence important sous la Quatrième République, à laquelle vinrent s’ajouter plus tard la radio, la télévision.

 Les structures et l’influence de ce  quatrième pouvoir,  sont mieux connues aujourd’hui.

Journaux, radios, télévisions et infrastructures internet sont majoritairement entre les mains de grands groupes financiers. Il est donc souvent difficile d’accorder du crédit aux belles déclarations d’indépendance de leurs journalistes.

Je serais tenté de dire qu’ils diffusent une sorte de bruit de fond d’atténuation de l’actualité violente ou dérangeante, avec incontestablement une note dominante de foi libérale, multiculturelle, et en définitive mondialiste.

 Le journal Le Monde en est l’exemple le plus récent, contrôlé par un triumvirat de grands capitalistes de statut national et international. Le rachat d’une partie de la participation d’un des trois, décédé, par un grand capitaliste tchèque provoque évidemment un  grand scepticisme.

Quelques médias se sont faits une spécialité dans la dénonciation de scandales vrais ou supposés. Le Canard Enchaîné en est l’exemple le plus caractéristique, car il dispose traditionnellement d’informateurs quasiment professionnels dans la plupart des secteurs de la République.

Le mélange des genres qui semble se développer au sein des couples, entre journalistes ou élus, mettent aussi en cause le même principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs. Il semble que le cas soit de plus en plus fréquent.

Associations, le cinquième pouvoir

Tout au long du vingtième siècle, la loi de 1901 a fourni aux citoyens un formidable outil juridique pour lancer les initiatives les plus diverses dans beaucoup de domaines publics ou privés, sans que leur contrôle ait été le plus souvent à la hauteur de leur développement, notamment quant à l’obligation qui leur était faite de ne pas avoir de but lucratif.

Un certain nombre d’associations s’adonnaient aux activités lucratives, quitte à habiller leur activité de formules qui les masquait.

Au cours des années 80, les associations reconnues d’utilité publique, soumises à une procédure sérieuse d’instruction et  de contrôle théorique, n’avaient pas trop de soucis à se faire, la Préfecture de Paris, siège de beaucoup d’entre elles, ne disposait alors d’aucun moyen de contrôle financier.

Je citerai le cas d’une grande association nationale, disposant à son siège social de Paris, d’une entrée « privée », et d’une entrée « publique », donc deux faces d’activité.

            Une défiscalisation au service du cinquième pouvoir

         De très nombreuses associations, grandes ou petites, bénéficient de nos jours des dons effectués sur la base de 66% des montants versés (article 200 du CGI).

            Français et Françaises reçoivent en fin d’année toutes sortes de sollicitations de dons de la part d’associations qui poursuivent les buts les plus divers en France ou à l’étranger.

            Ces dons donnent aux associations un réel pouvoir d’influence sur les autres pouvoirs, et l’actualité récente en apporte la preuve quotidienne dans la lutte contre le réchauffement climatique.

            La mesure en question donne des moyens financiers à des associations dont le but n’est pas toujours celui de l’intérêt général, de la paix civile, de la laïcité, quand il ne s’agit pas de peser sur la politique étrangère de la France.

Théoriquement, les associations inscrites au Répertoire national des associations n’y figurent, après instruction, que dans la mesure où elles respectent trois critères, l’intérêt général, un mode de fonctionnement démocratique, et le respect de la transparence financière.

 Tout repose donc ensuite sur les capacités de contrôle des pouvoirs publics, de la Cour des Comptes, ou des administrations de l’Etat, alors qu’il s’agit d’une manne annuelle payée par les contribuables, dont le montant dépassait en 2017, un milliard quatre-cents mille euros.

La réglementation actuelle, sauf erreur,  n’impose pas ce type de contrôle pour les associations qui reçoivent moins de 153 000 euros de dons par année, une limite de versement qui laisse donc beaucoup d’espace de liberté aux petites associations.

A voir les nombreux courriers avec stylos, images, timbres, et brochures, que beaucoup d’associations diffusent et répètent, le quasi-harcèlement de certains bénéficiaires de dons, et à jeter un coup d’œil sur certains comptes, il apparait bien que les agences de communication tirent le meilleur parti du système actuel, en prélevant de 10 à 20 % des montants perçus grâce aux dons.

 Le nouveau pouvoir des associations soulève une question politique importante, à partir du moment où les contrôles d’objectifs et de résultats ne paraissent pas à la hauteur des enjeux de la République, au niveau de l’Etat et des collectivités locales. Les collectivités locales subventionnent un grand nombre d’associations de toute nature.

Il ne se passe pas de jour sans qu’on entende que telle ou telle association, souvent inconnue, a porté plainte auprès d’un tribunal, contre telle ou telle décision, sans que l’on sache si ces associations ont une activité conforme à la loi de 1901, ou aux obligations qui sont les leurs en cas d’inscription au Répertoire national des associations.

Réseaux Sociaux, le sixième et nouveau pouvoir : la révolution des réseaux sociaux avec son potentiel et son risque de pandémie révolutionnaire de type planétaire

Ce dernier pouvoir a incontestablement fait exploser notre vieux système de pouvoir, avec d’autant plus de force qu’il a tissé des réseaux dans tous les domaines et sur la planète toute entière : il est en capacité de faire circuler n’importe quelle rumeur, faux texte ou fausse image, comme les dernières années l’ont montré.

 Nombreux sont les politiques qui, à l’exemple de Trump ou de Macron, se sont mis à « tweeter » et à « retweeter », accordant crédit ou bénédictions à ce nouveau pouvoir incontrôlé.

Les réseaux sociaux constituent un nouveau pouvoir mis à la disposition de n’importe qui et pour n’importe quoi, pour de bonnes ou de mauvaises raisons , bonnes ou mauvaises causes, fric ou bien commun…

L’exemple de la jeune suédoise devenue une sorte d’icône de la lutte contre le réchauffement climatique est très symbolique de notre époque.

Le développement des réseaux sociaux soulève donc un redoutable problème de contrôle.

Il manque incontestablement une nouvelle instance de régulation et de contrôle des réseaux  sociaux et du contenu de leurs flux d’images et d’informations, au niveau de notre pays, de l’Union européenne, et du monde.

Gare à la pandémie révolutionnaire mondiale pour n’importe quelle cause et n’importe quelle lubie !

Jean Pierre Renaud    Tous droits réservés

 

 

 

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18 octobre 2020 7 18 /10 /octobre /2020 11:28

L’assassinat de Samuel Paty, Professeur d’Histoire

Le 16 octobre 2020

En sa mémoire

Une simple question :

Quand est-ce que les pouvoirs publics vont-ils se décider à « faire le ménage » dans le « milieu » des ennemis de la France ?

Jean Pierre Renaud

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14 octobre 2020 3 14 /10 /octobre /2020 17:54
« Toute ressemblance entre contextes historiques existants ou ayant existé serait pure coïncidence ! »
L’Ordre public entre Troisième et Cinquième République ?
1888-2020

 

         L’actualité des dernières années met à rude épreuve les nerfs des forces publiques narguées et accusées de tous les péchés de la création, m’a remis en mémoire un récit que fit Marie Etienne Péroz, officier des Troupes Coloniales, en qualité d’officier d’ordonnance du Ministre de la Marine et des colonies : il fut acteur et témoin d’une opération de maintien de l’ordre particulièrement délicate à l’occasion des manifestations populaires en faveur du Général Boulanger en 1888.

            Les contextes historiques  ne sont pas du tout les mêmes, mais un épisode comme celui-là nous rappelle le risque que prennent les pouvoirs publics à ne pas bien mesurer le ras-le-bol des forces de l’ordre quand il se nourrit de l’actualité politique du moment.

&
« Péroz 4ème Partie »
 « Fin de partie coloniale »
« Général Boulanger, capitaine Dreyfus, colonne Voulet- Chanoine »

 

« Chapitre 19 »

Le commandant Péroz, officier d’ordonnance des ministres de la Marine et des Colonies (1888-1891) Un brin de confession politique !

 

La situation de la Troisième République en 1888

 

La Troisième République n’avait pas dix ans d’ancienneté et ses institutions étaient encore fragiles. Deux historiens, Boyer et Dubois, ont baptisé cette période « La tentation du sabre », et nous verrons, à travers le témoignage du commandant Péroz, placé aux premières loges de la vie politique, à Paris, comment les événements se sont déroulés lorsque le général Boulanger se trouva en situation de prendre le pouvoir.

            Les gouvernements formés par la gauche républicaine modérée se succédaient à un rythme rapide, mais ils avaient en face d’eux une opposition de droite relativement forte.

Au cours de son passage au ministère de la Marine et des Colonies, le commandant Péroz fut en contact avec le Président de la République Sadi Carnot, les présidents du Conseil, Floquet, Tirard et de Freycinet, et servit successivement dans le cabinet de trois amiraux, Krantz, Jaurès, et Barbey.

Tous ces gouvernements avaient une coloration politique de gauche républicaine et modérée, et une étroite solidarité franc-maçonne unissait souvent beaucoup de ces ministres, notamment ceux qui étaient les promoteurs des conquêtes coloniales.

Mais curieusement, ces dernières étaient le fruit d’une nouvelle alliance entre le « sabre » et le « goupillon » idéologique, celle de l’armée ou de la marine, et de la franc-maçonnerie politique.

C’est donc dans ce contexte politique et institutionnel que le commandant Péroz servit au Ministère de la Marine et des Colonies.

Jusqu’à la création d’un ministère des Colonies, en 1893, les ministres de la Marine furent également des ministres des Colonies ; à cette époque, l’infanterie de marine relevait donc du même ministère, et c’est là que le commandant fut affecté en qualité d’officier d’ordonnance des ministres.

Le témoignage de Péroz est d’autant plus intéressant qu’il nous donne à la fois, l’ambiance des relations qui existaient alors, dans cette période d’extrême tension politique entre le pouvoir exécutif et l’armée, et son sentiment personnel sur le type de relations qui pouvaient exister alors entre un gouvernement et son armée.

A cette occasion, et une fois de plus, l’homme, le citoyen, et l’officier se découvraient dans leur authenticité.

Péroz, officier d’ordonnance

 

           

«  De l’année 1888 au mois de juillet 1891, je remplis les fonctions d’officier d’ordonnance des trois ministres de la marine qui se succédèrent pendant cette période…

            Il est facile de se représenter la vie d’un officier dans l’entourage immédiat d’un ministre : vie d’apparat et de représentation. Pour moi, au contraire, elle fut toute de travail, entrecoupée seulement et non remplie par les obligations extérieures de ma charge. Cependant j’eus maintes occasions d’observer, au cours de ces trois années, le monde politique d’alors auquel j’étais fortement mêlé par ma situation.

            C’était pendant la période de l’agitation boulangiste. L’excitation de la bataille sans merci que se livraient les partis permettait de mieux en voir les chefs au naturel. J’aurais pu faire sur eux une ample moisson d’études. Mon existence vagabonde à travers le monde sauvage, où ne pénètrent que des échos très espacés et très affaiblis des dissentiments aigus qui, périodiquement, agitent les Français, m’avait tenu très en dehors de toute opinion exagérée. » (432/PV)

            Le loyalisme de Péroz

            «  Mes sentiments se bornaient à un loyalisme absolu, traduit par une obéissance entière aux représentants du gouvernement de la république et à mes chefs directs. Je ne comprenais guère les violences de langage qui, si rapidement, transforment en irréconciliables ennemis deux citoyens dont les vues gouvernementales diffèrent. Dans cet état d’esprit, mes remarques pouvaient être empreintes de quelque impartialité.

            Mon intention n’est pas de décrire les phases politiques que j’ai traversées. Au reste, mon opinion sur ces événements, quelle qu’elle soit, serait sans valeur. Mais à coup sûr cependant, l’exprimer, blesserait soit les uns soit les autres, par ce fait qu’elle émanerait d’un officier. D’autre part, je n’ai reçu des divers personnages avec lesquels j’ai été en rapport, que des témoignages de bienveillance et d’estime ; il y aurait quelque ingratitude à me laisser aller à des appréciations critiques sur leur rôle, que, au demeurant, je ne prétends nullement avoir été en mesure de juger.

            Je voudrais seulement conter quelques faits qui ont produit sur moi une très vive impression. Ils sont peu nombreux ; j’étais suffisamment absorbé par les tâches diverses qui m’incombaient pour ne jeter qu’un regard distrait sur les incidents qui se produisaient au Parlement ou dans la rue. Je n’ai voulu retenir que ceux auxquels j’ai été personnellement associé. »

Le général Boulanger et l’attitude des forces de police

            « Le 27 janvier 1889, Paris et la France entière étaient dans un état d’effervescence extraordinaire. Le général Boulanger était nommé député de Paris, battant Floquet, son adversaire, à une énorme majorité. Sur le soir, une population enthousiaste se pressait sur les boulevards, s’étalait sur la place de la Concorde, s’engouffrait dans la rue Royale, applaudissant les résultats partiels du vote qui s’allumaient aux transparents. Déjà le succès de l’élection du général était certain.

            J’étais de service de nuit au ministère de la Marine. Dans la première cour, du côté de la rue Royale, un escadron de la garde républicaine attendait, pied à terre, toutes portes closes, que l’ordre lui fut donné de déblayer la place de la Concorde et les abords de l’Elysée.

            Au dehors, un ronflement ininterrompu de cris, au milieu desquels dominaient ceux de : « Vive Boulanger ! A « l’Elysée ! » On s’écrasait littéralement aux abords de la rue du Faubourg Saint Honoré et sur la place de la Madeleine pour acclamer le nouvel élu qui, entouré de ses fidèles, paraissait de temps en temps aux fenêtres du restaurant Durand.

            Dans la rue Saint-Florentin, derrière le Ministère, la foule était moindre. C’était un courant continu de gens pressés de manifester ou d’agir, venant de la place de la Concorde ; ils allaient s’aplatir contre la masse qui obstruait le rond-point de la Madeleine, la pénétrant peu à peu, la rendant plus dense, plus échauffée, plus menaçante. La deuxième cour du Ministère, celle qui donne sur cette rue et qu’entourent les appartements particuliers, était occupée par un bataillon de ligne tout entier.

            A neuf heures, nous recevons par téléphone, du ministre de l’Intérieur, l’ordre pour les troupes stationnées dans l’hôtel de la Marine de dégager la rue Royale et de couvrir le palais présidentiel.

            J’étais en tenue de service. Aiguillettes, brassard blanc à la manche, bandes d’or au pantalon

            Les hésitations de l’escadron de la garde républicaine

            « Je me présente au capitaine commandant l’escadron ; je lui transmets les instructions que je venais de recevoir. C’était un grand beau garçon, vigoureux, trapu, la mine énergique, une quarantaine d’années, peut-être. Il me fit répéter l’ordre, il le redit à son tour pour s’assurer qu’il l’a bien retenu. Plusieurs sous-officiers nous entourent et paraissent écouter curieusement.

            S’étant ainsi assuré qu’il a bien saisi ce qu’on veut de lui, il s’approche de son cheval et commande : «  A cheval ! »

            A mon grand étonnement, car la garde républicaine parait être en tout temps troupe de discipline modèle, quelques cavaliers seuls se mettent en selle. Leur chef rassemblait déjà ses rênes et faisait signe au concierge d’ouvrir la lourde porte de la rue Royale.

            A ce moment, il se retourne pour s’assurer qu’on est prêt à marcher et pour faire le signal de : « En avant ». La vue d’une partie de son escadron encore à pied, les hommes ramassés en petits groupes chuchotant à voix basse, arrête net son geste. Sa figure trahit la stupéfaction la plus complète : à coup sûr, il ne comprend pas. Et moi, à pied près de lui, je ne comprends guère plus. Mais un maréchal des logis se charge vite de nous éclairer sur les sentiments de tous :

            - Mon capitaine, fait-il d’une voix légèrement gouailleuse, serait-ce que nous allons conduire Boulanger à l’Elysée ?  S’il n’en est pas ainsi, peut-être ferions- nous tout aussi bien de rester ici.

             - Parfaitement ! Soulignent plusieurs voix.

            Les gardes, leurs figures goguenardes tournées vers le capitaine, semblent approuver.

            Moi, je commence, assez démonté, et sans trop savoir ce que je disais :

            -  Capitaine…

            Mais un hurlement, un beuglement plutôt, m’interrompt :

            - Nom de Dieu, à cheval ! A cheval ! Nom de Dieu ! Rugissait le capitaine, la face enflammée, congestionnée, la main sur la poignée de son sabre, qu’il tire à demi en faisant volter son cheval et en le poussant contre ses hommes.

            Sa voix a éclaté comme un tonnerre dans la cour à demi obscure qu’entourent les hautes murailles. Le silence s’est fait tout d’un coup sur le roulement de l’écho des jurons. On n’entend plus que le cliquetis des fourreaux de sabre des cavaliers qui se mettent en selle, et les tintements des mors et des gourmettes.

            La grande porte s’ouvre à deux battants, jetant brutalement un flot de lumière dans la cour ; les cuivres polis des casques brillent et les aciers scintillent. La foule entassée dans la rue acclame Boulanger et l’appelle à l’Elysée ; lorsqu’elle voit apparaître cette troupe silencieuse, elle la salue de quolibets et d’insultes. Les figures  des soldats se crispent ; elles deviennent dures et provocantes au fur et à mesure que, par quatre, à la sortie du palais, elles sont fouettées par les ricanements et les défis.

            Sont-ils encore boulangistes les beaux cavaliers de la garde ? Peut-être. Mais ils ne seront certainement pas avec le peuple, cela se voit dès maintenant ; leur consigne sera, à coup sûr, vigoureusement exécutée.

            Les portes se sont refermées.

            Déjà, la mêlée brutale a commencé. Des cris d’effrois, des vociférations emplissent la rue. »

            L’obéissance du bataillon d’infanterie

            «  Dans la seconde cour, le bataillon d’infanterie attend, faisceaux formés. J’ai fini de communiquer à son commandant les ordres du gouvernement. Il me demande quelques renseignements sur la topographie du quartier. Puis il fait signe à une escouade d’agents de police qui lui est attachée de venir à lui, et il explique le cas. Pendant ce temps, les petits troupiers comprennent à ces conciliabules qu’on va marcher ; ils se placent d’eux-mêmes derrière leurs armées, debout, immobiles, attendant le commandement. Le chef de bataillon est monté à cheval ; les capitaines l’ont  imité :

            -  Rompez ! … ceaux ! Remettez !... ette ! Par le flanc droit, droite ! En avant !

            La porte de la rue de la rue Saint-Florentin s’est ouverte.

            - Marche ! Et le bataillon s’écoule sans un mot, sans autre bruit que celui des pas qui sonnent sur le pavé de la cour, que le tintement de la ferraille des fourreaux et des quarts.

              « L’armée est boulangiste », affirmait-on alors dans les milieux officiels ; « les officiers particulièrement », ajoutait-on volontiers. Les deux exemples que je viens de rapporter peuvent servir à se faire un jugement sur ce sujet.

            Cette nuit-là, vers une heure du matin, les manifestants avaient été refoulés, puis dispersés. Il ne restait dans les rues avoisinant le Ministère et sur la place de la Concorde, que de tardifs curieux qui regagnaient hâtivement leur demeure. A peine, de temps à autre, un groupe de braillards. Sous la colonnade, dans l’ombre que projettent les arceaux qui la supportent, était embusqué un détachement d’agents de police. Les hommes qui la composaient devaient avoir une forte revanche à prendre, car leurs agissements étaient empreints d’une sorte de sauvagerie violente ; ils semblaient en proie à une surexcitation extraordinaire, animés d’un irrésistible désir de rendre avec usure les coups anonymes reçus dans les charges de la soirée.

            Dès qu’un inoffensif promeneur tournait l’angle de la rue Royale, il était immédiatement happé par la bande qui le secouait durement, en le questionnant sur les causes de sa déambulation tardive. A grands renforts de bourrades, de coups de pèlerine sur les épaules et sur la tête, on l’interrogeait. Si ce traitement poussait le pauvre diable à quelques récriminations, son affaire était claire. Entraîné sous le péristyle, il recevait une homérique volée ; après quoi, de grands coups de pied au derrière l’invitaient à gagner au large et à rentrer promptement chez lui. »

            La joie des chapeaux haut-de-forme

            «  Les chapeaux haut-de-forme causaient aux défenseurs de l’ordre un plaisir particulier. A ce tournant redoutable de la rue Royale, une invincible tentation déchargeait à l’improviste les poings robustes sur ces bourgeoises coiffures : sous le choc, le cylindre se plissait d’un seul coup en accordéon, s’enfonçant parfois jusqu’au nez, à la grande joie des policiers.

            Bien peu de Parisiens osaient se plaindre d’un traitement si abusif. J’ai conclu de cette grande philosophie que le Parisien est, de sa nature, extrêmement soumis aux fantaisies des représentants de l’autorité.

            Au reste, toute protestation, il s‘en produisait cependant quelques-unes, occasionnait au patient rétif un complet désastre ; il était ainsi convaincu, plus qu’aucune autre parole n’eût pu le faire, du tort certain dans lequel un citoyen se met en revendiquant le droit incertain de porter chapeau haut-de-forme. »

            Pages  235 à 239 du livre :

               « Les Confessions d’un officier des Troupes Coloniales »

                     Niger (Samory) . Guyane (Dreyfus) . Tonkin (Dé-Tham)

Marie Etienne Péroz

1857-1910

                                              Editions JPR (2011)

&

En anecdote historique plus récente, pendant la révolte de mai 1968, en Haute Saône, le gouvernement Pompidou –Président de Gaulle aux abonnés absents…

           Plus personne au gouvernail !

      Un des principaux animateurs de cette révolte, Daniel Cohen-Bendit se veut aujourd’hui conseiller des Princes qui nous gouvernent…

&

Ultime question ?

Dans une situation du même genre en 2020, y-aurait-t-il un capitaine pour « mettre la main sur la poignée de son sabre » ?

Jean Pierre Renaud     Tous droits réservés

 

 

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10 octobre 2020 6 10 /10 /octobre /2020 18:15

La nouvelle loi de Macron sur la laïcité ou le séparatisme ?

Que de temps perdu !

Une France de l’ « inversion » sous la figure du délinquant en lieu et place de la victime !

&

Un moratoire et une espérance !

            Que d’occasions manquées !

Les citoyens les plus curieux ou les plus soucieux de l’avenir de notre pays connaissent depuis longtemps les risques que la passivité des gouvernements de gauche comme de droite a fait prendre à notre nation.

            Dernière occasion manquée, soi-disant, d’après le Président, parce qu’elles étaient présentées par deux « hommes blancs », les propositions Borloo (début 2018) qui donnaient un cadre et un contenu à l’action globale et systématique du retour de la République dans les quartiers sensibles, terreau depuis longtemps identifié comme celui d’un islamisme de combat rampant : ces propositions tentaient de combler le gouffre existant entre la rénovation béton de l’ancien plan Borloo et la quasi-absence d’un plan de reconquête républicaine de ces territoires.

            Plus de trois années perdues, d’autant plus que la dernière a été bousculée par la pandémie !

            Le Président a décidé de lancer sa nouvelle guerre avec une nouvelle loi qui va soulever maints combats sous la bannière de tous les droits possibles et imaginables brandis par la kyrielle de groupes de pression et d’associations crées précisément pour contrecarrer la mise en application des lois existantes, précisément celle de 1905, et celle de décembre 2020 annoncée.

            Le livre récent de Bernard Rougier « Les Territoires conquis de l’Islamisme » a mis en lumière la liste des centres actuels du développement d’un islam qui n’est pas compatible avec notre manière de vivre, notre devise républicaine, et  une séparation  des pouvoirs entre le religieux et le civil à laquelle nous sommes attachés.

            Ce n’est sans doute pas par hasard que le Président a lancé sa campagne en choisissant Les Mureaux, un lieu tout à fait symbolique d’un des  territoires sensibles de l’Islam en France.

Une loi à l’avant-goût électoral

Le projet présidentiel a une résonnance tout à fait électorale en jouant une partition pour la galerie républicaine dont il aura besoin s’il veut être réélu.

            Vous ne trouvez pas que cela ressemble fort au Grand Débat, au « One Man Show » d’un Président, dont il n’est quasiment rien ressorti, sauf un gain de temps pour la majorité politique actuelle ?

Les engrenages mortels

Lorsqu’on a servi la République pendant de longues années, l’on sait que l’État disposait et dispose de nombreux moyens pour faire régner l’ordre public républicain et pour casser les engrenages multiples qui ont semé le trouble et la division dans notre pays : les accords diplomatiques généreux qui ont bénéficié aux pays du Maghreb, notamment à l’Algérie, le regroupement familial décidé par VGE  en 1976, mais jamais révisé, les flux démographiques de clandestins en partie régularisés,  une présence toujours renouvelée de clandestins faute de pouvoir les reconduire dans leur pays d’origine, très et trop souvent les mariages de complaisance, depuis 2015, la confusion entretenue entre un réfugié et un migrant, l’acceptation que des imams étrangers viennent prêcher chez nous en langue étrangère et sans contrôle, le laxisme qui règne dans le monde des associations de la loi 1901, lesquelles bénéficient du droit de tout faire, sans obligations républicaines et quasiment dispensées de tout contrôle, dont le rôle a encore été accru avec l’explosion du rôle des réseaux sociaux pas plus contrôlés, nouveau pouvoir médiatique dans notre République…

            Cette énumération est évidemment incomplète car la propagande « séparatiste » sait s’insinuer partout, d’autant plus facilement dans les régions françaises les plus réceptives à l’accueil des étrangers au sein desquelles s’est développée une contre société.

Un moratoire nécessaire d’une année de fermeture des frontières pour inventaire et bilan pays par pays

La pandémie actuelle peut illustrer le proverbe « A quelque chose malheur est bon », ou elle peut l’être, en suspendant pendant une période temporaire toute délivrance d’autorisation de séjour en France, ce qui veut dire « fermer le robinet » : en 2019, la France a délivré 276 576  titres de séjour, de même que toute décision de regroupement familial.

Il conviendrait d’ajouter à cette liste incomplète de facteurs le développement de la multi-nationalité qui accroit les difficultés des contrôles et autorisations nécessaires.

Il parait difficile de continuer à accepter les effets de la multi-nationalité quand elle concerne un pays avec lequel la France n’obtient pas, par exemple, le retour de ressortissants venus sans autorisation, d’autant moins quand il s’agit de grands élus (députés ou sénateurs) ou de hauts fonctionnaires : une sénatrice dispose de trois nationalités différentes.

Les gouvernements ont toujours eu les moyens de lutter contre toutes ces dérives suicidaires, mais la volonté leur a souvent manqué.

Nommer un Ministre Délégué à l’Union Républicaine

Il sera chargé uniquement et à plein temps de lutter contre le séparatisme, tous azimuts, en lui donnant tout pouvoir pour animer ce combat et le contrôler, au sein du Ministère de l’Intérieur, lequel a déjà en mains beaucoup des outils nécessaires pour mener à bien et réussir dans cette reconquête républicaine de certains territoires, en n’hésitant pas, si nécessaire, à en placer certains sous mandat de l’Exécutif ?

Quitte à proposer, si nécessité publique s’impose, un référendum pour approuver certaines mesures de sûreté républicaine, notamment en direction des anciens djihadistes et (complices.)

Une espérance pour l’Islam de France

Comme je l’ai déjà relevé, notamment dans la chronique que j’ai publiée le 30 avril 2018 sur ce blog, la laïcité lance un défi redoutable à la communauté musulmane, en tout cas à l’islam de France, c’est à dire déroger au principe musulman du non distinguo entre la vie civile et la vie religieuse, un principe que défendent les islamistes purs et durs.

Chez nous, il a fallu longtemps pour que la séparation des pouvoirs entre le civil et le religieux soit réalisée, mais la doctrine chrétienne, l’Evangile (Mathieu, Marc, Luc) ne constituaient pas un obstacle pour une religion de la liberté de conscience sous la bannière du principe « Ce qui est à Dieu est à Dieu, et ce qui est à César est à César ».

Tel n’est pas le cas de l’islam avec la confusion entre le religieux et le civil, mais pourquoi ne pas espérer qu’un jour une branche de l’Islam ou une école, car elles sont nombreuses et se combattent encore de nos jours les armes à la main, accomplisse la révolution attendue pour la paix civile ?

En 1985, la Revue Hérodote publiait un  excellent numéro sur les Centres de l’Islam, avec une préface de son fondateur, Yves Lacoste, intitulée « Les embrouillements géopolitiques de l’Islam », des « embrouillements » de nature à faciliter une telle évolution.

Pourquoi ne pas espérer  qu’un jour l’une ou l’autre de ces branches ou écoles fasse enfin sa révolution religieuse fondée avant tout sur l’amour de l’autre ?

Pourquoi ne pas avoir l’espoir de voir un jour chez nous des citoyens de religion musulmane condamner ces guerres de religion que nous avons connues il y a plus de cinq siècles, la distinction discriminatoire que l’Islam fait entre le musulman et le mécréant, les persécutions des chrétiens, les attentats islamistes qui se répètent …

Est-ce que la France persécute les musulmans ? Non !

Il ne faut jamais oublier que dans les années 1960-1970, les Français n’avaient pas encore fait connaissance avec la religion musulmane et un prosélytisme de plus en plus visible.

L’objectif, tout simplement la République Française et notre civilisation d’origine à laquelle nous sommes spirituellement et charnellement attachés !

En 1919, après le bain de sang de la Première Guerre Mondiale, Paul Valéry écrivait dans « la Crise de l’esprit » :

« Nous autres civilisations, nous savons que nous sommes mortels »

Plus d’un siècle après, notre civilisation court un risque encore plus mortel !

&

 

Islam, Christianisme, migrants ou réfugiés sans papiers ?

Dans la Franche Comté de mon enfance

Sous notre ancienne devise :

« COMTOIS RENDS TOI »

« NENNI MA FOI »

Un cas concret à Besançon, la capitale :

 Le 17 août 2020, la famille musulmane d’une jeune fille d’origine bosniaque installée à Besançon l’a tondue et frappée pour avoir fréquenté un chrétien : « Nous sommes musulmans, tu ne te marieras pas avec un chrétien »

Ce cas est symbolique des mouvements religieux et culturels auxquels notre pays doit faire face depuis plusieurs dizaines d’années avec le refus que manifestent en permanence certaines communautés musulmanes de respecter  notre mode de vie et notre loi sur la laïcité, dont le fondement est la séparation entre le civil et le religieux.

ll est tout autant symbolique de l’anarchie démographique qui règne de plus en plus dans notre pays : la guerre du Kosovo s’est déroulée il y a plus de vingt ans, alors que la famille en question est arrivée en France en 2017

Jean Pierre Renaud Tous droits réservés

 

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2 octobre 2020 5 02 /10 /octobre /2020 15:06

Une grande enquête médiatique

Question : les médias publics sont-ils publics ?

« Les médias publics, ce sont les vôtres…

Qu’attendez-vous de vos médias publics ? »

 

       Bonnes questions pour un couple qui depuis de longues années a choisi le service public pour être informé, éventuellement distrait et cultivé.

            Pourquoi ce choix auquel nous sommes à peu près restés fidèles, sauf comme on dit, à zapper souvent sur le numérique pour voir telle ou telle émission ou pour confronter ce que dit une source par rapport à une autre ?

            Pourquoi ? 

En raison de notre choix de chaines pas trop polluées, par le fric, notamment la pub à tous les étages, et théoriquement, et pas toujours au service du bien public et de l’intérêt général, en respectant une déontologie civique, républicaine, pluraliste de l’information, ce qui n’est pas toujours le cas, dans beaucoup de chaines.

            Notre opinion actuelle, trop de jeux, ou d’émissions en série ou en chaine sur les mêmes thèmes, et pas assez de citoyenneté et de civisme dans l’actualité du jour de plus en plus à la dérive. Dans un très lointain passé, j’avais proposé à M.Tessier de retenir chaque jour un créneau consacré à la vie citoyenne, obligations et devoirs, sans résultat…

            Nous nous interrogeons souvent sur le qui fait quoi dans le service public, qui est propriétaire (du fonds de commerce) d’une émission, du journal, d’un documentaire, par exemple dans le cas de M.Delahousse qui manifeste incontestablement du talent… de la télévision publique, c’est-à-dire le contribuable citoyen ?

            Une vraie transparence serait incontestablement la bienvenue.

            Sur de nombreux sujets, il manque un petit cadrage : telle ou telle association intervient sur un sujet, à quel titre ? De même pour tel ou tel expert, car il en pleut comme à Gravelotte !...

            Il manque souvent une carte même sommaire, si nécessaire, pour situer le sujet sur la planète…

            Il y a à nos yeux une grande carence sur la représentativité des images ou des discours sur tel ou tel sujet, de même que pour les témoins  interviewés, une carence qui permet à n’importe qui de dire n’importe quoi, sauf à vouloir influencer le téléspectateur encore citoyen…

            « Dans ma Rue » pose entre autres ce type de question…

Plus l’obligation d’afficher direct ou non, les dates…

            Enfin, nous voudrions aborder le véritable problème de fond que pose l’évolution des réseaux sociaux aux médias « traditionnels », leur nouveau pouvoir avec lequel les médias « classiques » ont le plus grand mal à rivaliser et à contrer nécessairement.

            Les médias classiques font de plus en plus de décryptage, du vrai et du faux, mais cela ne suffit pas : il est urgent que le service public s’érige en contre-pouvoir de ces propagandes d’un nouveau type, au service de nos institutions républicaines fondées sur les trois principes de liberté, égalité, fraternité, mais tout autant de liberté de conscience et  de laïcité.

            Le monde a beaucoup changé, mais ne convient-il pas que le service public de télévision soit la « Voix de la France », dans un contexte français, européen, mondial, qui ressemble de plus en plus aux crises de son passé, avec un nouveau monde en construction face aux interventions de toute nature des nouvelles puissances du monde idéologiques, religieuses, politiques et économiques, c’est-à-dire les nouveaux empires ?

            Dernière remarque : les messages adressés sur le site de France Télévision sont « cannibalisés » par l’entreprise publique, étant donné que dans la messagerie l’expéditeur ne conserve pas l’archive de son message.

            La Mairie de Paris use du même procédé antidémocratique, ce qui n’est heureusement pas le cas de l’institution publique qu’est la Préfecture de Police.

            Autre remarque d’actualité : dimanche soir 27 septembre 2020 avec Delahousse, « 60 minutes d’information », à partir de 20 heures 30, s’agissait-il d’information ?

            Enfin de peur que ce message ne soit une fois de plus « cannibalisé » par France Télévision, nous le publions sur ce blog !

            Jean Pierre et Marie Christine Renaud

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29 septembre 2020 2 29 /09 /septembre /2020 14:41

2020 – 1900 : Colonialisme de la Chine au lieu de colonialisme de l’Occident !

 

            A la fin du XIXème siècle, l’idée de subventionner le développement des pays colonisés était hors de question.

Les Anglais et les Français entre autres avaient mis en œuvre le principe de « Aides toi toi-même », en accordant des prêts qui leur donnaient la possibilité de contrôler les échanges économiques des pays tenus en laisse financière par leurs emprunts et par les garanties qu’ils étaient tenus de donner pour contracter leurs prêts.

A cette période là, c’est sans doute dans une Chine, très convoitée, que prospéra ce système, aboutissant à confier le contrôle de ses douanes aux puissances occidentales, un contrôle allant jusqu’à pouvoir disposer de flottes de contrôle militaire sur les fleuves et mers de Chine.

Cette forme de colonialisme eut beaucoup de succès dans un certain nombre de territoires, notamment en Egypte disputée entre Français et Anglais, et au Maroc, le système de prêts permettant en plus de faire « profiter » de la nouvelle manne.les entourages des pouvoirs en place

La Chine de 2020 n’a donc rien inventé et chausse tout simplement des pratiques colonialistes séculaires qui ont fait leurs preuves. Il est évident que l’impérialisme chinois tisse sa toile de domination comme le faisaient des prédécesseurs aujourd’hui honnis.

Le Figaro Economie du 17 août 2020 titre un article « L’Afrique dans le piège de la dette », ce qui veut dire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, sauf que depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, les pays occidentaux ont inauguré de nouvelles politiques d’aide au développement : à titre d’exemple et avec le FIDES, la France a mis en place un système d’aide financière constitué de prêts à faible taux d’intérêt et de subventions pures et simples.   

De 1945 à 1962, et au fur et à mesure des années, la part des subventions est allée jusqu’à 100%.

Jean Pierre Renaud                Tous droits réservés

 

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22 septembre 2020 2 22 /09 /septembre /2020 15:42

« La question post-coloniale »

« Une analyse géopolitique »

Yves Lacoste

&

Pour conclure cette lecture

            L’auteur ne concluant pas, je me risquerai à le faire après une lecture critique approfondie, en concluant sur un questionnement de synthèse.

         Après avoir lu et relu ce livre, il s’agit donc de savoir si l’analyse géopolitique proposée est pertinente, dans le cadre de la définition fixée par l’auteur lui-même selon le triptyque « représentations » « pouvoir » et « territoire », à la fois dans l’analyse de la Question Post-Coloniale proprement dite, et en ce qui concerne le chemin d’analyse suivi, c'est-à-dire, la Question elle-même, puis les Luttes pour les indépendances, et enfin Les Conquêtes coloniales.

            Une première question s’impose, compte tenu de la place qu’occupent l’Algérie (une centaine de pages sur près de quatre cents) et le Maghreb dans les trois parties de l’ouvrage, est celle de savoir, comme je l’ai déjà noté s’il ne s’agirait pas plutôt de la question post-coloniale algérienne, pour ne pas dire maghrébine.

            Une deuxième question domine cette analyse, celle des représentations, pourquoi ne pas dire les « images coloniales », c'est-à-dire une des sources principales qui a donné la possibilité au groupe d’historiens auteurs d’une série d’ouvrages d’exploiter les travaux du Colloque Savant de 1993, animés par une palette d’historiens renommés, une source qui valait d’être citée par Yves Lacoste, notamment dans sa critique du contenu du livre « La Fracture coloniale » : une impasse qui parait surprenante dans ce milieu d’universitaires renommés où tout le monde se connait.

            Il est possible de s’interroger aussi sur la logique géopolitique qui a conduit l’auteur à analyser successivement, la question, les luttes, et enfin les conquêtes coloniales elles mêmes.

            Notre questionnement portera :

            1) sur l’analyse géopolitique « question » (première partie),

2) et sur la pertinence des analyses proposées en ce qui concerne les conquêtes coloniales dans le cadre méthodologique fixé par cette analyse géopolitique.

            Notre attention ne portera donc pas sur l’analyse des luttes pour l’indépendance elles-mêmes (p,123 à 217), sauf à proposer ci-après quelques réflexions sur le sujet .

            Question : à partir de 1947, la Guerre Froide entre l’Est et l’Ouest n’a-t-elle pas été un des grands facteurs de la géopolitique mondiale, Afrique et Asie y compris, avec l’aide que l’URSS assistée des partis communistes occidentaux a apportée aux mouvements d’indépendance du Tiers Monde ?

            Comme ce fut le cas en Indochine avec le soutien de plus en plus actif de la Chine communiste au Vietminh, et le jeu on ne peut plus trouble du Parti Communiste Français au cours de cet épisode de décolonisation violente    .

Question : en parallèle de cette poussée révolutionnaire, le colonialisme  n’avait-il pas  fait son temps, avec le début d’organisation du Tiers Monde, d’autant plus qu’en 1945, l’Europe de l’Ouest, divisée entre l’Est et l’Ouest,  avait été mise à terre, et qu’elle était bien incapable de faire face à d’autres conflits en Afrique ou en Extrême Orient ? Sans l’aide des Américains !

            L’Europe de l’Ouest était alors confrontée à la puissance militaire soviétique sous le parapluie de protection de l’OTAN, et ce fut sans doute un des facteurs géopolitiques majeurs qui conduisit de Gaulle à « larguer » l’Algérie, en donnant la priorité au théâtre d’opérations européen et à l’arme atomique.

            Aux yeux des meilleurs connaisseurs de ce monde africain, le système colonial avait déjà très largement fait son temps, même si les groupes de pression continuaient à s’activer à Paris ou au siège des différentes colonies, en tentant d’imposer leur vision coloniale.

Le cadre géopolitique fixé par Yves Lacoste à travers l’analyse proposée dans l’avant propos et dans les chapitres 1 et 2 :

 « Avant-propos général… qui mène à un paradoxe » « La question post-coloniale en France. (p, 7 à 123)

 Dans son avant propos, à la page 8, l’auteur esquisse une première définition :

« Il y a cinquante ans, le terme de géopolitique n’était pas utilisé, mais chacune de ces indépendances, qu’elle ait été obtenue à l’amiable ou arrachée par la guerre, était en vérité un grand changement géopolitique. Et plus encore, les luttes pour l’indépendance de chacun de ces peuples, luttes complexes en vérité et plus ou moins anciennes, furent évidemment géopolitiques. En effet la la géopolitique – telle que je l’entends – analyse toute rivalité de pouvoirs sur du territoire, que celui-ci soit de grandes ou de petites dimensions (notamment au sein des villes) et qu’il s’agisse de conflits entre des Etats ou de luttes au sein d’un même pays, ces conflits pouvant se répercuter à plus ou moins longue distance. Les différentes conquêtes coloniales et la colonisation qui imposa son organisation des territoires conquis furent fondamentalement des phénomènes géopolitiques. Aussi ne peut-on comprendre ce qu’on appelle la « question post-coloniale » qu’en tenant compte des catégories de lieux où elle se pose de la façon la plus grave, mais aussi des différences qu’elle présente selon les pays, et en analysant rétrospectivement les rivalités géopolitiques qui ont opposés différentes sortes de forces politiques : pas seulement le conflit colonial classique Européens/indigènes, mais aussi des conflits plus ou moins anciens qui ont opposé des forces autochtones entre elles. »

Le champ de cette définition est donc très vaste et porte son attention sur deux éléments du triptyque, le « pouvoir » et le « territoire », auxquels il conviendra d’ajouter les « représentations » traitées dans les deux chapitres de la première partie.

D’entrée de jeu, Indiquons qu’à l’époque des conquêtes coloniales, il était assez redoutable de vouloir et de pouvoir identifier les pouvoirs et les territoires les concernant, tellement ils étaient à la fois variés, complexes et changeants, géographiques, religieux, culturels, démographiques, sociaux, économiques, alors qu’on ignorait presque tout de l’Afrique noire…

En Afrique noire, les limites territoriales des nouvelles colonies ne respectaient pas, et ne pouvaient pas respecter, les « frontières », donc le « territoire » de nombreux peuples, tellement ils étaient de taille différente, nombreux, et difficiles à délimiter, pour autant que les peuples eux-mêmes aient pu les identifier, ce qui fut le cas par exemple sur la côte au Dahomey, et les défendre, ce que les roitelets locaux avaient bien de la peine à faire, par exemple face à Béhanzin, à la fin du dix-neuvième siècle.

Telles furent les situations coloniales de la période des conquêtes en Afrique noire, ce qui ne fut pas le cas en Indochine ou à Madagascar où il existait un pouvoir et un territoire.

Dans son analyse, l’auteur fait un sort à la problématique des « grands ensembles », mais il parait tout de même difficile de les faire entrer, compte tenu de leur taille et de leur histoire, dans un champ comparatif avec les autres territoires examinés par l’auteur.

Le chapitre premier (p,23 à 63) « Les paradoxes de la question post-coloniale » part en effet de l’hypothèse qu’elle est née dans « Les grands ensembles » donc un territoire très limité de métropole à la fois en superficie et en nombre d’habitants.

Pour éclairer la nature et les dimensions de ces rivalités de pouvoir, il aurait sans doute été intéressant de mettre en annexe des  statistiques démographiques de poids, de composition, et d’origine, de même que les études sans doute réalisées sur l’écho qu’ont eu les événements décrits par l’auteur dans l’opinion publique française ou étrangère ?

De même, comment traiter de ce sujet sans éclairer le lecteur sur la culture et la religion des immigrés, sur l’importance des flux de migrants liés à l’explosion démographique enregistrée en Afrique, sur une relation de pouvoirs on ne peut plus ambigüe entre la France et l’Algérie principalement, dont les gouvernements issus du FLN ont toujours été en quête de diminution de la pression politique, c'est-à-dire d’émigration, notamment de la part des jeunes en quête d’une meilleure destinée.

Evidemment dans le but de la démonstration proposée et dans le cadre scientifique fixé par l’auteur.

Après avoir étudié pendant des longues années les cultures africaines et en avoir eu l’expérience très concrète, j’estime que la confrontation des cultures et des religions constitue un des facteurs majeurs de la géopolitique, comme l’auteur de ce livre a pu le constater lui-même.

Il existe d’ailleurs un ouvrage intéressant à ce sujet « Le choc des cultures ».

Enfin, il parait difficile de procéder à ce type d’analyse sans s’attacher à la relation exigeante qu’elle ne peut manquer d’avoir avec la vérité historique, tout au moins dans sa recherche ?

Dans le chapitre 2, l’auteur s’intéresse à l’une trois composantes, les « représentations géopolitiques » : telles que l’auteur les identifie, en fait un répertoire de « représentations » classées et hiérarchisées, il parait difficile d’aller plus loin qu’une lecture de caractère général du sujet.

Chapitre 2 (p,63 à 119) – L’importance des représentations géopolitiques dans la question post-coloniale 

Il s’agit d’un des facteurs importants de la géopolitique proposée, en plus des deux autres, le pouvoir et le territoire.

L’auteur commence son analyse en partant à nouveau de l’exemple des grands ensembles en affirmant :

« Elle est ensuite devenue une donnée géopolitique majeure dans la question post-coloniale, dans la mesure où s’y déroulent de plus en plus souvent des affrontements entre la police et des « groupes de jeunes ». (p,63)

Je ne sais pas si tel était le cas, étant donné que l’auteur ne propose aucune enquête statistique d’opinion pour le justifier, alors que plus loin il utilise le qualificatif de « mesurable ».

« Dans tout raisonnement géopolitique, il ne faut pas seulement y tenir le plus grand compte des caractéristiques objectives, et mesurables des populations qui vivent sur le territoire où se livre une rivalité de pouvoirs. Il faut aussi tenir compte des idées, des représentations que chacun des groupes antagonistes (avec ses leaders) se fait, à tort ou à raison, de la réalité : de ses droits sur ce territoire comme de ce qui lui parait important dans tout ce qui l’entoure, y compris au niveau mondial. Ces représentations plus ou moins subjectives sont presque toujours « produites » par ce que l’on peut appeler au sens le plus large des intellectuels, c'est-à-dire des hommes et des femmes qui réfléchissent, qui discourent, bref qui produisent des idées nouvelles et en reproduisent d’autres dont ils ne connaissent pas précisément l’histoire. » (p,64)

Puis-je faire remarquer que dans les années 1950-1960 le ou les pouvoirs, en métropole ou dans les colonies, n’avaient pas la chance de disposer de chiffres fiables sur la démographie des territoires coloniaux ?

Dans les pages qui suivent, l’auteur donne une liste de représentations sous le titre « La diffusion de représentations accusatrices du colonialisme » :

« Il est bien évident que l’Appel des indigènes de la République de janvier 2005 n’est pas la cause première de la propagation des émeutes dix mois plus tard… Pour schématiser, on peut dire que, malgré les effets de l’«absentéisme scolaire », un certain nombre de ces jeunes vont au collège et qu’ils s’intéressent particulièrement, même de façon brouillonne et agressive, à ce que disent les professeurs d’histoire-géographie sur la colonisation et la traite des esclaves. En effet depuis une dizaine d’années, les programmes scolaires prescrivent qu’un certain nombre d’heures soient consacrées à ces « problèmes » qui sont aussi de plus en plus présents dans les manuels. Les enseignants en font d’autant plus état que cela les intéresse personnellement et passionne les élèves. Il n’en reste pas moins que dans ces quartiers ou à proximité, la tâche des professeurs – qui sont désormais de plus en plus des femmes –est encor plus difficile qu’ailleurs. » (p,66)

L’auteur met donc l’accent sur le rôle des professeurs d’histoire géographie et sur les programmes et énumère ensuite un certain nombre de vecteurs des représentions qu’il vise :

 « Un consensus de rejet de la colonisation depuis qu’elle a disparu » (p,66) : un rejet  non démontré, en tout cas dans cette analyse,

         « d’où le succès d’un certain nombre de livres … « le Livre noir du colonialisme XVI° - XXI° siècle », ouvrage collectif dirigé par Marc Ferro… Par ailleurs, une guerre des mémoires oppose à présent les intellectuels… un livre d’Hannah Arendt, en lui faisant dire (comme le fait Marc Ferro…) que le communisme, le nazisme et le colonialisme sont la même chose, ce qui est pour le moins expéditif et contraire au raisonnement même d’Hannah Arendt… (p,68)      

Peut-on penser que des idées du genre nazisme = communisme = colonialisme ou colonialisme = génocide passent progressivement vers une partie des « jeunes » des « grands ensembles » ? Oui, si l’on tient compte du rôle des maisons des jeunes et de la culture où nombre d’animateurs sociaux, pour un bonne part nés dans ces quartiers, ont en charge, avec « Bac + », des associations et proposent diverses activités culturelles. Il faut tenir compte du rôle des enseignants « issus de l’immigration… (p,69)

« La fracture coloniale » Des historiens de gauche, Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Sandrine Lemaire ont publié en 2005 « La Fracture coloniale ». La société au prisme de l’héritage colonial. Et ce livre a trouvé une large audience, et pas seulement parmi les professeurs d’histoire géographie particulièrement intéressés par le courant d’idées qu’impulsent Blanchard et Bancel…(p,70)

Dans les collèges et les lycées, nombre d’enseignants d’histoire géographie (et pas seulement des petits enfants d’immigrés reprennent devant leurs élèves ce thème de la persistance du colonialisme en France et de la « fracture coloniale », et surtout si leurs classes comptent beaucoup de jeunes « issus de l’immigration ». (p,72)

Commentaire : l’auteur souligne le rôle important des professeurs d’histoire géographie dans la diffusion de ce qu’il dénomme les représentations.

L’auteur met le projecteur sur les publications de Pascal Blanchard et de ses collègues, mais en faisant l’impasse sur une catégorie  de représentations mises en lumière et exploitées par les trois historiens, les images coloniales,  qu’un Colloque Savant avec la participation d’éminents historiens et spécialistes, souvent d’ailleurs issus de la matrice coloniale, avait analysées en 1993 : les Actes du Colloque résumaient les conclusions très nuancées des examens effectués, quant à leur représentativité scientifique et à l’interprétation historique qu’il était possible d’accorder aux panels d’images coloniales diffusées en métropole et non dans les colonies.

Les trois historiens ont exploité ces travaux pour en faire un instrument de propagande postcoloniale autrement plus efficace, grâce aux associations, aux professeurs, et à l’effet immigration, que la propagande coloniale de la Troisième République, comme je l’ai démontré, chiffres en mains dans livre « Supercherie coloniale ».

Je me souviens d’un des propos tenus (archives) par l’un des thuriféraires de la colonisation regrettant le peu d’engagement du corps professoral à ce sujet, sous la Troisième République.

A lire le livre en question, comme des autres, « Culture coloniale », et « Culture impériale », il est difficile de ne pas être frappé par ses formules emphatiques, et presqu’évangéliques.

Ne conviendrait-t-il pas de rappeler :

1) si besoin était, que les conquêtes coloniales ont été très largement initiées par la gauche de la Troisième République,

 2) que cette gauche républicaine n’a jamais su trouver parmi ses défenseurs et pour diffuser sa propagande coloniale les cohortes de professeurs ou d’animateurs de toute catégorie qui paraissent disponibles aujourd’hui, pour diffuser les représentations de propagande post-coloniale passée et actuelle.

L’auteur accrédite le succès des auteurs cités, mais pourquoi ne pas avoir publié les chiffres de diffusion de ces ouvrages dans le circuit universitaire et hors circuit, car il s’agit d’une des grandes carences qui pèse sur ce type d’affirmation ou de constat, celle de l’histoire quantitative ?

Ces chiffres seraient d’autant plus intéressants que les publications de sciences humaines ne rencontrent pas un grand succès.

Il s’agit de la critique capitale qui doit être faite à l’endroit des travaux des trois historiens Blanchard-Bancel- Lemaire sur les images coloniales : l’auteur n’évoque pas la source principale de leurs publications, les Actes du Colloque savant de 1993 et le livre qui en a été tiré à l’initiative de Pascal Blanchard, intitulé « Images et Colonies ».

Ces deux ouvrages au contenu fort instructif ne permettent pas de conclure dans le sens des trois historiens, c’est le moins que l’on puisse dire.

Dans la suite des pages consacrées à cette thématique, et à partir de la page 84, l’auteur se livre à un exercice intellectuel difficile entre histoire et politique, en partant toujours des « grands ensembles » qu’il conviendrait donc de considérer comme représentatifs de la réalité des représentations  énoncées, en mettant à nouveau l’accent sur le rôle des professeurs d’histoire géographie.

3) et enfin, que la gauche de la Quatrième République, puissante de 1945 à 1958, a été dans l’incapacité de mettre en œuvre une décolonisation pacifique : l’auteur était bien placé pour en porter témoignage.

En résumé, le troisième pilier du triptyque géopolitique d’Yves Lacoste, les représentations aurait mérité d’être beaucoup mieux identifié par nature, par catégorie, et quantifié, en mettant en exergue les catégories de religion et de culture, et d’être dénommées sous l’appellation de  propagande post-colonlale, d’autant plus qu’il avait à sa disposition la collecte d’images colon iales effectuée en 1993 par le Colloque savant déjà évoqué.

Les conquêtes coloniales

La troisième partie est consacrée aux conquêtes coloniales (page 217 à 399) soit près de la moitié de l’ouvrage.

L’auteur propose un résumé historique relativement intéressant de cette phase qui se déroula en Afrique du Nord et en Afrique Noire, en privilégiant l’Algérie et le Maroc : s’agit-il de géopolitique ou d’histoire ?

Il n’est pas facile d’y retrouver la trace des trois éléments du triptyque proposé par l’auteur au début de l’ouvrage ?

En Algérie et au Maroc, l’auteur met en lumière, et c’est intéressant, le rôle souvent méconnu, en termes de pouvoir et de territoire, des tribus en marquant bien la différence de situation coloniale entre les deux pays, l’absence d’une forme d’Etat en Algérie.

En Afrique noire, l’auteur privilégie comme clé d’explication géopolitique l’esclavage, mais comme nous l’avons vu, c’est beaucoup moins évident.

Cette troisième partie soulève beaucoup de questions, ne serait-ce que la première relative à la mesure historique des temps coloniaux, courts ou longs, en respectant cette distinction chère aux historiens.

Un tel critère fait ressortir la distinction qu’il est nécessaire de faire entre deux sortes de colonies, l’Algérie, le Sénégal, la Cochinchine et l’Afrique noire en général.

En Indochine, Pierre Brocheux utilisait l’expression du « moment colonial », une expression qui vaudrait pour l’Afrique noire et Madagascar.

La colonisation a en définitive été courte, de l’ordre de 50 ans.

La Côte d’Ivoire n’a été crée qu’en 1895.

Les conquêtes coloniales ont balisé une période d’explorations et de découvertes, car l’Afrique noire constituait un continent ignoré.

Dans le cas français, à la différence de l’anglais ou du belge, il est possible de s’interroger sur les processus de pouvoir qui aboutirent à conquérir des pays pauvres en ressources économiques.

L’explosion des technologies, vapeur, câble et télégraphe, plus fusils à tir rapide et canons a évidemment facilité toutes ces conquêtes, comme l’a bien démontré l’historien Headricks.

Dans le livre « Le vent des mots, le vent des maux, le vent du large », j’ai eu l’occasion de décrire les processus politiques et militaires de décision de la Troisième République, lesquels avaient pour résultat de laisser la main et la décision aux exécutants.

La France partait à la conquête coloniale par esprit de puissance, de gloire, et de rivalité avec les Anglais, comme ce fut le cas à Fachoda, ou entrainée à le faire par sa marine qui contrôla longtemps la politique coloniale.

Tel ne fut pas le cas de l’Indochine dont on connaissait les richesses et le potentiel avec son voisin chinois, et tel ne fut pas le cas aussi de l’Algérie et du Maghreb, proche de nos côtes, mieux connus compte tenu de l’histoire commune de la Méditerranée.

L’analyse de l’auteur ne me parait pas mettre assez l’accent sur le facteur « pouvoir » : le cas du Maroc constituerait un bon exemple du type de pouvoir qui prenait la décision en France, c'est-à-dire le gouvernement ou l’un de ses membres, de même que le cas de l’Algérie où un petit groupe d’élus et de colons français d’Algérie y firent longtemps la pluie et le beau temps, d’autant plus qu’ils servaient souvent d’appoint parlementaire aux majorités changeantes de la Quatrième République.

L’auteur fait un sort à Samory, un cas longuement examiné, avec le projecteur mis sur le rôle de l’esclavage. Comme je l’ai expliqué, cette géopolitique de l’esclavage constitue une des explications géopolitiques, mais elle n’apparait pas devoir être la principale.

Il me parait difficile de tirer des leçons géopolitiques sans les inscrire dans des cadres chronologiques et géographiques comparables : comment mettre sur le même pied de l’analyse une Afrique noire encore largement inconnue en 1880, fermée sur elle-même, faute de communications, et une Indochine déjà très largement ouverte sur le monde extérieur, sauf à dire que les enjeux de communications changèrent fondamentalement avec le canal de Suez, en 1969 ? Sauf à noter qu’un sérieux handicap de distance entre la France et l’Indochine existait encore, comme avec Madagascar.

Comment mettre sur le même pied de comparaison un territoire de la Mare Nostrum et tout autre situé dans des mers lointaines ?

Comment mettre sur le même pied de comparaison des territoires à conquérir devenus d’importants enjeux de politique étrangère tels que l’Indochine, l’Egypte ou le Maroc, avec les territoires encore inconnus du Bassin du Niger, sans cartes ni voies de communication ?

Enfin et pour conclure, un des trois thèmes retenus par l’auteur, le pouvoir, aurait mérité de faire l’objet d’une comparaison entre les différentes puissances coloniales, en s’attachant à décrire les processus de décision politique de conquête existant dans chacune des puissances concernées.

Dans le cas français que nous avons longuement examiné, il apparait bien que sauf dans les cas de l’Indochine, du Maroc, ou de Fachoda, le « fait accompli » était largement à la source des décisions politiques de conquête, tout autant qu’une grande ignorance de la géographie et des enjeux de pays concernés, tout autant que l’aveuglement et les illusions de puissance des gouvernements de l’époque.

Il aurait été particulièrement intéressant que l’auteur, grand connaisseur du dossier algérien, nous ait éclairé sur le qui était responsable dans le processus de décision de la politique algérienne de la France, notamment après 1945.

Le cas d’un homme politique radical-socialiste comme René Mayer, grand élu de l’Algérie Française, dans la période qui a précédé la guerre d’Algérie, membre d’une communauté influente en Algérie, avant même la conquête de l’Algérie, mériterait d’être analysé en détail afin de mieux  comprendre le processus décisionnel du pouvoir, l’une des trois composantes de la géopolitique de l’auteur au cours de cet épisode historique, qui continue à alimenter les polémiques.

René Mayer avait une stature politique nationale et internationale, notamment sur le plan européen.

&

Notre questionnement final

  1. L’auteur a préféré ne pas conclure, compte tenu sans doute de la variété et de la complexité des sujets traités, mais il nous aurait permis de mieux comprendre ce qu’il entendait dans sa géopolitique du triptyque « Territoires, Pouvoir, Représentations », et dans sa mise œuvre sur le chemin choisi de la 1) Question-post-coloniale, 2) des Luttes, 3) des Représentations.
  2. Dans ses analyses, l’auteur a accordé une très large place au Maghreb, et principalement au Maroc, où il est né et en Algérie où il a vécu, et cette préférence donne évidement une couleur très maghrébine à sa « Question post-coloniale ».
  3. Dans son analyse des « représentations », l’auteur a fait un sort au livre « La Fracture coloniale », mais en faisant l’impasse sur la source historique de ce courant de représentations coloniales, le Colloque savant de 1993, animé par d’’éminents historiens qu’il n’a pu manqué de rencontrer au cours de sa carrière.
  4. L’auteur fait un sort aux « grands ensembles » où il a vécu, mais sans faire la démonstration de leur représentativité dans l’évolution décrite.
  5. L’auteur analyse longuement le cas et le rôle de Samory à l’époque des conquêtes de l’Afrique de l’Ouest, mais en s’appuyant sur des sources qui font question, par rapport aux nombreuses sources que j’ai moi-même consultées.

En résumé, la géopolitique telle qu’exposée dans l’ouvrage ne manque-t-elle pas à la fois de rigueur et de clarté, d’autant plus que le chemin d’analyse choisi par Yves Lacoste était beaucoup trop semé d’embûches.

Jean Pierre Renaud     Tous droits réservés

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