Les règles de publication des textes sur le blog, le décompte des mots m’ont obligé à les fractionner
« Le livre « Supercherie coloniale »
CHAPITRE II
(Pages 64 à 82)
La presse
Première Partie (page 64 à 68)
" Aux nombreuses questions que l’on peut légitimement se poser sur l’existence ou non d’une relation, d’une filiation, pour ne pas utiliser le terme préféré de généalogie de nos historiens, entre l’histoire coloniale et l’histoire nationale, l’analyse de la presse nationale et régionale, c’est-à-dire des très nombreux journaux publiés entre 1871 et 1939, pourrait sans doute apporter un début de réponse, sinon une réponse.
Incontestablement, la presse constitue un des rares supports d’information et de culture qui a existé tout au long de cette période, à la différence des autres supports. Elle a également l’immense mérite de pouvoir faire l’objet d’un travail d’évaluation, de mesure statistique des textes et des images en termes de colonnes et de pages, ainsi que d’un examen qualitatif des contenus.
Les grandes conquêtes coloniales, Tombouctou (1893), Tonkin (1885), Dahomey (1892), Madagascar (1895), ou Fachoda (1898) ont fait l’objet d’articles de reportages, de gravures et de photographies. Il est donc possible, avec les archives de la presse de procéder à un sérieux travail d’évaluation statistique exhaustive ou par échantillon : surface et fréquence des articles, ou des images, dans la presse nationale et régionale par rapport à la surface totale des supports de presse d’information et de culture, analyse des contenus, favorables ou défavorables à la conquête. Nous verrons qu’un exercice de ce type a été effectué sur un grand quotidien provincial, ainsi que sur d’autres journaux de province.
Quelques chiffres tout d’abord pour fixer les idées (Histoire générale de la presse, 1972) :
En 1880, 94 titres de quotidiens parisiens, avec un tirage total de 3.500.000. Quatre journaux ont les tirages les plus importants : le Petit Journal 583.820, La Petite République : 196.372. La Lanterne : 150.531, le Figaro : 104.924.
La même source ne donne pas le chiffre des tirages de la presse provinciale à la même époque, mais le chiffre des quotidiens, beaucoup plus élevé que celui de Paris : 252 quotidiens en 1882.
En 1910. le tirage des quotidiens parisiens passe à 4.950.000 pour 76 titres. Quatre journaux ont les tirages les plus importants :
Le Petit Parisien : 1.400.000
Le Petit Journal : 835.000
Le Journal : 810.000
Le Matin : 670.000
En 1939, le tirage des quotidiens parisiens est de 5.500.000, et les quatre journaux les plus importants sont :
Paris Soir 1.739.584
Le Petit Parisien : 1.022.401
Le Journal : 411.021
L’Humanité : 349.587
En 1939, la presse de province fait plus que jeu égal avec la presse parisienne avec un tirage total de 6 millions d’exemplaires pour une centaine de titres, dont les plus importants sont :
L’Ouest Eclair : 350.000,
La Petite Gironde : 325.000,
L’Echo du ²Nord : 300.000,
La Dépêche de Toulouse : 260.000.
Ne figurent pas dans les premiers les journaux de la région de Marseille qui ont fait l’objet de l’attention privilégiée de l’historien Blanchard dans sa thèse.
Donc un potentiel de textes et d’images d’archives considérable, disponible pour des chercheurs qui auraient eu l’ambition de mesurer l’importance du fait colonial dans l’information et la culture des lecteurs français tout au long de la période coloniale moderne.
Cette fresque rapide éclairera notre propos sur le parti historique qu’en a tiré notre nouvelle école de recherche historique dont nous critiquons tout à la fois les méthodes, les travaux et les conclusions, le seul travail de base à ce sujet étant la thèse de M.Blanchard dont nous analyserons le contenu.
Donc, un potentiel de textes et d’images d’archives considérable, disponible pour des chercheurs qui auraient l’ambition de mesurer l’importance du fait colonial dans l’information et la culture des lecteurs français tout au long de la période coloniale moderne.
Cette fresque rapide éclairera notre propos sur le parti historique qu’en a tiré notre nouvelle école de recherche historique dont nous critiquons tout à la fois les méthodes, les travaux et les conclusions, le seul travail de base à ce sujet étant la thèse de M. Blanchard dont nous analyserons le contenu.
Pour l’essentiel, ce discours est contenu dans Culture Coloniale pour la période 1871-1914, baptisée Imprégnation d’une Culture.
En effet les grands journaux participaient à cet intérêt, se faisant l’écho des conquêtes (CC/43), et plus loin, La grande presse – Le Petit Journal et Le Petit Parisien – multiplient les sujets ayant trait aux expéditions coloniales ; d’autres journaux furent créés autour de ces thèmes porteurs comme le Journal des voyages en 1877 (CC/49).
Dans la phase baptisée, Fixation d’une appartenance (après 1914), « l’Agence (des Colonies) "inondait", gérait et générait son propre discours en s’assurant la maîtrise de sa production et des relais de diffusion. Interlocuteur privilégié, elle s’octroya ainsi un monopole en contrôlant tous les maillons de la chaîne d’information. » (CC/139).
Le chapitre 7 que nous consacrerons à la propagande coloniale fera plus que nuancer ce discours et dans la troisième phase dite, Apogée d’un dessein, Entre 1929 et 1931... « La grande presse est devenue coloniale en quelques mois... » et plus loin, une remarque de tonalité contraire : « Même si cet engouement sera bien vite mis de côté à la fin de l’année 1932, la mode de l’empire était sans doute passée. » (CC/213)
L’auteur fait-il référence à sa thèse universitaire ?
Ses réflexions portent sur un certain nombre de sujets de presse, notamment sur la presse de droite qu’il a effectivement analysée dans sa thèse pour la période 1930-1945, sur celle de Maurras,
« L’ensemble de ce contexte politique se retrouve dans la multitude d’articles de presse concernant l’Exposition Internationale de 1931, qui est d’une remarquable uniformité et très révélatrice de cette évolution doctrinale » (CC/223).
L’auteur cite à ce sujet l’Ami du peuple, La Victoire, le Figaro, Candide, et en sous-titrant La presse au diapason colonial.
« Un rapide tour d’horizon du monde médiatique français permet de remarquer une démultiplication du nombre d’articles abordant, et cela dès la première page, des questions coloniales » (CC/225).
A ce sujet, l’auteur cite sa thèse universitaire pour appuyer sa démonstration (note 13 p. 225). Notons que les journaux cités ci-dessus avaient une audience très limitée.
Enfin, après avoir cité d’autres titres, l’auteur écrit : « A travers ces quelques exemples (que l’on pourrait multiplier à l’identique) on constate aisément que la presse dans son ensemble, montre alors un intérêt prononcé pour le domaine colonial au cours de cette année "impériale" ».
Oui, mais après 1931, et en 1932 ? Comme l’auteur en a fait état plus haut. De quoi, parlons nous en définitive ?
Dans La République Coloniale, les auteurs écrivent au sujet de la popularisation pour l’ailleurs… la création de journaux populaires, tels Le Tour du Monde et surtout le Journal des Voyages qui tirent à la fin des années 1870 à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires… Les grands journaux populaires généralistes illustrés, tels Le Petit Parisien, Le Petit Journal, L’Illustration, consacrent de nombreux articles aux explorations. Le thème est en vogue et fait vendre (p. 60).
Mes recherches personnelles sur les tirages annoncés ont été infructueuses.
Dans l’ouvrage Culture Impériale, l’historienne Lemaire relève « l’importance de l’emprise propagandiste sur l’information écrite » (CI/51). " page 68
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